Sirenia – Dim Days of Dolor
Posted by OshyryaFév 19
La vie de SIRENIA n’a jamais été un long fleuve tranquille et la relative stabilité des dernières années a volé en éclat à l’été 2016 quand le départ d’Ailyn Giménez García a été annoncé. Rappelons qu’avant Ailyn, SIRENIA avait systématiquement changé de chanteuse entre deux albums. La vie du groupe suit assez précisément la vie sentimentale du capitaine du navire Morten Veland. Ce dernier semble avoir la fâcheuse habitude de mêler vie privée et publique pour le meilleur et le pire. Alors que le groupe évoquait des raisons personnelles pour justifier du départ de la belle espagnole, elle a précisé sur les réseaux sociaux que la décision avait été prise pour elle et qu’elle n’avait pas eu son mot à dire.
Bref, voici donc le huitième album de SIRENIA avec une nouvelle chanteuse derrière le micro. Alors ce n’est pas tout à fait vrai car l’heureuse élue n’est autre qu’Emmanuelle Zoldan, une compatriote, qui officie dans l’ombre en chanteuse invitée sur chaque disque depuis 2004 au sein de la Sirenian Choir. C’est sa chance, voici l’occasion pour la chanteuse mezzo-soprano de formation classique de prendre toute la lumière et de se faire plus largement connaître. C’est la deuxième française à intervenir au chant au sein de SIRENIA après Fabienne Gondamin sur At Sixes And Sevens.
En 2015, nous nous étions passablement ennuyés à l’écoute d’un The Seventh Life Path (chronique ici) lassant au possible. Notre ami norvégien semblait être à court d’idées et nous resservait encore une fois le même plat mais en beaucoup moins bien. Peut-être conscient des limites de son album, il s’est rapidement remis au travail et revient déjà avec un nouvel opus sous le bras au bout d’un an. SIRENIA n’a jamais proposé un nouvel album dans un délai aussi court. Et reconnaissons que Dim Days of Dolor débute bien mieux que son prédécesseur. « Goddess of the Sea » et « Dim Days Of Dolor » placent d’entrée la barre haute et on retrouve un SIRENIA accrocheur et inspiré. Les marques de fabrique du groupe sont présentes et immédiatement identifiables, les chœurs omniprésents, une ambiance assez sombre et les multiples orchestrations. Les mélodies ne cherchent pas midi à quatorze heure et font bien souvent mouches. En tout cas, elles rentrent rapidement dans le crâne. « Dim Days Of Dolor » se veut même simplette et pourtant cela fonctionne.
Emmanuelle Zoldan était forcément attendue au tournant et elle offre une très belle prestation de bout en bout. Elle a su encore une fois se fondre dans le moule de SIRENIA et affiche une belle conviction en plus d’une technique sans tâche. Son timbre est plus grave que celui d’Ailyn mais l’intégration d’avère tout à fait naturelle. Dim Days of Dolor déploie progressivement ses ailes après un début en fanfare et chaque nouvelle chanson apporte son lot de bons moments. Les touches extrêmes se font extrêmes discrètes, il faut attendre « The 12th Hour » pour entre Veland growler. Il prend même parfois la part du lion en chant clair comme sur un « Veil of Winter » plus calme et posé. Cela apporte un peu de variété au sein de l’album ce qui n’est pas sans nous déplaire et évite ainsi de tomber dans les écueils du précédent opus.
Avec Dim Days of Dolor, SIRENIA remet les pendules à l’heure et nous rassure un peu après la mauvaise passé artistique constituée par The Seventh Life Path. Mettons cela sur le compte des relations peut-être alors déjà tendues entre Veland et Ailyn, qui sait ? La cuvée 2016 nous plait et permet à SIRENIA de ne pas rougir face à la concurrence frontale des espagnols de DIABULUS IN MUSICA qui font fort dans un registre très proche. Il va falloir compter en 2017 sur cette lutte ibérico-norvégienne. Pour terminer, souhaitons qu’Emmanuelle Zoldan s’installe de façon pérenne devant le micro de SIRENIA.
Oshyrya (8,5/10)
Napalm Records / 2016
Tracklist (56:43 mn) 01. Goddess of the Sea 02. Dim Days Of Dolor 03. The 12th Hour 04. Treasure n’ Treason 05. Cloud Nine 06. Veil of Winter 07. Ashes to Ashes 08. Elusive Sun 09. Playing with Fire 10. Fifth Column 11. Aeon’s Embrace
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