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Entre deux disques d'Unisonic et une reformation totalement commerciale de Helloween pour quelques concerts (le Pumpkins United Tour), Michael Kiske a le temps d'enregistrer pour un peu tout le monde et aussi pour Place Vendome, son projet AOR mené de front avec Dennis Ward. À défaut d'être original et personnel – puisque ni Kiske ni Ward ne composent dans Place Vendome faisant appel à des compositeurs extérieurs de l'écurie Frontiers –, le projet tient globalement la route et a même donné lieu à de très bonnes choses. Et Kiske remet le couvert pour ce Close To The Sun que le cover art annonce comme à première vue très balisé. 

Je pourrai recopier ce que j'ai déjà dit sur les disques précédents de Place Vendome : c'est très calibré et très bien produit ; Michael Kiske chante superbement ; la qualité des chansons a tendance à varier selon les compositeurs extérieurs ; c'est assez formaté etc. Tout ceci est encore vrai pour Close To The Sun : Place Vendome est un projet certes commercial mais très bien troussé toutefois. Remarquons toutefois deux points un tant soit peu neufs. Tout d'abord que ce Close To The Sun est plus nerveux que d'habitude, se rapprochant d'une certaine manière du hard mélodique de Unisonic et s'éloignant des sentiers AOR des premiers essais. Les fulgurants « Close To The Sun », « Riding The Ghost » ou « Welcome To The Edge » nous renvoient plus à du Unisonic voire à du Helloween qu'à du Toto. À vrai dire, c'est surtout la présence régulière de claviers qui distingue maintenant Place Vendome d'Unisonic. 

L'autre point que j'aimerai signaler est que la qualité des chansons est franchement en hausse par rapport à un bien peu inspiré Thunder In The Distance. Sans toucher au sublime, on est régulièrement dans le très bon (« Across The Times », « Light Before The Black ») sans doute car la musique est parfaitement adaptée à la voix merveilleuse de Michael Kiske. Cerise sur le gâteau musical, les parties guitares et notamment les solos sont excellents. On prêtera tout particulièrement une oreille aux prestations de Gus G. sur « Light Beyond The Dark » ou Magnus Karlsson (Primal Fear) sur « Falling Star » qu'il a par ailleurs composée. De telle sorte que ce Close To The Sun n'est pas juste qu'un bien bel album de chanteurs mais aussi de guitaristes. Kiske est toujours capable de nous surprendre. 

Baptiste (7,5/10)

 

Frontiers / 2017

Tracklist : 01. Close To The Sun 02. Welcome To The Edge 03. Hereafter 04. Strong 05. Across The Times 06. Riding The Ghost 07. Light Before The Dark 08. Falling Star 09. Breathing 10. Yesterday Is Gone 11. Helen 12. Distant Skies
 

Pride Of Lions – Fearless

Pride Of Lions avait quasiment disparu des radars depuis la parution de Immortal en 2012 et le groupe s'était fait trop rare sur scène. Il est vrai que malgré le succès artistique des réalisations du projet de Jim Peterik et Toby Hitchcock, jamais il n'a pu obtenir le succès du précédent groupe de Peterik, Survivor. La faute au contexte musical évidemment : l'AOR est considéré comme un genre désuet, bon pour les vieilles gloires (Foreigner, Journey) qui enchaînent les tournée comme François Fillon les scandales financiers. Or, Pride Of Lions, sans jamais chercher à s'afficher comme l'hériter d'un Survivor quasiment moribond et réduit à être la chose de Frankie Sullivan, œuvre bel et bien dans une AOR assez intemporelle. 

Et le style de Pride Of Lions semble maintenant bien fixé, malgré quelques variations perceptibles au fur et à mesure de ses cinq albums. On sait que la voix phénoménable de Toby Hitchcock en est un élément central. Son lyrisme, sa puissance, sa versalité ainsi qu'un timbre spécifique constituent le point fort de Pride Of Lions. Et sur Fearless, elle va encore faire des miracles. Alors qu'il n'a enregistré ses parties vocales qu'en deux jours, Hitchcock éclabousse de maitrise tout le disque et aucune chanson ne le prendra à défaut. Puisqu'il faut bien citer les moments forts de sa prestation, énumérons ici la très mélodique « Silent Music » ou, dans un registre plus vigoureux, le morceau éponyme « Fearless » sur lequel il est tout à fait impeccable. 

Où l'on parle d'un chanteur

Ce Fearless tient beaucoup à un chanteur trop méconnu et la musique composée évidemment par Jim Peterik cherche surtout à le mettre en valeur, à l'accompagner au sens positive du terme. Certes, on retrouve quelques petites nouveautés comme le discrète présence d'un violon sur « All I See Is You » en ouverture, mais cette fois les compositions à tiroir, plus ambitieuses, comme on en pouvait trouver sur The Destiny Stone, ont disparu. Par ailleurs l'abondance des titres lents et des ballades (« The Light In You Eyes », « The Tell » et tutti quanti), nous éloigne de la direction prise sur ce dernier disque. Cette situation est par ailleurs aussi suggérée par la production mettant très nettement en avant la voix et les mélodies de Toby Hitchcock.

Un nombre assez conséquent de titres rock nous évite toutefois l'écueil d'un disque trop pop et ce d'autant plus qu'ils ont été très soignés : « In Caricature », « Fearless » ou l'épique « Freedom Of The Night » qui évoque cette fois nettement Survivor… La présence de la guitare de Mike Aquino qui délivre de bons et nombreux solos enfonce en outre le clou sur ce point (le fulgurant« Rising Up » ou « The Silence Says It All » et j'en passe).

Où l'on parle d'un deuxième chanteur

L'on parle beaucoup ici de Toby Hitchcock, mais il faut ici évoquer un point qui fait toujours débat chez les amateurs du groupe : la place prise par Jim Peterik au micro. Certes, le leader et compositeur est loin d'être incompétent et sa voix est agréable, mais c'est un chanteur infiniment plus banal. Pourquoi s'acharner à partager le micro sur des titres aussi importants dans l'équilibre du disque que « All Is You », « The Tell », « Fearless» ? Peut-être car le partage du micro qui offre les parties graves à Jim Peterik et les parties aiguës à Toby Hitchcock est fécond : cela permet un crescendo musical qu'offre parfaitement l'apparition de la voix de Hitchcock. Je ne vois personnellement rien à redire à ce choix qui a déjà fait ses preuves et qui participe d'une certain manière à l'identité du groupe, même si le gimmick est parfois trop répété et un peu facile (c'est patent sur « Freedom Of The Night »). 

Que conclure ? Que Pride Of Lions a bel bien enterré Survivor et le démontre encore une fois… mlais ce n'est pas une franche nouveauté. On finira cette chronique en disant surtout que le groupe vient de sortir un disque qui ravira tous les amateurs d'un genre qui se refuse à mourir. Et qu'avec ce Fearless il démontre une santé et un allant musical étonnants et réjouissants de la part de ce vieux briscard si attachant qu'est Jim Peterik. 

Baptiste (8/10)

 

Frontiers / 2017

Tracklist : 1. All I See Is You ! 2. The Tell 3. In Caricature 4. Silent Music 5. Fearless 6. Everlasting Love 7. Freedom Of The Night 8. The Light In Your Eyes 9. Rising Up 10. The Silence Says It All 11. Faster Than A Prayer 12. Unmasking The Mystery

Il sera facile de faire du mauvais esprit avec ce nouveau live d'Uli Jon Roth. « Le guitariste allemand cherche à survivre pécuniairement grâce à son ancien groupe et à ses disques cultes »… « On ne peut faire mieux que le légendaire Tokyo Tapes : à quoi bon un ersatz ? »… Etc. Etc. Ces arguments sont loin d'être faux : ce Tokyo Tapes Revisited Live n'a pas beaucoup d'intérêt. Et, évidemment encore une fois, il n'arrive pas à la cheville du disque live qui clotura la première période de Scorpions. Il vaut donc mieux mille fois écouter Tokyo Tapes que ce Tokyo Tapes Revisited Live et ce même si le disque d'Uli Jon Roth a été enregistré dans la même salle japonais que son illustre prédécesseur, le Nakano Sun Plaza Hall.

Et ce d'autant plus que le chanteur ici, au micro, Nathan James – sans honteusement démériter – est assez banal. Ses capacités sont réelles, sa voix est chaude et agréable… mais le grain inimitable de Klaus Meine manque cruellement. On sait à quel point l'alchimie de Scorpions, à toutes les époques de l'histoire du groupe, est liée au chanteur allemand. On ne peut que le constater encore une fois malgré le sérieux de Nathan James qui au moins à l'heureuse idée de ne pas chercher à trop cloner le modèle originel. Cela explique peut-être d'ailleurs le fait que la plupart des musiciens empoignent le micro dont évidemment l'ineffable Uli Jon Roth.  

C'est en effet ce dernier qui est l'objet de toutes les attentions et l'intérêt de ce Tokyo Tapes Revisited Live réside largement dans le jeu du grand guitariste. On ne dira jamais assez à quel point Uli Jon Roth n'a pas eu la carrière à la hauteur de son talent après son départ de Scorpions. Il est vrai que l'homme s'est acharné à tenir aussi le micro, sans doute la pire idée qu'il ait jamais eu. Il récidive d'ailleurs sur « Polar Nights » et « Dark Lady » ici et il n'y a aucun progrès à l'horizon. Trente ans après, on peut donc conclure qu'Uli Jon Roth est un des pires chanteurs que le rock ait connu. 

Mais à la guitare son phrasé racé, son mélange de gammes mineures et de plans bluesy, son lyrisme… tout cela est inimitable. Pas mesquin d'ailleurs, Uli Jon Roth n'est pas seul à la guitare puisqu'il est épaulé par Niklas Turmann et David Klosinski et qu'il leur laisse loisir de jouer à l'unisson avec lui voire d'égrener quelques solos. Les bonhommes ne sont pas des manchots. Comme il y a pas mal de parties de guitares rajoutées par ci et par là par rapport aux morceaux originaux, la chose se justifie parfaitement. Ces développements musicaux et ces improvisations donnent un côté très seventies au live qui lui va très bien, même si les titres deviennent parfois un peu longs.

On remarquera aussi que Tokyo Tapes Revisited Live ne porte pas si bien que cela son nom, car la setlist différe quand même de l'originale. Certes, on retrouve les classiques de l'époque Uli Jon Roth (« In Trance », « Top Of The Bill », « Dark Lady ») et l'album s'ouvre bien sur le fougueux « All Night Long », mais il y a des modifications. Uli Jon Roth a logiquement mis de côté « He's A Woman, She's A Man » qu'il détestait à l'époque et a intégré « Virgin Killer » ou le hendrixien « I've Got to Be Free » par exemple. Un tiers des titres est différent sans compter les rappels qui sont devenus l'occasion d'un hommage non plus aux classiques du rock'n'roll, mais au dieu de Uli Jon Roth : Hendrix. Nous avons donc droit à « All Along The Watchtower » et à « Little Wing » : on pouvait trouver plus original, mais passons.

Tous ces points constituent des arguments pour ne pas écarter trop hâtivement ce Tokyo Tapes Revisited Live. Et à le prendre comme un disque qui ne joue pas sciemment dans la même cour que son aîné et qui l'admet. Prêtons-lui une oreille. Donnons lui sa chance.

Baptiste (7/10)

Warner Music / 2016

Tracklist : 1. All Night Long 2. Longing For Fire 3. Crying Days 4. The Sails Of Charon 5. Sun In My Hand 6. Virgin Killer 7. Kojo No Tsuki 8. We''l Burn The Sky 9. In Trance 10. Rainbow Dream (Prelude) 11. Fly To The Rainbow 12. Top Of The Bill 13. I've Got To Be Free 14. Polar Night 15. Dark Lady 16. Pictured Life 17. Catch Your Train 18. All Along The Watchtower 19. Little Wing