Après la double édition gargantuesque de 2022, nous voici de retour au Hellfest pour quatre jours de musique. Niveau infrastructures, quelques changements sont à noter : la Valley est transférée (sous l’égide de la roue de Charon, une attraction importée du Burning Man) près de la Warzone pour une meilleure circulation. Elle est remplacée par un temple gargantuesque, The sanctuary, où le fan du festival peut se repaître dans le merchandising de son évènement préféré. A chacun de penser ce qu’il en veut. Mais l’endroit n’a jamais désempli jusqu’à un sold-out prévisible. Niveau musique, on ne change pas les habitudes. Le menu est copieux.
Mainstages :
Code Orange donne le coup d’envoi du festival avec un concert énergique annonçant la sortie du futur Under my Skin. Et malgré un guitariste absent, le groupe délivre une prestation solide. Mais, le public, étrangement, se déhanche timidement. Un bon en-cas qui annonce une suite plus consistante.
Generation Sex, conglomérat d’anciens Sex Pistols accoquinés avec Billy Idol (ex Generation X), déçoit. Le premier tribute band du festival se prend les pieds dans le tapis avec des versions ankylosées de classiques pourtant certifiés. Quelques bons moments malgré tout (oui, « Dancing with myself »), mais avouons-le ; nous aurions largement préféré un concert solo de Billy…
In Flames a traversé une période trouble. Albums pas folichons, réinterprétation honteuse de leur classique Clayman. Résultat, le groupe ne joue plus en tête de gondole mais en plein après-midi. Foregone, dernier album en date, a pourtant redonné espoir à ses nombreux fans. Comme revigoré, In flames livre une prestation solide à base de tubes (« Behind space », « Cloud connected », « The mirror truth »…). L’interprétation est impeccable (à noter la présence du revigorant Liam Wilson – ex Dillinger escape plan – à la basse). Les Suédois sont de retour.
Galvanisé par une tournée en première partie de Metallica, Architects vient prouver qu’il a l’étoffe d’une tête d’affiche. Banco ! Les Britanniques le prouvent avec ce concert dantesque. Le groupe de Sam Carter pulse et groove comme jamais (« Black lungs »). Les tubes sont distillés à un public ultra réceptif. En fin de show, le groupe décoche deux dernières atouts (« When we vere young », « Animals ») qui finissent de convaincre : s’il continue de la sorte Architects sera un des grands groupes de demain.
Kiss est en pré-retraite et présente son cirque ambulant pour la dernière fois à Clisson. Tout le décorum habituel est là et la palanquée de hits plaqués or aussi. « Cold gin », « Psycho circus », « I was made for lovin’ you », « Heaven on fire » composent le tour de piste final ; dans une orgie de flammes et de confettis. Si Stanley est aidé par des bandes enregistrées, il reste malgré tout une bête de scène tout comme son acolyte Gene Simons.
Altar:
Sous l’Altar, Candlemass offre un concert de patrons. En démarrant son set avec un superbe « Mirror, Mirror » la bande de Leif Edling se met le public dans la poche. Les Suédois maîtrisent leur sujet. Même si la soixantaine pointe le bout de son nez, le groupe est en pleine forme. Scéniquement comme musicalement. La setlist est parfaite (l’obligatoire « Solitude », « Crystal ball », « Bewitched »), la musique aussi. Et quelle bonne idée d’avoir rapatrié l’excellent Johan Längquist au chant. Il apporte avec lui une présence forte vraiment rock’n’roll. On en oublie ses nombreux prédécesseurs.
Valley :
Today is the day est un groupe qui se fait rare en Europe. Et quand Steve Austin daigne nous rendre visite, on accourt sans plus attendre. Le contrat est rempli. Steve est à la hauteur de sa réputation : dingue, psychotique, tordu. Hélas, une longue panne vient entacher cette prestation. Pas grave, nous avons vu une légende en action (sans parler de ce « In the eyes of god mythique).
Warzone :
Grand gagnant du tremplin Hellfest, Kamizol K débarque sur la zone de guerre. Les Lyonnais ont tout à prouver. Frontal, le sextet donne dans le hardcore vigoureux ! Le public provoque les premiers mosh pits du festival. Le groupe redistribue l’énorme dose d’énergie dégagée par une foule conquise. En quarante trop courtes minutes, les Lyonnais installent leur nom sur l’échiquier du hardcore made in France. Et quelque chose nous dit que à l’instar de pas mal de groupes ayant inauguré la warzone, le meilleur est à venir pour Kamizol K.
Après un hiatus de quelques années, Fishbone revient fouler les planches européennes et clôturer cette première journée. Tant mieux, les Californiens nous avaient manqués. Malgré une heure tardive, la bande à Angelo Moore et Norwood Fisher va à l’essentiel. « Party ground at zero » & « Ma and Pa » font toujours leur petit effet. « Bonin’ in the boneyard » fait remuer les popotins. Angelo a l’air d’être sur la réserve mais donne beaucoup plus que la majorité des jeunes chanteurs actuels. L’énergie est constante et le show se finit avec l’inespéré « Servitude » qui a été rarement joué ces dernières décennies. Fishbone est donc de retour. Et rien que l’écrire, ça fait du bien.
Nico.
Les photos de cette première journée se trouvent ici.
Hellfest: https://hellfest.fr/