Le black-metal est un genre extrêmement codé : corpsepaint, cuir, clous et chant de Nazgul pour les puristes ; casquettes, lunettes, moustaches et vocaux maléfiques entrecoupés de voix éthérée pour les autres. Ce soir à L’Etage, l’ambiance se dirige logiquement vers la première option. Pour la tournée " The past is alive ", qui porte bien son nom, Mayhem et Watain regardent dans le rétroviseur. Les Norvégiens célèbrent le séminal De Mysteriis Dom Sathanas tandis que les Suédois se penchent sur le nécessaire Casus Luciferi.

Dès son entrée en scène, Erik Danielsson et son groupe n’y vont pas par quatre chemins : flammes, sang et cuir sont de la partie. Rien ne manque, tout le décorum est au rendez-vous pour ce cérémonial païen. Si The wild hunt n’avait pas tenu toutes ses promesses, Watain s’offre ici un retour aux sources salvateur. Danielsson est magnétique, animal ; une sorte d’Iggy Pop jusque dans des postures ultra rock’n’roll. Ses comparses dégainent les riffs ; leur haine est palpable. Watain sublime les compos de Casus Luciferi et s’impose, musicalement, comme le digne héritier de Dissection. Watain est, aujourd’hui, la représentation la plus pure de ce qu’on peut attendre du black-metal.

En ce qui concerne Mayhem, le constat est, somme toute, moins positif. Votre serviteur est le premier à le déplorer. Si Attila Gábor Csihar assure un show impeccable et que Jørn " Necrobutcher " Stubberud se donne comme jamais, une étrange impression se dégage : le groupe est en pilotage automatique. Mayhem nous offre le même " son et lumière " qu’au Motoculor. Mais ce qui fonctionne en festival ne marche pas forcément en configuration " concert ". Si " Freezing moon " et " Funeral fog " font toujours leur petit effet, l’ensemble est noyé dans un magma sonore sans nom. La batterie de l’invisible Hellhammer prend le dessus et il faut vraiment faire un effort pour reconnaître les morceaux pourtant joués dans l’ordre du cultissime De Mysteriis Dom Sathanas. Inacceptable, tout comme cette sortie de scène respirant le dédain. Tout le contraire de la tournée célébrant l’excellent Esoteric Warfare.

Watain a donc donné le meilleur concert de la soirée. Le groupe est en pleine forme, revigoré par ce retour en arrière. Il nous fait aussi saliver d’impatience en ce qui concerne la suite des évènements. The True Mayhem, lui, reste fidèle à sa réputation : en concert, c’est la roulette russe. Et aujourd’hui, le chien du pistolet a, hélas, frappé l’unique balle du barillet.

Nico.