Archive for septembre, 2017

Poste 942 – Long Play

POSTE 942, derrière ce nom énigmatique se cache un vrai gros rock made in Le Var. Le soleil tape fort, nos amis ne doivent pas carburer qu’à l’eau claire mais on ne va pas s’en plaindre car cela permet de profiter de Long Play. L’album contient onze brûlots à même de vous réchauffer le cœur si, comme votre serviteur, vous en avez manqué cet été. Les varois ne font pas ici leurs premiers et se sont déjà fait connaître des amateurs à travers diverses publications depuis leurs débuts en novembre 2010. Pour les retardataires, tout est disponible sur la page Bandcamp du groupe, de la démo éponyme de 2013 en passant par les multiples EP et singles.

Avec « Color of Red » la plonger dans l’univers POSTE 942 se fait progressive, d’abord la batterie se lance avant que la guitare et la basse ne rentrent en jeu et tissent en quelques notes, devant nous, un paysage rock qui ravira les amateurs de poussière et de paysages désertiques en général. Malgré leur origine, du sang yankee coule dans les veines de ces musiciens. Ils ne réinventent pas l’eau chaude mais ils montrent un joli talent pour mélanger à leur sauce de nombreuses influences entre heavy blues, sonorités grunges et approches stoner/desert rock. Chacun joue juste et assure une solide prestation. Mention spéciale pour Sébastien Usel derrière le micro. C’est loin d’être facile mais il tient la baraque apparemment avec aisance. Il parvient tout au long de l’album à exprimer beaucoup d’émotions (même si parfois c’est un chouia too much). POSTE 942 alterne les titres rapides et les mid-tempo évitant ainsi une trop rapide lassitude. L’album affiche presque quarante minutes au compteur, cela reste dans la moyenne même si un ou deux titres complémentaires auraient été bienvenus. « Whiskey », « Grace » et « Breathe » constituent le haut du panier et vous aurez bien du mal à ne pas taper du pied et secouer la tête plus ou moins frénétiquement.

POSTE 942 se moque des conventions et des règles du music business. Les varois avancent selon leurs envies et l’inspiration du moment. Avec cette musique à la fois épaisse, mélodique et accrocheuse tous les voyants passent au vert pour Long Play. Que vous soyez entourés par le désert ou la garrigue, le plaisir sera au rendez-vous.

Oshyrya (07/10)

 

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Autoproducition / 2017
Tracklist (39:34 mn) 01. Batavia 02. Color of Red 03. Devil’s Complaint 04. Whiskey 05. Punky Booster 06. 49.3 07. Grace 08. Pigs in Paradise 09. Lonely Day 10. Psycho Love Part. I 11. Psycho Love Part. II 12. Breathe 13. Le Chantier

 

 

The Haunted – Strength In Numbers

A l’écoute de ce neuvième album, on sent bien que The Haunted à finalement bien digéré les départs du chanteur Peter Dolving, du batteur Per M. Jensen et du guitariste Anders Björler.
On pouvait en douter un peu à l’époque de la sortie de l’album “Exit Wounds” où le groupe livrait des compositions un poil essoufflées. Avec Adrian Erlandsson à la batterie, le guitariste Ola Englund et le hurleur Marco Aro, le groupe semble avoir retrouvé la cohérence et l’énergie pour remettre The Haunted sur les rails.
Passée l’introduction instrumentale mélodique et un tantinet anodine, l’album démarre vraiment avec en guise d’Uppercut un ” Brute Force ” qui annonce la couleur. Un titre brutal, rapide, qui va à l’essentiel, mais qui ne néglige pas les solis mélodiques pour autant.  20 ans après ” Hate Song ” les suédois mettent un poing d’honneur à nous mettre une raclée. Le groupe alterne le chaud et le froid, “Spark” met plus l’accent sur l’ambiance et  les parties mélodiques et met de côté la brutalité primaire,. Un “Preachers Of Death” reprend le pilonnage, suivi d’un  ” Strengh In Numbers ” qui ne faiblit pas en cours de route.  “Tighten the Noose” enchaîne avec une énergie décuplée. Sans doute un poil binaire, peu inventif, qui laissera de marbre les fans en manque de Peter Dolving, mais la recette demeure efficace. Et puis le groupe varie les plaisirs, et livre une seconde partie d’album accrocheuse et variée,  comme en témoigne à  la suite de “Tighten the Nose” le lourd et mélodique “This Is The End”. “The Fall” remet le couvert à  un rythme soutenu, avec solis mélodiques et riffs qui ratatinent les conduits auditifs.   ” Means To An  End “, un poil rugueux et hardcore enfonce le clou.
En guise de conclusion les suédois proposent un titre un peu en roue libre, “Monuments”  achève ce neuvième opus  avec un rythme de pachyderme. Les deux titres de l’édition limitée sont dans la veine de l’album. “Illusions” sonne parfois comme une vieux titre de Pantera. ” Sinister ” détonne avec sa basse qui claque d’entrée, mais tarde à décoller, avant de livrer une dernière baffe pour la route. Au final The Haunted livre une album accrocheur plutôt destiné aux amateurs de brutalité, qui devrait convaincre bon nombre d’amateurs du groupe. Très recommandable.

Hamster (08.5/10)

www.facebook.com/hauntedofficial

the-haunted.com

Century Media Records / 2017
Tracklist (38:07) 1.Fill The Darkness With Black 2. Brute Force 3. Spark 4. Preachers Of Death 5. Strength In Numbers 6. Tighten The Noose 7. This Is The End 8. The Fall 9. Means To An End 10. Monuments
Edition limitée :  11. Illusions 12. Sinister

 

Nasty – Realigion

Dans la catégorie « Groupe qui ont bien choisi leur nom », il est difficile de départager qui de Nasty ou Tragedy occupe la première place. Si le second a logiquement connu une carrière éphémère (et on s’en réjouit),  Nasty affirme, sortie après sortie, son statut de poids lourd dans le paysage Hardcore européen. Entre leurs prestations scéniques musclées, la qualité des albums pondus, et un marketing intelligent, le quatuor germanophone a su développer une fanbase solide et une identité atypique.

Car si Nasty sait faire une chose, c’est jouer avec les codes. Entre la musique hargneuse, les tenues hip hop, un univers visuel « musclé », l’esthétisme brut et soigné, Nasty pourrait juste être un groupe de hardcore inventif. Mais le vrai génie du groupe a toujours consisté dans sa volonté de surprendre, au risque de dérouter leurs fans. La première tentative franche date de leur album Love pour lequel le chanteur d’Evergreen Terrace avait collaboré en voix clairs sur un morceau. Cela avait provoqué des critiques de la part de puristes. Mais Nasty avait intelligemment évité de rentrer dans le jeu des justifications, assumant ces choix de collaboration au nom d’un principe d’autorité. Un groupe habitué à distribuer des coups de pied dans la fourmilière hardcore, parfois enfermée dans ses propres clichés. Et il semble que le menu de Realigion ne contredira pas cet état d’esprit.

Avec leurs deux premiers titres (F.Y.W. et Rockbottom), Nasty annonce la couleur. C’est direct, ça sent la rage, le crachat et le beatdown.  At war with love (morceau sorti il y a un an) enchaine avec tous les ingrédients qui ont fait la renommée du groupe : alternance de bpm, refrain qui reste dans l’oreille, flow rageur et intention de s’assoir sur les visages et d’y faire ce qu’ils veulent. Et ce sentiment de toute puissance, c’est plus ou moins ce qui transparait de tout cet album. Le groupe est chez lui partout, par principe. Nasty investit l’espace sonore comme il investit une scène : il n’y a pas de place pour les questions. Les titres se succèdent avec une facilité assez déconcertante. Forgiveness (clippé) confirme son efficacité, et le morceau Realigion, en featuring avec J.J. de Deez Nuts, nous gratifie même d’un superbe Nasty, Deez Nuts, from New York to La Calamine,  qui me vend du rêve par tonneau. La Calamine étant un bled de 18km² à l’est de la Belgique. Preuve qu’il n’est pas nécessaire, en hardcore, de venir des grandes villes pour devenir une pointure. La production est impeccable, c’est tranchant, efficace et le mix cohérent avec les intentions de l’album. Les sonorités métales font encore partie du cru 2017. À l’image de Prediction qui laisse plus de place à cette part de leur musique. Mais une fois encore, le mélange est habile, sans jamais tomber dans les pièges d’un metalcore convenu. Le morceau permet de respirer dans la déferlante de titres marqués du sceau du beatdown, toujours omniprésent tout au long de l’album. Par contre, on dépasse rarement les 2 minutes par morceau, pour durée totale de 28 minutes pour 13 plages. C’est un peu maigre, même si c’est intense à souhait.

Si jusqu’à présent Realigion ressemble fort à un album de très bonne facture, c’est sans compter sur les petits extras que Nasty a pris soin d’élaborer. Ils prennent la forme de morceaux remixés ou inédits, disponibles  dans le box collector, ou sur spotify. Le clip Zeit sorti moins d’un mois avant la sortie est un superbe exemple de contrepied dont le groupe à l’habitude. Les mecs se transforment le temps de ce morceau en groupe de rap tendance PNL. Quand on sait les débats qui existent autour de ce même groupe de rap français au sein même des acteurs de ce mouvement, on mesure plus ou moins que l’initiative de Nasty est un superbe contrepied à leur propre marketing ultra codifié. Un second degré implicite que l’on remarque également dans ce remix eurodance de leur morceau d’intro, F.Y.W.. Le reste est à découvrir sur spotify ou en s’offrant le box édition limitée.

Realigion est donc un putain de bon album pour tous les amateurs de méchanceté. Il est un album dingue pour tous ceux qui aiment la méchanceté et le second degré. Sur la forme, ce nouvel album ressemble donc à une sorte d’ode à la liberté de penser et au fait d’assumer intelligemment ses choix jusqu’au bout.

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Kadaf (8/10)

Tracklist (28min): 1. F.Y.W.  2. RockBottom  3. At war with love  4. Drty FNGRZ II  5. Forgiveness  6. Realigion (feat jj, Deez Nuts) 7. At Night  8. Interlude 9. Prediction 10. Welle (feat Samis, Reduction) 11. In defeat (Alex & Konan, Malvolence) 12. Outro  13. Babylon (feat Makoto, Sand)