Dernière journée de ce long tunnel de concerts qu’est le Hellfest avec, ce dimanche, une programmation audacieuse. La motivation est (encore) au maximum, même si nous manquons de peu le concert de Pencey Sloe sur la Valley. Direction la Temple pour Sang Froid.

Bien déterminés à nous faire bouger le popotin, les Nantais sortent l’artillerie lourde. « Promising ruining yourself » met tout le monde d’accord. La Temple danse malgré l’heure matinale. Le groupe de Jean-Jérôme Souladié et Thomas (Regarde les hommes tomber) se positionne comme le fer de lance de la darkwave/goth rock ; il délivre une prestation impeccable avec la quasi intégralité de l’album All-nighter.

Nous enchaînons sous l’Altar avec Destinity qui propose un beau thrash/death mélodique. Mick Caesare et ses compères ont de la bouteille. Résultat, le public montre son enthousiasme en répondant aux sollicitations du fougueux chanteur.

Direction la Warzone pour la sensation du moment : Gel. Ce mélange de hardcore, punk, D-beat, saupoudré de post punk, est très énergique. En onze titres fougueux, Gel met tout le monde d’accord. Sami Kaiser (chant) prouve que les femmes peuvent se mesurer aux cadors du hardcore punk. Costaud, efficace et rafraîchissant.

A ceux qui reprochent au festival de rester sur ses acquis, la programmation de cette année nous prouve encore le contraire. Avec Dool, nous découvrons une groupe néerlandais mélangeant doom, hard rock , heavy, rock gothique, avec un léger background black-metal. On se laisse rapidement envoûter par la mélodie de « Venus in flames ». Du tout bon à l’image du « Love like blood » de Killing Joke joliment repris par la bande de Raven Von Dorst.

Therapy ? est une valeur sûre. Le trio irlandais nous le prouve à nouveau avec un set au cordeau. Les tubes s’enchaînent (« Turn », « Teethgrinder », « Stories ») ; la Valley est conquise. Si au début du show, Andy Cairns paraît légèrement réservé, il lâche du lest au fur et à mesure du show. Son acolyte de toujours, Michael McKeegan, s’éclate. L’incontournable « Nowhere » est de la partie. Ne serait-ce pas le meilleur show de cette dernière journée ?

Passage rapide sous la Temple pour constater que Wiegedood est un groupe Black-Metal à ne pas rater. Les Belges commencent de façon classique puis évoluent vers une sorte de post black profond plus introspectif. C’est suffisant pour avoir envie de découvrir leur discographie.

Sur l’Altar toute proche, c’est au tour de The Black Dahlia Murder. Deux ans après le tragique décès de Trevor Strnad, les Américains ont repris leur destin en main. Ils reviennent vaillamment avec Brian Eschbach délaissant sa guitare au profit du chant. Le gars fait l’affaire, ses compères ont envie d’en découdre. Mission accomplie.

Avec son savant mélange d’électro dark et de post rock, ††† (Crosses) était attendu au tournant. La foule se presse devant la Valley. C’est une belle occasion de voir Chino Moreno (Deftones) sur une scène plus confidentielle qu’une mainstage. Manque de bol, le bonheur est de courte durée. Dès l’entame du troisième morceau, « Ghost ride », c’est la panne de micro. Et ça dure… Tant pis. Direction la Warzone pour le concert de Madball au moment même où le son revient. Nous espérons revoir Crosses reprogrammé rapidement et dans de meilleures conditions.

Sur la Warzone, le public est chaud comme un bodybuildeur en manque de créatine. Madball déboule sans crier gare. Freddy Cricien est l’archétype du chanteur de hardcore, bourré d’énergie, souriant ; il saute partout, sa joie est communicative. Les hits s’enchaînent ; la Warzone exulte sur « Set it off », « Hold it down » et « Smell the bacon ». Les New-yorkais s’imposent comme les patrons de la scène NYHC. Et comme dirais l’autre : « That’s not so bad this hardcore music ».

C’est le moment de clôturer notre Hellfest avec les scènes représentatives du metal extrême, l’Altar et la Temple, pour I Am Morbid et Dimmu Borgir.

David Vincent n’a rien perdu de son charisme et entame un set 100 % consacré à son ancien groupe Morbid Angel. Le gars perpétue un héritage important du death-metal. Quel plaisir de réentendre « Immortal rites », « Dominate » et « Pain divine » avec LA voix avec laquelle nous les avons découvert ! C’est du beau boulot.

Arrive l’heure du dernier concert : Dimmu Borgir. Les Norvégiens ne prennent pas de risques ; c’est du solide : « Spellbound (by the Devil) », « Dimmu borgir » et « Progenies of the Great Apocalypse ». Sans oublier le gargantuesque « Mourning palace ».

Cette année, le Hellfest s’est encore ouvert un peu plus et a choisi l’audace. Des têtes d’affiches plus « rock » se sont immiscées dans une programmation déjà riche. Rien de choquant en soit. Voir Offspring et Foo Fighters sur une mainstage reste cohérent. Le festival de l’enfer évolue, s’adapte à son époque mais n’oublie pas ses fondamentaux. C’est un festival unique. Nous avons hâte de découvrir qui fera partie de l’aventure 2025.

Nico.

Les photos de cette quatrième journée se trouvent ici.