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cat_album_cover_HaremScarem_Live_Digipak_Cover_56096bc4d2463La reformation d'Harem Scarem ne m'avait pas plus que cela emballé. Ni leur réenregistrement de leur fameux second opus, Mood Swing. Ni non plus leur album de reformation, Thirteen. Comme le groupe égrenne la même recette depuis des années, j'ai fait le diagnostic d'une inspiration au plus bas, malgré un savoir faire, lui, élevé. Mais avec ce Live At The Phoenix, enregistré dans le fief de Toronto la question de la créativité du groupe ne se pose pas vraiment. Et Harem Scarem a une très bonne réputation sur scène, donc les a prioris n'ont pas à être négatifs. 

Et il est vrai que Live At The Phoenix est globalement bon. D'abord car il est quand même sacrément généreux : avec vingt-deux morceaux, on ne pourra pas dire que toute la carrière du groupe n'est pas couverte. Certes on pourra déplorer qu'il manque un ou deux classiques, comme « Without Love » ou « Honestly », mais dans l'ensemble la setlist est bien trouvée et fait la part belle aux morceaux incontournables, notamment des deux premiers albums. Tout juste aurait-on préféré que le très bon Higher soit défendu ici.

Le son est assez « live » si on me pardonnera cette lapalissade et donc loin d'être parfait, mais c'est sans doute l'effet voulu. On reprochera toutefois un son de guitare rythmique parfois manquant de relief. Et on remarquera que la voix de Harry Hess est parfois plus âpre que sur disque même s'il chante globalement bien. 

Le tout est donc franchement agréable pour un amateur du groupe. Il s'agit d'une portée d'entrée intéressante dans la musique du groupe pour les néophytes. Deux raisons de jeter une oreille sur ce Live At The Phoenix. 

Baptiste (7/10)

 

Frontiers / 2015

Tracklist : CD1. 1. Garden Of Eden 2. Hard To Love 3. Saviors Never Cry 4. Dagger 5. Distant Memory 6. The Midnight Hours 7. Mandy 8. Killing Me 9. Slowly Slipping Away 10. Troubled Times.

CD2.  1. Sentimental Blvd. 2. Turn Around 3. Stranger Than Love 4. All I Need; Saints And Sinners; So Blind;  Human Nature; Voice Of Reason; Change Comes Around; No Justice.

MK Free fallLe premier disque solo de Magnus Karlsson avait été plutôt apprécié et il n'est pas surprenant qu'au milieu de ses nombreuses collaborations prestigieuses et de son rôle dans Primal Fear, le guitariste de Primal Fear ait réitéré l'expérience du disque solo. « Réitérer » doit être ici pris au sens fort : ce Kingdom Of Rock ne change pas du tout la donne par rapport au premier essai. Sans faire de l'humour facile, l'on peut dire que le projet de Magnus Karlsson ne relève en rien de la chute libre et de ses dangers mais de la promenade vespérale dans le bois d'à-côté. Tout est totalement calibré même si Karlsson s'autorise quelques solos très enlevés que l'on a tout à fait loisir de priser à plusieurs reprises (« Out Of The Dark » ou « When The Sky Falls ». 

Le bougre semble avoir tellement endossé les habits du compositeurs pour célébrités, au point qu'écouter les morceaux de Kingdom Of Rock, c'est entendre des compositions écrites pour tel ou tel chanteur et pour son style de chanson. Ainsi on trouve du heavy puissant pour Jorn Lande sur le puissant « Kindgom Of Rock », du semi-Black Sabbath pour Tony Martin sur « When The Sky Fall », du Hard FM à la Rainbow pour Joe Lynn Turner sur « No Control » voire du Harem Scarem pour Harry Hess sur « A Heart So Cold » (en un poil plus plombé).

Je vois les mauvaises langues crier déjà au plagiat éhonté. Qu'ils se ravisent puisque les morceaux sont malgré tout bons voire même excellents. Et encore une fois Magnus Karlsson a réussi à mobiliser ses chanteurs qui ne font pas le job à moitié. Cela fait d'ailleurs bien longtemps que je n'avais pas entendu chanter aussi bien Joe Lynn Turner par exemple. Et quand Magnus Karlsson prend lui meme le micro il est loin d'être ridicule dans un genre hard mélodique lyrique (« I Am Coming For You »). 

Tout juste reprochera-t-on le faux pas que constitue la sirupeuse ballade entonnée par Rebecca De La Motte pas franchement engageante. Mais c'est bien la seule vraie ombre au tableau car ce Kingdom Of Rock porte bien son nom : c'est une sorte d'anthologie du hard rock et du heavy parfaitement réussie. On finirait presque par en redemander… 

Baptiste (7,5/10)

 

Frontiers / 2015

Tracklist : 01. Kingdom Of Rock (Jorn Lande) 02. Out Of The Dark (Jakob Samuel) 03. No Control (Joe Lynn Turner) 04. When The Sky Falls (Tony Martin) 05. Angel Of The Night 06. I Am Coming For You (Magnus Karlsson) 07. Another Life (Rick Altzi) 08. Never Look Away (Tony Harnell) 09. A Heart So Cold (Harry Hess) 10. The Right Moment (Rebecca De La Motte) 11. Walk This Road Alone (Magnus Karlsson)

DeflepJoe Elliot a toujours nié que Def Leppard ait jamais appartenu au monde du heavy metal revendiquant des racines musicales très différentes : le glam rock, Queen, AC/DC… Peut-être s’agit-il de ses goûts personnels dont il parle là, mais il aura du mal à convaincre car les premières chansons du groupe de Sheffield relevaient bien de la NWOBHM dont il fut un des porte-paroles durant quelques temps comme Iron Maiden, Saxon, Diamond Head… Certes Joe Elliot pourra prétexter la jeunesse du groupe qui explique une certaine immaturité palpable ici mais les faits sont là.

Car, avec ses  21 ans, le chanteur était le membre le plus âgé du groupe, le benjamin étant le batteur Rick Allen du haut de ses 16 ans ! Il est vrai que ce dernier ne démérite pas loin de là tant son jeu s’avère déjà de qualité ! De même Steve Clark et Pete Willis, aux guitares, sont déjà compétents et forment un duo solide même si certains solos s’avèrent perfectibles. Rick Savage, co-fondateur du groupe avec Pete Willis s’en tire aussi très bien. On peut donc dire que Def Leppard est un groupe extrêmement précoce, ayant déjà produit un court EP un ans plus tôt (The Def Leppard EP) qui eut un tel succès que sortir un disque entier très vite s’imposait.

Puissant et classieux

De la NWOBHM nous en avons donc ici à travers la fougue de l’hymne « Rock Brigade » qui ouvre de la meilleure manière possible l’album. On la trouve aussi sur le puissant – pour l’époque – « Wasted » au gros riff à base de power chords. On le constate aussi sur la composition épique et à tirroirs qu’est « The Walls Come Tumbling Down » ou sur la mélancolique « Sorrow Is A Woman ». On en dira de même sur « Answer The Master » et son riff entêtant, son break et ses guitares joliment harmonisées ainsi que ses solos lyriques. Le superbe « Overture » qui clot le disque avec ses sept minutes démontre des influences comme Thin Lizzy, Genesis ou Rush que n’aurait pas reniées Iron Maiden. On y appréciera déjà la qualité des chœurs mais aussi de la basse de Rick Savage que le mixage bien en avant.

Si on garde en tête que la musique de la NWOBHM était incontestablement moins agressive que les standards du heavy de nos jours – du fait de conditions de production très différentes –, on n’aurait pas d’hésitation à classer le groupe de Steve Clark et de Joe Elliot parmi les pionniers du genre. Toutefois il est vrai que le chanteur n’a pas entièrement tort en avançant les influences plus accessibles et pop du groupe patente ici : à côté de Deep Purple, de UFO et de Thin Lizzy, il est évident à l’écoute de « Hello America »,  « It Could Be You » ou « Rocks Off » que les musiciens de Def Leppard ont aussi beaucoup apprécié T. Rex, Marc Bolan et AC/DC : immédiateté des riffs et des refrains, orientation « Arena rock », ambition vers le marché américain… tout cela était déjà présent très tôt dans l’ADN du Léopard sourd.

Une forme de chant du cygne

Et d’ailleurs le public ne s’est pas trompé sur la chose : On Through The Night a atteint le million d’exemplaires vendus et a permis des tournées à succès notamment Outre-Atlantique. Et ce malgré une production sans génie, un Joe Elliot loin d’être parfait au micro et quelques signes de maladresses – « It Could Be You » ou « It Don’t Matter » un cran en dessous – qui rendent le disque un peu inégal. On regrettera pas ailleurs que « Ride Into The Sun » n’ait pas été réenregistré et qu’il faille le trouver sur Retroactive : cet excellent titre, présent sur le Def Leppard EP, avait tout à fait sa place sur ce premier opus.

Par la suite, sous l’impulsion de Mutt Lange, les choses seront plus homogènes, mais aussi plus lisses et la fougue disparaîtra progressivement. C’est tout un côté de Def Leppard qui s’estompera ne rejaillassant que ponctuellement (« White Lightning » sur Adrenalize, « Desert Song » sur Retroactive…), l’objectif musical devenant systématiquement très mainstream.

C’est sans doute pour cela qu’On Through The Night conserve beaucoup d’aficionados qui ne peuvent regretter qu’il soit rare d’entendre dans les concerts de Def Leppard les brûlots que sont « Rock Brigade » ou « Wasted ». Car On Through The Night par ses qualités et son orientation musicales a largement sa place à côté de Wings Of Steel ou Lightning To The Nations et autres opus majeurs de la NWOBHM.

Baptiste (7,5/10)

Mercury / 1980

Tracklist : 1. Rock Brigade 2. Hello America 3. Sorrow Is A Woman 4. It Could Be You 5. Satellite 6. When The Walls Come Tumbling Down 7. Wasted 8. Rocks Off 9. It Don’t Matter 10. Answer To The Master 11. Overture