En général, lorsqu'un artiste se lance dans un album solo, c'est pour arpenter quelques sentiers musicaux nouveaux. Pour s'essayer, par exemple, à des démarches de compositions inattendues ou pour rendre hommage à des artistes ou des genres de musicaux qui l'ont influencé. C'est pour cela que j'ai été un peu surpris à l'écoute du disque solo de Kai Hansen, XXX Decades In Metal. Pourtant le chanteur et guitariste hambourgeois ne trompe pas sur la marchandise en intitulant son disque XXX Decades In Metal : pas de blues ou de jazz à l'horizon, mais du heavy metal comme Kai Hansen en fait depuis trente ans et les premiers pas de Helloween.
Grosso modo, la première partie du disque ressemble beaucoup à du Gamma Ray actuel, c'est à dire avec très peu de prises de risques. À savoir du heavy metal teutonique bien effectué mais sans grand intérêt. Pour épicer le tout, Kai Hansen a fait appel à quelques amis : Tobbias Sammet, Michael Kiske, Ralf Scheepers et s'est même offert le luxe d'inviter Dee Snider. Le résultat est tout à fait audible et s'écoutera même avec plaisir, même si certaines influences sont quand même un peu écrasantes (« Contract Song » qui pompe son riff dans le Judas Priest de Painkiller). On déplorera aussi que les invités ne soient franchement mis à leur valeur : sur le fond la présence de Dee Snider est bien anecdotique et Michael Kiske est très effacé. Tout juste, remarquera-t-on que leurs voix sont plus agréables que celle d'un Kai Hansen depuis longtemps déclinant.
La deuxième partie du est plus intéressante. D'abord grâce à un titre épique très enlevé, comme « Fire And Ice » qui voit apparaître la voix de Clémentine Delauney de Visions Of Atlantis et des passages au chant presque black metal. Kai Hansen n'est pas du genre à faire appel aux voix féminines et la nouveauté est à remarquer. La chose va se reproduire sur la fin de du disque puisqu'on réentendra la chanteuse sur deux autres morceaux ; elle y chante franchement bien. Ces autres morceaux montrent une facette légèrement inattendue de Kai Hansen, puisque son heavy metal très traditionnel, se matine d'ambiances plus modernes, discrètes mais réelles. Cela sonne dans l'ensemble plutôt bien et l'on appréciera après un début de disque un peu étouffant de classicisme… mais cela ne durera pas sempiternellement. Les fans « conservateurs » se réconcilieront avec la dernière chanson : le speed flamboyant de « Follow The Sun » renvoie aux meilleurs moments du Gamma Ray post Scheepers. Nous voici rassurés !
Pour conclure, ce XXX Decades in Metal est globalement un objet pour les fans et pas un disque aventureux. Il se calera très bien entre deux réalisations de Gamma Ray. On ne peut franchement en attendre plus.
Baptiste (6/10)
earMusic / 2016
Tracklist : 01. Born Free 02. Enemies Of Fun (featuring Ralf Scheepers & Piet Sielck) 03. Contract Sun (featuring Dee Snider & Steve McT as The Manger) 04. Making Headlines (featuring Tobias Sammet) 05. Stranger In Time (featuring Michael Kiske, Frank Beck, Tobias Sammet & Roland Grapow – guitar solo) 06. Fire And Ice (featuring Clémentine Delauney, Marcus Bischoff, Richard Sjunnesson & Michael Weikath – guitar solo) 07. Left Behind (featuring Alexander Dietz & Clémentine Delauney) 08. All Or Nothing (featuring Clémentine Delauney) 09. Burning Bridges (featuring Eike Freese) 10. Follow The Sun
Eric Johnson est redevenu quelque peu confidentiel depuis quelques temps. L'époque où Tones (1986) ou Ah Via Musicom (1990) avaient réussi à toucher le large public semble bien révolue. Il n'y a donc sans doute plus que les guitaristes qui suivent le virtuose d'Austin aujourd'hui. Il est douteux qu'avec ce EJ, sous-titré Song Explorations on Acoustic Guitar and Piano leur nombre aille en s'élargissant. Car Eric Johnson avec ce nouveau disque propose sans doute ce qu'il y a de moins attractif chez lui : des pièces accoustiques et des ballades. Le tout évidemment accompagné d'une guitare sèche et ponctuellement d'un piano même si une section rythmique apparait sur « November ». Et évidemment on trouve régulièrement Eric Johnson lui-même au micro, ce qui ne réhausse pas franchement la musique, on le sait depuis longtemps. Avec son phrasé candide – voire niais selon les plus médisants –, les ballades d'Eric Johnson ont tendance à devenir franchement insipides. La chose ne rate pas ici malheureusement. Et leur abondance rend le tout encore plus patent.
Il reste les pièces instrumentales, qui sont généralement les plus grandes réussites d'Eric Johnson. Ce dernier démontre encore une fois sa très grande maitrise technique dans les genres les plus divers. Ici, les parties country sonnent furieusement bien (« The World Is Waiting For The Sunrise ») et le toucher du guitariste s'avère régulièrement somptueux (« Mrs Robinson »). Et même dans une chanson aussi inintéressante que « All Thing You Are », on trouve par exemple une introduction acoustique tout à fait brillante. Il y a tout lieu de parier que les amateurs d'Eric Johnson trouveront là un bon motif de satisfaction.
Envisagé en tant que tel EJ, est un disque assez joli et plaisant, bien que souffrant de longueurs. On aurait pu sans doute le bonifier mais il aurait alors fallu en changer totalement le concept, à savoir cette exploration musicale pour guitare acoustique et piano. Personnellement j'attends toutefois qu'Eric Johnson passe à autre chose.
Baptiste (pas franchement évaluable)
Provogue / Replica – 2016
Tracklist : 01. Mrs. Robinson 02. Water Under the Bridge 03. Wonder 04. Wrapped In a Cloud 05. Once Upon a Time In Texas 06. One Rainy Wish 07. Serinidad 08. Fatherly Downs 09. The World Is Waiting for the Sunrise 10. November 11. All Things You Are 12. Scarborough Fair 13. Song for Irene
FM nous avait déjà le coup il y a quelques années avec son Indiscreet 25 Live il y a quelques années : surfer sur le souvenir (et la qualité) de son premier album, le fameux Indiscreet. Rebelotte : trente années après, le groupe de Steve Overland propose un nouvel enregistrement de son Indiscreet. On a fait franchement mieux comme idée originale, mais il s'agit peut-être d'une manière pour Overland et les siens de récupérer des royalties qui auraient tendance à leur échapper.
Quoi de neuf sur ce Indiscreet 30 qui mériterait autre chose que des commentaires railleurs ? Un réinterprétation de qualité et surtout subtilement modernisée. Il faut bien admettre que le son et l'interprétation du disque original sonnaient de manière assez datée. Disons franchement que la touche 80' est ici moins présente et c'est loin d'être une mauvaise chose. Le tout est aussi un chouïa plus vigoureux ce qui ne pourra pas pour déplaire.
Mais c'est quand même peu, sachant que les nouvelles versions ne sont pas franchement révolutionnaires non plus. L'autre point fort de Indiscreet 80 est sa setlist : outre les neuf morceaux, on trouve pas moins de 7 bonus tracks ce qui double presque la durée globale. Certes, nombre de ces morceaux étaient archi-connus comme « Let Love Be The Leader », mais il faut bien dire qu'ils sont de très bonne tenue dans l'ensemble. La version de « Shot In The Dark » que le filou d'Ozzy s'était appropriée apparait telle qu'elle fut conçue à l'époque de Wildlife ; c'est un plaisir de la découvrir sans la voix geignarde d'Osbourne.
Au final, on peut dire que cet Indiscreet est supérieur à sa version originale et qu'à défaut de posséder le premier, on peut parfaitement acquérir la version de 2016. C'est sans doute la seule réponse pertinente à la question : quel intérêt à ce Indiscreet 30 ?
Baptiste
Frontiers / 2016
Tracklist : LP original – 1. That Girl 2. Other Side Of Midnight 3. Love Lies Dying 4. I Belong To The Night 5. American Girls 6. Hotwired 7. Face To Face 8. Frozen Heart 9. Heart Of The Matter + bonus tracks – 10. Let Love Be The Leader 11. Running On Empty 12. Rainbow’s End 13. Shot In The Dark 14. Bad That’s Good In You 15. Love & Hate 16. That Girl (Acoustic Version)