Après un Termination Redux très prometteur, j’avoue que j’attendais le nouvel opus d’Aborted de pied ferme. Comme chaque sortie d’Aborted, en fait, mais les annonces faites par le groupe, le « buzz » savamment orchestré avec ici un clip, là une vidéo playthrough, ou encore les noms des guests (Julien Truchan, Jason Keyser, Travis Ryan et David Davidson) rendaient l’attente encore plus longue que pour The Necrotic Manifesto, par exemple.
Et le voilà donc, Retrogore, avec un artwork qui fleure bon les films d’horreur gore. Rien que sur le plan visuel, cet album marque des points mais, il faut l’avouer, c’est un détail. Un détail qui a son importance, certes, mais un détail tout de même. Ce qui nous intéresse le plus, c’est la musique, et là, Aborted nous propose du neuf dans un esprit de continuité.
Parce que bon, Retrogore a cette touche Aborted qui ne quitte plus le groupe depuis des années déjà. Que ce soit sur le plan du chant ou des compos, il y a des sonorités qui ne trompent pas, des riffs et des ambiances familiers. Le fan de base se retrouve donc en terrain connu. Les réfractaires à l’évolution musicale seront donc heureux de pouvoir se coincer un album « sans surprises » dans les oreilles.
Et pourtant, Retrogore a tout de même su ajouter, ici et là, quelques éléments neufs qui viennent apporter une valeur ajoutée aux compos : le riff plus mélodique en arrière-plan sur « Whoremaggedon », par exemple ou, et c’est plus flagrant, l’ambiance sombre et pesante de « Divine Impediment ». Ici, le groupe s’est écarté de sa zone de confort et propose un morceau taillé sur mesure pour Travis Ryan, et le résultat est magistral.
Retrogore a su capter l’essence-même d’Aborted et créer une synthèse parfaite du groupe, un mix équilibré de mélodie et de brutalité, avec un Sven qui dirige ses troupes d’une main de maître et des guests qui apportent une vraie plus-value. Une fois de plus, Aborted propose un album féroce, maîtrisé de bout en bout. Court et percutant, Retrogore squattera probablement le haut de mon Top 10 cette année et devrait, sauf surprise, être le meilleur album de Death Metal de l’année. La barre a été mise très haut, les concurrents sont prévenus, ils devront redoubler d’efforts pour faire mieux…
Mister Brute Porn (9,5/10)
Century Media Records / 2016
Tracklist (43:16) 1. Dellamorte Dellamore 2. Retrogore 3. Cadaverous Banquet 4. Whoremageddon 5. Termination Redux (Alternate version) 6. Bit by Bit 7. Divine Impediment 8. Coven of Ignorance 9. The Mephitic Conundrum 10. Forged for Decrepitude 11. From Beyond (The Grave) 12. In Avernus