Archive for mars, 2018

The Black Dahlia Murder – Nightbringers

Il m’arrive parfois de me poser la question suivante : si, du jour au lendemain, tous nos headliners actuels disparaissaient, qui serait prêt à reprendre le flambeau ? Dans un monde sans Metallica, Iron Maiden et autres Slayer (pour ne citer qu’eux), quels seraient nos porte-étendards ? Qui parvient à proposer ce mix équilibré entre puissance et mélodie, entre extrémisme musical et capacité à rester catchy ? Qui pourrait plaire au plus grand nombre ? Là où certains ânonneront automatiquement Machine Head (qui, je vous le rappelle, est loin d’être un groupe récent et reste sur un Catharsis dégueulasse), j’ai tendance à penser à trois formations qui ont émergé après l’an 2000 : Revocation (le groupe le plus récent des trois, qui vient de fêter ses 11 ans et qui, jusqu’à présent, a fait un sans fautes), Sylosis (dont l’avenir est aujourd’hui incertain en raison du passage de son frontman et fondateur chez Architects) et The Black Dahlia Murder (le plus expérimenté parmi les trois, avec 16 ans au compteur). Et avec ce Nightbringers, TBDM vient asseoir un peu plus encore ce statut de (futur) grand.

Nightbringers a tout ce qu’il faut pour séduire un public large. Tout d’abord, il y a cette capacité à pondre des morceaux qui, malgré leur agressivité, restent catchy. Prenez “Widowmaker”, l’opener de l’album. Y’a de l’énergie, y’a de la hargne (tant sur le plan musical que vocal, avec un Trevor au top niveau) et, surtout, y’a ce sens de la mélodie. Franchement, écoutez ce refrain, cette ligne de guitare, cette rythmique entêtante. C’est imparable, on ne peut pas ne pas headbanger ! Et la force de TBDM réside dans cette capacité à toujours danser sur la corde raide, alliant brutalité et mélodie en un mariage improbable et décapant.

Que ce soit pied au plancher avec “Of God And Serpent, Of Spectre And Snake” ou en levant le pied comme sur l’excellent titre éponyme (try not to headbang – fail), la bande à Trevor aligne des mandales sans répit et conserve à nouveau une discographie exempte d’albums moyens. Les voir tourner en première partie de Cannibal Corpse me fend le coeur (malgré l’amour que je porte pour Canniboule). Ils méritent amplement d’être tout en haut de l’affiche.

Mis à part un The Project Hate MCMXCIX hors catégorie, Nightbringers mérite à mes yeux le titre d’album de l’année 2017, tout en haut de la liste avec Wrong One To Fuck With de Dying Fetus.

Mister Patate (9,5/10)

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Metal Blade Records / 2017
Tracklist (33:16) 1. Widowmaker 2. Of God and Serpent, of Spectre and Snake 3. Matriarch 4. Nightbringers 5. Jars 6. Kings of the Nightworld 7. Catacomb Hecatomb 8. As Good as Dead 9. The Lonely Deceased

Moonspell – 1755

Le groupe portugais Moonspell sort son douzième album alors qu’il passe le cap des 25 ans d’existence. 1755 aura une place particulière dans la discographie bien fournie du quintette. Les portugais s’attaquent à l’exercice de l’album concept, et s’inspirent du tremblement de terre qui détruisit totalement la ville de Lisbonne le 1er novembre 1755. Le groupe fait le choix de sortir de sa zone de confort sombre et gothique et s’aventure dans le metal épique et symphonique, tandis que Fernando Ribeiro mène le cap avec ses vocalises gutturales, laissant le chant clair de côté. Notez que les paroles sont une fois n’est pas coutume en portugais (à l’exception de la version bonus du titre ” Desastre ” en espagnol).
Le groupe ne se contente pas simplement de poser une atmosphère avec un orchestre, il va un poil plus loin, en ajoutant des arrangements inspirés du Moyen Orient (notamment sur 1755, Desastre), et essaie de s’adapter à un format auquel il n’est pas habitué. Côté son, Tue Madsen (Dark Tranquility, Hatesphere) livre un mur sonore d’ampleur à la hauteur du cataclysme, mais qui ne rend pas toujours service aux compositions. Les titres ” Desastre ” et ” Evento ” tirent leurs épingles du jeu, les parties agressives ne donnent pas l’impression d’être écrasées par les orchestrations. Sur la longueur, l’exercice tend à ne pas tenir toutes ses promesses, l’usage intensif des orchestrations étouffe parfois les guitares. La section rythmique surnage un peu plus, mais on reste sur une impression de déséquilibre. Sur le titre “1 de Novembro”, Fernando gueule pour émerger au beau milieu des orchestrations. C’est finalement avec un peu de soulagement après ce pilonnage que l’on accueille le dernier titre (une reprise de O Paralamas do Sucesso arrangée et alourdie  à la sauce Moonspell) dont l’introduction au piano calme le jeu, le titre mélodique et équilibré, sans la surcharge orchestrale et passe bien dans les conduits auditifs.
1755 est la démonstration d’une grande ambition de la part de Moonspell, mais on sent bien que ce genre d’effort n’est pas habituel pour le groupe. Epique, parfois déséquilibré, 1755 mérite tout de même un poil d’attention.

Hamster (7/10)

Napalm Records / 2017
Tracklist (47 minutes) 01. Em Nome Do Medo 02. 1755 03. In Tremor Dei 04. Desastre 05. Abanão 06. Evento 07. 1 De Novembro 08. Ruínas 09. Todos Os Santos 10. Lanterna Dos Afogados [Os Paralamas do Sucesso cover]

Paradise Lost – Medusa

15ème album du groupe, Medusa suscite des sentiments partagés. Pourtant, son entame ne peut que séduire tout amateur de Doom Death,” Fearless Sky ” suivi de “Gods Of Ancient” possèdent des arguments solides. Durée, puissance, riffs accrocheurs, chant abrasif de Nick Holmes… et le nouveau venu à bord, Waltteri Väyrynen (qui officie également avec Vallenfyre) semble bien intégré derrière les fûts.
En revanche quand le groupe du Yorkshire accélère le tempo il laisse la plupart du temps l’impression de se diluer, de perdre en puissance, alors que sur l’album ” The Plague Within “, il tenait le cap. ” From The Gallows ” parait un ton en dessous, moins convaincant. Alors quand ” The Longest Winter ” retentit, Nick surprend, le voilà revenu à un chant clair qui laisse de marbre.
Et sur le titre éponyme ” Medusa “, on décroche, c’est mou et le chant clair rappelle un temps ou le groupe s’éloignait des rives du Doom et du Death. Fort heureusement le passage a vide prend fin avec l’imposant et suffocant ” No Passage For he Dead”, Nick a retrouvé le registre vocal agressif, soulagement, il fait preuve de modération dans les vocalises aux chant clair sur ce titre… Medusa laisse une impression mitigée, il manque la puissance et la noirceur de ” The Plague Within “, certains titres soporifiques. En prime, la pochette est absolument hideuse à côté de celle de l’album précédent. Malgré un rythme plus soutenu, le titre ” Blood And Chaos ” aux guitares abrasives, tient la route. La conclusion arrive avec “Until The Grave”, un chant rugueux convaincant, on aurait pu se passer des nappes de claviers, et conserver un rythme de pachyderme. Medusa ne surpasse pas ” The Plague Within “, un trou d’air, le choix du chant clair, la difficulté à convaincre sur un tempo plus rapide, tout cela laisse un sentiment mitigé. Bien évidemment Paradise Lost offre encore quelques compositions accrocheuses, mais soulève moins l’enthousiasme sur cet opus.

Hamster (06.5/10)

www.paradiselost.co.uk

www.facebook.com/paradiselostofficial

Nuclear Blast / 2017
Tracklist (42 minutes) 1. Fearless Sky 2. Gods of Ancient 3. From the Gallows 4. The Longest Winter 5. Medusa 6. No Passage for the Dead 7. Blood and Chaos 8. Until the Grave