Archive for août, 2017

Le black-métal est un genre en constante évolution. Et cela ne plaît pas à tout le monde. Depuis les années 2010, deux camps s’affrontent. D’un côté, la seconde vague « canal historique » (Tsjuder, Destroyer 666 et consorts) perpétue une tradition héritée de Quorthon et des premières démos de Mayhem. De l’autre, une bande de nouveaux venus effrontés (Deafheaven, Myrkur, Boss De Nage) qui n’hésitent pas à casser, avec audace, les codes d’un genre ultra balisé. Au milieu de cette bataille sanglante se trouvent les Allemands de Der Weg Einer Freiheit. Les seuls capables de faire le pont entre ces deux fratries irréconciliables.

Der Weg Einer Freiheit nous offre, avec Finisterre, son album le plus accompli. Prolongement naturel de Stellar, ce quatrième album navigue sans cesse entre modernité et tradition. Le quatuor capte l’essence même de ce qu’est le black-metal (riffs, mélodies, hurlements) et la fait fusionner avec quelques digressions subtiles (passages ambient, shoegaze…). Finisterre commence pourtant de façon classique avec « Aufbruch ». « Ein letzer tanz » est plus surprenant de part son accroche post-rock. Mais trois minutes suffisent pour que le métal noir reprenne ses droits. La voix de Nikita Kamprad peut alors de nouveau déchirer l’espace sonore. S’ensuit le diptyque « Skepsis » qui nous emmène dans un voyage musical passionnant où l’album atteint son summum dans sa seconde partie. « Finisterre » est un morceau époustouflant qui clôt, avec brio, cet album presque parfait où l’intensité ne baisse jamais.

Finisterre est un cap, un pic, la péninsule de la discographie de Der Weg Einer Freiheit. Un groupe formidable qui regarde l’avenir du black-métal sans rien renier de son passé. Le défi pour ces jeunes allemands va être extrêmement difficile. Pourront ils faire mieux ?

Nico (9,99/10)

 

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Season Of Mist / 2017

01. Aufbruch 02. Ein letzter Tanz 03. Skepsis Part I 04. Skepsis Part II 05. Finisterre

 

 

L’affiche était alléchante, la météo incertaine, la présence d’amis et de retrouvailles garantie. C’était décidé, cette année, il était hors de question de rater le Metal Méan. Retour sur une journée globalement réussie.

Et pourtant, ça commençait pas fort, avec une météo capricieuse, les parkings fermés (décision logique et raisonnable, mais pas pratique dans les faits) et une longue file à l’entrée. À peine le temps d’entrer et de boire un verre avec les potes que le premier groupe monte sur scène. Uada, des ricains qui font un Black Metal pas mal branlé du tout. Sur album, j’avais été assez séduit. En live, l’impact est bien moindre, et je filerai au camping rejoindre les amis pour un apéro terrifiant à base de Cuvée des Trolls (désolé Goat Torment, c’est un Flamand qui m’a fait rater votre concert).

Retour sur le site du fest just in time pour les Finlandais d’Archgoat. C’est déjà beaucoup mieux au niveau des compos, mais le son est vraiment limite pour vraiment profiter du show du trio, et ce constat sera identique pour Ulcerate. J’adule ce groupe sur album, j’ai eu la chance de les voir en 2009 à Eindhoven et j’avais été soufflé par leur prestation dans la petite salle de l’Effenaar. Cette fois, la sauce ne prenait tout simplement pas. Lourd, monolithique, pas gâté sur le son qui rendait le tout assez indigeste, Ulcerate a tourné à l’écrasement de tympans en mode bouillie. Grosse déception.

Heureusement, les choses se sont ensuite améliorées, tout d’abord avec Vital Remains, les darons du festival. Je ne m’attendais pas à une telle claque. Bien posé dans la fosse photo pendant deux morceaux, j’en ai pris plein la gueule. Les soli étaient clairs, les deux chants bien audibles, c’était du tout grand Death brutal technique. Un seul regret : un set trop court à mes yeux. Leurs morceaux sont tellement longs et travaillés qu’on aurait pas craché sur une ou deux compos en bonus… Mais vu que l’heure du dernier concert d’Angelcorpse approchait, on allait pas trop se plaindre.

Alors, cette dernière d’Angelcorpse ? Beh c’était fidèle à la réputation du groupe. Sale, violent, pas toujours très propre sur les bords, mais une énergie et une hargne intactes, à tel point que l’on peut être en droit de se demander pourquoi Peter a décidé de mettre un terme à son groupe. Un des grands moments du fest en tout cas.

Suffocation, ensuite, a dévoilé son énième nouveau chanteur. Un petit nouveau, certes, qui n’a pas la réputation d’un Gallagher (qui a aussi fait l’intérim pour Suffocation en tournée), mais quelle présence sur scène ! À aucun moment il n’a essayé de singer Frank The Tank. Il a sa propre attitude, sa propre présence, et au niveau du chant, il assure très bien (en même temps, il a été sélectionné par le groupe, on se doutait bien que ce serait du solide). Possessed, ensuite, m’a fait l’effet d’une bouffée de fraicheur. Jeff est un frontman en or, et le voir avec un tel sourire alors que la vie n’a pas toujours été tendre avec lui est vraiment inspirant. Au niveau de la presta, c’était aussi du haut vol. Reste à voir si le groupe parviendra à transformer l’essai lorsqu’il sortira son nouvel album.

Et enfin, Candlemass. Je n’en ai aucun souvenir. Je me suis réveillé à La Louvière dans la voiture d’un pote. D’après les photos, c’était bien. Hamster pourra certainement en dire plus.
Hamster : une prestation de tête d’affiche, avec un Mats Leven au chant qui assure. Et des titres qui tiennent toujours la route (dont les incontournables “Bewitched” ou “Solitude”).

Un grand merci à l’orga pour le pass photo !

Les photos, c’est par ici

Loin de moi l’idée d’être désagréable dès les première lignes de cette chronique avec les suédois de YE BANISHED PRIVATEERS mais ils seraient périlleux de ne pas trouver particulièrement malin (d’autres diraient opportuniste) de leur part de de s’être lancés dans le genre musique folk labellisée pirates. C’est un peu la mode en ce moment avec le succès grandissant des ALESTORM et SWASHBUCKLE. Oui les prémices du groupe datent de 2008 mais ils ne font vraiment parler d’eux que depuis 2014.

Bien sûr First Night Back In Port et ses deux prédécesseurs (Songs and Curses en 2012 et The Legend of Libertalia chez Totentanz Records en 2014) ne sont pas de simples décalques des groupes déjà mentionnés car ils proposent une musique folk mais pas métal folk. Vous prenez ALESTORM, vous conservez les mélodies, les refrains, les instruments traditionnels et vous retirez les guitares électriques pour obtenir YE BANISHED PRIVATEERS. Le propos se veut tout doux, joyeux et accrocheur sans une once d’agressivité. Si leur label ne comptait pas profiter de la mode « Pirate », nos amis n’auraient pas grand-chose à faire chez Napalm Records. Dernière particularité de ce groupe, c’est sa taille puisque pas moins de trente musiciens composent cet équipage, chacun avec sa flûte, son tambourin ou sa voix.

L’écoute de First Night Back In Port s’avère être une expérience très agréable. Pas sûr que cette expérience puisse avoir sa place dans ses pages mais c’est désormais un peu tard pour faire machine arrière. Imaginez un BLACKMORE’S NIGHT version pirate. Vous trouverez sur ce disque votre lot de jolies chansons dansantes, presque chacune d’elle crée une occasion pour chanter en chœur les mélodies et les refrains qui font leur petit effet la majeure partie du temps. YE BANISHED PRIVATEERS compte dans ses rangs un grand nombre de chanteurs et chacun à l’occasion de s’exprimer. Cela casse un peu la lassitude qui finit par s’installer après huit ou dix chansons. Même si les compositions sont calibrées autour des trois/quatre minutes, avec deux exceptions, les suédois proposent toujours la même recette en variant les rythmes et les mélodies bien entendu. Le disque se termine par un morceau de choix, « Mermaid’s Kiss » et ses dix-neuf minutes au compteur. Il s’agit surtout d’un artifice car pour vous aurez le bruit des vagues pour près de la moitié de la chanson.

Si vous aimez la musique folk et l’univers de la piraterie et/ou si vous rêvez de voir ALESTORM en version acoustique, YE BANISHED PRIVATEERS et son troisième album sont faits pour vous. Les suédois se font plaisir et proposent un joli divertissement. Sur la longueur, le soufflé faiblit et retombe mais l’expérience doit prendre une toute autre ampleur sur scène avec les costumes et l’ambiance festive. Difficile de passer outre l’aspect commercial et opportuniste mais reconnaissons que le travail a été plutôt bien fait.

Oshyrya (06/10)

 

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Napalm Records / 2017
Tracklist (78:15 mn) 01. Annabel 02. A Night at the Schwarzer Kater 03. First Night Back in Port 04. All the Way to Galway 05. Cooper’s Rum 06. Skippy Aye Yo 07. I Dream of You 08. A Declaration of Independence 09. For a Fragile Moment’s Ease 10. We are Ye Banished Privateers 11. Bosun’s Verses 12. Eastindiamen 13. Devil’s Bellows 14. Ringaroo at Cooper’s inn 15. Mermaid’s Kiss