Olaf Lenk est inépuisable et insatiable. A l’allure d’un métronome, l’allemand déballe des albums sans temps mort, Ride The Sky étant le huitième album en dix ans d’existence. Même si Olaf s’est départi de son heavy mélodique des débuts pour rentrer dans une phase plus proche du hard rock, l’homme suit son bonhomme de chemin sans trop se mouiller.
Après la période Oliver Hartmann, l’épisode Mats Leven (sur Chained) voilà le second opus avec Rick Altzi (Thunderstone, Sandalinas) et comme un Yngwie Malmsteen en son temps, l’homme sait s’entourer question vocaliste. Le timbre de Rick s’accommode bien à la mouture plus hard rock de la musique actuelle du combo même si celui-ci manque un peu de puissance. Certains titres sont bien sûr plus intense que d’autres mais finalement la formule est toujours la même.
La reprise d’un standard de la musique classique est de nouveau au rendez-vous et une nouvelle fois Vivaldi est à l’honneur. Il n’y a strictement aucune surprise à relever, l’ensemble est carré, Olaf Lenk n’a plus rien à prouver, ses descentes de manches sont toujours impressionnantes et toujours inspirées du maître Malmsteen.
Rien ne vient enrayer le système lorsque l’on a affaire avec At Vance. Chaque album est permutable avec un autre, aucun morceau ne dépareillerait sur un autre opus que le sien.
Les fans ne demandent rien d’autre et certains bien plus renommés que ces allemands font de même dans un autre registre, prenez AC/DC. En même temps At Vance/Olaf Lenk dans son manque de prise de risque peut lasser et malgré la qualité de quasi l’ensemble de sa discographie, il faut avouer que l’homme tourne sérieusement en rond.
Clayman (06/10)
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AFM Records / 2009
Tracklist (48:22) 01. Ride The Sky 02. Torn – Burning Like Fire 03. Last In Line 04. Wishing Well 05. Salvation Day 06. Vivaldi, Summer 2nd Set 07. Power 08. You And I 09. End Of Days 10. Falling 11. Farewell
Disons le d’emblée et sans ambages, Amberian Dawn est une vaste fumisterie. L’effet aura été de courte durée, un album reprenant à son compte les prémices de Nightwish comme pour combler un vide. Une chanteuse lyrique ayant des capacités certaines mais au charisme inexistant (en première partie d’Epica), avec un bassiste à la tête de merlan frit un peu fou fou seul souvenir marquant du concert, une musique qui ne lésine pas sur une bonne dose de heavy en alternance avec des morceaux calmes sans envergure.
River of Tuoni aura fait couler quelques sanglots aux fans de l’époque béni du groupe de Tuomas Holopainen (désolé mais Amberian Dawn est indissociable de Nightwish) sans pour autant en avoir le talent. Le titre éponyme de ce premier opus était hyper dynamique et réjouissait tout auditeur à son entame. Depuis Amberian Dawn a pu faire circuler son nom et voici venir le second objet du délit qui aurait mieux fait de rester au chaud dans un placard.
The Clouds Of Northland Thunder n’a aucune identité et à peine un semblant d’âme.
Dans l’élan engrangé par son premier album, les finlandais ont décidé rapidement de se remettre à l’œuvre pour ne pas laisser retomber le soufflé encore tiède.
Le plus gros soucis une fois encore est cette linéarité du chant si exaspérante car il est évident que Heidi possède un talent bien supérieur auquel elle est relégué ici. A l’orée des premières vocalises et en à peine trois minutes, He Sleeps in a Grove a définitivement scellé le sort de la chanteuse et clui d’Incubus part la suite qui à grand renfort d’un heavy mélodique se noie dans les vocalises aigues qui accaparent toute l’attention de l’auditeur à force de masquer l’instrumentation. Le semblant d’intervention en chant clair masculin s’apparente à une resucée des interventions de Marco Hietala.
Les velléités de faire ressortir le penchant heavy mélodique du groupe est vite anéanti, les rythmiques sont basiques, les riffs d’une simplicité presque affligeante n’empêche par contre pas de faire ressortir de belles mélodies.
Les structures couplet/pont/refrain sont rééditées sans variations, la pose des éléments comme les solos sont systématiquement placés aux mêmes endroits, les orchestrations sont relativement discrètes et laissent le champ libre aux guitares. Le groupe ne se laisse pas envahir par un trop plein d’orchestrations pour cacher la misère attenante.
Pour cela, Amberian Dawn ne se cache pas et affiche clairement sa non originalité, mais faisons preuve de parcimonie, l’exécution est au poil, l’interprétation vocale est saisissante (même si celle-ci est apathique). Le tout est bien propret, bordé comme un lit au carré d’un troufion nouveau venu.
Un album sans une once de personnalité dont l’opportunisme donne des hauts le cœur et vient remplir le rayon déjà trop charger de ce genre de production. Je suis habituellement en phase avec les signatures de bon goût d’Ascendance Records, seuls Ebony Ark et Amberian Dawn font pâle figure dans les artistes du label.
Clayman (04/10)
www.amberiandawn.com
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Ascendance Records / 2009
Tracklist (47:10)
1. He Sleeps in a Grove 2. Incubus 3. Kokko – Eagle of Fire 4. Willow of Tears 5. Shallow Waters 6. Lost Soul 7. Sons of Seven Stars 8. Saga 9. Snowmaiden 10. Lionheart 11. Morning Star 12. Birth of the Harp
Peu se souviennent de Heed, groupe monté par deux anciens Lost Horizon dont le chanteur Daniel Heiman, avec son power metal / metal mélodique de tout premier plan, sortait un album, The Call, en 2006. Heed n’existe déjà plus et Manimal semble tout droit sorti de la cuisse de Heed.
Manimal est pourtant un tout jeune groupe originaire de la même contrée suédoise (ne pas confondre donc avec le groupe toulousain, musicalement bien différent). The Darkest Room est un album dynamique dans lequel il n’est pas possible de s’ennuyer même lors du plus lent et sombre "Spinegrinder" gorgé d’inspiration Dio-esque. Je vous avouerais que le heavy, power, speed a des difficultés désormais à me titiller là où cela fait du
bien. "Dreamers and Fools" est à l’image de ce heavy qui ne réveille en moi qu’une consternante lassitude, certes le morceau est speed maisvoilà ma bonne dame, rien d’autre que du rapide ennuyeux. Ca tabasse, le chanteur se la fait bien aigue, 3’34 du même acabit sans réel envergure comme il y
en a tant (aucun exemple à mettre en avant pour ménager les susceptibilités).
Il y a bien d’autres choses sur The Darkest Room et encore heureux sinon hop au pilori. Là où Manimal s’enorgueillit (les musiciens ne le savent pas) de me faire frétiller n’est clairement pas sur les deux derniers morceaux donc mais sur les sept précédents. Alors il faut l’avouer Manimal ne va pas révolutionner quoi que ce soit.
On extirpe une larme de Judas Priest, un peu d’Helloween, du Kamelot (le côté sombre), une pincée d’Evergrey (si, si) et puis en avant la machine sans oublier un peu de Stratovarius, allons-y gaiement. Manimal assène des coups de boutoir musicaux gorgés d’influences mais en saupoudrant son heavy de variation lui permettant de ne pas se contenter de copier les ténors du genre. Là où certains se contenteraient de nous faire sortir un "ouais c’est pas trop mal mais sans plus", Manimal réussit à conserver son intérêt, son entrain pour nous faire headbanguer sans vergogne. Dans le très connu et déjà écouté, il demeure certains pour garder la fougue des grands jours et vous faire régurgiter vos insanités au sujet de leur style, pour, avec des armes bien affûtées, une énergie débordante et un gros paquet de feeling vous filer la trique en un quart de seconde.
Clayman (08/10)
www.manimal.se
AFM Records / 2009
Tracklist (38:48) 01. Shadows 02. The Darkest Room 03. Living Dead 04. I Am 05. Ordinary Man 06. Human Nature 07. Spinegrinder 08. Dreamers And Fools 09. The Life We Lived