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Sunstrike – Rock Your World

SunstrikeOk : le nom choisi par les suédois de Sunstrike est nul. Et le titre de leur premier album, Rock Your World, ne vaut pas mieux. Quant à l'illustration présentée… passons. Il n'empêche : ces quasi-inconnus viennent de frapper fort avec un premier disque de hard FM puissant et classieux, à la qualité à vrai dire inattendue. Certes, les musiciens de Sunstrike ont quelques lignes sur leur CV : l'énergique chanteur, Christian Hedgren, a œuvré dans Twilight Force ou dans The Theander Expression et le guitarist Joachim Nordlund et le batteur Johan Lindstedt viennent de Astral Doors. Des combos compétents, mais pas non plus de groupes haut de gamme.

Qu'importe : les membres de Sunstrike se font plaisir, enchaînant les titres tubesques et les gros refrains accrocheurs sans faiblir. Le début de l'album est d'ailleurs un presque sans faute, avec la succession de « Power Of The Dreams », « Rock Your World » et « Fireball ». Mais le reste de l'album ne s'effondre pas pour autant et ce d'autant plus que le hard mélodique du groupe se fait définitivement musclé, évitant les les ballades sucrées ou les morceaux trop pop. Les grosses guitares de Joachim Nordlund prennent le pas sur les claviers, mais ce n'est pas pour notre déplaisir loin de là. Et ses mélodies à la guitare peuvent tout aussi remporter la conviction (« Never Let You Go » et son refrain que n'aurait pas renié le Europe de Out Of This World

Voilà assurément un bond disque qui ravira les amateurs. AOR Heaven a assurément eu raison de laisser sa chance à ce combo prometteur. 

Baptiste (7/10)

 

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AOR Heaven – GerMusica / 2014

Tracklist : 1. Power Of The Dreams 2. Rock Your World 3. Fireball 4. Right Track 5. Roll The Dice 6. Rock It Out 7. Never Let You Go 8. Higher 9. Scream & Shout 10. Into The Light 11.  Edge Of Light 12. Heat Of The Night

Judas Priest – Redeemer Of Souls

Redeemer-of-souls-album-cover-art-1280C'est triste à constater : le dernier disque de Judas Priest, Redeemer Of Souls, est bien peu engageant à chroniquer. Non que ce disque soit extrêmement mauvais ou totalement raté (comme le furent par exemple Jugulator ou Nostradamus) : dans ce cas la chronique au vitriol serait facile à effectuer. Non : la chronique est laborieuse car rien n'est franchement intéressant, ni pour autant exécrable. Reedemer Of Souls est simplement banal et plat. Cherchons les responsables.

Panne sèche dans la côte

Commençons par la figure iconique du groupe. Rob Halford a rarement été aussi peu inspiré au niveau de ses mélodies vocales et il n'y a que des refrains vite oubliables ici. Franchement « Dragonaut » ou « Halls Of Valhalla » sont ce qu'il a fait de pire. On sait que le grand chanteur a perdu de sa superbe et a largement dû abandonner les montées dans les aigus, une chose qu'il reconnaît d'ailleurs avec honnêteté. Le groupe a choisi de plutôt ralentir le tempo pour ne pas le mettre en difficulté et donner de l'espace à un chant dans les médiums. Mais pourquoi être aussi plat dans ce registre qu'il pratiquait très bien jadis ? On sent partout une poussivité et la tentation du pilotage automatique (« March Of The Damned » ou « Battle Cry » sur lequel ses aigus sont très incertains). C'est inquiétant.

Il est vrai que ce ne sont pas les riffs de Tipton qui auraient pu l'inspirer. Ces derniers ne sont ni mauvais, ni ridicules : ils sont juste ternes. L'inspiration semble avoir déserté les lieux. Comment expliquer autrement qu'on propose une composition aussi négligeable en ouverture que ce « Dragonaut » ? Alors que jadis Judas Priest ouvrait ses disques par un « Painkiller », un « Turbo » ou un « Breaking The Law »… C'est toujours simplement effrayant. Et ce ne semble pas être le nouveau venu, Richie Faulkner, qui semble capable de relancer la machine, même s'il est crédité sur tous les morceaux. Certes la production est assez moyenne et poussive, mais je pense que cette faille provient à l'origine d'un problème d'inspiration et de motivation du groupe.

Métal de troisième âge

Il y a bien quelques éclairs d'inspiration – très fugaces –, sur le riff de « Sword Of Damocles » ou sur « Crossing Fire » voire sur la ballade de clôture, « Beginning Of The End », mais ils sont rares. Ce sont d'ailleurs les seuls morceaux de ce Redeemer Of Souls qui auraient pu être retenus dans les années 70 et 80 : les autres auraient tous fini comme des faces B de singles pour Defender Of Faith ou Screaming for Vengeance

Et dire que la carrière musicale de Judas Priest était un quasi sans faute sur les douze premiers disques du groupe anglais… Depuis, c'est plutôt à un lent déclin auquel nous assistons navrés. La seule qualité de ce Redeemer Of Souls est d'acter définitivement ce triste constat. Un album de métal pour le troisième âge…

Baptiste (4/10)

 

PS : pour appâter le chaland, le groupe propose une version double CD avec des bonus tracks. Comme ces chansons sont du même tonneau que celles du premier disque, ce n'est pas la peine de s'étendre dessus évidemment.

 

Columbia / 2014

Tracklist : 01. Dragonaut 02. Redeemer Of Souls 03. Halls Of Valhalla 04. Sword Of Damocles 05. March Of The Damned 06. Down In Flames 07. Hell & Back 08. Cold Blooded 09. Metalizer 10. Crossfire 11. Secrets Of The Dead 12. Battle Cry 13. Beginning Of The End

Chicago – XXXVI Now

ACH003524752.1401394279.580x580Parmi les critiques rock il est bien vu de porter au pinacle Led Zeppelin et de débiner ELP et les autres dinosaures du rock progressif. Dans le même esprit, il est de bon ton de railler le Chicago actuel pour son âge avancé, ses albums ratés, son tournant « radio » durant les années 80, ses ballades très (trop ?) entendues… tout en hypocritement se réclamant du tout premier Chicago : celui des sept premiers albums environ. Je serai un très mauvais critique rock, car j'aime toute la carrière de Chicago, même si j'admets une baisse de qualité globale des disques à la fin des années 80, le fond étant touché par un XXI, un disque que d'ailleurs les membres du groupe n'avait quasiment pas composé. 

Depuis Chicago s'est doucement remis en forme et a enregistré un disque, XXX (2006), inespéré. Eût égard à l'âge d'un groupe né en 1967, ce XXXVI Now arrive en fait assez vite : huit ans après son dernier prédécesseur en studio. Comme le groupe a été très occupé à tourner durant tout ce temps, XXXVI Now a été enregistré sur la route avec le propre matériel du combo américain. D'où peut-être une vraie fraîcheur ici et un allant indéniable : Chicago ne sonne pas du tout comme un groupe poussif de vieilles gloires mais comme un groupe en forme et à l'énergie intacte. C'est assez rare pour être mentionné. L'écoute du premier single, « Now », et de ses rythmes cuivrés, donne un très bon indicateur de cette bonne tenue : le groupe semble se porter comme un charme. Il est d'ailleurs bluffant de constater la qualité sonore du disque dans de telles conditionnements d'enregistrement. 

Inspiration originelle ?

L'autre signe de regain de forme est le retour à la composition des membres de Chicago et de Robert Lamm notamment. Rappelons que le claviériste et chanteur, auteur de la majorité des grands titres de Chicago dans les années 70, s'était mis en retrait dans les années 80, alors que Perte Cetera prenait de plus en plus plus de poids. Les compositeurs extérieurs sont donc moins présents sur ce XXXVI alors que Robert Lamm est crédité sur la moitié des morceau. De telle sorte que XXXVI sonne sur certains points comme un retour aux sources, notamment du fait de la grosse présence des cuivres. Avec « Naked In The Garden Of Allah » et ses guitares saturées et ses mélodies orientales, on retrouve même un peu de l'ambition musicale des débuts. 

Par ailleurs, même si les cuivres prédominent ici, on remarquera que le guitariste Keith Howland commence à marquer le groupe de son empreinte : il cosigne un rock cuivré et groovy très vitaminé comme « Free At Last » et propose un beau travail avec son bassiste Jason Scheff sur le jazzy « Nice Girl ». On remarquera le regain de forme du trompettiste originel Loughnane sur « America », beau titre un peu désabusé sur le pays de Chicago, mais qui souffre d'un refrain un peu en deçà de la qualité globale du morceau. Quant au remplaçant de Bill Champlin, Lou Pardini, sa présence est relativement imperceptible, même si le titre aux influences latinos qu'il cosigne avec Robert Lamm, « Watching All The Colours » est très agréable.  

Quelques fautes de goût

Il est dommage que toutes ces qualités ne se retrouvent pas à chaque instant sur XXXVI car quelques titres de mauvais acabit plombent quelque peu l'album. Le morceau très AOR qu'est « More Will Be Revealed » n'en fait pas partie, car il s'avère de très bonne facture et n'aurait pas dépareillé sur un album comme XVI ou XVII par exemple. Mais on pouvait sans doute se dispenser de la ballade commerciale de service qu'est « Love Lies On », malgré le beau travail de Jason Scheff en voix de ténor. Et « Another Trippy Day » souffre de loops de batterie qui n'ont rien à faire sur un disque de Chicago. C'est dommage car la ligne de chant de Lamm est agréable et les cuivres sonnent bien. Quant à « Crazy Happy », elle serait assez belle si elle était dispensée d'une vilaine boîte à rythme et d'un refrain trop sirupeux qui gâchent un morceau pourtant bien porté au début par la jolie trompette de Loughnane. Quelle faute de goût qu'aurait dû faire éviter le producteur Hank Linderman là !

Tout n'est donc pas au-dessus de tout reproche ici, mais la forme est globalement là et il est réconfortant de constater que Lamm et les siens font toujours honneur à la réputation et à l'histoire du groupe avec un disque qui tient bien la rampe. Une confirmation du regain créatif entrevu sur XXX

Baptiste (7,5/10)

 

Frontiers / 2014

Tracklist : 1. Now (4:57) 2. More Will Be Revealed (5:15) 3. America (4:16) 4. Crazy Happy (5:03) 5. Free At Last (5:13) 6. Love Lives On (5:18) 7. Something's Coming, I Know (3:45) 8. Watching All The Colors (4:13) 9. Nice Girl (3:59) 10. Naked In The Garden Of Allah (4:24) 11. Another Trippy Day (4:00)