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Niva – Incremental IV

niva-incremental-iv-87380Avec Niva, on n'entre pas vraiment de plein pied dans la musique expériementale : amateurs de Godflesh, de Watchwoer et de Sunn Oo))) passez votre chemin. Le groupe du chanteur suédois Tony Niva œuvre dans une AOR élégante et rythmée, à la manière du Toto de l'époque Isolation ou surtout des excellents Work Of Art. Les compositions sont globalement rock faisant la part belle aux guitares acérées de Roger Ljunggren (très véloce sur le solo « Crush ») et les claviers sont plutôt maintenus à distance, même s'ils sont bien présents sur la fort accrocheuse « Only You ». Les inévitables ballades ne sont pas légion : « Travel Back In Time » et « All By Myself » ; elles sont correctes en plus, bien portées par la voix de Tony Niva.

Car le point fort du groupe réside sur dans la voix du leader : dans le genre Tony Niva est excellent. Il est vrai qu'avec quatre disques au compteur et une bonne quarantaine d'années affichée, le bonhomme détient du savoir-faire, comme on le constate sur ses lignes de chant très bien fichues (« Crush » et surtout le tubesque « Lost And Found », voire « The Reason Why »). Dans un registre globalement aigu, mais quand même fréquemment modulé, Niva s'affiche comme l'élément clé de ce Incremental IV. Une mention doit être faite au lyrisme du refrain de « Magnitude » qui transporte le morceeau. 

Car si les autres musiciens de Tony Niva tiennent franchement la route (on a déjà évoqué le guitariste), il faut bien reconnaître que leurs prestations ne sont pas étincelantes d'originalité et de créativité. Trop de riffs banals se succèdent pour ne pas percevoir là un gros point faible (« Play The Game », bien par ailleurs). Et puis les tempos ont tendance à être trop proches. Heureusement que les solos sont de qualité et que Tony Niva tient la route et fait un sans faute.

Niva est un donc un projet sur lequel son créateur et leader se fait plaisir. Et ce plaisir est communicatif, même s'il a ses limites : il y a des plafond en terme de qualité de composition qu'Incremental n'arrive pas à dépasser.  

Baptiste (6,5/10)

 

Site officile

AOR Heaven – GerMusica / 2014

Tracklist : 1. Don't You Know 2. Crush 3. Better Just Forgotten 4. Magnitude 5. The Reason Why 6. Travel Back In Time 7. Play The Game 8. Only You 9. Lost And Found 10. All By Myself 11. Coming Back To You

adrenaline rush cover 290714Frontiers a plusieurs recettes en sa besace pour ses parutions : requinquer quelques vieilles gloires plus ou moins en veilleuses, créer des super groupes de toutes pièces… et aussi mettre au premier plan une donzelle plutôt fraîche et gironde pour lui faire pousser la chansonnette sur une musique composée par quelques mercenaires musicaux. Citons dans ce dernier cas de figure, l’ineffable Issa, l’insondable Angelica… et maintenant Tave Wanning d’Adrenaline Rush. Car il ne faut pas s’y tromper : malgré l’existence officiel d’un « groupe », il s’agit avant tout de mettre en valeur la chanteuse de pop suédoise (ex Peaches), qui s’essaie ainsi au hard rock mélodique à la manière des nettement plus convaincantes Saraya ou Robin Beck. 

C’est entourée que quatre musiciens de même nationalité, qui font honnêtement le travail mais sans plus, Tave Wanning n’arrive pas à convaincre. La faute à un organe vocal quelque peu faiblard, fréquemment criard et logiquement souvent sous-mixé. Il est triste de constater que ce sont les chœurs qui marquent plus ici que les parties chantées seules par la suédoise. Et puis, il faut bien admettre que les compositions sont d’une grande platitude. Comment oser proposer en guise de single « Changes », un titre au riff extrêmement banal et au refrain à l’avenant ? Au milieu de tout ce marasme, je ne vois que le très « Def Lep’ », « Oh Yeah ! », pour valoir l’écoute. C’est peu.

Baptiste (3,5/10)

Frontiers /2014

Tracklist : 1. Back And Blue 2. Change 3. Generation Left Behind 4. Girls Gone Wild 5. When We’re Gone 6. Want It All 7. Too Young To Die 8.  Oh Yeah 9. No, No, No 10. Playin’ To Win 11. Hit You Like A Rock

Uriah Heep – Outsider

16215-outsiderLe sort a été bien injuste envers Uriah Heep : alors que les apports musicaux du groupe de Mick Box au heavy metal sont indéniables, ces derniers sont peu reconnus. Si on ne peut dire qu’Uriah Heep a inventé les tempos échevelés, les chœurs majestueux et emphatiques, les claviers grandiloquents, les influences symphoniques et les références ésotériques, c’est sans doute le groupe qui les combina le plus systématiquement. Il est d’ailleurs significatif que Kai Hansen voue un véritable culte à Uriah Heep dont il a reprise l’excellent « Look At Yourself » sur le premier disque de Gamma Ray. Hélas : Uriah Heep n’a jamais supplanté Deep Purple ou Rainbow et consorts dans les années 70. De nos jours il mène une carrière assez tranquille, structuré qu’il est autour du guitariste et seul membre originel, Mick Box. Les deux autres piliers du groupe, le légendaire Ken Hensley, et le chanteur historique, David Byron ne sont plus de la partie, le dernier étant décédé et le premier se consacrant à sa carrière solo. Par ailleurs, le groupe a perdu il y a quelques années son bassiste émérite, présent depuis 1976 en son sein, Trevor Bolder. 

Dans ma chronique d’Into The Wild, le disque précédent du groupe, je m’interrogeais sur la pertinence de conserver en vie Uriah Heep alors que Mick Box n’était pas le principal compositeur du combo et que le remplaçant de David Byron, Bernie Shawn lui était bien inférieur malgré son professionnalisme évident. Or, si Into The Wild tenait déjà bien la route, Outsider prouvera sans aucun doute que la formation actuelle d’Uriah Heep est totalement légitime d’un point de vue musical.

C’est très simple à constater : il n’y a rien à jeter sur Outsider. Les compositions se succèdent, les solos s’enchaînent, les riffs se répètent et l’on ne trouve rien à redire. Outsider est tout simplement excellent. Certes, on repérera quelques titres plus saillants comme l’hymne qu’est « Jessie » doté d’un riff à réveiller un mort et d’un refrain à le faire jaillir de sa tombe. Ou bien l’ultraefficace « One Minute », qui après une bienheureuse introduction mélodique sur laquelle Bernie Shaw est impérial, se lance dans un mid-tempo majestueux puis de déboucher sur un refrain à l’avenant. L’esprit de Demons And Wizards (1972) est ici totalement présent et c’est une excellente nouvelle. Manifestement la paire de compositeurs que forment Phil Lanzon et Mick Box fonctionne parfaitement.

Cherchons quelque sombres au tableau : l’artwork d’Outsider est élégant et intéressant mais quand même déprimant ; les durées des morceaux sont un peu trop ramassées et on aurait apprécié quelques pièces plus ambitieuses, dépassant donc les six minutes. On aurait aimé plus de nuances et de variété donc, même si le propos aurait été moins « hard rock ». Disons-le clairement : un peu plus de « progressif » n’aurait pas été pour déplaire. On remarque en outre parfois du plus quelconque comme ce « Rock The Foundation », agréable mais trop évident. Sinon le reste est bon, tout bon. Si ce disque pouvait permettre au groupe de revenir au premier plan, il accomplirait totalement toutes ses promesses. Il en a le potentiel.

Baptiste (8/10)

Site officiel

Frontiers / 2014

Tracklist : (45:00) 1. Speed Of Sound 2. One Minute 3. The Law 4. The Outsider 5. Rock The Foundation 6. Is Anybody Gonna Help Me ? 7. Looking At You 8. Can’t Take That Away, 9. Jesse 10. Kiss The Rainbow 11. Say Goodbye