La vie de SIRENIA n’a jamais été un long fleuve tranquille et la relative stabilité des dernières années a volé en éclat à l’été 2016 quand le départ d’Ailyn Giménez García a été annoncé. Rappelons qu’avant Ailyn, SIRENIA avait systématiquement changé de chanteuse entre deux albums. La vie du groupe suit assez précisément la vie sentimentale du capitaine du navire Morten Veland. Ce dernier semble avoir la fâcheuse habitude de mêler vie privée et publique pour le meilleur et le pire. Alors que le groupe évoquait des raisons personnelles pour justifier du départ de la belle espagnole, elle a précisé sur les réseaux sociaux que la décision avait été prise pour elle et qu’elle n’avait pas eu son mot à dire.
Bref, voici donc le huitième album de SIRENIA avec une nouvelle chanteuse derrière le micro. Alors ce n’est pas tout à fait vrai car l’heureuse élue n’est autre qu’Emmanuelle Zoldan, une compatriote, qui officie dans l’ombre en chanteuse invitée sur chaque disque depuis 2004 au sein de la Sirenian Choir. C’est sa chance, voici l’occasion pour la chanteuse mezzo-soprano de formation classique de prendre toute la lumière et de se faire plus largement connaître. C’est la deuxième française à intervenir au chant au sein de SIRENIA après Fabienne Gondamin sur At Sixes And Sevens.
En 2015, nous nous étions passablement ennuyés à l’écoute d’un The Seventh Life Path (chronique ici) lassant au possible. Notre ami norvégien semblait être à court d’idées et nous resservait encore une fois le même plat mais en beaucoup moins bien. Peut-être conscient des limites de son album, il s’est rapidement remis au travail et revient déjà avec un nouvel opus sous le bras au bout d’un an. SIRENIA n’a jamais proposé un nouvel album dans un délai aussi court. Et reconnaissons que Dim Days of Dolor débute bien mieux que son prédécesseur. « Goddess of the Sea » et « Dim Days Of Dolor » placent d’entrée la barre haute et on retrouve un SIRENIA accrocheur et inspiré. Les marques de fabrique du groupe sont présentes et immédiatement identifiables, les chœurs omniprésents, une ambiance assez sombre et les multiples orchestrations. Les mélodies ne cherchent pas midi à quatorze heure et font bien souvent mouches. En tout cas, elles rentrent rapidement dans le crâne. « Dim Days Of Dolor » se veut même simplette et pourtant cela fonctionne.
Emmanuelle Zoldan était forcément attendue au tournant et elle offre une très belle prestation de bout en bout. Elle a su encore une fois se fondre dans le moule de SIRENIA et affiche une belle conviction en plus d’une technique sans tâche. Son timbre est plus grave que celui d’Ailyn mais l’intégration d’avère tout à fait naturelle. Dim Days of Dolor déploie progressivement ses ailes après un début en fanfare et chaque nouvelle chanson apporte son lot de bons moments. Les touches extrêmes se font extrêmes discrètes, il faut attendre « The 12th Hour » pour entre Veland growler. Il prend même parfois la part du lion en chant clair comme sur un « Veil of Winter » plus calme et posé. Cela apporte un peu de variété au sein de l’album ce qui n’est pas sans nous déplaire et évite ainsi de tomber dans les écueils du précédent opus.
Avec Dim Days of Dolor, SIRENIA remet les pendules à l’heure et nous rassure un peu après la mauvaise passé artistique constituée par The Seventh Life Path. Mettons cela sur le compte des relations peut-être alors déjà tendues entre Veland et Ailyn, qui sait ? La cuvée 2016 nous plait et permet à SIRENIA de ne pas rougir face à la concurrence frontale des espagnols de DIABULUS IN MUSICA qui font fort dans un registre très proche. Il va falloir compter en 2017 sur cette lutte ibérico-norvégienne. Pour terminer, souhaitons qu’Emmanuelle Zoldan s’installe de façon pérenne devant le micro de SIRENIA.
Oshyrya (8,5/10)
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Napalm Records / 2016
Tracklist (56:43 mn) 01. Goddess of the Sea 02. Dim Days Of Dolor 03. The 12th Hour 04. Treasure n’ Treason 05. Cloud Nine 06. Veil of Winter 07. Ashes to Ashes 08. Elusive Sun 09. Playing with Fire 10. Fifth Column 11. Aeon’s Embrace
Profitant de leur énorme succès sur scène ces derniers mois, le groupe et son label tente de rallonger la sauce et de proposer un produit supplémentaire à la vente, histoire d’avoir une (relative) nouveauté sur les étales du merchandising. Blessed & Possessed Tour Edition reprend donc le dernier album des loups (chronique ici) agrémenté d’un deuxième disque, témoignage du concert donné en 2015 au Summer Breeze Festival.
Bon, ne tournons pas autour du pot, à part la nouvelle pochette assez sympathique, ce disque n’a aucun intérêt pour les fans. L’album ils doivent déjà l’avoir, la partie live aussi pour peu qu’ils aient acheté le live publié l’année dernière, The Metal Mass – Live (chronique là) et même au pire, ce live est vendu séparément par Napalm Records pour moins de 10 euros. Donc à moins d’être un collectionneur invétéré (pigeon), l’intérêt descend à zéro. Maintenant si par hasard vous découvrez soudainement POWERWOLF et n’avez aucun album dans votre discographie, là c’est tout bon. A vous de voir.
Oshyrya
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Napalm Records / 2017
Tracklist (45:50 mn)
01. Blessed & Possessed 02. Dead Until Dark 03. Army Of The Night 04. Armata Strigoi 05. We Are The Wild 06. Higher Than Heaven 07. Christ & Combat 08. Sanctus Dominus 09. Sacramental Sister 10. All You Can Bleed 11. Let There be Night
Summer Breeze Festival 2015 (73:05 mn)
01. Lupus Daemonis (Intro) 02. Sanctified with Dynamite 03. Coleus Sanctus 04. Army Of The Night 05. Amen & Attack 06. Resurrection by Erection 07. Armata Strigoi 08. Kreuzfeuer 09. Werewolves of Armenia 10. In The Name Of God (Deus Vult) 11. Blessed & Possessed 12. All We Need Is Blood 13. Dead Boys Don‘t Cry 14. We drink your blood 15. Lupus Dei
Difficile de connaître les réactions outre-Rhin mais en France la sortie de ce nouvel album des vétérans de GRAVE DIGGER laisse tout le monde de glace, pour ne pas dire que tout le monde s’en fout. Il s’agit pourtant là du dix-huitième disque de nos amis de Rhénanie-du-Nord-Westphalie. Il faut dire que pour beaucoup, (et votre serviteur) le groupe représente une certaine traduction teutonne du métal, un truc old-school et un peu suranné. Et annonçons de suite la couleur, l’écoute de ce Healed By Metal ne risque pas de changer cet état de fait. Un petit changement au niveau du line-up, en novembre 2014, le claviériste Hans Peter Katzenburg quitte le groupe pour se consacrer à ses projets parallèles. Il est remplacé par Marcus Kniep.
Return of the Reaper (chronique ici) date déjà de trois ans et il était grand temps que Chris Boltendahl viennent nous chatouiller les esgourdes. La pochette est comme d’habitude superbe mais archi-clichée pour ce genre heavy metal made in Germany. Et à lire les titres des chansons, on peut craindre que ce manque d’innovation et de nouveauté s’accentue de plus en plus. Tout semble fait pour caresser le métalleux sans le sens du poil avec des chansons comme « Healed by Metal » ou encore « Ten commandments of Metal ». Nous n’attendons pas de la haute philosophie mais un chouia plus que cela quand même.
Le premier single éponyme qui ouvre l’album cristallise nos inquiétudes. Plus basique, attendue et cliché, tu meurs. Franchement GRAVE DIGGER nous a déjà habitués à bien mieux, là il joue petits bras, privilégiant la facilité au travail. On croirait entendre un MANOWAR pas inspiré. Avec ce riff déjà entendu des milliards de fois, un pauvre refrain et la voix éraillée de Boltendahl, cela fait vraiment beaucoup. Nous sommes ici à des années-lumière de la maestria d’un Clash of the Gods pour ne pas remontrer trop loin dans le temps. Et les chansons suivantes s’avèrent être du même tonneau, archi-éculées et franchement lassantes au bout de deux écoutes. Les chansons sont courtes, calibrées autour des trois minutes mais il est difficile de s’extasier sur l’une d’elles ou mêmes d’en retenir une en particulier. Avec un peu de recul, Healed by Metal sonne assez vieillot et suranné. Des dizaines de groupes proposent la même tambouille depuis des décennies. Alors oui le son s’avère puissant mais c’est le moind que l’un pouvait attendre en 2017.
Finalement, en proposant un album classique contenant que dix nouvelles chansons sans idée directrice ni concept particulier, GRAVE DIGGER redevient un groupe parmi tant d’autres et risque de disparaitre dans la masse. La jeune génération fait preuve d’une énergie et d’une fraicheur que les allemands ne peuvent que très difficilement reproduire. Ce disque a de quoi nous rendre amer, GRAVE DIGGER tourne en rond et s’auto-parodie presque. Quelle tristesse !
Oshyrya (05/10)
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Napalm Records / 2017
Tracklist (36:22 mn) 01. Healed by Metal 02. When night falls 03. Lawbreaker 04. Free Forever 05. Call for War 06. Ten commandments of Metal 07. The Hangman´s eye 08. Kill Ritual 09. Hallelujah 10. Laughing with the Dead