Archive for janvier, 2018

Machine Head – Catharsis

J’ai découvert Machine Head avec le clip de « From This Day ». Vous vous souvenez, Dave McClain et sa teinture léopard, Robb Flynn en jumpsuit et avec une coiffure de virus du SIDA… Le premier album du diptyque Nu Metal, principale cause de descente d’organes chez les fans inconditionnels de Burn My Eyes. Puis il y a eu Supercharger, LA galette qui m’a définitivement scotché, qui a propulsé la bande à Robb au sommet de mes groupes préférés de l’époque. Et paf, le doigt dans l’engrenage, la découverte tardive des premiers méfaits du groupe, puis Through The Ashes of Empires en guise de retour à du « vrai » Machine Head, une belle ascension sur quelques albums avant la déconvenue Bloodstone And Diamonds. Machine Head était tombé bien bas. Le groupe allait-il trouver les ressources nécessaires pour taper du pied au fond de la piscine et revenir à la surface ?

J’ai rarement été aussi déçu par un groupe. Vraiment. J’ai beau me raccrocher à un riff ou une mélodie ici et là, j’ai du mal à concevoir que cet album est bel et bien une galette de Machine Head. Enfin, si, c’est une galette de Machine Head, mais en mode « concentré de tout ce que nous avons fait de pire » agrémenté de quelques pincées de fausses bonnes idées. En quinze titres et plus de 70 minutes, Robb a su cristalliser tout ce qui polarisait les fans du groupe : morceaux trop longs et peu inspirés, bouffées de Nu Metal avec chant rappé (putain Robb, on est en deux mil putain de 18, t’es pas Jon Davis, tu ne sais pas pondre du Nu Metal encore pertinent… pour autant que le Nu Metal soit encore pertinent), poussées geignardes, grognements pseudo-menaçants (comme sur « Trephination », mais avec quelques balais en plus et beaucoup moins de conviction).

You’re gonna watch me crumble

Robb, tu crois pas si bien dire. Je peux compter sur les doigts d’une main de Hollandais victime d’un accident de feu d’artifice le nombre de morceaux dignes d’intérêt. Et encore, quand je dis « digne d’intérêt », je ne parle même pas d’un morceau entier, mais plutôt de bonnes idées qui auraient mérité d’être utilisées différemment. « Volatile », par exemple. Si on fait abstraction des trois premiers mots des lyrics, cet opener tient la route… jusqu’au refrain ou Robb beugle comme un veau qui se serait coincé les couilles dans une porte d’étable. Ou « Kaleidoscope » après son entrée en matière sur fond de claquements de mains… Ca tient presque la route, malgré le refrain pas forcément mémorable et l’ajout de violons (nan, mais c’est une manie, ces putains de violons). Le reste est un naufrage, avec un frontman quinqua qui balance des « fuck the world » et des « middle fingers in the air » comme un ado attardé. C’était déjà ridicule à la fin des nineties, ça en devient clairement pathétique.

Vous me direz que je suis dur, qu’il faut être ouvert d’esprit, qu’il faut respecter l’audace d’un groupe qui ose se remettre en question, explorer de nouvelles voies… Et je respecte cette orientation. Je respecte cette volonté de Machine Head de ne pas s’enfermer dans un carcan rigide. Mais par cette audace, le groupe expose le flanc aux critiques, et il doit à son tour accepter que tout le monde ne se secoue pas la verge jusqu’à l’explosion séminale à l’écoute de cet album médiocre. Oui, cet album est médiocre. Entre un « Beyond The Pale » et sa resucée du riff d’entrée de « Love ? » de SYL, un « Bastards » qui ajoute une touche celtic punk improbable et mal maîtrisée à l’album, un « Triple Beam » qui pue la B-side coupée au montage de Supercharger et l’obligatoire intermède « larme à l’œil » – malheureusement bien pauvre – sur l’enchainement « Behind A Mask » – « Heavy Lies The Crown » (et je ne soufflerai même pas un mot sur les purges que sont « Eulogy » et « California Bleeding »), il n’y a pas grand-chose à sauver.

Il y a quelques années déjà, j’avais évoqué la théorie des diptyques Machine Head. Burn My Eyes – The More Things Change formaient la première paire, deux bonnes baffes dans la gueule. Puis The Burning Red et Supercharger, le duo Néo. Ensuite TTAOE et The Blackening, le retour en force. Unto The Locust et Bloodstones & Diamonds formaient, selon moi, le diptyque « grandeur et décadence ». Si ma théorie se vérifie, Catharsis est le premier volet d’une douloureuse période de disette pour les fans du groupe.  Rendez-vous dans quelques années pour vérifier si cette théorie tient la route. Pour autant que le groupe parvienne encore à nous convaincre de jeter une oreille à leurs prochains méfaits.

Mister Patate (Smash All Your Sacred Cows/10)

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Nuclear Blast Records / 2018
Tracklist (74:17) 1. Volatile 2. Catharsis 3. Beyond the Pale 4. California 5. Triple Beam 6. Kaleidoscope 7. Bastards 8. Hope Begets Hope 9. Screaming at the Sun 10. Behind a Mask 11. Heavy Lies the Crown 12. Psychotic 13. Grind You Down 14. Razorblade Smile 15. Eulogy 

En 2016, Tom Araya ne cachait pas sa lassitude vis à vis des tournées du groupe, il semble que cette fois en 2018 Slayer soit sur le point de raccrocher les gants. Formé en 1981, l’un des vétérans du Thrash metal à annoncé une tournée finale aux États-Unis via une brève vidéo:

La tournée aux Etats Unis se fera en compagnie de Lamb Of God,Anthrax, Behemoth et Testament.

Slayer.net

Moebius – Hybris

MOEBIUS est un jeune groupe italien qui a vu le jour en 2014 de l’autre côté des Alpes. En fait pas tout à fait puisque le quintet a fait ses premiers pas à Oristano en Sardaigne (vous m’accorderez que les Alpes ne sont pas la porte à côté). Leur nom et le titre de ce premier opus se nourrissent à la fois de science, de philosophie et d’antiquité grecque. Le ruban de Möbius, une surface mathématique, a servi de point de départ à ce premier album concept qui offrent aux transalpins l’opportunité de se plonger dans le grand bain et de se présenter au public.

L’univers de MOEBIUS n’est pas franchement facile d’accès, à la fois sombre, complexe et énigmatique. L’auditeur va devoir faire des efforts et mettre plusieurs fois le fer au feu pour s’immerger dans l’univers du groupe. Le visuel étrange ouvre bien des questions au moment de presser la touche lecture. Le mystère s’épaissie à l’écoute de « Inflection II Part 2 » qui ouvre Hybris. La descente dans les ténèbres commence et ne laisse apparaître que quelques rares traits de lumière. Il va falloir attendre « Obsidian » pour que MOEBIUS écarte une partie du voile. Obscurité, violence et groove dominent les débats et semblent constituer la matrice de la démarche musicale du groupe. Loin d’avoir choisi la facilité, le quintet déploie pour l’auditeur des compositions virevoltantes, très techniques, des chansons à tiroir qui nécessitent de rester très concentré tout au long de l’écoute. Souvent la musique parle à vos tripes, mais ici c’est votre cerveau que vise MOEBIUS.

Avec son approche progressive et avant-gardiste, Hybris lorgne d’évidence vers la scène djent et nos amis ont sans aucun doute beaucoup écouté MESHUGGAH. Les ressemblances s’avèrent assez flagrantes et MOEBIUS ne s’en cache d’ailleurs pas (votre serviteur ajouterait également CULT OF LUNA). Ils annoncent aussi être influencés par TOOL, MASTODON ou encore PORCUPINE TREE. Cette dernière référence peut surprendre et pourtant elle s’impose rapidement face à la volonté de ne jamais oublier d’inclure une dimension mélodique à chacune des compositions (« Diamond » ou « Limestone ») malgré le chant extrême et la lourdeur des riffs. Hybris tente de varier les plaisirs avec des titres dans l’ensemble assez courts à l’exception d’un « Diamond » de plus de onze minutes. Plutôt calme et profonde, cette chanson montre une facette plus posée de MOEBIUS et confirme l’étendue du talent des italiens. Cerise sur la gâteau, la production de ce disque s’avère très bonne. MOEBIUS a joué la sécurité en faisant appel à Daniel Bergstrand pour s’occuper du mixage et du mastering.

Pour une première, MOEBIUS frappe fort avec un album complexe et touffu. Hybris exige du temps, plusieurs écoutes d’avèrent nécessaires pour soulever une à une les différentes couches de ce disque polymorphe. Tous ne sont pas prêts à faire un tel effort mais les audacieux seront récompensés. Juste avant la sortie de ce premier disque, MOEBIUS a connu un changement de line-up avec l’arrivée derrière le micro d’Andrea Orru à la place de Matteo Guida. Espérons que cette péripétie ne freine pas les ambitions du groupe.

Oshyrya (7,5/10)

 

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Dooweet – K2 Management / 2017
Tracklist (57:51 mn) 01. Inflection II 02. Obsidian, 03. Iron, 04. Lead, 05. Mercury, 06. Inflection I, 07. Limestone, 08. Coal, 09. Uranium, 10. Diamond, 11. Inflection II