La météo est exécrable alors que le climat social est pour le moins tendu… Trump vient de remporter la primaire républicaine et Hillary Clinton celle démocrates américains. L'ambiance n'est pas particulièrement à la réjouissance donc. Et au milieu de tout cela sort une anomalie : le nouvel album des increvables Drive She Said, trente ans après le premier essai. Mark Mangold (clavier et compositeur) est décidemment obstiné : son groupe n'a jamais franchement percé et c'est qu'en tant que compositeur extérieur pour des célébrités qu'il garantit ses revenus et une certaine réputation dans le milieu. Pourtant il donne un successeur à Real Live (2003) douze après ce dernier disque.
On imagine que c'est sans trop grande pression que Mangold a composé et enregistré avec son acolyte Al Fritsch (chant, guitare) ce Pedal To Metal totalement anachronique. Voici là de l'AOR telle qu'on l'a faisait sans sourciller au beau milieu des années 80. Tout est là : claviers clinquants et très en avant, guitares tranchantes mais avec modération et gros refrains fédérateurs. L'ensemble n'est pas mou du genou malgré l'aspect très abordable de la musique présentée.
Il est même franchement bon dans la première partie du disque avec quelque hymnes dans le genre qui s'avèrent très efficace pour redonner un peu de joie de vivre dans notre actualité bien sombre : « Touch », « Love Will Win In The End » et ses gros chœurs… c'est très réussi. On remarquera la bonne prestation d'Al Fritsch qui conserve sa voix malgré les années. Il est d'ailleurs parfois épaulé par des invités de luxe (Ted Poley, Goran Edman…). Certes l'ensemble est parfois extrêmement daté, à l'image des claviers ouvrant « Rain Of Fire », mais s'écoute très plaisamment. Et on appréciera d'entendre Fiona en duo sur « In Your Arms », une Fiona qu'on avait presque oubliée depuis ses disques solos.
Malheureusement l'éclaircie n'est pas totalement là, la faute à une fin de disque proprement catastrophique : « I'm The Nyte » et « Lost In You » sont des titres rock-pop-électro totalement décalés (et ratés) par rapport à l'ensemble. On se demande pourquoi Mangold a-t-il absolument tenu à les mettre là… Et il aurait peu éviter de caser une interminable ballade pour clore le disque comme « All I Wanna Do ». Cette fin de disque donne, au final, une très mauvaise à un Pedal To The Metal pourtant globalement réussi. C'est bien dommage.
Baptiste (7/10)
Frontiers / 2016
Tracklist : 1. Touch 2. Pedal To The Metal 3. In 'R Blood 4. Said It All 5. Writing On The Wall 6. Rainbows And Hurricanes 7. Love Will Win In The End 8. Rain Of Fire 9. In Your Arms 10. I'm The Nyte 11. Lost In You 12. All I Wanna Do
Je ne suis pourtant pas vraiment mauvais public. Et je suis tout à fait capable d'apprécier le sleaze/glam rock que proposent les Finlandais de Shiraz Lane : qui dénigrerait les influences de Skid Row, Faster Pussycat voire le Guns 'n' Roses d'Appetite for Destruction ? Et ce d'autant plus que les jeunes musiciens – car ils sont dans le début de la vingtaine – démontrent un certain talent et une vraie fraîcheur sur ce premier essai, For Crying Outloud. Les compositions simples mais efficaces de Shiraz Lane et le talent réel des deux guitaristes – l'un rythmique et l'autre soliste – sont à remarquer. Ainsi, les deux singles, « Begging For Mercy » et « Mental Slavery » remplissent tout à fait leur rôle d'accroche.
Mais je n'arrive pas à accrocher à ce For Crying Out Loud à cause de Hannes Kett, le chanteur des Finlandais. Entendons nous : j'ai dans mon panthéon vocal Michael Kiske et Geoff Tate et je sais tout à fait apprécier un tenor ou un contre-tenor, et plus généralement les voix aiguës. Mais ici cela ne marche pas. Les vocalises de Hannes Kett sont tellement haut-perché et nasillardes que c'est l'agacement qui s'impose rapidement. La surraccumulation de falsetti mal utilisés est totalement rédhibitoire et il m'a fallu du courage pour boucler l'écoute du disque. Il est crispant d'entendre une ballade comme « Bleeding » totalement gâchée par les montées maladroites du jeune chanteur.
L'avenir de Shiraz Lane passe sans doute par l'éviction de leur chanteur. À moins que ce dernier prenne en maturité vocale au plus vite. Car le reste tient franchement la route. Attendons de voir.
Baptiste (4/10)
Frontiers / 2016
Tracklist : 1. Wake Up 2. Momma's Boy 3. House Of Cards 4. Begging For Mercy 5. Same Ol' Blues 6. Mental Slavery 7. Behind The 8-Ball 8. For Crying Out Loud 9. Bleeding 10. M.L.N.W
Même si la carrière musicale de Rick Springfield est devenue très confidentielle depuis les années 90, elle se continue malgré tout. Alors qu’il obtient plus de succès en faisant l’acteur dans des séries à la qualité variable, Rick Springfield maintient le cap d’une production régulière de disques : après Songs For The End Of The World (2012), voici Rocket Science. Et tout comme Songs For The End Of The World et, plus tôt, Venus In Overdrive, il conserve son orientation musicale. Il n’y a donc ici aucune volonté de vraiment revenir au style des années 80 : les claviers sont quasiment absents et l’orientation est très modern rock, avec notamment une notable rareté des solos. Personnellement, ce type de « réalisme » musical – voire d’opportunisme –, me déplait généralement, mais là il faut reconnaître que Rick Springfield s’en tire très bien. Et sans doute mieux que sur ses deux disques précédents par ailleurs déjà bons.
Rocket Science s’écoute bien, très bien. Dès l’ouverture avec l’entraînant et rythmé « Light This Party Up », tout s’avère plaisant. Le disque s’écoule avec aisance, sans temps mort : « Down », « (I Wish I Had A) Concrete Heart »… Si la tonalité globale est rock et enjouée (« Crowded Solitude » au refrain mémorisable immédiatement), on trouve quelques instants plus graves, comme la ballade « Found » ou la presque sombre « Miss Mayhem ». Rick Springfield n’oublie pas son passé de tailleur de tubes à la pièce sur le pop « Let Me In » qui devrait avoir un certain succès sur les ondes US et australiennes, si elles daignaient s’intéresser à la musique du sexuagénaire. C’est une excellente idée d’avoir ressuscité cette chanson qui n’était alors qu’un bonus track de son disque précédent et qui était passée inaperçue.
À vrai dire, il est assez étonnant de constater la forme de Springfield après tant d’année. Et surtout son attention à ne en rien bâcler ses productions mais d’y attacher le plus grand soin. Peut-être l’aide de Matt Bissonnette à la composition est-elle un début d’explication, mais elle n’est pas suffisante. Je ne sais ce qu’il y a là de plus remarquable dans la qualité de la musique du dix-huitième album du chanteur australien, mais cela méritait d’être souligné.
Baptiste (7,5/10)
Frontiers / 2016
Tracklist : 1. Light This Party Up 2. Down 3. That One 4. The Best Damn Thing 5. Miss Mayhem 6. Pay It Forward 7. Found 8. Crowded Solitude 9. Let Me In 10. All Hands on Deck 11. We Connect 12. (I Wish I Had A) Concrete Heart 13. Earth to Angel