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Europe – War Of Kings

Europe_warPourquoi ai-je tant procrastiné et renvoyé à plus tard le moment de cette chronique du dernier disque d'Europe ? Pourtant j'aime assurément la musique du groupe de Joey Tempest et John Norum et à peu près tous leurs albums. Pourtant j'avais apprécié le tournant du groupe opéré lors de la reformation qui avait remisé aux placards les sonorités Hard FM des Final Countdown et Prisoners Of Paradise de jadis. Et pourtant, War of Kings est encore un album de bon acabit, bien composé et bien interprété. On peut même dire que certains morceaux méritent parfaitement de figurer dans un éventuel best of tels le mélodique « The Second Day » ou le plus épique « Praise You ». 

Comme sur le disque précédent d'Europe le hard bluesy et 70' adopté depuis plus de dix ans fait totalement mouche et ce notamment si on apprécie les ambiances souvent sombres et mélancoliques. L'orgue de Michaeli est peut-être mis ici un peu plus en valeur (« California 405 »), mais les guitares restent au premier plan et John Norum donne encore à l'auditeur le loisir d'écouter plusieurs excellents solos (« Days Of Rock 'n' Roll »). Quant à Joey Tempest, sa voix porte à merveille des lignes vocales de très bonne qualité. Il reste un excellent compositeur, même si on remarque au niveau des crédits une place importante à John Levén et Mic Michaeli.

Toutefois, ce n'est pas franchement passionnant. Peut-être car les tempos sont trop uniformes et qu'on aurait apprécié quelques morceau franchement plus rentre-dedans à la manière de ce que faisait le groupe sur ses deux premiers disques. Il n'y a peut-être que sur l'épique et majestueux « Children Of The Night » qu'Europe atteint ce qu'il tutoyait plus fréquemment jadis. Pour tour dire, il manque un « Stormwind » ou un « Scream Of Anger » pour que l'on s'emballe. Par ailleurs, une certain impression de « déjà entendu » est présente. Peut-être un peu moins bluesy que Bag Of Bones, War Of Kings n'a pas pour autant une identité assez marqué pour remporter totalement la conviction. 

Baptiste (7,5/10)

 

UDR Music / 2015

Tracklist : 01. War Of Kings 02. Hole In My Pocket 03. The Second Day 04. Praise You 05. Nothin' To Ya 06. California 405 07. Days Of Rock 'N' Roll 08. Children Of The Mind 09. Rainbow Bridge 10. Angels (With Broken Hearts) 11. Light It Up 12. Vasastan 

Whitesnake – The Purple Album

WSLongtemps la présence décisive de David Coverdale au sein du Deep Purple Mark III et IV fut quasiment oubliée. Le blond chanteur anglais était reconnu comme le leader de Whitesnake un point c'est tout. Et Coverdale ne faisait rien pour que les choses ne changent : excepté durant les toutes premières années du Serpent Blanc, où « Mistreated » apparaissait dans les setlists, rapidement toute référence à Deep Purple fut abandonnée, malgré la présence au sein du line up de Whitesnake de Jon Lord et d'Ian Paice. 

Finalement, l'on a vu réapparaître il y a quelques années « Stormbringer » ou « Burn » sur scène lors de la résurrection de Whitesnake. Les disques du Deep Purple mark III et IV ont été réédités et remasterisés et ont connu une nouvelle jeunesse. Cette époque de la longue histoire de Deep Purple est maintenant totalement réhabilitée et « Burn », « Soldier Of Fortune » ou « You Keep On Moving » apparaissent bien comme les classiques intemporels qu'ils devaient être dès l'origine. 

Enfin !

C'est dans ce contexte, d'autant plus fort que récemment Jon Lord est décédé, que David Coverdale a décidé de rendre hommage au groupe qui fit d'un vendeur de jeans, binoclard et en surpoids la légende du hard rock que l'on connait aujourd'hui. Il ne s'agit pas d'un hommage « plat », puisque David Coverdale a sacrément « whitesnakisé » la musique de Deep Purple. Les morceaux du Pourpre profond repris ici sont joués par les musiciens actuels de Whitesnake. C'est dire que le son est franchement plus heavy et donc perd un peu en finesse. Malgré son niveau technique Tommy Aldridge ne sera jamais Ian Paice… Il faut donc en prendre son parti si l'on veut apprécier The Purple Album. Et faire quasiment son deuil des anciennes parties de claviers de Jon Lord, très discrètes ici. Il est vrai que Whitesnake fut et reste avant tout un groupe de guitare. Cela aurait été tricher avec l'identité du groupe que d'escamoter la chose. 

Cela sied bien au morceau les plus puremment hard rock de Deep Purple comme « Stormbringer » ou « Lady Double Dealer » qui lorgnent presque vers le heavy. Mais les morceaux qui intègrent le plus de variantes par rapport aux originaux sont ceux qui y gagnent le plus : « You Fool No One » par exemple ou « Sail Away » dans une version très émotionnelle, plus banale que l'originale mais qui vaut toutefois le détour. 

Un vocaliste unique ici

Regrettera-t-on la présence d'un unique vocaliste sur cet album de reprises ? En effet, on sait que c'est la présence de Glenn Hughes à côté de Coverdale qui participa fortement à la création d'une identité du DP mark II. Ici Coverdale se charge de toutes les voix de telle sorte qu'il doit prendre en charge les graves et les aigus. Certes, il a nettement perdu en puissance vocale (malgré de beaux restes comme sur « Love Child » qui contient une belle poussée). Mais le savoir-faire est plus que jamais présent et, en fait, bien peu seraient qui pourraient se targuer de chanter aussi bien à soixante-quatre ans. 

On a souvent reprocher à David Coverdale d'être trop « vendeur » voire cynique par rapport à sa musique. Cette fois, je suis persuadé que l'hommage qu'il rend ici à Deep Purple est totalement sincère. Et s'il permettait de faire réaliser à chacun la valeur des trois disques enregistrés par le Pourpre profond entre 1974 et 1976, il aurait déjà largement atteint sa cible. 

Baptiste (7,5/10)

 

Frontiers / 2015

Tracklist : 1. Burn 2. You Fool No One 3. Love Child 4. Sail Child 5. The Gypsy 6. Lady Double Dealer 7. Mistreated 8. Holy Man 9. Might Just Take Your Life 10. You Keep On Moving 11. Soldier Of Fortune 12. Lay Down Stay Down 13. Stormbringer

TheNightFlightOrchestra_SkylineWhispersCD_638

Björn Strid l'avait annoncé : il était très fier du premier album de The Night Flight Orchestra, Internal Affairs, et ferait tout en sorte que son groupe soit pérenne. Il a tenu parole puisque trois ans après Internal Affairs, The Night Flight Orchestra est de retour avec ce Skyline Whispers. Et d'une bien belle manière car ces « Murmures de ligne d'horizon » ne déparent en rien le groupe à côté de son premier essai déjà très concluant. 

Rien n'a bougé dans l'optique : du classic rock tel qu'on l'appréciait sur les radios US à la fin des années 70, voire au début des années 80. Le tout doté de quelques nuances pop et AOR qui font incroyablement mouche à l'image de l'énorme single « Living For The Nighttime » dont le refrain aurait été repris en cœur dans des stades entiers si ce disque avait eu l'heur de sortir il y a trente ans. De même quand on vient de Soilwork, clore un disque sur un titre qui n'aurait pas dépareillé sur un album de Journey ou de Survivor comme « Floridian Eyes », il fallait le faire. Et le faire avant tant de succès est encore plus bluffant. 

Accroche immédiate

La schizophrénie semble donc total par rapport à ce que fait Soilwork dont Björn Strid et David Andersson sont aussi membres, si on ne connaissait pas déjà la capacité deu groupe de Death suédois à s'aventurer avec beaucoup d'aisance sur des sentiers musicaux variés. Et parfois, on entend quelques réminiscences (bien que très discrètes) des vocalises agressives de Strid (sur la première partie de « Lady Jane »). Mais globalement l'orientation est totalement rétro, les paroles légères voire futiles de l'album (« Stiletto ») étant au diapason. 

Il serait facile de faire de Björn Strid le héros de cet album tant il éclabousse de son talent et de ses mélodies vocales Skyline Whispers, de telle sorte que l'album fonctionne quasiment comme une usine à tubes (« I Ain't Old, I Ain't Young », « Lady Jane » et j'en passe). Il faut pourtant rendre justice aux musiciens, à la pléthore de bon riffs de David Andersson (« Roads Less Traveled ») et au groove souvent insolent qui se dégage ici (« All The Ladies » qui ferait remuerait même un neurasthénique). Même quand la direction musicale est dépouillée au possible, elle est toujours totalement maîtrisée. 

Des musiciens en plein maîtrise

Et quand le propos se fait plus ambitieux, il n'y aucune défaillance. L'écoute de « Spanish Ghost » et sa belle introduction à la guitare sèche qui lance un morceau franchement lyrique, est là en guise de constat irréfutable. Ou celle des parties de basse bondissante sur le rapide « Demon Princess » qui indique bien le très bon travail fait par Sharlee D'Angelo, qui culmine sur un break « purplesque » en diable, Richard Larsson se lâchant à l'orgue et Strid s'époumonant comme le jeune Ian Gillan. Le point d'orgue est constitué de « The Heather Reports » et de ses dix minutes de musique intégrant une belle jam et fort belles parties de guitare.

Un humaniste allemand de la Renaissance avait dit de ses écrits très inspirés de l'Antiquité classique : « Tout est de moi et rien de moi ». Il serait bien tentant de coller cet aphorisme à The Night Flight Orchestra qui colle à un ensemble d'influences avec la plus grande déférence. Il n'en reste pas moins qu'avec ce Skyline Whispers il propose un nouveau disque de classic rock de très haute volée qu'on ne se lassera pas d'écouter et de réécouter durant un année qui s'annonce chaud.

Baptiste (8,5/10)

 

Coroner Records / 2015

Tracklist : 01. Sail On 02. Living For The Nighttime 03. Stiletto 04. Owaranai Palisades 05. Lady Jade 06. I Ain’t Old, I Ain’t Young 07. All the Ladies 08. Spanish Ghosts 09. Demon Princess 10. Skyline Whispers 11. Roads Less Traveled 12. The Heather Reports