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Def Leppard – Def Leppard

albumIl a fallu sept ans à Def Leppard pour accoucher d'un successeur à Songs From The Spark Lounge. Le groupe de Joe Elliot semble avoir eu d'autres priorités comme de tourner notamment en proposant l'exécution in extenso du cultissime Hysteria. Cela donna Viva ! Hysteria, un enregistrement live globalement plaisant. Mais sept ans, cela reste quand même long… Il est vrai que les disques du léopard sourd se vendent bien moins qu'aux milieux des années 80 où il accumulait les disques de platine à une vitesse étourdissante. Dans les contexte des années 2010, il n'y a plus que des nostalgiques — comme votre serviteur – qui suivent le groupe. 

Il est vrai qu'à leur décharge, Def Leppard ne se moque pas d'eux et qu'il y aurait tout lieu de réhabiliter des albums comme Euphoria ou Slang, qui s'avèrent de très bel acabit. Disons-le tout de go : les amateurs apprécieront aussi ce Def Leppard, étrangement sans nom. Le disque est solide bien qu'assez long, riche qu'il est de 14 titres. Et on peut même dire qu'il commence sur les chapeaux de roues avec trois titres qui auraient sans doute pu trouver leur place sur les disques du groupes de l'époque bénie. Certes ce sont des semi-plagiats : le riff principal de « Let's Go » est un resucé de celui de leur propre hit « Pour Some Sugar On Me » ; l'addictive « Dangerous » commence comme « Promises » d'Euphoria ; « Man Enough » dévoile un riff de bases irrésistible, mais lorgnant quelque peu vers celui « Another One Bites The Dust ». Mais qu'importe si le vin n'est pas celui des grands crus, s'il reste bon ! 

Le reste est toutefois d'un intérêt plus variable. « Sea Of Love » est un hard rock fougueux et très bien composé et « We Belong » une power ballade tout à fait honnête (c'est à dire bien moins racoleuse que ce que nous propose trop souvent Def Leppard). On remarquera l'escapade vers l'acoustique avec un « Battle Of My Own » qui rappelle de manière très convaincante le Led Zeppelin de l'album III. S'enchaînent les nerveux « Broke 'n' Brokenhearted » et « Forever Young » qui constituent le bon rythme de croisière de l'album. Ce dernier connaît une conclusion heureuse grâce à l'épique et heavy « Wing Of Angel » et à la ballade très prenante « Blind Faith ».

On se dit qu'en fait, avec tous ces morceaux, on aurait tenu un très bon disque de Def Leppard – le meilleur depuis Euphoria voire même Hysteria. Malheureusement le groupe de Sheffield a intégré quelques titres un peu en deçà : « Energized » qui ne décolle jamais vraiment ou « All Time High », plaisant mais trop commun. Ainsi Def Leppard n'est qu'un très bon disque comprenant notamment trois futurs classiques des concerts du léopard sourd. Le groupe de Joe Elliot a été quelque peu puni par son excès de générosité en quelque sorte ! 

Baptiste (7,5/10)

 

E.A.R. Music / 2015

Tracklist : 1. Let's Go 2. Dangerous 3. Man Enough 4. We Belong 5. Invicible 6. Sea Of Love 7. Energezid 8. All Time High 9. Battle Of My Own 10. Broke 'n' Brokenhearted 11. Forever Young 12. Last Dance 13. Wings Of Angel 14. Blind Faith

Neal Schon – Vortex

Neal-SchonAlors que Journey est quelque peu secoué par la tourmente occasionnée par les démêlés avec la justice d'un Deen Castronovo inculpé de violence conjugale et autres sordides méfaits, Neal Schon continue de publier des disques solos. Sans doute car Journey est très discret depuis Eclipse (2011) se cantonnant aux prestations live et que Neal Schon a toujours été productif. Mais aussi car le cadre musical de Journey est assez rigide et qu'il ne peut y exprimer toute sa versatilité musicale et, d'une certaine manière, son talent. Car si Neal Schon est un grand guitariste de classic rock, c'est aussi un féru de blues et de jazz, très à l'aise dans le cadre de l'improvisation. Ici, ce Vortex le rappellera encore.

Car si ce Vortex est bourré jusqu'à la gueule de titres – 18 titres –, c'est que dans une veine très jazz rock, il est constitué d'une poignée de riffs et de thèmes et surtout de très nombreuses improvisations à la guitare électrique. Le fait d'avoir fait appel à ses deux ex-compères, Jan Hammer et Steve Smith aux claviers et à la batterie, est très significatif de cette démarche. Même si certaines compositions sortent un peu du lot (« Irish Cream », « Cuban Fly Zone », « Tortured Souls »), c'est surtout la maestria du guitariste qui intéressera ici. Car Neal Schon, outre avoir un style très personnel, sonne somptueusement bien, tant dans l'attaque au médiator que dans les tirés et les liaisons. Qu'il soit lyrique et planant (« Lady M (Our Love Remains) » dédié à sa femme) ou nerveux et véloce (« NS Vortex »), son phrasé est exceptionnellement.

Personnellement je ne me lasse pas de l'écouter exprimer tout ce qu'il a à exprimer à la guitare. Toutefois, il faut être conscient que ce disque ne transcendera par les amateurs exclusifs de Journey ou les afficionados des chansons à trois accords. Et ils auront sans doute tort. 

Baptiste (7/10)

 

Mascot Records / 2015

Tracklist : CD1 : 01. Miles Beyond 02. Awakening 03. Cuban Fly Zone 04. El Matador 05. Eternal Love 06. In a Cloud 07. Irish Cream 08. Lady M (Our love Remains) 09. NS Vortex CD2 :01. Tortured Souls 02. Schon & Hammer Now 03. Airliner NS910 04. Unspoken Faith 05. Twilight – Spellbound 06. Triumph of Love 07. Mom 08. Talk to Me 09. White Light

Queensrÿche – Condition Hüman

Condition-Hüman-200x200Tout semble réglé dans l’univers de Queensrÿche : les trois membres fondateurs du combo de Seattle ont donc obtenu le droit sur le nom de Queensrÿche et Geoff Tate conserve celui de jouer in extenso Operation Mindcrime en concert. Cela ne signifie en rien que l’ex-chanteur de Queensrÿche se place dans la continuité du disque mythique du groupe puisque son premier album se veut résolument moderne. Ce n’est pas la voie empruntée par Michael Wilton, Eddie Jackson et Scott Rockenfield associés à Todd La Torre et Parker Lundgren (rescapé de l’époque Tate), comme on avait pu le constater sur le disque précédent du groupe, Queensrÿche, qui se voulait un retour au style posé dans les années 80. Le disque était bon mais souffrait de deux défauts : il était trop court et la production n’était pas à la hauteur des attentes. Mais il recelait quelques excellents titres qui montraient que ce n’était sans doute pas à Geoff Tate de prendre le relais de Chris DeGarmo comme principal compositeur du groupe.

Des défauts réglés

Ici, sur Condition Hüman, ces deux défauts ont été écartés puisque le disque est d’une longueur tout à fait satisfaisante (54 minutes) et est très bien produit. Pour finir il est sans doute supérieur à son prédécesseur en terme de qualité de composition. Non qu’il soit parfait car il recèle quelques titres corrects mais un peu quelconques comme « All There Was » ou même « Arrow Of Time » qui ouvre de manière bien banale le disque du fait de ses influences à la Maiden trop manifestes. Mais cela ne doit pas occulter les chansons totalement réussies. Dans un genre heavy et puissant, citons « Guardian » dont le break est excellent et qui a donné logiquement lieu à un clip. Ou aussi le superbe « Hellfire » sur lequel les somptueuses vocalises de La Torre se font moins proches de celles de Tate et rappellent parfois un peu celles d’Halford. Après une ouverture agressive, le groupe ralentit doucement le rythme en proposant trois morceaux plus mid-tempo et d’ailleurs un peu plus « modernisants » (« Selfish Lives » ou « Eyes9 »), mais d’une modernisation respectueuse du style originel du groupe. Toute référence aux tentatives de l’ancien chanteur de Queensrÿche serait évidemment fortuite…

Un sommet sans doute en fin de disque

Le sommet du disque est selon moi atteint sur la fin du disque. Deux ballades s’avèrent totalement magiques : « Bulletproof » voit un La Torre absolument impérial et « Just Us » est gorgée d’émotion au diable. Certes La Torre chante définitivement « à la manière de », mais le résultat est impressionnant. Citons aussi un morceau de haute tenue : « Hourglass » dans une veine plus nettement progressive mais qui est une vraie réussite. Le clou attendu est la pièce la plus ambitieuse qui finit l’album : « The Aftermath » enchaîné à « Condition Hüman » pour presque 9 minutes de suite. Sans atteindre les sommets de « Suite Sister Mary », c’est une très belle réussite sur laquelle brille – signalons encore une fois – La Torre.

Au final, on peut dire que Michael Wilton (principal compositeur et qui aurait dû l’être depuis longtemps) a bien travaillé, il est vrai aidé par les très belles prestations des autres membres du groupe. Scott Rockenfield n’avait plus joué de la batterie avec tant de fougue depuis bien vingt ans ! Condition Hüman est un disque de Queensrÿche certes respectueux d’une identité très endommagée il y a encore peu, mais de très bonne tenue car il ne se montre par pour autant totalement conservateur. Et surtout il prouve une réelle fraîcheur qui indique bien que les musiciens prennent de nouveau plaisir à être ensemble et à jouer la musique qui leur correspond.

Baptiste (8/10)

Century Media / 2015

Tracklist : 01. Arrow Of Time 02. Guardian 03. Hellfire 04. Toxic Remedy 05. Selfish Lives 06. Eye9 07. Bulletproof 08. Hourglass 09. Just Us 10. All There Was 11. The Aftermath 12. Condition Hüman