suicidesilence-notimetobleedDans ce grand merdier qu’est devenu la catégorisation des groupes, Suicide Silence remporte la palme de l’extrême. Double sens, attention, puisque le groupe a tenté de mélanger le plus de styles possibles, tout en restant, je vous le donne en mille, dans le domaine le plus extrême et le plus rentre-dedans que peut engendrer notre très chère musique. 
Grindcore, death mélodique à l’américaine, à la suédoise, brutal death, metalcore… Ce mélange pourrait résonner comme une grosse blague si le groupe californien ne nous mettait pas une énorme claque dans la gueule avant même qu’on ai eut le temps de songer à sourire.
Si en 2007 avec The Cleansing, son premier album, le groupe avait pu nous prendre par surprise et nous en foutre plein la tronche sans qu’aucune riposte ne soit envisageable, No Time to Bleed était attendu au tournant. Nos oreilles étaient prêtes, notre nuque échauffée, et surtout les critiques était toutes prêtes pour accueillir ce skeud qui a la lourde tâche de succéder à une des meilleures révélations de ces dernières années !
Prêts ou pas, on ne peut que hocher la tête d’un air entendu sur le tube grind qui ouvre l’album. Wake Up est là pour nous en foutre plein la vue avant de laisser place à l’alchimie si particulière du reste de l’album. Le groupe n’a rien perdu de son tranchant, ce qui est une très bonne nouvelle tant on avait aimé se faire lacérer les oreilles par la brutalité aiguisée de The Cleansing. Ici le son est toujours aussi percutant, aussi floridien dans l’âme, aussi précis dans sa logistique dévastatrice (avec Machine aux manettes pour la production, forcément…) mais il gagne une subtilité d’une conséquence assez épanouissante.

Le groupe semble plus conscient de son propre style, plus mature dans sa violence, plus serein au niveau de ses influences. Ainsi les morceaux développent une atmosphère plus concrète qui culmine en quelque sorte dans une composition complètement fantastique intitulée …And Then She Bled, un véritable condensé de violence basé sur un instru accompagné de samples de films d’horreurs qui dépose devant nos yeux ébahis une ambiance assez phénoménale et suffocante en plein milieu de l’album. 
Dans sa globalité, cette nouvelle production tant attendue nous permet de mieux cerner ce qui nous est envoyé en pâture, des breaks mélodiques posés qui sonnent à la Hypocrisy des très bons jours aux blasts grind qui viennent s’emmêler autour de chorus façon metalcore sous amphétamine ; on sait au moins à quoi s’en tenir et cela fait du bien.

La section rythmique est toujours aussi incisive dans son son et sa précision, le chant de Mitch Lucker est toujours aussi puissamment équilibrée entre des passages d’un grind moderne plutôt excellent et des passages brutal death qui nous rappellent ces racines américaines si impressionnantes… On ne se lasse pas de réécouter cet album qui vient nous révéler de nouveaux degrés de violence à chaque écoute. Si The Cleansing nous avait fait découvrir un jeune groupe dont on attendait énormément, No Time to Bleed vient simplement nous montrer que nos attentes n’étaient pas encore assez hautes de l’avis du groupe, et que Suicide Silence est bel et bien là pour nous mettre de vraies bûches dans la tronche pendant quelques temps !

Necrogunslinger (08/10)

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Century Media / 2009
Tracklist (37:45) : 01. Wake up 02. Lifted 03. Smoke 04. Something invisible 05. No time to bleed 06. Suffer 07….And then she bled 08.wasted
09. Your creations 10. Genocide 11. Disengage