Archive for octobre, 2024

 

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Tous nos remerciements à Roger WESSIER (WHERE THE PROMO IS)

 

 

 

 

 

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Deuxième partie de l’interview

Sans faire de plan sur la comète, penses-tu sortir la suite de In Sublime Presence plus rapidement, ne pas attendre à nouveau 6 ans ?
Et bien je ne sais pas du tout. Je bosse déjà sur des morceaux mais je ne sais pas s’ils s’inscriront dans la continuité d’In Sublime Presence. Je peux aussi les utiliser pour des projets annexes. C’est trop tôt pour le dire, je n’en suis encore qu’au début. D’autres choses arriveront pas forcément la suite directe de cet album mais j’y travaille.

En général, quel est ton processus de création ?
J’y vais progressivement, par étapes. Cela me prend du temps car je teste beaucoup de choses. J’imagine différents rythmes, harmonies ou mélodies. J’essaie surtout de pas me répéter, de ne pas rester sur le schéma su disque précédent. La démarche est d’aller toujours un peu plus loin et voir ou la musique m’entraîne.

Et donc là par exemple pour les titres d’In Sublime Presence sur quelle période as-tu travaillé ?
J’ai mis environ trois ans je pense pour tout finir, entre 2020 et 2023. J’avais bien sûr travaillé plus de morceaux que ceux qui apparaissent finalement sur l’album. Je jette pas mal, pas des titres finalisés mais j’avance sur des idées et si je ne le sens pas, et qu’elles ne me mènent nulle part, j’abandonne et je part sur une piste fraîche. Je dois avoir pas mal de riffs en stock, je les accumule et je me penche dessus à nouveau à tête reposée.

Mon téléphone n’est pas rempli de mélodies, cela m’arrive d’y noter une idée mais c’est plus des thèmes de chansons qui me viennent ainsi spontanément. Tu dis sur le moment que ce serait sympa de parler de ceci ou cela en musique. La majorité des idées, je me les joue à la guitare directement à la première occasion qui se présente.

Est-ce une sorte de frustration, un sentiment particulier quand tu passes d’un projet qui t’est d’abord personnel vers un exercice collectif en groupe ?
Non non pas de frustration, je suis ravi du processus. Un travail plus solitaire au début pour composer et donner forme à l’ensemble puis les chansons prennent vie après un premier mix par l’ingé son. Et quand nous passons à l’interprétation collective c’est encore mieux, cela donne une vraie réalité, une substance à ton travail. Et le live enfin s’avère être une petite apothéose.

Comment travailles-tu les mélodies vocales, les lignes de chant ?
Je commence par composer et finaliser tout ce qui est instrumental d’abord. J’ai déjà en tête de comment je vais hurler ou chanter dessus. J’écris ensuite les paroles à partir de mon ressenti sur le chant. Avant d’enregistrer, je m’entraîne sur d’autres morceaux, en variant les types de voix et en faisant quelques essais. L’objectif reste d’être bien préparé au niveau de la voix pour fournir la prestation nécessaire au moment d’enregistrer. Parfois, peux changer d’idée et passer d’un registre de voix à un autre car cela s »’adapte mieux à la chanson et permet de faire passer les sentiments ou la tonalité souhaités. Je teste et je décide. Des derniers détails sont décidés au moment de l’enregistrement, je me laisse cet espace de liberté.

Pour travailler mon chant je suis là aussi allé très progressivement. J’ai commencé sur des titres rock, d’abord avec une voix plus éraillée, c’était déjà un bon entraînement. Ensuite je suis passé à des registres plus extrême. C’était un travail collectif avec des potes qui menaient la même démarche que moi. On discutait beaucoup pour éviter de se faire mal et gagner en expérience. Ce partage d’impressions et de techniques différentes était précieux. Avec le temps on se connaît et on parvient à savoir quelle est la limite et les points à ne pas dépasser pour ne pas s’abîmer la voix.

Qu’avez-vous dans les tuyaux pour les semaines et les mois à venir ?
Des vidéos d’abord, plusieurs doivent être publiées dans les semaines qui viennent. Nous prévoyons aussi de proposer différentes reprises. Et puis bien sûr des concerts, avec des projets pour la fin de l’année en région parisienne. Pas de confirmation encore mais ce sera annoncé sur les réseaux sociaux dès que possible. Et nous travaillons pour 2025.

Comment vois-tu la scène métal française depuis ta fenêtre ?
Et bien j’ai loupé GOJIRA à la conciergerie car je n’habite pas à côté mais cela m’a fait plaisir de voir ce groupe talentueux mis en avant et me dire que des millions de personnes ont pu être quelques minutes en contact avec ce style de musique via la retransmission dans le monde entier de cette cérémonie. C’est très positif !

 

 

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« Si tu ne pouvais garder qu’un seul morceau d’Anaal Nathrakh, tu choisirais lequel ? »

Pour les deux premiers épisodes de cette série d’articles, j’avais choisi la facilité.

Pour Slayer, il y avait tout simplement cette nostalgie, ce rappel de « la première fois », de ce premier frisson, de cette montée d’adrénaline qui m’avait incité à creuser plus.

Pour Cannibal Corpse, ma reprise actuelle de la rédaction d’articles m’a renvoyé de nombreuses années en arrière, quand j’écrivais encore assidument pour le zine et que j’avais pu assister, avant même la sortie de Kill, à la renaissance d’un groupe qui semblait tout doucement s’essouffler devant mes yeux.

Pour Anaal Nathrakh, le choix s’est avéré bien plus cornélien. Parce qu’Anaal Nathrakh n’est pas un « simple » groupe comme il en existe tant pour moi. Il s’agit à la fois d’une de mes premières plongées dans le metal VRAIMENT extrême (la découverte de « Submission Is For The Weak » en 2001, quelques semaines après la sortie de God Hates Us All de vous-savez-qui, reste encore aujourd’hui gravée dans ma mémoire) et d’un fidèle compagnon lors de périodes plus compliquées. Certains optent pour la drogue, l’alcool, le sport ou tout autre exutoire pour se changer les idées, j’avais un faible pour l’énergie cathartique du duo de Birmingham. Et plusieurs de leurs albums, en particulier ceux sortis entre 2012 et 2016, m’ont aidé à surmonter des épreuves.

Sans ce contexte, j’aurais sans aucun doute choisi « Castigation And Betrayal » de l’album Hell Is Empty, And All The Devils Are Here (sorti en 2007, l’année d’un grand écart musical colossal de la part de Mick Kenney qui sortira à la fois cette grenade sonique et l’unique album de Professor Fate que je vous recommande chaudement si vous ne connaissez pas). Un riff colossal, une explosion grotesque de blast et de hurlements venant clôturer un album déjà hors normes, le tout assorti d’une production plus « respectable » que les tous premiers efforts du groupe. Ce titre est absolument incroyable, il me bluffe à chaque écoute, mais il s’inscrit dans un contexte plus insouciant de ma vie.

Et c’est peut-être justement là qu’on comprend à quel point la musique a aussi ce pouvoir de marquer les esprits, de servir de béquille, de défouloir, de psychothérapie. Si j’ai choisi un morceau de 2016, c’est parce qu’il est attaché à un souvenir clé, un de ces moments de la vie réelle où tout s’inscrit au fer rouge dans les neurones.

Octobre 2016, un dimanche, quelques jours avant la sortie de The Whole Of The Law. La copie promotionnelle tourne dans la voiture depuis déjà quelques jours. Une réunion de famille en présence d’un docteur et l’annonce qui tombe comme un couperet : tous les traitements ont échoué, il ne reste plus qu’une seule issue pour ma mère, et ce seront tôt ou tard les soins palliatifs en conclusion d’années de lutte contre la maladie. Et sur le chemin du retour, au moment de garer ma voiture devant chez moi, en plein déluge de décibels, j’arrive au 3e morceau : « Hold Your Children Close And Pray For Oblivion » et son mini-break lumineux à 2:08 juste avant un de ces hurlements dont Dave Hunt a le secret. Le catharsis parfait. J’ai coupé le contact, la Seat garée avec la roue arrière sur le trottoir, et j’ai passé le reste de l’album dans la voiture à entamer les deux premières étapes d’un deuil annoncé : le déni et de la colère.

« Hold Your Children Close And Pray For Oblivion » n’est pas le meilleur morceau du groupe. Ce n’est même pas le meilleur de l’album (j’hésite encore entre « Extravaganza! » et ses envolées king diamonesques dans les aigus ou « Of Horrors, And The Black Shawls » et ses chœurs en intro), mais il est la bande-son d’un épisode de ma vie. Pas le meilleur épisode, loin de là. Mais un de ceux qu’on n’oublie pas.