Voici la meilleure surprise depuis des années, que dis-je, l’album le plus osé, le plus improbable, le plus excitant à écouter depuis bien longtemps, à plus forte raison quand on se rend compte qu’il n’aurait probablement jamais vu le jour sans un troll à la con sur 4chan qui a mis Manuel Gagneux (la tête pensante du groupe) au défi de marier la « Nigger Music » et le Black Metal. Là où 99 % de la scène se contente de resucer de vieilles recettes trop traditionnelles, Zeal & Ardor s’est lancé dans la composition improbable combinant des éléments de deux scènes diamétralement opposées : le Negro Spiritual et le Black Metal.
Et pourtant, tout n’est pas parfait sur cet album. L’intégration des chants dans la toile musicale, par exemple, n’est pas toujours optimale (le début de « In Ashes »), les interludes donnent quelque peu l’impression de remplissage obligatoire pour ne pas finir avec un ep maigrichon et, malgré tout, l’album est très court. Mais à côté de cela, il y a de véritables perles. « Devil Is Fine », l’opener, est une pure merveille, avec juste une petite pointe de guitare en arrière-plan qui vient parfaitement contrebalancer la voix et le piano. Ce constat s’applique aussi à « Come On Down », le morceau le plus réussi à mes yeux. Ici, tout y est : l’intro en spiritual avant l’arrivée de l’élément Black Metal et le chant clair qui se transforme en hurlement. Les transitions sont nickel, tout coule de source sur ce morceau, ce qui relève de l’exploit vu le grand écart artistique nécessaire pour associer ces deux mondes.
Zeal & Ardor est un projet audacieux et, surtout, vraiment original. Même si, comme je le dis plus haut, tout n’est pas parfait, ce premier opus laisse entrevoir de belles choses. One-shot audacieux ou naissance d’un nouveau genre ? Seul le temps nous le dira, mais cette combinaison mérite d’être encore creusée, par Zeal & Ardor ou par un autre artiste prêt à reprendre le flambeau.
Reflection Records / 2016
Tracklist (xx:xx) 1. Devil Is Fine 2. In Ashes 3. Sacrilegium I 4. Come On Down 5. Children's Summon 6. Sacrilegium II 7. Blood In The River 8. What Is A Killer Like You Gonna Do Here? 9. Sacrilegium III
Je ne sais toujours pas si j’aime cette nouvelle offrande d’Ihsahn, malgré les nombreux mois qui se sont écoulés entre la sortie de l’album et cette chronique. Les écoutes sont tantôt magiques, tantôt frustrantes, comme si chaque élément prenait un temps fou à être digéré pour être apprécié, tout en remettant en cause l’intérêt causé par un autre élément. Comme si cet album était un jeu de Jenga, où chaque brique retirée en bas de structure pour être placée au sommet minait des fondations qui me semblaient pourtant si solides.
D’un côté, je ne parviens pas à détester cet album. Premièrement parce qu’il regorge de tant d’éléments issus de nombreux genres qu’il serait presque irrespectueux de ne pas reconnaître le travail d’Ihsahn : un riff djent ici, une touche d’orgue Hammond à la Opeth, du jazz, de l’électro… Ihsahn pioche partout pour nous proposer un patchwork dont chaque case est imparable. Pris séparément, (presque) chaque élément est une réussite insolente.
Mais d’un autre côté, à force de vouloir en faire trop, Arktis. perd quelque peu de sa cohérence. Chaque élément a beau être réussi, c’est le liant qui fait parfois défaut. Là où un groupe comme Ulver est passé maître dans l’art d’afficher son talent sur tous les terrains, mais en optant pour une orientation bien spécifique par album, Ihsahn a fait le pari du fourre-tout, quitte à parfois perdre en focus. Au final, un seul morceau me laisse une impression vraiment négative, la clôture sur « Til Tor Ulven » et son spoken word en norvégien sur fond de piano avant un final en hurlements et disto. À mes yeux, l’album aurait pu parfaitement se conclure sur un « Celestial Violence » parfait.
Comment noter cet album ? Aucune idée. Dans un bon jour, j’aurais envie de trouver des excuses à Ihsahn, de mettre en avant son talent et d’en faire un visionnaire qui ose abattre les frontières des genres. Dans un mauvais jour, ce sont les quelques failles qui seraient mises en exergue, et j’aurais tendance à punir l’artiste pour ces frustrations qui m’empêchent de profiter pleinement de cet album.
Candlelight Records / 2016
Tracklist (48:07) 1. Disassembled 2. Mass Darkness 3. My Heart Is of the North 4. South Winds 5. In the Vaults 6. Until I Too Dissolve 7. Pressure 8. Frail 9. Crooked Red Line 10. Celestial Violence 11. Til Tor Ulven (Soppelsolen)
Le groupe WEAKSAW à publié le clip vidéo du titre " Storyteller " , extrait de son nouvel album " The Wretched Of The Earth " disponible via le label Lifeforce Records :