C'est peu dire que Steve Hackett a depuis quelque temps franchement retrouvé des couleurs. La semi-traversée du désert qu'il a connue de la fin des années 80 au milieu des années 90 est bel et bien finie et l'actualité du guitariste anglais est franchement fertile en projets et réalisations réussis. D'abord ses disques solos sur lesquels on ne trouve quasiment plus de fausses notes (même la voix du guitariste ne choque plus). Mais aussi sur les nombreux live que régulièrement fait paraître Steve Hackett.
Car c'est bien l'enjeu principal de ce The Total Experience Live In Liverpool : que proposer d'intéressant sur un live qui doit être au bas mot le dixième de la carrière de l'ex-guitariste de Genesis ? Un son extrêmement léché et une interprétation irréprochable ? C'est déjà le standard sur tous ses lives récents. Steve Hackett nous a habitué à une perfection formelle sur laquelle il ne reviendra pas.
C'est plutôt au niveau de la setlist et de l'organisation de cette dernière que se joue une certaine nouveauté. Et le titre du live pose l'essentiel : il s'agit de reproduire l'expérience totale de toute le parcours musical de Steve Hackett, à savoir l'entièreté de sa carrière solo mais aussi les débuts avec Genesis. Car depuis la publication d'un Genesis II Revisited et une tournée débouchant sur un live, on peut dire que Steve Hackett a remis franchement au premier plan son passé avec Genesis. Ce Total Experience acte plus que jamais la chose : alors que jadis que Hackett gratifiait en concert les fans de deux trois-quatre chansons de Genesis, cette fois il en remplit un CD entier ! Et il a l'intelligence de varier les titres choisis : outre l'inévitable « Firth Of Fifth » on retrouve des raretés comme « Get'em Out By Friday » ou « Can-Utility And The Coastliners ». Dans tous les cas, les interprétations restent globalement assez fidèles aux versions originales. On aurait d'ailleurs apprécié que Hackett muscle quelque peu ces compositions ; il est vrai que la molesse relative de Nad Sylvan au chant impose certaines limites.
Personnellement c'est la partie la plus personnelle de la carrière du guitariste qui m'a intéressé. Même si on retrouve beaucoup d'extraits de l'excellent Wolflight et notamment une phénoménale « Love Song To A Vampire », la rétrospective est très bien construire. On remarquera la part importante que se taillent le fameux Voyage Of The Acolyte mais aussi Spectral Morning. Encore une fois la satisfaction du fan a été recherchée mais il est parfois de bon aloi d'être à leur écoute. Et puis, cela fait bien longtemps que la sincérité de Steve Hackett n'est plus à démontrer : il a tous les droits de chercher à plaire à l'ensemble de ses auditeurs.
Baptiste (8/10)
Century Media – Inside Out / 2016
Tracklist : CD 1: 1. Corycian Fire Intro 2. Spectral Mornings 3. Out of the Body 4. Wolflight 5. Every Day 6. Love Song to a Vampire 7. The Wheel's Turning 8. Loving Sea 9. Jacuzzi 10. Icarus Ascending 11. Star of Sirius 12. Ace of Wands 13. A Tower Struck Down
CD 2: 1. Shadow of the Hierophant 2. Get 'em Out by Friday 3. Can-Utility and the Coastliners 4. After the Ordeal 5. The Cinema Show 6. Aisle of Plenty 7. The Lamb Lies Down on Broadway 8. The Musical Box 9. Clocks 10. Firth of Fifth
Dans le genre des projets bassement mercantiles, First Signal se pose là : le projet est avant tout une source de revenus pour Harry Hess entre deux enregistrements – pas bien plus inspirés mais avec un peu plus d'âme – d'Harem Scarem. Le premier essai de First Signal pouvait bénéficier d'un a priori plutôt favorable, a priori d'ailleurs justifié par la qualité du disque. Mais il était intéressant surtout car c'était une occasion de réentendre l'excellent Harry Hess puisque Harem Scarem avait splitté. Comme le groupe s'est reformé il y a quelques temps, l'argument est tombé à l'eau.
Et le caractère ultra-formaté de First Signal ressort très nettement : tout y est absolument cliché en diable. Comme si le manuel de composition de la parfaite chanson de rock mélodique était posé sur les genoux de Daniel Flores (claviers, batterie et composition). Certes rien n'est pour autant mauvais du fait du sérieux des musiciens impliqués et de la qualité toujours présente de la voix – légèrement plus rauque que jadis – de Hess. First Step Over The Line n'est pas à jeter en pâture aux loups. Et l'on peut même trouver des choses franchement agréables (« Broken » où Harry Hess s'époumone comme il se doit) sur ce disque. Mais l'excès d'académisme incite rapidement à passer à autre chose. Trop plat et convenu First Step Over The Line s'érige plutôt comme une claire déception. Frontiers, si le label napolitain continue dans ce genre de projets, risque bien de tuer la poule aux œufs d'or…
Baptiste (5/10)
Frontiers / 2016
Tracklist : 1. Love Run Free 2. Love Gets Through 3. Still Pretending 4. Broken 5. Kharma 6. Minute Of Your Time 7. She Is Getting Away 8. December Rain 9. Weigh Me In 10. Pedestal 11. One Step Over The Line
Joe Lynn Turner n'aura pas donc foulé la scène lors des trois concerts donnés par le Richie Blackmore's Rainbow, il y a quelques semaines de cela en Allemagne et à Birmingham (les 17, 18 et 25 juin) malgré tout ses efforts pour participer à la reformation du groupe qui le fit connaître jadis. Il semble en tenir une certaine aigreur, qualifiant le line-up réuni par Richie Blackmore de « cover band ». Il est vrai que depuis le projet HTP avec Glenn Hughes, Turner n'est pas vraiment abonné aux projecteurs, sa carrière solo restant confidentielle. En parallèle à cette dernière le chanteur mène un projet centré autour de lui, mais pour lequel le travail de composition est délégué : Sunstorm. Après un premier disque constitué des compositions pressenties pour le deuxième disque solo de Turner, les deux suivants ont toutefois moins impressionnés. L'AOR de bonne facture restait quand même très convenue.
Il n'y a pas de raison que les choses changent sur ce Edge Of Tomorrow : c'est le trop fameux claviériste Alessandro del Vecchio – un habitué des productions « Frontiers » – qui est aux commandes ici. L'homme est compétent à tous les niveaux, à savoir les claviers, la production et la composition, mais ne sort jamais des sentiers battus et se contente de satisfaire les attentes. Il ne faut s'attendre donc à aucune révolution donc ici et le rock mélodique de Sunstorm s'avère ultraclassique, l'influence lorgnant souvent sur Journey période Jonathan Cain notamment (« Don't Walk Away » par exemple).
On remarquera toutefois la très belle prestation du guitariste italien Simone Mularoni, très maître de son instrument et qui a d'ailleurs droit à une belle place sur ce disque mélodique mais pas pour autant mollasson (« Nothing Left To Say » quand même assez heavy pour le genre). Par ailleurs, Joe Lynn Turner s'avère quand même très à l'aise d'un bout à l'autre du disque, chantant franchement bien, sans dérapage ni faute de goût (« Heart Of Storm » qui est assez hard pour se rapprocher de ses disques solos). Le travail d'ajustement des compositions pour sa voix a donc été très bien fait. Tout juste reprochera-t-on que certains refrains sont en deçà des attentes comme sur « The Sound Of Goodbye » brulôt AOR incandescent auquel il manque juste un refrain fédérateur.
Dans tous les Edge Of Tomorrow, sans atteindre la qualité du premier opus de Sunstrom, surclasse largement ses deux prédécesseurs, Emotional Fire et House Of Dreams. Et s'écoute très bien en plus. Cela consolera sans doute Joe Lynn Turner dont manifestement Richie Blackmore a totalement oublié le numéro.
Baptiste (7,5/10)
Frontiers / 2016
Tracklist : 01. Don't Walk Away From A Goodbye 02. Edge Of Tomorrow 03. Nothing Left To Say 04. Heart Of The Storm 05. The Sound Of Goodbye 06. The Darkness Of This Dawn 07. You Hold Me Down 08. Angel Eyes 09. Everything You've Got 10. Tangled In Blue 11. Burning Fire