L'adolescence est toujours un moment ingrat pour chacun : éruption boutonneuse, cheveux gras, humeur atrabilaire sont de mise. Et bien il en va des groupes de métal comme des cycles de la vie : l'adolescence est difficile. Et les premiers pas de Kreator le furent autant. Car à ses balbutiements, Kreator était un groupe de très jeunes musiciens fougueux mais inexpérimentés. Fondé – sous le premier nom de Tormentor – en 1982 par des lycéens d'Essen, Kreator était constitué en 1985, lors de l'enregistrement de son premier album Endless Pain, de trois musiciens de dix-neuf ans et dix-huit ans ! Composé rapidement et enregistré en dix jours sous la houlette du fameux (!) Horst Müller et de Karl Walterbach, responsable du jeune label allemand Noise, Endless Pain est évidemment très marqué par ce contexte. Rapide, brutal, confus, mal interprété et tout aussi mal produit, Endless Pain est un disque d'adolescence.
Rapide, brutal… et confus
Chanté pour moitié par le batteur Jürgen « Ventor » Neil et par le guitariste et leader Mille Petrozza, Endless pain ne montre pas franchement les traits de ce que sera le groupe par la suite. Encore très marqué par Venom et par le premier Bathory, Kreator cherche encore ses marques, alors que le savoir-faire en terme de composition et de technique est encore à acquérir. Avec toute la tendresse que je peux avoir pour ce premier essai, je ne peux pas me résigner à le qualifier de « bon » ni même de « prometteur ». À part « Flag Of Hate », « Cry War » et dans une moindre mesure « Tormentor » (que l'on a depuis d'ailleurs trop entendu en concert), tout le reste est totalement dispensable et sera oublié rapidement des setlist du groupe d'Essen. Il est vrai que les chants de Ventor et surtout de Mille Petrozza étaient bien perfectibles.
Un embryon de ce qui est à venir
Certes les premiers albums des futurs pontes du thrash allemand étaient quasiment tous médiocres (Obsessed By Crualty de Sodom ou Infernal Overkill de Destruction) et les défauts d'Endless Pain doivent aussi être jugés dans ce contexte de nivellement pas le bas. Sur ce terrain, le thrash US était d'un cran en avance, comme une écoute de The Legacy de Testament ou même de Game Over de Nuclear Assault en témoignera. Mais, malgré une certaine aura et influence auprès de groupes de black metal plus ou moins underground, Endless Pain reste un grossier embryon de ce que sera la musique du groupe plus tard.
Toutefois, Endless Pain a quelques qualités : une fougue et une naïveté définitivement disparues tout d'abord, et une spontanéité qui en ravira certains. Par ailleurs, ce premier album permet, involontairement de souligner les qualités incomparables de son successeur, Pleasure To Kill (1986) qui démontrait une mue aussi enthousiasmante qu'inattendue.
Baptiste (5,5/10)
Noise / 1985
Tracklist (38:40) : 1. Endless Pain 2. Total Death 3. Storm Of The Beast 4. Tormentor 5. Son Of Evil 6. Flag Of Hate 7. Cry War 8. Bone Breaker 9. Living In Fear 10. Dying Victims