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Résumer la carrière de Dark Tranquillity, soit vingt ans entre l'origine du death suédois et leur persévérance indéfectible dans le genre, n'est pas si difficile car un mot suffit. 
Parfaite. Oui la carrière de Dark Tranquillity est parfaite sans aucune faute de goût même si certains légers revirements ont pu tôt ou tard faire grimacer quelques fans à des époques charnières. L'album Projector fût de cela sans oublier que Haven et Damage Done mettaient à l'honneur, plus qu'habituellement, les claviers, samples et sonorités electro. Dans des proportions raisonnables évidemment, en tous cas suffisamment pour donner un peu de piment à la musique du groupe. Character et Fiction revenaient à quelque chose de plus brut dans une synthèse du passé glorieux The Gallery et The Mind's I sans oublier les éléments modernes.
Dark Tranquillity n'a par contre au fil du temps jamais perdu sa fougue, son énergie pour donner le meilleur du death mélodique, à la fois sa puissance et surtout sa grande science des mélodies imparables.
 
Seul petit reproche que je pourrais émettre, les visuels des albums dont la plupart sont l'oeuvre de Niklas Sundin, ne sont pas toujours du meilleur goût. Preuve en est une fois de plus celui du neuvième full-length, “We Are The Void”, dont l'illustration n'est pas forcément une réussite. On ne peut pas dire qu'elle soit très emballante ni motivante pour un achat éventuel ou une première approche de l'écoute de l'album. En soi c'est secondaire, la musique seule permettra de juger où en est le combo suédois en 2010. 
Dans l'attente de cet énième opus, nous avons eu le droit au fort recommandable (en tout point) double CD / double DVD de rigueur et indispensable, pour un groupe à la carrière aussi fournie, d'autant que l'objet et la retranscription de ce live à Milan sont absolument trippantes.
Bien calé dans son fauteuil de premier de la classe avec une renommée qui grandit au fil des ans, Dark Tranquillity aurait pu se contenter d'aligner une resucée de ses deux albums précédents mais c'est mal connaître le groupe qui, sans en avoir l'air, évolue, s'enrichit et gravit petit à petit le panthéon du metal (en ont-ils encore besoin ?).
Le plus étonnant dans la bande des Stanne/Sundin c'est la capacité à surprendre sans jamais réellement déboussoler l'auditeur. En gros, sur We Are The Void, Dark Tranquillity se reconnaît entre mille surtout grâce au chant de Mikael car pour la musique il y a de l'évolution à défaut de changement radical.
We Are The Void est l'album le plus ouvert musicalement parlant depuis Projector. C'est à dire que chaque morceau possède sa propre identité, certains étant plus portés sur les atmosphères alors que d'autres sont de pures tueries. Les deux premiers titres lancent la machine de façon bien particulière car les suédois abordent leur style de façon un peu différente, sonorités des guitares, samples donnant une teinte très moderne aux morceaux.  « The Grandest Accusation » et « Her Silent Language » possèdent des tempos plus modérés avec le chant clair irrésistible de Mikael. « Her Silent Language » tient son ossature mélodique sur les claviers malgré un break somptueux cadencés par les guitares.
Le travail le plus énorme et le plus concluant a été fait sur les claviers qui donnent à chaque instant une émotion, un thème mélodique ou juste un soutien aux guitares. Là où certains albums apportent cet instrument pour créer des atmosphères en arrière plan, le travail de Martin Brändstörm est indispensable à cet album. Par le passé, son apport pouvait être contesté ou décrié, il n'en est rien ici.
« Arkhangelsk », création pure de Niklas Sundin, se veut parfois dissonante alternant gros son et breaks posés avec un ressenti presque black mélodique et symphonique. 
« I Am The Void » possède le rythme le plus soutenu mais ne renie en rien les gimmicks du groupe, tout comme « Surface The Infinite » qui ne se prive pas de quelques blasts.
Le final « Iridium » est une pièce maîtresse de sept minutes  qui virevolte et fluctue dans sa rythmique reprenant la hargne malsaine de « Arkhangelsk » et des passages atmosphériques longs qui embarquent tout le savoir faire du groupe dans un maelstrom superbe qui semble diriger le groupe vers une nouvelle ère. Il n'en est rien car comme l'exprime Niklas dans l'interview, ce morceau date d'il y a dix ans.  Une carrière irréprochable, un album de tout premier plan, We Are The Void se révèlera avec le temps comme une sommité du metal au même titre que ses créateurs. Croyez le, Dark Tranquillity est au sommet de son art et va sortir le 1er Mars 2010 le meilleur album de sa discographie (mais aussi sa cover la plus laide…).
 
[10/10] Clayman
 
 
Site Officiel : www.darktranquillity.com
 
 
Century Media / 2010
 
Tracklist (47:42) : 1. Shadow In Our Blood 2. Dream Oblivion 3. The Fatalist  4. In My Absence 5. The Grandest Accusation 6. At The Point Of Ignition 7. Her Silent Language 8. Arkhangelsk 9. I Am The Void 10. Surface The Infinite 11. Iridium

 

Orden Ogan – Easton Hope

Orden Ogan se révèle à nous avec son troisième album, Easton hope. Les allemands nous sont un peu présentés comme la dernière sensation à découvrir et c'est clairement abusé. L'écho de leur présence s'était fait en 2008 avec leur album bien accueilli Vale mais il aura fallu du temps pour arriver à ce résultat, le groupe existe depuis treize ans. Le power métal symphonique du groupe tient la route mais il ne faudrait pas en faire trop sous peine d'être ridicule dans l'exagération des qualités. Orden Ogan est également comparé comme un Blind Guardian du fait de son côté aventureux dans les compositions et sa recherche systématique dans la diversité. C'est vrai que l'on ne s'ennuie pas à l'écoute d'Easton Hope entre épique, speed, atmosphérique, prog (sur "Of Downfall and Decline") un peu de thrash, un esprit folk qui demeure du passé du combo sur quelques titres. Il est indéniable qu'Orden Ogan maîtrise son sujet et propose un album riche, la prod est aux petits oignons.

L'intro laissait à penser que nous allions partir en campagne guerrière et fantastique tant "Rise and Ruin" est emprunte de qualités héroïques. "Nobody Leaves" remet les choses à leur place en offrant un pur morceau power. Par la suite, les claviers se révèlent dans leur apport orchestral et les guitares se concentrent sur la rythmique. Les six cordes sont dans l'ensemble assez peu prolixes dans l'exécution de solos. Le point qui me chagrine reste le chant qui est rapidement limité dans les montées en puissance comme si le vocaliste se frottait les cordes vocales avec du papier de verre. Dans le chant plus mélodique, c'est par contre une belle réussite. "We Are Pirates" feraient bonne figure chez Hammerfall bien que ses sept minutes lui apportent plus de marge de manœuvre pour se déployer et étaler ses chœurs, ses breaks et son final à l'accordéon accompagné d'une cavalcade de batterie et guitare Gamma Ray-esque.

Avec toutes ces choses que diable, on tient un album énorme !!! Même si la personnalité du sextet doit encore se développer pour s'exprimer à plein et éviter les comparaisons trop faciles. Est-il possible que ces allemands partent dans tous les sens car ils ne trouvent pas leur vraie place, je n'irais pas jusque-là. En même temps il est facile de casser un groupe du fait de sa trop grande homogénéité et d'un autre côté il serait malsain de réduire Orden Ogan car sa musique propose justement quelque chose de riche et diversifiée.

L'inconvénient majeur de votre serviteur, c'est qu'il s'ennuie. Oui je le dit bien, je ne trouve pas mon compte sur Easton Hope, difficile de cerner les raisons profondes vu les qualités déployées ici mais je ne parviens pas à rentrer dans cet album malgré un nombre d'écoutes conséquent. Ce n'est pas la faute du moment de douceur sans intérêt "Requiem". C'est une globalité. Exception à la règle, "Welcome Liberty" qui a bien peu pour séduire avec sa rythmique basique et sa faible richesse (sur 5mn45) comparée aux autres morceaux. Oui mais voilà, dans une écoute distraite c'est le morceau qui me fait dresser l'oreille pour voir sur le lecteur quelle plage me procure tant de sensations…un refrain qui prend aux tripes, une mélodie qui s'insinue à travers l'échine…Orden Ogan a failli m'avoir.

Clayman (07/10)

 

FaceBook Officiel

 

AFM Records / 2010

Tracklist (64:54 mn) 01. Rise and Ruin 02. Nobody Leaves 03. Goodbye 04. Easton Hope 05. Welcome Liberty 06. All These Dark Years 07. Nothing Remains 08. Requiem 09. We Are Pirates 10. The Black Heart 11. Of Downfall and Decline

Aeterna_Hystoria_-_Legends_of_AusphaalAeterna Hystoria, nous venant d'Aurillac, distribue son premier album retravaillé sous licence M&O Music après en avoir exposé les premiers riffs à 1000 exemplaires en novembre 2008. Premier constat, l'artwork a considérablement évolué et même s'il se révèle superbe, il m'a induit en erreur. Certes son côté épique n'est pas étranger dans la musique du groupe mais je m'attendais à quelque chose de plus consistant niveau agression. Bref, si belle soit l'illustration, je ne voyais pas Aeterna Hystoria comme cela.

Au vu du titre de l'album, il est aisé de savoir que nous allons pénétrer un concept héroico-épico-chevaleresque. Bien vu, Aeterna Hystoria , qui n'a de gothique que le nom et la police de caractères, déploit sa musique dans un mélange de rock/metal progressif fort chargé en éléments symphoniques, épiques. L'aventure grandiloquente prend forme. Passons sur la production qui ne rend pas tout à fait justice au travail du groupe et voyons plutôt ce qu'il en est question musique. Aeterna Hystoria s'en sort bien question technique, les musiciens savent gérer leurs instruments par contre les morceaux partent un peu trop rapidement dans un amoncellement de plan ou chaque instrument semble n'en faire qu'à sa tête au risque de se perdre et de désynchroniser mélodiquement les bonnes volontés du groupe.

A l'image de Lord of War, il est compliqué de percevoir le bien fondé des plans mis bout à bout, break calme qui débarque comme un cheveu sur la soupe sans transition en cassant complètement le rythme d'engagement puis hop on remet une accélération. Certes le prog n'est pas synonyme de simplicité dans les structures mais là désolé c'est un peu indigeste. C'est étonnant de se dire que chaque partie prise individuellement sont assez séduisantes mais que le montage de toutes ses idées donnent un peu le tournis. Seul le violon émerge au milieu de tout cela et conserve son aspect mélodique sans être cassé par le reste. Legends of Ausphaal tourne autour d'une vrai volonté de faire les choses bien dans un domaine pas si évident et que peu maîtrise comme il se doit mais je ne suis pas vraiment séduit par la formule. Il faut dire que dans les groupes français s'exerçant dans le domaine de l'épique sympho metal, seul Kerion a réussi à me convaincre.

Clayman (05/10)

 www.myspace.com/aeternahystoriaband

M&O Music / 2010

Tracklist (:)
1. Prologue – Legends of Ausphaal 2. Valdor's Plain 3. Hadrian's Thoughts 4. The Flight 5. Dream or Magic 6. Struggle for Love 7. Lord of War 8. Larnoch Valley : The Final Battle 9. Hadrian's Thoughts 10. Epilogue – A New Beginning