Avec Romeo's Daughter, l'on n'a jamais risqué l'acouphène. Car dans le genre de l'AOR, on touche, avec le groupe anglais de Leigh Matty ce qu'il y a de plus mollasson. Romeo's Daughter ferait allégrement passer Journey pour un groupe de hard rock tant la musique des britanniques a toujours été extrêmement léchée et calme. Tempos lents, guitare discrète, ballades à foison… telle semble être la recette depuis le premier album éponyme de 1988. Et ce ne sont pas les années qui ont endurci Leigh Matty et les siens.
Spin, même s'il met de côté certains aspects aujourd'hui inaudibles de la musique du groupe comme un son de batterie ultra-synthétique et une compression insupportable, s'inscrit dans le prolongement des premiers essais du combo. L'ensemble profite d'une forme de savoir-faire, d'une bonne interprétation (patent sur « Radio ») et de la voix franchement très agréable de la chanteuse. Il s'écoute donc très convenablement. Mais je dois confesser que les tempos à 90 à la noire ont franchement du mal à me réveiller, à moins d'afficher une ambition musicale réelle.
Or, c'est loin d'être le cas ici. Très loin. Tout ceci est très convenu et pépère, malgré une petite embellie en fin de disque (« Tonight » et « All Because Of You » sont clairement plus catchy). Il y aurait d'ailleurs lieu de s'interroger sur l'organisation des titres : pourquoi avoir placé le rock plutôt enlevé « Perfect Plan » à la dixième place ?
À qui peut d'adresser ce Spin ? Aux nostalgiques ? Aux collectionneurs ? Aux amateurs de la jolie voix de Leigh Matty ? Sans doute à ces derniers.
Baptiste (5,5/10)
Rock n'Growl – RD Records / 2015
Tracklist : 1. Touch 2. Already Gone 3. Love will come to those who wait 4. Enemy 5. Didn’t see it coming 6. Radio 7. Tonight 8. All Because of you 9. Perfect Plan 10. Tall Buildings
Le projet Kiske / Somerville ressemble beaucoup aux gros blockblusters de l'été : facile d'accès, rutilant de moyens et… à l'espérance de vie artistique assez courte. Ceci dit, il existe des blockblusters plus ou moins bien exécutés. Autant le premier essai éponyme de Michael Kiske et Amanda Somerville m'avait laissé de marbre, autant cinq an plus tard ce City Of Heroes est quand même plus franchement attractif. Peut-être parce que Kiske et Somerville ont travaillé en meilleure entente, se connaissant mieux. Car il faut reconnaître que leurs voix se marient extrêmement bien ici et qu'il n'y a aucune fausse note au niveau des mélodies vocales évidemment très présentes. Il faut dire que Kiske et Somerville sont franchement excellents même si je trouve toujours le timbre de Somerville un peu banal. La découverte du premier single, « City Of Heroes » convaincra sans doute les plus rétifs.
Un des autres atouts du disque est sa dynamique globale : les compositions sont franchement plus enlevées et plus puissantes que sur le premier opus. On est plus franchement dans le métal mélodique à petites touches symphoniques du fait des gros chœurs que dans l'AOR apaisée du premier disque. Et la qualité des compositions a suivi. Peut-être cela s'explique-t-il par le fait que les deux compositeurs attitrés du projet, Mat Sinner (Primal Fear, Sinner) et Magnus Karlsson (Starbreaker, Primal Fear aussi) œuvrent ici dans un style qui leur convient mieux car plus proche de leur identité musicale originelle. On remarquera toutefois qu'il se débrouille bien quand les compositions se ralentissent (la ballade « Oceans Of Tears » ou la power ballade « Walk On Water » assez pop mais quand même catchy). Le fait que Magnus Karlsson ait soigné ses solos fréquemment très bons (écouter « Open Your Eyes »), montre bien qu'il a pris son boulot au sérieux.
De la sorte que ce City Of Heroes s'écoute avec grand plaisir. Franchement, j'en suis arrivé à la conclusion que le disque constitue une expérience musicale en rien bouleversante ni originale, mais la garantie d'un bon moment musical beaucoup plus digeste que bien d'autres productions sorties récemment.
Baptiste (7/10)
Frontiers / 2015
Tracklist : 1. City Of Heroes 2. Walk On Water 3. Rising Up 4. Salvation 5. Lights Out 6. Breaking Neptune 7. Ocean Of Tears 8. Open Your Eyes 9. Last Goodbye 10. After The Night Is Over 11. Run With A Dream 12. Right Now
Après avoir eu la chance de voir FM en première partie de Foreigner il y a un an, j'ai pu faire le constat qui s'imposait : le groupe de Steve Overland a toujours fière allure. Malgré la cinquantaine très assumée des musiciens, ils sont sans doute meilleurs que jamais, épaulés qu'ils sont par une nouvelle recrue talentueuse en diable, le guitariste Jim Kirkpatrick. Le sommet de cette reformation est jusqu'alors sans doute Rockeville I dont j'ai dit le plus grand bien ici. Après un tel succès musical et un vrai renouveau commercial, il n'est pas surprenant que Frontiers ait signé le groupe après lui avoir fait une proposition de contrat tout à fait intéressante.
Peut-être est-ce cette signature chez le label napolitain spécialisé dans un rock mélodique très 80' qui explique que Heroes And Villains sonne de manière plus typique de FM que le disque précédent ? En effet, la ballade « Incredible », le très catchy « Fire And Rain » ou le groovy « Cold Hearted » aurait pu être placée sur un hypothétique successeur à Tough It Out (1986). « Shape I'm In » est franchement prenant, notamment grâce à son refrain immédiat. « I Want Out » aurait sans doute pu être placé sur un des deux premiers disques du groupe et il faut prendre cette remarque pour un compliment tant on connaît le niveau d'excellence de FM à l'époque. Par contre, sur le très « stonien » « Someday I Wanna Rock 'n' Roll », le groupe renoue un peu avec l'orientation de Rockville et ce ici pour le meilleur tant le titre (et son piano) est entraînant. L'émotion diaphane sur la sompteuse ballade « Walking With Angels » nous renvoie elle aussi plus aux seventies qu'aux années 80 et c'est encore une fois totalement convaincant.
Tout n'est pourtant pas exceptionnel : « Call On Me » est plaisante mais vaut surtout le détour par les parties solo de Kirkpatrick toujours aussi de bonne tenue. Même le single d'ouverture, l'agréable « Diggin' Up The Dirt », aurait pu mieux faire. On pourrait en dire de même de « Big Brother » au refrain un peu facile. Certes on note bien la qualité de la production, de l'interprétation des musiciens et surtout de la voix unique de Steve Overland, mais ce n'est pas pour autant mémorable. D'où un constat un peu plus mitigé que sur le prédécesseur de Heroes And Villains, mais si le positif l'emporte bien évidemment totalement sur le négatif. Car FM continue de faire honneur à sa réputation de qualité musicale et humaine avec ce nouvel opus.
Baptiste (7,5/10)
Frontiers / 2015
Tracklist : 01. Digging Up the Dirt 02. You’re the Best Thing About Me 03. Life is a Highway 04. Fire and Rain 05. Incredible 06. Call on Me 07. Cold Hearted 08. Shape I’m In 09. Big Brother 10. Some Days I Only Wanna Rock and Roll 11. I Want You 12. Walking With Angels