Archive for février, 2020

Nous avons rencontré Sylvain et Malaurie de Black Speech Prod, pour parler de leurs activités et du Black Speech Festival qui aura lieu le 06, le 07 et le 8 Mars 2020 à Nantes. Et ils ont des choses à dire, les bougres.

Bonjour Sylvain, dans un premier temps, peux-tu nous présenter Black Speech Production ?

Sylvain : Alors, à la base, Black Speech a été formé comme une agence de booking. Pour plusieurs groupes comme Throane, Treha Sektori, Ovtrenoir et pleins d’autres. Mais comme je viens de l’orga’ de concerts au départ, j’ai repris cette activité qui me manquait beaucoup. Puis Malaurie nous a rejoint et nous avons rapidement augmenté le rythme des concerts pour cette année. Nous sommes passés de quatre concerts l’année dernière (2019) à huit sur le premier semestre 2020. Et probablement la même chose sur le deuxième semestre.

Black Speech Production existe depuis combien de temps ?

S : Deux ans pour la partie booking, un an et demi pour la partie production.

Comment se monte un festival comme le Black Speech Fest ? Combien de temps cela prend-il, de l’idée à la concrétisation ?

Malaurie : L’idée est venue de la mort du Venom Fest en Avril 2017. Quand Sylvain a quitté MVP, il a toujours voulu garder cette idée de festival. Et après, il a juste réfléchi à des idées de groupes. L’idée était de monter d’un cran. Il a toujours voulu faire jouer Triptykon et a galéré une bonne année avant d’y arriver.

S : Une fois cette aventure finie, j’étais dégoûté par l’organisation de concerts, je n’avais plus l’envie. Mais j’avais toujours l’idée de remonter un festival, un jour, quand j’aurais retrouvé la foi. Tout cela est revenu fin 2018. Après notre première date en tant que Black Speech production, nous avons visité le Warehouse. Ce qui a relancé la machine. Cela nous a permis de voir que nous pouvions faire de grosses orgas avec une salle immense (1500 places). Nous avions enfin les moyens de faire venir de gros groupes sur Nantes sans se limiter à une salle de 280 places comme le Ferrailleur.

M : C’est en visitant le Warehouse qu’est venue l’idée du Kinbaku. En voyant la salle, nous nous sommes rendu compte que nous pouvions faire énormément de choses. Pas forcément que des concerts, mais aussi des performances, des expos etc …

Cette soirée avec Shaârghot et Punish Yourself…

S : C’était la soirée de Malaurie. Nous avons chacun notre festival « de cœur ». Pour en revenir au Black Speech, l’idée était d’avoir une gros headliner et de monter le reste de l’affiche en conséquence. Avoir Triptykon à l’affiche n’a pas été sans mal. Huit mois de tractations, de négociation de cachet, de mails ont été nécessaires avant d’avoir le « go » final. Cela ne m’était jamais arrivé ; à part sur un autre groupe, plus petit, que nous allons annoncer pour la fin d’année.

Une fois que Triptykon nous a donné son accord définitif, j’avais pas mal d’idées d’artistes à programmer dont Carpathian Forest. J’ai même retrouvé une interview de l’avant dernier Venom Fest où je disais vouloir programmer Tryptikon et Carpathian Forest. Et voilà que deux/trois ans après nous les faisons venir sur Nantes.

L’affiche a énormément changé par rapport à celle que nous voulions. Deux headliners se sont désistées ; nous avons dû retrouver rapidement quelqu’un. Avec Seth, cela s’est fait naturellement. Nous étions en tournée avec Decline of the I, où le fondateur de Seth jouait à ce moment là. Je lui ai directement demandé s’il voulait se joindre au Black Speech Fest.

Et il y a eu le cas de Moonsorrow qui a été un petit peu plus complexe. Nous avons négocié pendant trois/quatre mois avec une quinzaine de groupe à placer en haut de l’affiche (rires). Au final nous nous sommes retrouvés avec deux choix. Soit nous prenions un petit groupe underground finlandais que je ne citerais pas, soit nous prenions le risque de mettre un petit peu plus d’argent pour avoir Moonsorrow ; une formation qui se fait assez rare en France. La dernière fois qu’ils sont passés, c’était avec Korpiklaani à Quimper et à Rennes.

L’avantage avec Moonsorrow, c’est qu’ils peuvent se caler partout. Et donc le concept du Black Speech festival leur a tout de suite plu. C’est aussi le groupe qui nous a pris le moins de temps à booker. En deux semaines, l’affaire était faite. A noter qu’il s’agit d’une idée de Malaurie.

Malgré cela, l’affiche reste très cohérente. Je faisais la remarque à Maxime de Black Flag, j’ai l’impression que chaque tourneur de la région se spécialise dans un style bien précis. Pour moi, Black Speech se spécialiserait plus dans le Black Metal, tout en restant ouvert sur d’autres styles. Je fais ici référence au concert que vous organisez avec King Dude et Sylvaine au théâtre des 100 noms.

M : Même si nous adorons le black, nous écoutons plein de styles différents. J’écoute pas mal d’indus et je me suis occupée de la soirée Kinbaku avec Shaârghot et Punish Yourself. Un concert interdit aux moins de 18 ans, assez risqué financièrement, mais qui a très bien marché. J’ai fait dix ans de théâtre, c’est une passion. J’ai toujours voulu organiser un concert dans un tel endroit, pensant que c’était une idée cohérente. J’ai été au festival « Et il n’y aura plus de nuit » basé sur ce concept et j’ai vu ce que cela pouvait donner. C’était top et le rendu est très satisfaisant. Mais les précurseurs c’est le « In Theatrum Denonium » à Denain. Nous ne nous sommes donc pas limités à un style ou à un format de show. D’où ce concert avec King Dude et Sylvaine.

S : Avec la préparation du Kinbaku, j’ai redécouvert pas mal de trucs que j’écoutais quand j’étais gamin, genre des vieux groupes allemands d’électro/indus. C’est aussi une direction vers laquelle on veut s’engager. On a déjà la soirée avec Porn qui va se faire en Avril, mais surtout pas mal de projets metal/indus qu’on aimerait bien concrétiser, même si le style indus est une prise de risque énorme. C’est une mouvance qui, historiquement, ne marche qu’en Allemagne, voire en République Tchèque. Mais les venues de groupes indus au Hellfest ont fait le plein et nous nous sommes aperçu qu’il y a un public pour ce genre musical.

Comment le public nantais a-t-il évolué par rapport au metal ? L’influence du Hellfest se fait-elle ressentir ? Ou pas ?

S : Il y a une dynamique qui nous a beaucoup surpris. Les deux concerts d’Avatar et de Testament au Stéréolux ont été complets. Ce qui n’aurait pas forcément été le cas il y a quatre/cinq ans. Cela a été possible grâce au Hellfest Cult. Ce collectif n’est pas à négliger. Quand un membre vient, il y a du monde qui se bouge. Et de très loin. Ce schéma s’est produit sur la soirée Kinbaku. Nous avons eu l’appui de certains membres du Hellfest Cult qui sont très fan d’indus. Quand le concept ou les groupes leurs plaisent, ils n’hésitent pas à se déplace. C’est un collectif sur lequel il faut compter sur Nantes et qui a « sauvé » pas mal de concerts de par leur présence.

Concernant le Hellfest, ce n’est pas que positif. Le festival permet de faire découvrir et re-découvrir des groupes ; remettre des styles au goût du jour. C’est bien. Mais il y a un revers : les exclusivités. C’est quelque chose qui nous fait régulièrement du tort. Des groupes priorisent le Hellfest et ne sont plus disponibles pour les orgas sur Nantes. C’est pour cette raison qu’il est difficile de faire de grosses têtes d’affiches sur Nantes.

M : Concernant Punish Yourself et Shaârghot, les groupes avaient l’accord du Hellfest pour la date du Kinbaku et surtout l’évènement avait lieu après le Hellfest, ce qui est loin de nous avoir fait du tort. Si nous avions fait le Kinbaku avant, nous n’aurions probablement pas fait autant de monde.

S : Le fait d’avoir vu ces deux groupes a motivé les gens qui voulaient les voir en salle dans des conditions différentes.

(Suite de l’interview à venir)

Pour plus d’information à propos du festival et de Black Speech Production , cliquez ici, et .

Nico.

 

 

 

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Tous nos remerciements à Olivier GARNIER (Replica)

 

 

 

 

Retour chronologique sur cette soirée dédiée au metal qui a animé le Stéreolux le 22 janvier dernier. Au programme, trois groupes en hors d’œuvres avant d’accueillir Abbath en plat principal.

Sur cette tournée, Nuclear a tout à gagner. Programmés à la dernière minute, les Chiliens bénéficient d’une visibilité maximum sur une affiche attractive. Même devant un Stereolux clairsemé, ils jouent le tout pour le tout. Leur thrash-metal vintage évoque le Sodom et le Sepultura des débuts. Un programme alléchant. Pourtant, il n’y aura pas grand chose à en tirer…

Vltimas est un « All star band ». Blasphemer (Aura Noir, ex Mayhem), Flo Mounier (Cryptopsy) et David Vincent (ex Morbid Angel) se sont retrouvés pour accoucher d’un album (Something wicked marches in) assez bien fichu. Restait à valider cette formule sur scène.

Niveau musical, il n’y a rien à redire. Il n’y a pas d’hymne absolu, mais les riffs de Rune Eriksen tiennent la route. Mounier assure l’assise rythmique mais il a l’air de s’ennuyer. Les deux exécutants (Ype Terwisscha van Scheltinga à la basse et João Duarte aux rythmiques) sont besogneux.

Le problème vient essentiellement de David Vincent. Affublé d’une gabardine et d’un chapeau, le chanteur propose une prestation assez risible. Vocalement, s’il n’est pas trop à la ramasse, il joue la facilité en plaçant des « oh oh ooooh » un peu partout.

Par bonheur, le ridicule n’a jamais encore tué.

Avec 1349, nous entrons enfin dans le vif du sujet. Les Norvégiens représentent le black-metal sous sa forme la plus pure. C’est cru, abrupte et sans concession. Le quatuor a la bave aux lèvres ; il délivre une prestation impeccable. Ravn (chant) suinte la haine par tous les pores ; Seidemann (basse) et Archaon (guitare) font le job et riffent à tout va ; Frost (Satyricon) est une usine à blasts.

La set list est solide. Les neufs titres joués ne sont que malveillance et désolation. The infernal pathway est mis en exergue avec quatre titres qui passent aisément l’épreuve du live. Nous regretterons juste l’absence de morceaux de Liberation et de Beyond the apocalypse.

Avec son nouvel album et cette nouvelle tournée, 1349 effectue un vrai retour gagnant.

Après une intro grandiloquente, Abbath et ses sbires débarquent sur scène. Quelques secondes suffisent pour comprendre que Olve Eikemo est en grande forme. Depuis le désastreux (et alcoolisé) concert de Buenos Aires, on sent qu’un nécessaire resserrage de boulons a été effectué. C’est une initiative bienvenue.

Le bonhomme harangue donc la foule et va droit au but ! Abbath fait le show. Il le fait bien. Poses héroïques, grimaces et autres tirages de langue sont au rendez-vous. C’est une marque de fabrique qui a fait ses preuves. Mais le principal reste la musique. Accompagné d’un backing band compétent, Abbath assure. Outstrider et le premier album sont à l’honneur (« Count the dead », « To war ! »), mais le Norvégien joue aussi des morceaux de son ancienne formation (« Mountain of might », dantesque). Les deux époques se mélangent sans que l’on puisse faire la différence. Tant mieux. Au final, alors que nous craignions le pire, Abbath nous délivre une de ses meilleures prestations.

Comme quoi, sans alcool, la fête est plus folle.

Nico