J’ai beaucoup aimé Objectif Thunes d’Ultra Vomit à sa sortie. Le concept était inédit, rafraîchissant et, pour ne rien gâcher, l’exécution était très bonne. Mais ça, c’était il y a neuf ans. Et revenir neuf ans après avec exactement le même concept, sans avoir proposé la moindre nouveauté entre-temps, c’est culotté. Voire suicidaire. Ou tout simplement con. Ou les trois.

Alors ok, je peux comprendre qu’Ultra Vomit ait décidé de conserver son concept et sa recette. Nombreux sont les groupes qui se sont enfermés dans un carcan. On appelle ça une identité stylistique. Mais dans le cas d’Ultra Vomit, on devrait plutôt parler de troubles de l’identité stylistique. Ultra Vomit est, en quelque sorte, un croisement improbable entre Patrick Sébastien pour le côté humour lourdingue, Canteloup pour les imitations et l’ensemble de la scène Metal pour les sources d’inspiration.

Cependant, ce qui faisait la force d’Objectif Thunes est, paradoxalement, la faiblesse de Panzer Surprise. En effet, en 2008, il y avait l’effet de surprise. Ici, tout le monde attend le groupe de pied ferme, curieux de voir quels seront les groupes parodiés, quels seront les jeux de mots pourris tout droit sortis de leur esprit facétieux. Et il faut croire que mes attentes étaient trop fortes. Parce que, là où Objectif Thunes comptait son lot de morceaux excellents, je compte sur les doigts de la main d’un accidenté de feu d’artifice les moments qui m’ont arraché un sourire sur ce nouvel album.

Au final, je ne retiens que « Keken » et son côté tubesque comme véritable hit (1)… MAIS PUTAIN CE MORCEAU FAIT 59 SECONDES ! En étant indulgent, j’ajouterais « Pink Pantera » qui reprend le phrasé de la première strophe de « Walk ». Pour le reste, les idées sont là, c’est bien exécuté, on reconnaît très vite les groupes qui ont servi d’inspiration (avec cependant une énorme faute de goût sur « Entooned » dont le son de gratte n’a pas ce côté grésillant de la bande à Petrov)…

Mais la sauce ne prend pas. Interludes inutiles (les « Bouillie »), morceaux vraiment pénibles (« Hyper Sexe », « Le Train Fantôme », « Un Chien Géant », « Anthracte »…), gimmicks énormes à s’en faire péter les tympans (« Evier Metal » étant probablement comment « Le Lavabo » de Vincent Lagaf aurait sonné s'il avait été composé par Iron Maiden), Panzer Surprise fleure le recueil de faces B d’Objectifs Thunes, avec les blagues qui étaient juste pas assez marrantes pour figurer sur l’album précédent.

Le seul sourire que m’arrache cet album est un sourire gêné, celui du fan trop poli pour gueuler C’EST DE LA MERDE par respect pour la maîtrise instrumentale du groupe. Parce que oui, sur le plan de l’exécution, ces gars ont du génie. Ce sont des putains de caméléons. Mais ça ne suffit pas pour sauver cet album. Si je dois retenir une déception cette année, c’est bien Panzer Surprise.

Mister Patate (1/10)

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Very Cords Records / 2017
Tracklist (trop:long) 1. Entooned 2. Kammthaar 3. Un Chien Géant 4. Takoyaki 5. Super Sexe 6. Hyper Sexe 7. La Bouillie 8. E-TRON (Digital Caca) 9. Le Train Fantôme 10. Calojira 11. La Bouillie 12. Jésus 13. Anthracte 14. Keken 15. La Bouillie 16. Noël 17. Pink Pantera 18. La Ch’nille 19. La Bouillie 20. Batman Vs Predator 21. Pipi Vs Caca 22. Evier Metal

 


(1) mon estimé et regretté collègue Mass ne partage pas mon avis et m’a dit, je cite « Mais non, c’est la pire, transformer le générique de hokuto no ken en ode à l’alcoolisme pour en faire l’hymne des beaufs c’est vraiment de la merde ». En fait, il a pas tout à fait tort.