Archive for février, 2017

Far’n’Hate – Eternal

Abondance de bien ne nuit pas affirme la sagesse populaire. Pas sûr que cela soit vrai dans le petit monde la musique tant la multiplication des groupes dans certains genres ne pourraient que générer lassitude et saturation. Les espagnols de FAR’N’HATE n’y peuvent rien mais quand on lit “Modern Metal”, tout le monde comprends Metalcore / Post-Hardcore et ne saute pas forcément de joie. Nous savons presque d’avance ce que nous allons écouter et c’est un peu dommage.

Commençons par la pochette de cette album, une belle image bien réalisée qui donne nevie de s’intéresser plus en avant à la musique du groupe. Nos amis ne sont pas vraiment des perdreaux de l’année puisque l’aventure a débuté en 2007 dans la Costa Brava près de Barcelone. Histoire de ne pas arriver les mains vides vers les fans et les promoteurs de concerts, FAR’N’HATE autoproduit un premier EP en 2008 qui leur ouvre de nouvelles opportunités de jouer un peu partout en Espagne. La suite logique arrive en septembre 2011 avec la publication d’un premier album, From Death comes Life puis d’un nouvel EP en 2013, Steadfast. Il était désormais temps pour eux de travailler sur un deuxième album que voici, Eternal.

Depuis 2008, le quintet a évidemment progressé et ce travail saute aux oreilles dès les premières minutes du nouvel opus. Il faut bien dire que les espagnols n’ont pas économisé leurs efforts pour se faire connaître et parfaire la maitrise de leur art. Et le juge de paix reste la scène, aucun autre exercice ne permet d’affûter son propos et de vérifier si ses nouvelles compositions fonctionnent. FAR’N’HATE a tourné en Europe, aux Etats-Unis et même en Russie ses dernière années et Eternal synthétise tout ce qui a été appris ces dernières années. Les espagnols ne se dispersent plus, ils font courts, directs et se doivent d’être immédiatement accrocheurs. Le son et les nouvelles chansons sont très propres et le groupe a su travailler sérieusement. Quelques mélodies et quelques refrains vous accrocheront l’oreille ici et là mais l’impression de déjà entendue reste prégnante tout au long de l’écoute. Les espagnols jouent la sécurité et ne sortent pas du sillon tracé par les leaders du genre. Ils sont su consciencieusement cocher toutes les cases mais il faudra repasser pour trouver ne serait-ce qu’une once d’originalité ou de prise de risque. Et puis c’est court, très court avec certes dix chansons mais surtout trente-trois malheureuses pauvres minutes.

Eternal se laisse écouter sans déplaisir mais difficile de véritablement s’enthousiasmer pour ces chansons déjà tant de fois entendues. Il faut saluer le travail accompli, ce n’est jamais simple de boucler un disque et le son s’avère très bon. Maintenant impossible de vous conseiller ce disque par rapport aux dizaines d’autres sorties dans le même genre ces derniers mois. Si vous sensibles aux sirènes Metalcore / Post-Hardcore, donnez sa chance à FAR’N’HATE. Mains nous ne garantissons pas le Nirvana.

Oshyrya (06/10)

 

Facebook Officiel

 

White Tower Records / 2017

Tracklist (32:58 mn) 01. Devil in Me 02. Always Overcome 03. Deceivers 04. Born in Sin 05. Relentless 06. Struggle 07. Losing Sight 08. Horizons 09. Deep Down 10. Legacy

ACTS OF TRAGEDY est un groupe de de métal alternatif / metalcore originaire de Cagliari, capitale de l'île de Sardaigne. Né en 2012, le quintet prend le temps de fourbir ses armes et de se développer une identité artistique dans les années qui suivent. Cela passe par la sortie d’un premier EP, Cursed Words en juin 2013 en compagnie de Kevin Talley (DYING FETUS, SIX FEET UNDER, CHIMAIRA…) et surtout par la multiplication des apparitions scéniques aux côtés de la fine fleur du métal transalpin, HOUR OF PENANCE, FLESHGOD APOCALYPSE ou encore NECRODEATH. Fort de toutes ces expérience, ACTS OF TRAGEDY fait le grand saut en ce début 2017 en sortant son premier album, Left With Nothing, chez Memorial Records.

Dès les premières secondes de « Under the Stone » qui ouvre cet opus, la messe est dite est tout un chacun sentira bien que les italiens ne sont pas venus enfiler des perles. Ils attaquent bille en tête et tentent d’assommer l’auditeur à coup de riff tranchants, de rythmiques dantesques alors que le chanteur, Andrea Orrù, vocifère et l’égosille à qui mieux mieux. En trois, quatre minutes maximum en général, les cagliaritains tentent de renverser la table et de se positionner sur la scène alternative/metalcore européenne. Et reconnaissons qu’un certain talent émerge rapidement tout au long de cet album et ne peut qu’impressionner alors que le groupe fait ici ses grands débuts. La violence et l’agressivité se taillent la part du lion mais ACTS OF TRAGEDY n’oublie pas de jouer ici et là la carte de la subtilité en ralentissant les rythmes comme sur l’intro de « The Worst Has yet to Come » ou à afficher une joli maîtrise technique.

La paire de guitaristes se montre aussi bien à l’aide pour tronçonner du riff à la chaîne ou pour démontrer un touché et une douceur inattendus. Je vous rassure, cela ne dure jamais bien longtemps mais cet aménagement de petites séquences plus apaisées évite de trop rapidement se lasser. Left With Nothing se déploie sous nos yeux à toute allure et les amateurs ne verront pas le temps passer. ACTS OF TRAGEDY ne fait pas preuve d’une originalité folle mais assume ses choix et propose une exécution sans faille. Sur le fond comme sur la forme, difficile de trouver à redire à ce disque. L’enregistrement a été assuré aux V-Studios alors que Jay Maas (DEFEATER, BANE) s’est chargé de la production finale au Getaway Recording Studio.

La musique est bonne, le son aussi et cerise sur le gâteau, la pochette signée Mirkow Gatsow flatte la pupille. ACTS OF TRAGEDY signe un sans-faute pour ce premier album sérieux et maîtrisé. Maintenant, ils vont souffrir de la concurrence féroce qui règne dans leur segment et espérons qu’ils parviennent à toucher un public le plus large possible et à sortir plus régulièrement de leur ile.

Oshyrya (7,5/10)

 

Site Officiel

Facebook Officiel

 

Memorial Records / 2017

Tracklist (41:45 mn) 01. Under the Stone 02. Melting Wax 03. The Worst Has yet to Come 04. The Man of the Crowd, Pt. 1 05. Smoke Sculptures and Fog Canvas 06. The Man of the Crowd, Pt. 2 07. Incomplete 08. Nothing 09. Vice 10. Oaks

Pride Of Lions – Fearless

Pride Of Lions avait quasiment disparu des radars depuis la parution de Immortal en 2012 et le groupe s'était fait trop rare sur scène. Il est vrai que malgré le succès artistique des réalisations du projet de Jim Peterik et Toby Hitchcock, jamais il n'a pu obtenir le succès du précédent groupe de Peterik, Survivor. La faute au contexte musical évidemment : l'AOR est considéré comme un genre désuet, bon pour les vieilles gloires (Foreigner, Journey) qui enchaînent les tournée comme François Fillon les scandales financiers. Or, Pride Of Lions, sans jamais chercher à s'afficher comme l'hériter d'un Survivor quasiment moribond et réduit à être la chose de Frankie Sullivan, œuvre bel et bien dans une AOR assez intemporelle. 

Et le style de Pride Of Lions semble maintenant bien fixé, malgré quelques variations perceptibles au fur et à mesure de ses cinq albums. On sait que la voix phénoménable de Toby Hitchcock en est un élément central. Son lyrisme, sa puissance, sa versalité ainsi qu'un timbre spécifique constituent le point fort de Pride Of Lions. Et sur Fearless, elle va encore faire des miracles. Alors qu'il n'a enregistré ses parties vocales qu'en deux jours, Hitchcock éclabousse de maitrise tout le disque et aucune chanson ne le prendra à défaut. Puisqu'il faut bien citer les moments forts de sa prestation, énumérons ici la très mélodique « Silent Music » ou, dans un registre plus vigoureux, le morceau éponyme « Fearless » sur lequel il est tout à fait impeccable. 

Où l'on parle d'un chanteur

Ce Fearless tient beaucoup à un chanteur trop méconnu et la musique composée évidemment par Jim Peterik cherche surtout à le mettre en valeur, à l'accompagner au sens positive du terme. Certes, on retrouve quelques petites nouveautés comme le discrète présence d'un violon sur « All I See Is You » en ouverture, mais cette fois les compositions à tiroir, plus ambitieuses, comme on en pouvait trouver sur The Destiny Stone, ont disparu. Par ailleurs l'abondance des titres lents et des ballades (« The Light In You Eyes », « The Tell » et tutti quanti), nous éloigne de la direction prise sur ce dernier disque. Cette situation est par ailleurs aussi suggérée par la production mettant très nettement en avant la voix et les mélodies de Toby Hitchcock.

Un nombre assez conséquent de titres rock nous évite toutefois l'écueil d'un disque trop pop et ce d'autant plus qu'ils ont été très soignés : « In Caricature », « Fearless » ou l'épique « Freedom Of The Night » qui évoque cette fois nettement Survivor… La présence de la guitare de Mike Aquino qui délivre de bons et nombreux solos enfonce en outre le clou sur ce point (le fulgurant« Rising Up » ou « The Silence Says It All » et j'en passe).

Où l'on parle d'un deuxième chanteur

L'on parle beaucoup ici de Toby Hitchcock, mais il faut ici évoquer un point qui fait toujours débat chez les amateurs du groupe : la place prise par Jim Peterik au micro. Certes, le leader et compositeur est loin d'être incompétent et sa voix est agréable, mais c'est un chanteur infiniment plus banal. Pourquoi s'acharner à partager le micro sur des titres aussi importants dans l'équilibre du disque que « All Is You », « The Tell », « Fearless» ? Peut-être car le partage du micro qui offre les parties graves à Jim Peterik et les parties aiguës à Toby Hitchcock est fécond : cela permet un crescendo musical qu'offre parfaitement l'apparition de la voix de Hitchcock. Je ne vois personnellement rien à redire à ce choix qui a déjà fait ses preuves et qui participe d'une certain manière à l'identité du groupe, même si le gimmick est parfois trop répété et un peu facile (c'est patent sur « Freedom Of The Night »). 

Que conclure ? Que Pride Of Lions a bel bien enterré Survivor et le démontre encore une fois… mlais ce n'est pas une franche nouveauté. On finira cette chronique en disant surtout que le groupe vient de sortir un disque qui ravira tous les amateurs d'un genre qui se refuse à mourir. Et qu'avec ce Fearless il démontre une santé et un allant musical étonnants et réjouissants de la part de ce vieux briscard si attachant qu'est Jim Peterik. 

Baptiste (8/10)

 

Frontiers / 2017

Tracklist : 1. All I See Is You ! 2. The Tell 3. In Caricature 4. Silent Music 5. Fearless 6. Everlasting Love 7. Freedom Of The Night 8. The Light In Your Eyes 9. Rising Up 10. The Silence Says It All 11. Faster Than A Prayer 12. Unmasking The Mystery