Archive for septembre, 2024

Dernière journée de ce long tunnel de concerts qu’est le Hellfest avec, ce dimanche, une programmation audacieuse. La motivation est (encore) au maximum, même si nous manquons de peu le concert de Pencey Sloe sur la Valley. Direction la Temple pour Sang Froid.

Bien déterminés à nous faire bouger le popotin, les Nantais sortent l’artillerie lourde. « Promising ruining yourself » met tout le monde d’accord. La Temple danse malgré l’heure matinale. Le groupe de Jean-Jérôme Souladié et Thomas (Regarde les hommes tomber) se positionne comme le fer de lance de la darkwave/goth rock ; il délivre une prestation impeccable avec la quasi intégralité de l’album All-nighter.

Nous enchaînons sous l’Altar avec Destinity qui propose un beau thrash/death mélodique. Mick Caesare et ses compères ont de la bouteille. Résultat, le public montre son enthousiasme en répondant aux sollicitations du fougueux chanteur.

Direction la Warzone pour la sensation du moment : Gel. Ce mélange de hardcore, punk, D-beat, saupoudré de post punk, est très énergique. En onze titres fougueux, Gel met tout le monde d’accord. Sami Kaiser (chant) prouve que les femmes peuvent se mesurer aux cadors du hardcore punk. Costaud, efficace et rafraîchissant.

A ceux qui reprochent au festival de rester sur ses acquis, la programmation de cette année nous prouve encore le contraire. Avec Dool, nous découvrons une groupe néerlandais mélangeant doom, hard rock , heavy, rock gothique, avec un léger background black-metal. On se laisse rapidement envoûter par la mélodie de « Venus in flames ». Du tout bon à l’image du « Love like blood » de Killing Joke joliment repris par la bande de Raven Von Dorst.

Therapy ? est une valeur sûre. Le trio irlandais nous le prouve à nouveau avec un set au cordeau. Les tubes s’enchaînent (« Turn », « Teethgrinder », « Stories ») ; la Valley est conquise. Si au début du show, Andy Cairns paraît légèrement réservé, il lâche du lest au fur et à mesure du show. Son acolyte de toujours, Michael McKeegan, s’éclate. L’incontournable « Nowhere » est de la partie. Ne serait-ce pas le meilleur show de cette dernière journée ?

Passage rapide sous la Temple pour constater que Wiegedood est un groupe Black-Metal à ne pas rater. Les Belges commencent de façon classique puis évoluent vers une sorte de post black profond plus introspectif. C’est suffisant pour avoir envie de découvrir leur discographie.

Sur l’Altar toute proche, c’est au tour de The Black Dahlia Murder. Deux ans après le tragique décès de Trevor Strnad, les Américains ont repris leur destin en main. Ils reviennent vaillamment avec Brian Eschbach délaissant sa guitare au profit du chant. Le gars fait l’affaire, ses compères ont envie d’en découdre. Mission accomplie.

Avec son savant mélange d’électro dark et de post rock, ††† (Crosses) était attendu au tournant. La foule se presse devant la Valley. C’est une belle occasion de voir Chino Moreno (Deftones) sur une scène plus confidentielle qu’une mainstage. Manque de bol, le bonheur est de courte durée. Dès l’entame du troisième morceau, « Ghost ride », c’est la panne de micro. Et ça dure… Tant pis. Direction la Warzone pour le concert de Madball au moment même où le son revient. Nous espérons revoir Crosses reprogrammé rapidement et dans de meilleures conditions.

Sur la Warzone, le public est chaud comme un bodybuildeur en manque de créatine. Madball déboule sans crier gare. Freddy Cricien est l’archétype du chanteur de hardcore, bourré d’énergie, souriant ; il saute partout, sa joie est communicative. Les hits s’enchaînent ; la Warzone exulte sur « Set it off », « Hold it down » et « Smell the bacon ». Les New-yorkais s’imposent comme les patrons de la scène NYHC. Et comme dirais l’autre : « That’s not so bad this hardcore music ».

C’est le moment de clôturer notre Hellfest avec les scènes représentatives du metal extrême, l’Altar et la Temple, pour I Am Morbid et Dimmu Borgir.

David Vincent n’a rien perdu de son charisme et entame un set 100 % consacré à son ancien groupe Morbid Angel. Le gars perpétue un héritage important du death-metal. Quel plaisir de réentendre « Immortal rites », « Dominate » et « Pain divine » avec LA voix avec laquelle nous les avons découvert ! C’est du beau boulot.

Arrive l’heure du dernier concert : Dimmu Borgir. Les Norvégiens ne prennent pas de risques ; c’est du solide : « Spellbound (by the Devil) », « Dimmu borgir » et « Progenies of the Great Apocalypse ». Sans oublier le gargantuesque « Mourning palace ».

Cette année, le Hellfest s’est encore ouvert un peu plus et a choisi l’audace. Des têtes d’affiches plus « rock » se sont immiscées dans une programmation déjà riche. Rien de choquant en soit. Voir Offspring et Foo Fighters sur une mainstage reste cohérent. Le festival de l’enfer évolue, s’adapte à son époque mais n’oublie pas ses fondamentaux. C’est un festival unique. Nous avons hâte de découvrir qui fera partie de l’aventure 2025.

Nico.

Les photos de cette quatrième journée se trouvent ici.

À l’origine de cette (potentielle) nouvelle série d’articles, une question posée un soir de festival, après (bien) trop de bières.

« Si tu ne pouvais garder qu’un seul morceau de chaque groupe que tu écoutes, tu choisirais lequel ? ».

Un exercice inutile, presque masochiste, où chaque réponse est non seulement personnelle, mais aussi à la fois éminemment correcte et totalement fausse selon le point de vue du lecteur. Parce que réduire un artiste à une chanson est un blasphème dans un genre où le nombre de groupes réputés pour être des « one hit wonders » est plutôt faible. Parce que les émotions suscitées par une chanson chez une personne dépendent parfois d’un contexte, d’un vécu, d’un Zeitgeist (non, pas besoin de vérifier, ce n’est pas un inédit de Rammstein). Et parce qu’invariablement, ces discussions tournent à la foire d’empoigne comme la fois où le boss a voulu ranger la Chimay bleue au frigo (NI OUBLI, NI PARDON).

Évidemment, actualité oblige (le groupe vient en effet de refouler les planches d’un festival outre-Atlantique après cinq années de retraite), il fallait que je commence par Slayer. Un groupe auquel j’ai voué un culte au fil des années. Un pilier du Thrash Metal qui, mis à part le petit dérapage Diabolus In Musica, avait su mener sa barque et éviter les écueils dans lesquels s’étaient vautrés certains de leurs petits camarades. Il ne se passe pour ainsi dire jamais un mois sans que je n’écoute du Slayer, malgré ma curiosité insatiable et mes heures passées sur Facebook et Bandcamp pour dénicher de nouveaux groupes, de nouvelles sonorités, de nouveaux genres.

Bon, avec le recul et l’âge, je dois avouer que mon amour pour ce groupe se muait parfois en complaisance, voire en aveuglement vis-à-vis de la qualité des derniers albums. Le groupe a atteint son sommet avec Seasons In The Abyss, qu’on le veuille ou non. Et même les fans les plus aveuglés par la hargne du quatuor doivent se rendre à l’évidence : depuis Christ Illusion, le groupe ne voguait plus sur des vagues d’hémoglobine. Il pédalait à vide dans la choucroute avec ici et là quelques rares fulgurances. Il faudra un jour que je revienne sur mes chroniques de l’époque, d’ailleurs.

Et si je ne devais retenir qu’un seul morceau de toute la discographie de Slayer, il viendrait de ce qui est probablement l’album le moins slayérien de la bande à Tom Araya. Il faut remonter pour cela à mon tout premier contact – plutôt tardif – avec le groupe. À l’époque, MTV passait encore de la musique (oui, je sais, OK Boomer) et n’enchainait pas les télé-réalités claquées au mur. Et tard le soir, les metalheads avaient aussi droit à leur dose de clips.

Et là, la claque. « I Hate You ».

Oui, si je devais garder un seul morceau, ce serait une reprise de Verbal Abuse.

Parce que tout y est.

Kerry King, la calvasse fière, le jersey des Raiders (de l’époque où ils jouaient encore à Oakland et n’avaient pas encore fait le pire move de l’histoire de la NFL en s’installant à Vegas) sur les épaules et – what else ? – un solo hasardeux et TELLEMENT KerryKingien qui s’intègre parfaitement dans la reprise et lui insuffle ce petit supplément de Slayer. Tom Araya arbore fièrement un débardeur de SON groupe, headbangue comme un beau diable (l’époque dorée où ses cervicales n’étaient pas encore en purée) et beugle comme un veau dans les oreilles de celles et ceux auxquels il adresse un message simple : la HAINE. Et Paul ? Il y est, à mes yeux, au sommet de son art. Pas de chichis, juste un métronome qui cogne comme une mule.  C’est court, c’est con, c’est efficace.

Au cours des semaines suivantes, je découvrirai d’autres clips de Slayer (« Dittohead » et « Seasons In The Abyss ») mais aucun des deux n’aura cette même saveur de la découverte d’un groupe spécial. « I Hate You » est en quelque sorte le terrier de lapin dans lequel j’ai plongé tête première sans me douter un instant que je venais de découvrir ce qui allait devenir mon groupe favori.

Fleshgod Apocalypse – Opera

Fleshgod Apocalypse fait partie de ces groupes qui, dans mon esprit de vieux con, font partie « de la nouvelle garde ». La bande à Francesco ? Je me souviens encore quand je les ai vus pour la première fois, c’était à un Mass Deathtruction à Namur, y’a quoi… 7-8 ans ? Eh bien non, sale boomer, Fleshgod Apocalypse à Namur, c’était en 2009. Il y a 15 ans. Et à l’époque, y’avait pas tout ce tralala de costumes, de pianiste, de chanteuse lyrique. Non, juste quelques ritals sur scène, en relative fin d’aprèm, et une furieuse tendance à pilonner le public avec son death brutal à souhait. De cette époque bénie, il ne reste plus que Francesco Paoli, le Rémy Bricka transalpin qui aura occupé tous les postes au sein du groupe. Le personnel a changé, mais la formule, quant à elle, a peu évolué depuis le pavé Agony sorti en 2011.

Au menu, donc, cette combinaison désormais familière de death italien et de musique classique. Si vous n’accrochiez pas à cette formule par le passé, Opera ne vous rabibochera pas avec le groupe. On retrouve cette capacité du groupe d’alterner les passages pied au plancher (Eugene Ryabchenko, batteur depuis 2020, est loin d’être un manchot et peut rivaliser aisément avec ses illustres prédécesseurs) et morceaux plus posés, plus lourds sans pour autant se vautrer dans une pseudo-torpeur. Par contre (et c’est peut-être LA bonne nouvelle pour certains fans, dont moi) : Paolo Rossi ayant quitté le navire en début d’année, l’intégralité du chant clair est confiée à Veronica Bordacchini (qui s’occupait déjà du chant soprano depuis 2020). Personnellement, ce changement me plait beaucoup, et je serais d’ailleurs très curieux d’entendre les anciens morceaux en live avec le chant clair de Veronica.

Et la production (ce qui, à l’époque, avait plombé Labyrinth), me direz-vous ? Comme sur King, on sent que tout a été fait pour rendre le disque décortiquable lorsqu’on l’écoute au casque. Bon, la batterie est parfois un peu envahissante, mais on ne tombe pas dans une bouillie infâme. La grande inconnue reste, bien entendu, de savoir si le groupe parviendra à restituer ces morceaux de manière fidèle sur scène.

Au final, peu de surprises, mais un 6e album qui tient la route. Ca manque peut-être un peu de folie (comme le génial single « The Fool » sur King), mais Fleshgod Apocalypse continue à creuser son sillon dans son propre genre.

7,5/10

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Nuclear Blast / 2024
Tracklist (43:20) 1. Ode to Art (De’ sepolcri) 2. I Can Never Die 3. Pendulum 4. Bloodclock 5. At War with My Soul 6. Morphine Waltz 7. Matricide 8.21 8. Per Aspera ad Astra 9. Till Death Do Us Part 10. Opera