Archive for août, 2022

Stonehenge Festival 2022

30 juillet 2022 – Steenwijk – Pays Bas

Son : variable
Lights : discrets dans l’ensemble, variés sur Suffocation, Marduk et Samael
Affluence : SOLD OUT
Ambiance : Bonne

Photos : cliquer ici.

Il faut être lucide, avec l’âge, les honorables membres de la rédaction sont un poil vermoulus. Et parfois cela se ressent dans la prise de décision. Alors quand Mister Patate parvient à nous convaincre que le Stonehenge festival qui comme son nom l’indique se déroule à Steenwijk en Frise, vaut le déplacement, la pandémie s’en mêle. Et nous voilà avec nos billets datés de 2020 (sauf pour le rédac chef qui l’a évidemment paumé et en a racheté un, car “c’est pour soutenir la cause”) en route dans le grand nord… oui, on sait qu’il y aurait encore des contrées là-haut et on espère toujours se rendre à l’Inferno de notre vivant.

Patate Ca faisait des années que je voulais faire le Stonehenge. Mais c’était loin, y’avait des dates aussi sympa plus près de la maison, et puis la Frise, c’est le pays des moustiques, du lait battu et de l’alcool de chou, y’a rien de bon, là-bas. Et bien non, Steenwijk valait le détour, et après deux ans de disette, le Stonehenge a été une excellente reprise des affaires.

L’enfer routier belge est déjà loin derrière nous, et en début d’après-midi nous nous retrouvons au centre de cette charmante cité ou en son centre est planté le décor : le festival déverse généreusement ses décibels au point qu’on se pose la question de s’y rendre alors qu’on entend tout de nos chambres ?

C’est le trac de la reprise, une journée de festival c’est un souvenir lointain après tout. Puis une fois sur le site les réflexes reviennent vite, la bière à la main (on devra se contenter de la Grolsch qui n’emporte pas les suffrages de la majorité de l’équipe, il faudra se rappeler que le Méan détient toujours la palme de la boisson houblonnée la moins appétissante).

On assiste à la fin de la prestation de Cytotoxin d’une oreille distraite, ou l’on a pu remarquer les efforts du frontman armé de son panneau de signalisation pour demander au public de former un circle pit. 

Bodyfarm sur la scène principal tente de réveiller l’audience durant son set de 25 minutes. Si le groupe n’a pas ménagé ses efforts, il lui reste du chemin à parcourir pour faire oublier son frontman trop tôt disparu. Il manque au groupe ce petit quelque chose pour faire décoller le festival. Patate : J’ai une position très radicale sur le sujet Bodyfarm : le groupe aurait dû disparaître avec Thomas, un des meilleurs frontmans de sa génération. Et ce n’est pas ce set de 25 minutes qui va me faire changer d’avis.

Les Italiens d’Hideous Divinity ne parviendront pas plus à enflammer le festival. La météo a tendance à rendre amorphe. La chaleur n’incite pas à se défouler croit-on.

 C’est sans compter les tchèques de Gutalax et leurs fans armés de ballons, bouées, et brosses qui vont littéralement réveiller le festival. Une demi-heure festive, sans oubli, un circle pit qui essore un public qui ne demandait qu’à se faire botter les fesses.

Patate Il est tellement difficile pour un vieux connard comme moi de reconnaître que Gutalax est la garantie d’un bon moment pour autant qu’on mette son cerveau sur OFF et qu’on soit pas regardant sur la marchandise. Le set est passé à une vitesse folle, les morceaux ont beau être cons comme pas permis, ils sont aussi catchy à mort. Pour moi, Gutalax a vraiment été LE groupe qui a lancé le festival.

Difficile pour Consolation de succéder à une telle prestation. Cryptosis remplaçant de dernière minute de Lik, n’y parviendra pas non plus. Severe Torture que l’on attendait ne nous a pas convaincus, le son médiocre et une prestation sans relief nous ont laissés sont notre faim (on garde le souvenir de leur venue à Tilburg au Netherlands Deathfest ou ils avaient marqué les esprits).

Patate : Petite déception sur Severe Torture, en effet, la faute à un son vraiment pas top. J’ai vraiment eu du mal à reconnaître « Grave Condition » alors que j’adore ce morceau. Pas grave, il reste encore largement de quoi s’amuser aujourd’hui

Sinister a beau avoir un statut de dinosaure incontournable de la scène du metal de la mort, ils sonnent toujours pour nous comme un vieux fossile, et nous n’avons pas changé d’avis.

Suit un Benighted déterminé et qui bénéficie d’un son meilleur que Severe Torture et qui se montre très convaincant et percutant. L’audience reprendra volontiers Let the Blood Spill Between My Broken Teeth. Beheaded, aucun souvenir.

Benighted, même à 4, même avec une seule guitare, même sur la scène qui avait le moins bon son, a été un des grands moments du fest. Ca cogne fort, les morceaux s’enchainent sans temps mort, Julien est toujours aussi content d’être là et son sourire est contagieux.

Malevolent Creation. Mais qu’il est abimé le Mike Tyson du Death Metal ! Un guitariste de moins, un trio qui fait de son mieux pour faire oublier qu’il n’y a plus la moindre trace de membre originel du groupe.  C’est une prestation honorable compte tenu du handicap, mais qui se fera balayer par un Misery Index en grande forme, incisif durant 40 minutes.

Patate J’attendais énormément de Malevolent Creation et de sa tournée pour l’anniversaire de Retribution. La déception n’en est que plus grande. On est loin de la grande époque, et ce trio qui n’est en fait qu’un coverband de luxe a du mal à répondre aux attentes, malgré les efforts consentis par les musiciens. Grosse déception balayée par un Misery Index en forme avec Jason de retour au charbon derrière le micro en l’absence de Mark, resté aux States.

Vader suit, mais se prend les pieds dans les soucis techniques. Peter Wiwczarek cache mal son mécontentement, tandis que le guitare tech en prend pour son grade. Le groupe polonais déroule son set assez linéaire, qui contente les amateurs, tandis que les autres râlent de voir Vader déborder sur son temps de jeu. 

Suffocation ne fait pas de quartier, il fallait l’imposant Ricky Myers pour faire oublier un illustre prédécesseur au micro. Le rouleau compresseur frappe fort et ne laisse aucun répit.

Patate : J’avais espéré revoir Suffo avec Frank à Eindhoven avant que le corona ne passe par là, mais je dois reconnaître que Ricky fait extrêmement bien le taf et, cerise sur le gâteau, il passe moins de temps à se plaindre sur scène que Frank. Moins de perte de temps, plus de mandales dans la gueule. Très grosse prestation des ricains, je les attends avec impatience pour le match retour à Eindhoven en décembre.

Marduk, seul groupe à s’être passé du présentateur sur scène livre un set misanthropique et violent. Contrat rempli, pour la majeure partie du public le groupe méritait visiblement d’être en tête d’affiche ? Les Suédois livrent en pâture de quoi mettre en extase leurs fans. Une grande partie du public quitte le site avec l’entrée en scène de Samael.

Patate : Pour une fois, Marduk ne m’aura pas convaincu. Un son pas toujours au top, des interruptions trop longues entre chaque morceau qui cassaient la dynamique du concert… Je me console avec un petit « Beyond The Grace Of God » que je n’attendais pas et qui a fait du bien par où il passe, mais j’ai déjà connu la bande à Morgan plus inspirée.

Samael ne méritait pas tant de désaffection du public. Solide set list, show tout en puissance. Varié et moins étouffant que leurs prédécesseurs. Le groupe a fait valoir ses arguments et a terminé une édition réussie d’un festival dont on peut souligner une organisation maitrisée. Ajoutez une météo clémente (juste une petite pluie pour rafraichir) et une bonne ambiance, voilà de quoi donner envie pour l’édition 2023.

Plasmodulated – Plasmodulated

Initialement sorti il y a quelques mois sur Bandcamp et en K7, la première démo de Plasmodulated, side-project de Myk Colby (qui est en quelque sorte l’homme à tout faire de Wharflurch, groupe de death/doom de qualité straight outta Florida) sort désormais en CD chez Personal Records. Profitons de l’occasion pour parler un peu de ce mariage intercontinental entre death finlandais et moiteur floridienne.

Soyons honnêtes, cette démo n’est pas à marquer d’une pierre blanche dans le calendrier des sorties de l’année 2022. Sinon, je vous en aurais parlé en mars dès sa première sortie. Et pourtant, ces 5 titres ont un petit je-ne-sais-quoi qui me titille les esgourdes. Il faut dire que la filiation avec Wharflurch est assez marquée : du death gras, lourd, avec un chant d’outre-tombe. Une recette simple, éprouvée et rudement efficace. Mais dans le cas de Plasmodulated, Myk s’est affranchi de la touche « psychédélique » de Wharflurch et axe davantage son propos sur le Death, le vrai, sans trop de chichis (même si le final du titre éponyme et ses lignes de guitare m’évoquent du Vital Remains sans que j’arrive véritablement à mettre exactement le doigt sur le pourquoi de ce ressenti).

Alors, Plasmodulated, simple escapade entre deux sorties dans une discographie de Wharflurch en développement rapide (déjà 14 sorties en à peine 3 ans) ou projet à part entière ? Difficile à dire pour l’heure, mais si vous aimez votre death gras et simple, cette démo vous fera passer un bon quart d’heure.

6,5/10

Bandcamp officiel

Personal Records – 2022
Tracklist (16:51) 1. Intolerable Stench Place 2. Gross Cave 3. Microscopic Horror 4. Plasmodulated 5. Protoplasmic Transformation

Belphegor – The Devils

Imaginer Belphegor ramolli au bout de 30 ans de carrière ? ce douzième album The Devils apporte un démenti cinglant a ceux qui pouvaient craindre une baisse de forme des autrichiens.
Pas de temps mort, le titre éponyme met une claque bien sentie d’entrée de jeu. La production de Jens Bogren fait d’emblée de l’effet.
Belphegor n’a rien perdu de sa maitrise des variations de rythmes, oscillant entre charges bestiales et envolées mélodiques. N’attendez pas du groupe un coup de mou après la mise au point de The Devils. La furie de Totentanz menée au pas de charge devrait faire des ravages sur scène. Pas question pour helmuth et ses comparses de se contenter d’un registre, c’est d’ailleurs une habitude. Le lourd et lent Glorifizierung des Teufels et le mélodique Virtus Asinaria –Prayer en milieu d’album réduisent l’allure mais gardent le ton sombre et macabre avec une atmosphere un poil glauque. Damnation – Höllensturz détonne un peu avec son black metal teinté d’influences orientales. En guise de conclusion de l’album, Belphegor à choisi un titre rapide et violent à l’ancienne Blackest Sabbath 1997.
Certes, la formule est désormais sans surprise depuis près de 15 ans, mais Belphegor maitrise sa recette et met les choses au points. Les amateurs du groupe ne devraient pas rester sur leur faim.

Hamster (08/10)

www.belphegor.at

www.facebook.com/belphegor

Nuclear Blast 2022  – Tracklist (42 minutes)
1. The Devils 2. Totentanz – Dance Macabre 3. Glorifizierung des Teufels 4. Damnation – Höllensturz 5. Virtus Asinaria – Prayer 6. Kingdom of Cold Flesh 7. Ritus Incendium Diabolus 8. Creature of Fire 9. Blackest Sabbath 1997