Des nouvelles toutes fraiches de Hypno5e la formation française de Metal expérimental, moderne, progressif et climatique (avec de nombreux références au cinéma dans les ambiances et les textes). Le groupe nous avait laissé en 2012 avec un époustouflant Acid Mist Tomorrow (notre chronique ici) qui faisait suite à un Ep Manuscrit Côté ms408 (2005) ainsi qu’un premier effort Des Deux l'une Est l'Autre (2007). Par le biais de sa page Facebook Officiel Hypno5e annonce la venue de son prochain album intitulé Shores of the Abstract Line prévu pour une sortie le 19 février 2016 via le label Pelagic Records. Ils en profitent pour nous révéler un titre « In Our Deaf Lands » par le biais d’une vidéo (en pied de l'article) via youtube et nous annoncent une série de concert (cf : affiche ci-jointe). Vous pouvez précommander l’album ici.
Faute de temps mais surtout du fait que j’ai réceptionné assez tardivement cet album, je me décide enfin à vous parler de Aq'ab'al, la dernière bombe Black Metal de Volahn. Initialement sorti en septembre 2014 au format cassette démo mais qui a été rééditée en janvier 2015 pour ce qui est des versions digitale, cassette boxed set, vinyle et cd digipack. C’est d’ailleurs Iron Bonehead Productions (site ici et facebook là) qui a édité les versions vinyle et cd digipack. Impossible de vous parler de Volahn sans vous parler de Crepúsculo Negro (the Black Twilight Circle) : un label mais aussi collectif artistique, de pensées, de musiciens et de groupes. Ce collectif a un fonctionnement qui à bien des égards fait penser au collectif français Les Légions Noires (The Black Legions ) qui regroupait des formations tels que Vlad Tepes, Mütiilation, Amaka Hahina, Belketre, Satanicum Tenebrae ou Torgeist.
Donc pour faire bref Volahn en plus d’être le pseudonyme de l’artiste Eduardo Ramírez qui est un des fondateurs de Crepúsculo Negro (the Black Twilight Circle), c’est aussi le nom d’une des formations participant à l’activité de ce collectif entamé en 2002. Comme je le disais un peu plus haut ce collectif américain regroupe une dizaine de formations actives dont Axeman (Black Death influencé par le Crust et le d-beat de groupes comme Amebix) ou Arizmenda (un Black Metal qui partage beaucoup de similarités avec Volahn mais je dirais dans une expression plus "Doom" et dépressive). J’en ai pris deux que j’apprécie particulièrement mais vous pouvez visiter via le bandcamp du collectif ici ou son site là le large éventail des productions qu’il regroupe et propose. Le tout dans une démarche très brute et indépendante car dois-je vous le rappeler, nous avons à faire ici à une démarche artistique totalement Black Metal inspirée par la seconde vague scandinave des 90s ou celle de la scène Black Metal hellène.
En fouinant un peu vous constaterez peut-être que Volahn, la chose de monsieur Eduardo Ramírez, a à son actif une multitude de split albums mais aussi un premier skeud Dimensiónes del trance kósmico (2008) et un album live Live Ritual (2010). Aq'ab'al est donc son deuxième opus longue durée et quelle œuvre ! En effet je suis particulièrement rentré en résonance avec le propos exposé par Volahn sur cet album ! Tout d’abords j’ai été très emballé sur la forme de l’œuvre. Du superbe artwork réalisé par Kallathon (qui a sa formation du même nom au sein de The BTC et qui fait partie du line-up live de Volahn) avec sa représentation d’art Maya au son de l’album qui a été enregistré au Black Twilight Studio par Eduardo Ramirez alors que les mixage et mastering ce sont déroulés au Solomon's Gate par Arthur Rizk. Pour mémoire on retrouve le travail de ce dernier sur l’album de Pissgrave que j'ai chroniqué il y a quelques mois (chronique ici) mais il a également travaillé avec bon nombre de formations comme Acualli (qui milite aussi au sein du collectif The BTC) ou Inquisition sur un de ses albums références l’excellentissime Obscure Verses for the Multiverse (2013).
Cette production sonore est vraiment spéciale et atypique pour le style pratiqué par Volahn : le Black Metal. Elle est étouffée mais très claire à la fois ce qui lui confère une couleur raw (comprendre brute et sans artifice technologique) bien plus proche des standards de la musique acide et psychédélique ou progressive des 70s que du Metal. C’est bien simple on dirait presque que l’on a à faire à une prise live ! De ce fait les personnes habituées aux sonorités du Metal actuel risquent d’être un peu décontenancées ! Mais voyez-vous c’est ce qui m’a énormément touché à l’écoute de la musique du groupe. Je ne sais pas trop comment l’expliquer mais une sobriété assortie d’une justesse en découle. Tout transpire la sincérité en fait chez Volahn et votre serviteur à soif de cette valeur dans le Metal, plus encore quand elle s’appuie sur une base Metal extrême comme c’est le cas ici.
Aq'ab'al poursuit donc le travail amorcé sur l’album Dimensiónes del trance kósmico (2008) et assoit la vision très stylisée de Volahn par un Black Metal racé aux contorsions Heavy metal, Pagan Folk et Psychédéliques. Pour ce faire il choisit la plupart du temps de s’exprimer via de longues compositions car hormis le ramassé et très intense « Halhi K'ohba » avoisinant les cinq minutes, tous les autres titres excèdent les huit minutes. La touche exotique et Pagan et très présente sur certains morceaux comme sur « Bonampak » avec ses flûtes et ses guitares acoustiques ou vers la fin de « Najtir Ichik ». A d’autres instants c’est le côté Psychédélique qui l’emporte avec des bruits et ambiances distillés par de légers claviers atmosphériques comme sur « Quetzalcoatl » ou des effets Loop à la pédale comme sur « Najtir Ichik » et « Halhi K'ohba ». On peut aussi à tout moment pendant l’album retrouver des effets bizarres d'echos ou de reverbe sur certains vocaux.
Eduardo Ramírez nous envoie à la face tout son génie de compositeur ainsi qu’une très grande technique et dextérité instrumentale digne des plus grands shreddeurs du petit monde du Metal ! Aq'ab'al c’est ça : une grande générosité en terme de musicalité et de vitesse d’exécution ! Le large panel des vocalises de Eduardo Ramírez tout comme la polyvalence des rythmiques et plus particulièrement celle de la batterie ou de la basse (cette dernière un peu plus discrète), sont aussi de gros points forts dans la musique de Volahn ! Et quand le tout est chanté entièrement en espagnole en narrant des concepts mystiques sur le chaos et les civilisations préhispaniques, cela rajoute encore plus d'exotisme de manière exacerbé à l’album !
Je vous recommande grandement le visionnage de ces vidéo pour capter les vibrations de la musique de Volahn en condition live ainsi que l’excellence de la prestation de chacun de ses musiciens composant le line-up live : lien youtube ici et un autre là.
Aq'ab'al est un énorme pavé de virtuosité, de mysticisme, de psychédélisme, de musicalité et de violente transcendance païenne jeté dans une marmite bouillonnante de Black Metal ! Une œuvre extrémiste qui confine au génie et à l’indépendance voire l’émancipation artistique ! Tout simplement le meilleur album dans la catégorie Black Metal d’après votre serviteur et qui vient se poser à la deuxième place de son Top album Metal 2015 ! Vous êtes prévenus que ceci est une œuvre d’exception !
Vous devez connaître à présent mon grand intérêt pour le Pagan Black Metal et plus généralement la musique Folk dans le Metal. Attention ! Je ne parle pas de trucs vaguement Metal extrême, Melodic Death, Heavy Metal ou Goth Doom Machin avec des trucs pouette pouette au format Pop ! Même si j’apprécie énormément Finntroll, qui lui reste toujours foufou et audacieux en cultivant avec abnégation (et tant mieux pour lui la réussite commerciale) le terme de Musique Folk populaire dans son Metal extrême grandiloquent. C’est à ma connaissance la seule exception car en effet je ne raffole pas de tous ses clones pourris. Non moi je parle de cet alliage de longues compositions Metal (ça peut être du Rock, du Death, du Thrash, du Black, du Doom, du postrock, du sludge ou même Heavy voire un mélange de tout ça, si si ça existe) et de musique Folk acoustique. Le tout ayant un rendu brut dans le son et avec une progressivité palpitante. Donc par pitié on oublie la majore partie des productions signées sur de gros labels et à l’appellation Folk Metal car ce dont je vais vous parler n’a rien à voir !
Je ne connaissais pas du tout Nechochwen, un duo originaire de Virginie-Occidentale et qui œuvre dans l’ombre depuis près de dix ans maintenant dans un Pagan Black Metal avec énormément d’instrumentations à la guitare classique et guitare folk. Cette formation est composée de Aaron Carey alias Nechochwen (flute, guitares, lalawas (sorte de crécelle) et chants) et de Andrew Della Cagna alias Floor Tom Pohonasin ( basse, batterie, percussions et chœurs) qui joue aussi dans Brimstone Coven un groupe de Stoner Doom (facebook ici et bandcamp là) . On les retrouve tous deux dans une formation Death Metal nommée Infirmary qui a réalisé pour l’instant qu’un split album Suffering for Eternity / Entrails of the Soul (2014) en compagnie de Aetherium Mors un groupe de Melodic Black Death Metal alternatif (split album en streaming ici).
Je ne peux que vous encourager à aller écouter via le bandcamp du groupe ses deux albums phénoménaux que sont Algonkian Mythos (2006) (en streaming ici) et Azimuths To The Otherworld (2008) (en streaming ici) ainsi que le EP Oto (2012) (en streaming ici). S’il y a des personnes qui apprécient réellement la guitare classique et Folk, ces trois albums sont pour vous car les passages où elles sont présentes sont nombreux quand elles ne le sont pas majoritairement sur le premier album par exemple ! En ce sens on peut dire que Nechochwen est plus un groupe de Folk amérindien / Bluegrass acoustique et Ambient qui s’aventure par moments en territoires Metal Extrême, Metal et Rock Prog ! Quand ses compositions s’électrisent le groupe rejoint des groupes de Pagan Black Metal tels que Panopticon (son compatriote pas très éloigné musicalement et géographiquement ma chronique ici), Saor, Downfall Of Nur (ma chronique ici) ou Winterfylleth.
Par l’intermédiaire de Bindrune Recordings (site ici et facebook là) Nechochwen a sorti en septembre dernier son troisième album Heart of Akamon. Et quel album ! On retrouve tous les ingrédients auxquels le duo nous avait habitués (je peux le dire vu que j’ai parcouru leur discographie à présent). On peut aisément se rendre compte à son écoute de la somme de travail qu’a dû représenter sa composition ainsi que sa réalisation et rien que ça, cela force le respect ! Les sessions d’enregistrements se sont déroulées sur une période de 2 ans entre juin 2013 et mars 2015 au Sacred Sound Recording un studio à Martin’s Ferry dans l’Ohio (site ici) par Andrew (Pohonasin) et Araon (Nechochwen) qui se sont occupés de mixé, le mastering restant à la seule chare de Andrew.
Le son est très bon à tous les niveaux ! Bon je l’aurais bien pris avec une batterie légèrement plus en reliefs mais bon je chipote car ça le fait quand même ! Une autre chose concerne l’artwork qui est tiré d’une fresque « Defeat of General Braddock » de Edwin Willard Deming (1860-1942) histoire nous mettre un peu plus encore dans l’ambiance de la thématique abordée par Nechochwen qui est centrée sur l'histoire amérindiennes des Appalaches. Il faut aussi ajouter que le logo du groupe est l’œuvre de Austin Lunn (Panopticon oui encore lui).
Comme je le disais un peu plus haut, la musique de Nechochwen brosse un paysage très vaste. Sa musique est tellement riche que comme pour Panopticon, ça devient vite fastidieux à décrire, je vais donc tirer des grandes lignes de Heart of Akamon. Je sais c’est peut-être trop long à lire pour certains gros fainéants mais croyez moi la musique de Nechochwen mérite que l’on fasse ce petit effort de lecture ! « The Serpent Tradition » ouvre le bal sur des explosions Pagan Black Metal très vindicatives avec énormément d’aérations à la guitare classique acoustique (avec un passage presque flamenco en milieux de titre) appuyée par des percussions tribales ainsi que des vocaux clairs accompagnés de chœurs. Un très beau panache en guise d’ouverture avec un superbe passage Thrashisant et Heavy Metal sur sa fin (mon dieu ces solos et leads de guitares sont sublimes) ! « The Impending Winter » est un court interlude instrumental et acoustique qui se poursuit au début de « Lost on the Trail of the Setting Sun » un titre fait dans le même bois que le premier morceau avec son ambiance de bataille. Une sublime composition s’en suit « October 6, 1813 » entièrement acoustique qui va directement empiéter sur les terres d’un Opeth avec ses chœurs et voix clairs. Un véritable enchantement !
Le superbe « Traversing the Shades of Death » navigue lui en son début entre Rock Progressif electro-acoustique et atmosphère Southern Folk pour mieux se muter en une montée sous tension Doom Death Metal versant sur des couleurs plus Black Metal à la fin. Vous en serez scié à la base ! Croyez moi ! « Skimota » est lui un titre électro-acoustique dans la veine de « October 6, 1813 » et qui fait donc lui aussi penser à Opeth mais avec une atmosphère très amérindienne en arrière plan. Toujours très progressif mais dans une veine Black Metal proche de ce que peut faire Enslaved : l’instrumental « Skyhook » débarque avec là encore un passage à la guitare classique de toutes beautés et une ambiance tribal. L’album se clôture sur une longue pièce progressive et Heavy en son début et chose surprenante, elle se développe en Funeral Doom ! J’ai énormément pensé à un groupe comme Tristitia avec ces leads guitares virtuoses et d’autres arpèges de guitare plus acoustiques et classiques. Bref un morceau ultra Doom !
Moi je dis chapeau ! Nechochwen nous a sorti avec ce Heart of Akamon un album ultra maitrisé techniquement avec une musicalité de malade ! Très audacieux dans leur démarche le duo brasse sans vergogne le Doom, le Heavy Metal, le Rock Prog, le Folk Rock, le Black Metal et j’en oublie certainement, avec force et caractère ! Vous l’aurez compris votre serviteur fut largement comblé par cet album et il ne lui a trouvé aucun défaut (bon à part ce son de batterie mais c’est largement éclipsé par tout le reste) !
Bindrune Recordings / 2015
Tracklist (43:45) : 01. The Serpent Tradition 02. The Impending Winter 03. Lost on the Trail of the Setting Sun 04. October 6, 1813 05. Traversing the Shades of Death 06. Skimota 07. Skyhook 08. Kiselamakong.