On dit souvent que la passion ne dure que quelques années et que les plus belles histoires peuvent finir en eau de boudin. Il semble que nous soyons arrivés à ce stade de notre relation avec les autrichiens de RUSSKAJA. Après les émois d’Energia! En 2013 et la confirmation avec Peace, Love & Russian Roll en 2015, les liens se sont petit à petit distendus et nous nous sommes éloignés. Kosmopoliturbo reste une tentative pour recoller les morceaux entre nous, mais n’est-elle pas veine ?
Franchement, alors que toutes les traditions folks mondiales passaient au tamis métal, nous nous étions tous bien amusés de ce mélange entre sonorités agressives, polka et ska. Nos amis ne palabrent pas pendant des heures quand il s’agit de musique, voici dix nouvelles compositions menées au pas de courses, dix chansons en trente-huit minutes. Vous aurez vous-mêmes fais les calculs nécessaires pour savoir qu’en trois petites minutes, la messe est dire à chaque nouvelle piste. On retrouve cette fraîcheur et cette bonne humeur qui a su nous séduire dans le passé. Georgij Makazaria continue de faire des merveilles derrière le micro et les titres se veulent simples et immédiatement accrocheuses. L’impression déjà-entendu émerge quand même un peu rapidement et on se demande si telle ou telle chanson n’était pas déjà sur les disques précédents. C’est l’écueil principal quand on ne fait finalement que reproduire encore et encore un même concept, au bout d’un moment, l’overdose menace. « Hey Road » et « Alive » ouvrent plutôt positivement le disque mais cela se gâte par la suite. L’intérêt décroit avec chaque nouvelle chanson et l’ennui fini par l’emporter. Rien à redire par contre sur le son, la production s’avère, comme d’habitude, puissante et limpide.
Comme de nombreux groupes avant eux, les membres de RUSSKAJA vont devoir apprendre, d’une façon ou d’une autre, à évoluer et à sortir de leur zone de confort. La mayonnaise ne prend plus vraiment et l’auditeur risque de rester sérieusement sur sa faim. L’enthousiasme des débuts, de la découverte mutuelle, s’est évaporé. La passion s’en est en aller et le conflit gronde. Encore deux ans à ce régime-là et ce pourrait être un divorce définitif.
Oshyrya (5,5/10)
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Napalm Records / 2017
Tracklist (37:16 mn) 01. Hey Road 02. Alive 03. Still In Love 04. Hello Japan 05. Volle Kraft Voraus 06. Mare Mare 07. Cheburaschka 08. La Musica 09. Chef De Cuisine 10. Send You An Angel
En ce 15 Août, Blue Wave production nous propose une soirée 100 % metal. A l’affiche du Ferrailleur, les thrasheurs d’ Arcania et les poids lourds du sludge, Crowbar.
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Arcania a la chance de débouler devant une salle bien remplie ; chose rare pour une première partie. Les Angevins nous livrent une prestation réjouissante où leur thrash-metal musclé fait mouche à chaque fois. En une dizaine de titres, le quatuor fait l’unanimité. Une bonne dose de bonne humeur est distillée par Cyril Peglion (chant). La virtuosité Niko Le Bellec (guitare) impressionne. De la bonne musique speed, un état d’esprit positif. Il n’en faut pas plus à Arcania pour sortir victorieux de ce début de soirée.
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Le groupe de Kirk Windstein, avec sa carrière et son vécu, n’a rien à prouver ce soir. D’entrée, Crowbar prend le public du Ferrailleur par le paletot. « I am the storm » annonce la couleur : ce n’est pas une soirée réservée aux mauviettes. La suite de la playlist va dans ce sens et ne propose que des titres forts. « Existence is punishment » est bien évidemment le summum du set qui retourne tout sur son passage. Kirk Windstein et Tood Strange, revenus à la maison, en imposent. Ils occupent le devant de la scène tandis que Matthew Brunson soutient les patrons. Tommy Buckley est le plus impressionnant : sa frappe de bûcheron exige qu’un parpaing maintienne la batterie. La prestation des Américains est impeccable de bout en bout. On ressort exténué mais comblé. Mission encore accomplie pour ces mastodontes de Nola.
Nico.
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Live Reports
One Desire fait partie de ces groupes qui n’inventent rien mais qui arrivent à fournir un plaisir aux auditeurs un tant soit peu intéressés par leur démarche. Cette dernière est simple : dans le sillage d’une bonne moitié des productions du label napolitain Frontiers, il s’agit de proposer de l’AOR comme on on l’appréciait il y a trente ans de cela. De l’AOR à la Europe (période The Final Countdown) ou à la Foreigner, mais avec une touche au niveau de modernité pour attirer les jeunes oreilles qui viendraient à croiser par hasard la route de ce premier disque de One Desire.
Cette touche de modernité ne se trouve pas au niveau des compositions. Certes ces dernières ne sont jamais des copiés-collés des œuvres des grands anciens de l’AOR et ont toute une personnalité. Mais il faut aussi bien admettre qu’elles ne révolutionnent en rien le genre. Des groupes œuvrant dans ce style comme Work Of Art ou un WET s’avèrent beaucoup plus personnels quant à leur optique musicale. La modernité se trouve ici surtout au niveau de la production qui a à défaut d’être dépouillée ou brute, est puissante et claire. Certes la compression est très prégnante et le son de batterie bien synthétique, mais il s’agit aussi des lois du genre. Globalement la dynamique sonore retranscrite est pour beaucoup dans la fière allure de ce premier disque.
Les Finlandais emmenés par l’excellent chanteur Andre Linman proposent donc un cocktail musical dans la lignée de la meilleure AOR européenne : mélodique, accrocheuse et nerveuse, la musique de One Desire ne souffre pas trop d’influences pop envahissantes. Portés par une entame disque assez irrésistible dans le genre, les musiciens de One Desire ont par ailleurs l’idée judicieuse de se conformer au format des LP des années 80 et de ne pas s’éterniser trop longtemps. 44 minutes de musique suffisent à leur propos et c’est très bien ainsi.
Des titres qui auraient bien pu être des tubes à la grande époque de MTV se succèdent sans coup férir : « Hurt », « Apologize », « Love Injection »… il y a bien peu à jeter ici. Et ce d’autant plus que les Finlandais ont la bonne idée de varier les tempos : du puissant et franchement hard rock comme « Buried Alive » au plus dansant sur « Love Injection » jusqu’aux moments les plus mélodiques (l’inévitable ballade pourtant réussie « This Is Where The Heartbreak Begins »)… la variété exclut avantageusement l’ennui. Et à chaque fois Andre Linman s’avère impeccable : il s’agit assurément d’un chanteur à suivre dans le genre et ce d’autant plus qu’il semble assez jeune.
Ce premier disque de One Desire ne semble pas avoir grand chose pour lui : une présentation kitsch au possible, un son que n’aurait pas renié Mutt Lange en 1988, une orientation musicale totalement passéiste… et pourtant ce fut assurément ma bonne surprise de l’été. Le groupe ne semble pas vouloir se résoudre à un ce des projets éphémères qu’affectionne tant Frontiers et défend son disque sur scène. Tout ceci est de bonne augure pour One Desire et pour le genre.
Baptiste (7,5/10)
Frontiers / 2017
Tracklist : 1. Hurt 2. Apologize 3. Love Injection 4. Turn Back Time 5. Falling Apart 6. Straight Through The Heart 7. Whenever I’m Dreaming 8. Do You Believe 9. Buried Alive 10. This Is Where The Heartbreak Begins