Archive for mars, 2017

Je vais commencer cette chronique en faisant ma tête de con. Je vais considérer cet album comme un EP car même si Our Own Democracy compte dix chansons, avec à peine vingt-huit minutes au compteur on ne peut décemment pas prendre cela pour un EP. Bla bla bla, Reign in Blood de SLAYER… rien à foutre. Quand un groupe frôle les quarante minutes, rien à redire mais là non.

Entre cette pochette assez étrange (spéciale dédicace au poulet ayant servi de modèle) et un nom de groupe tout aussi mystérieux mais si celui-ci sonne assez classe, l’auditeur ne sait pas vraiment à quoi s’attendre en découvrant cette galette. Pour notre culture commune, précisions que CANCEL THE APOCALYPSE s’apparente à un melting-pot assez original regroupant des musiciens aux univers bien différents puisque le groupe oscille et mélange des éléments métal / hardcore et des éléments classiques, l’union incestueuse entre artistes toulousains et bordelais. Certains résonneront aux oreilles des plus fins connaisseurs comme celui de Matthieu Miegeville (MY OWN PRIVATE ALASKA, PSYKUP) au micro ou encore la violoncelliste Audrey Paquet (TRIO MILONGA. QUATUOR EVEIL).

La biographie du groupe se plait à mettre en avant l’aspect chaotique de la démarche et l’écoute de ces dix compositions confirment ce propos. Il va falloir faire preuve d’ouverture d’esprit et d’éclectisme pour apprécier CANCEL THE APOCALYPSE à sa juste valeur. Le calme « Athens » ouvre les débats avant que la folie ne rentre via un titre éponyme plus représentatif de la tapisserie sonore tissée sous nos yeux. Prenez une base classique, dans un genre baroque, et ajoutez-y une batterie et un chant tourmenté et aigu pour avoir une petite idée du voyage qui se présente à vous. Musicalement le mélange s’avère intéressant, à la fois souvent dissonant et surprenant avant que le trip screamo ne vienne un peu gâcher la fête. Cela convient sans doute dans l’esprit à cette approche baroque un peu folle mais à l’écoute, il y a de quoi froncer les sourcils. Les compositions sont courtes, dépassant pour la majorité à peine les trois minutes. Les mélodies jouées majoritairement au violoncelle et la guitare classique font leur petit effet avant que Miegeville n’ajoute son grain de sel pour le meilleur et pour le pire. Et disons que ce dernier l’emporte souvent. Etre original c’est bien mais là, le mariage entre ces deux univers n’est pas vraiment très heureux. Une fois la surprise passée, l’ennui pointe rapidement le bout de son nez et surtout l’auditeur attend avec crainte les lignes de chants hurlées.

CANCEL THE APOCALYPSE offre sans aucun doute une démarche originale mais la mayonnaise peine à prendre. Les artistes ont toujours raison de vouloir assouvir leur démarche créatrice mais Our Own Democracy me fait le même effet que certaines pièces de théâtre modernes sans queue ni tête ou le propos abscons ne semble être destiné qu’à satisfaire l’ego de son auteur. Tentez votre chance en écoutant ce disque, vous n’êtes pas à l’abri d’une bonne surprise. Votre serviteur est resté au bord de la route.

Oshyrya (05/10)

 

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Get A Life! Records / 2016

Tracklist (28:33 mn) 01. Athens, 02. Cancel The Apocalypse, 03. Candlelight, 04. Planes And Bombs, 05. Children, 06. A Bunch Of Roses With Thorns, 07. he Things That Can Never Be Done, 08. Bad Boxer Part 1, 09. Bad Boxer Part 2, 10. We Where Young

Avec l’EP Yesterday Comes Tomorrow, les parisiens d’AANOD ne sont pas à leur coup d’essai. En effet, le quintet compte déjà à son tableau de chasse un premier EP, Dawn, sorti en 2015. Preuve qu’ils n’ont franchement pas chômé pour sortir ainsi coup sur coup deux disques.

Le groupe évolue dans un metalcore racé et bourré d’énergie. La démarche reste assez classique mais reconnaissons d’entrée que le talent et le savoir-faire s’entendent de suite. Au bout de quelques minutes, l’auditeur saura qu’il est en présence d’un groupe appliqué et sérieux qui mêle technique et furia, mélodie et agressions calculées. Tous les éléments d’un metalcore canonique sont bien présents, l’alternance entre les types de chants, les riffs tranchants et les rythmiques originales. En sept nouvelles compositions, AANOD enfonce le clou et confirme les bonnes dispositions entrevues sur le disque précédent. Il manque encore une patte spécifique, une identité plus affirmée par rapport aux ténors du genre comme BRING ME THE HORIZON. Cependant certains titres de cet EP sortent du lot et font mouche à l’image d’un « Pariah » franchement efficace. Quelques touches extrêmes ici et là ne font pas de mal non plus.

Pour les amateurs de metalcore, AANOD est un nom à retenir. Les parisiens ne manquent pas de potentiel pour se faire plus largement connaître même si la vague et, ne nous voilons pas la face, la mode metal/deathcore semble perdre de sa vigueur. Souhaitons-leur de persévérer car ils la valeur artistique de leur démarche saute aux yeux (et aux oreilles).

Oshyrya (07/10)

 

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Autoproduction / 2016

Tracklist (27:57 mn) 01. Gambler, 02. D.N.A, 03. Resource, 04. Pariah, 05. Starvation, 06. Cubes, 07. Crafting

Mastodon – Emperor Of Sand

Le groupe d'Atlanta nous livre un septième album conceptuel, dont le fil rouge est constitué par l'histoire d'un homme envoyé à la mort dans le désert. Au delà de ça, le thème ne devrait pas susciter de levées de boucliers, mais du côté de l'interprétation cela risque de jaser…
C'est un album qui se distingue par ses contrastes, ou les titres se suivent et ne se ressemblent pas, entre un « Show Yourself » aux allures de single destiné à squatter les radios et un  « Scorpion Breath » furieux et accrocheur. On sent que le groupe cherche une nouvelle voie, entre rock pop qui lorgnerait vers les Foo Fighters, envolées planantes et progressives à la Pink Floyd et metal brut de décoffrage, à l'ancienne, sans pour autant revenir au Death metal.
Tout cela laisse une impression d'album décousu, en dépit d'un thème consacré à la mort et à la survie, on reste un poil sur sa faim.  Un « Sultan's Curse » entame l'album sur un terrain balisé mais efficace, en dépit de son air de déjà entendu, du pilotage automatique qui peut remplir d'aise les conduits auditifs de fans pas trop exigeants. Au delà du confort, « Show Yourself » divisera entre amateurs de sucreries et rageux qui ne goutent guère que le groupe se laisse aller à tant de facilité. 
« Precious Stones » se situe dans une veine plus classique, mais encombré par un refrain qui dégouline. Mais on concède au titre une énergie accrocheuse avec un final explosif. « Steambreather » laisse une impression de mollesse que le groupe dynamite dans les dernières secondes. Trop tard. « Roots Remain » classique, varié, où le groupe prend le temps de déployer tout son talent est sans doute le plus intéressant avec le final « Jaguar God », avec en prime un solo guitaristique de haut vol.  En revanche, sans être indigeants les trois morceaux suivants ne laissent guère d'impression, jusqu'au titre « Andromeda » qui précéde le puissant « Scorpion Breath ».
Le final « Jaguar God » nous laisse sur notre faim avec une section rythmique qui nous ressort des plans usés, mais qui devraient interpeller les amateurs du groupes jusqu'au moment de la délivrance où le groupe accélère le tempo et entame une cavalcade finale entrainante. On reste sur un sentiment de frustration et l'on se raccroche aux vieux riffs qui sonnent comme avant et on sert les dents sur les passages acidulés et pop. Le groupe serait bien inspiré de ne pas reste le postérieur entre deux chaises et de faire des choix plus tranchés.

Hamster (06/10)

Reprise Records / 2017
Tracklist (51 minutes) : 1. Sultan's Curse 2. Show Yourself 3. Precious Stones 4. Steambreather 5. Roots Remain 6. Word to the Wise 7. Ancient Kingdom 8. Clandestiny 9. Andromeda 10. Scorpion Breath 11. Jaguar God