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Surge Assault – Lust & Misery

Je ne savais pas trop comment exprimer ce que j’ai ressenti à la première écoute de cet album d’une jeune formation italienne en activité depuis 2011 mais qui a déjà sorti un EP courant 2012 The First Division ( en écoute via bandcamp ici). En effet Lust & Misery prévu pour sortir ce 30 novembre par le biais du label italien Earthquake Terror Noise (site ici), m’a laissé un peu dubitatif au départ mais je vais y revenir. J’ai déjà eu l’occasion de parler de ce label et j’en avais d’ailleurs un bon souvenir puisque j’avais eu à chroniquer leurs sympathiques compatriotes de Sofisticator (ma chronique ici) qui pratiquaient un Thrash Metal à l’esprit moqueur mais très carré techniquement et qui empruntait souvent au Heavy Metal. Sachez que toutes les signatures du dit label partagent deux caractéristiques, la première est leur nationalité puisque elles sont toutes italiennes et la seconde est qu’elles prennent toutes (à l’exception d’une qui donne dans le Death / Grind) une couleur Thrash Metal et ses dérivés comme le Black Thrash. 

A l’évocation de ces deux termes que sont Black Thrash et Italie, n’importe qui côtoyant la scène Metal extrême depuis un certain temps aurait tendance à instinctivement penser à Necrodeath (dont j’ai fait la chronique de l’avant dernier album ici). Sauf que pour ce qui concerne Surge Assault et son premier album Lust & Misery, nous avons plus à faire à une formation qui prise souvent le mid tempo avec des parties au groove percutant rappelant fortement des formations comme Satyricon (période Now Diabolical mais Mr Brute Force me tire la manche en me criant « Fuel For Hatred » donc oui Volcano aussi) ou Carpathian Forest. Cet aspect Black’n’roll est flagrant sur la majeur partie de ses compositions. Je prendrais deux exemples assez représentatifs tels que « Every Single Human Faced The Sacrifice » ou « Stay Alone With Us ». Bon il y a quand même du blastbeat et des up tempos mais par touches dispersées au sein de ses compositions. Paradoxalement l’effet brûlot Thrash est moins prégnant que ce à quoi je pouvais m’attendre au départ et le groove s’impose ici en maître de cérémonie. Surge Assault prend il est vrai quelques chemins de traverses Thrashisants comme sur « Get Drunk & Destroy » qui par certains aspects, je pense à ces cœurs typiquement Hardcore, emprunte au Crossover Thrash ou « Anti Human Black Thrash » au titre plus qu’évocateur. 

J’ai beaucoup apprécié « Whoreship Me », « In Hell From Earth » ou « Infernal Riot »  qui ont une très bonne dynamique d’ensemble et alterne le groove du Black’n’roll avec des parties Black Thrash endiablées. J’ai même pensé à certains moments à nos français de Glorior Belli avec qui ils partagent ce sens du groove même si ces derniers intègrent des éléments Sludge et Southern à leur Black Metal, ce qui n’est pas encore le cas de Surge Assault. Si l’artwork est très conventionnel voire un peu fade (on a droit à un boule de meuf vêtue de cuir cartouchière et tout… va lutter contre les clichés après ça…), la production quant à elle est très bonne (remarque la meuf aussi… ahahah). Elle est l’œuvre du Elfo Studios (site ici et facebook ici). Ces studios ont vu bon nombre de formations Metal italiennes s’y rendre comme Adramelch (Oshyrya vous en parlait il y a peu ici), Antithesis, Forgotten Tomb ou Tragodia mais il y en a bien d’autres !

Quelques écoutes plus tard, je pense que Surge Assault sans être exceptionnel ou révolutionnaire, assure le coup pour un premier album. Ses points forts sont la production ainsi que leur groove qu’il distille à tous les instants. Ce dernier lui donnant des atours Black'n'roll s’avère être assez efficace et à certains moments de Lust & Misery on peut dire qu’il est même contagieux ! Je pense que ce jeune groupe a les bases pour arriver à surprendre. L’avenir nous le dira. Affaire à suivre donc.

FalculA (6,5/10)


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Earthquake Terror Noise / 2015 
Tracklist (39:43) : 01. Every Single Human Faced The Sacrifice 02. Get Drunk & Destroy 03. Straight To Misery 04. Whoreship Me 05. Heretic Curse  06. In Hell From Earth 07. Anti Human Black Thrash 08. Infernal Riot 09. Stay Alone With Us.

S’il est une formation française qui a bien le vent en poupe depuis une paire d’années il s’agit bien de Regarde Les Hommes Tomber ! Il faut dire qu’ils ont bien traumatisé leur monde en 2013 avec leur premier album éponyme (notre chronique ici par ymishima) qui distillait un crossover à l’alchimie parfaite de Black Metal, de Sludge et de Postcore. Pour ceux qui auraient loupé un épisode, la presse Metal et alternative s’était enthousiasmée à l’unisson à propos du premier album de nos nantais ! Ils avaient aussi bien marqué les esprits par deux faits majeurs l’un étant la présence au chant de Dagoth le frontman de Otargos (chronique du dernier album ici), le second étant la réussite de leurs prestations live en assurant des première parties d’acteurs de renommé comme Wolves in The Throne Room, Kickback ou Enslaved. 

Toujours embarqué sur le navire Les Acteurs de l'Ombre Productions, RLHT nous revient seulement deux ans après leur premier effort avec Exile en ayant pris soin au passage de se rappeler à notre bon souvenir par le biais d’un split album Sampler MMXIV en compagnie de The Great Old Ones, Paramnesia et Deuil dans le courant de l'année 2014. Je vous ai déjà brièvement parlé de RLHT et de Necroblaspheme (chronique du dernier album ici) dans ma chronique du premier album de Deluge (chronique ici). En effet les musiques des trois formations ont bons nombres de points communs, je rajouterais même les allemands de Downfall Of Gaia (chronique ici).

L’artwork est toujours superbe et réalisé par Fortifem (site ici). Quant aux thèmes des lyrics ils sont dans la droite lignée du premier album et narrent l’échec de l’homme dans sa quête de l’absolu. Ces derniers sont toujours l’œuvre de Hénoch, une personnalité extérieur au groupe qui officie en tant que guitariste au sein de A Subtle Understatement (Facebook ici). En revanche RLHT s’en ai remis à Mr Francis Caste et son Studio Sainte-Marthe et là je dis bingo ! Si vous prêtez attention un temps soit peu à mon blabla vous devez savoir que je respecte énormément le travail de Francis Caste, j’en parle d’ailleurs et vous renvoie à la chronique de Bellville que j’ai mis en lien plus haut. Bingo donc pour le son car le travail de l’équilibriste Mr Caste est une fois de plus remarquable ! Jouant avec habileté sur la saturation il donne une profondeur (mon dieu la basse / batterie sur « A Sheep Among the Wolves » est une pure merveille !) et un cachet brute aux compositions de RLHT. En gros pour mon plus grand plaisir de par ce son RLHT lâche les chiens et c’est très bien !

Je trouve que Exile a une couleur plus marquée Black Metal dans son ensemble. Il faut saluer d’ailleurs la prestation au chant du nouveau venu Thomas qui va dans ce sens et avait la lourde tâche de succéder à Dagoth. Il remplit l’espace laissé par les instruments avec classe et apporte sa pierre à l’édifice musical dressé par le reste du groupe. RLHT cultive le long labeur aux seins de ses compositions, il nous travaille en profondeur en maitrisant parfaitement l’art de la tension. C’est ce qui donne à toutes ses compositions une tournure dramatique. Un aspect certainement hérité des pères fondateurs que sont Cult Of Luna ou Neurosis. Comme eux il aime le postrock, ce qui explique les nombreux instants contemplatifs de relâchements ou de montées en puissances (il y en a sur tous les morceaux) mais un exemple frappant est l’interlude à mi-parcours de l’album « They Came… ».

Dans sa progressivité la musique évoque aussi le culte Deathspell Omega et attention RLHT sait se montrer bien brutal ! Il excelle même dans ce domaine que ce soit par le biais de percutants et rudes down tempos martelés avec précision et étayés par d'incisives guitares rythmiques ou que ce soit par le biais d’embardés et de blastbeats fulgurants. Quand les deux dynamiques alternent l’une avec l’autre, je peux vous dire que ça fait très mal et que sa bastonne sévère !  J’ai pour ma part adoré les complexes et complètes structures de  « A Sheep Among the Wolves », « …To Take Us »,  « Thou Shall Lie Down » et « The Incandescent March » (notamment le milieu de la compos très très DOom !) qui clôture ce fascinant et violent voyage ! 

Enfin j’ai énormément apprécié cet album car c’est une œuvre complète. Je dirais même qu’Exile surpasse le premier album. Il est plus ultime !  C’est certainement pourquoi avec le dernier Necroblaspheme, ils squattent mon lecteur depuis le mois de septembre ! Bref jetez vous sur Exile ! Vous ne le regretterez pas !

FalculA (8,5/10)


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Bandcamp Officiel où les deux album sont en streaming.


Les Acteurs de l'Ombre Productions / 2015
Tracklist (42:23) : 1. L'Exil 2. A Sheep Among the Wolves 3. Embrace the Flames 4. They Came… 5.    …to Take Us 6. Thou Shall Lie Down 7. The Incandescent March.

Thy Catafalque – Sgùrr

J’ai souvent tendance (encore dernièrement lors de ma chronique du dernier album de Perihelion) à citer Thy Catafalque un groupe hongrois que je suis attentivement maintenant depuis une bonne dizaine d’années et que je rapproche instinctivement de deux autres formations issue du Metal extrême, Folk et Avantgardistes, ayant émergé comme lui vers la fin des 90s : Solefald (voir ma chronique de kosmopolis Nrod & kosmopolis Sud) et Vintersorg. Dés les balbutiements de son projet le maitre à penser de Thy Catafalque le dénommé Tamás Kátai (programmation, chants, basse, guitares, claviers, samples), épaulé à cette époque par János Juhász et ce jusque en 2011 (guitare), a eu une vision très audacieuse et vagabonde de son Dark Metal qui empruntait autant au Black Metal Atmosphérique / Ambient d’un Summoning, au Metal Extrême, au Folk Metal, au Metal Industriel, à l’Electro ou au Rock progressif. Malgré une nette progression dans la production des opus engendrés par le duo, quiconque survolera les albums que sont Sublunary Tragedies (1999), Microcosmos (2001), Tűnő idő tárlat (2004), Róka hasa rádió (2008) ou Rengeteg (2011) (trois derniers albums en écoute ici et ) se rendra automatiquement compte de leur extrême singularité, de leur diversité mais aussi paradoxalement de leur filiation frappante !

En effet et le petit dernier Sgùrr sorti au mois d’octobre via Season Of Mist ne déroge pas à la règle ! Ses travaux d’écritures, d’enregistrements et de production se sont déroulés sur une longue période de 2012 à 2014. On ne sait pas grand-chose sur le processus d’enregistrement et de production mais on peut imaginer que Tamas Kátai s’est chargé de tout et on comprend aisément la difficulté de ce long et dur labeur. Cela a vraiment dû être compliqué à gérer surtout quand on constate l’excellence du résultat ! Cependant il a délégué un peu avec la participation des instrumentistes Dimitris Papageorgiou aux violons et Balázs Hermann à la contrebasse ainsi qu’au niveau du chant avec les présences de Zoltán Kónya (Balázs et Zoltán sont d’anciens acolytes de Tamás au sein du groupe de Thrash Death Metal Avant-gardiste et Atmosphérique hongrois Gire chaudement recommandé par votre serviteur, en streaming ici), de  la soprano Ágnes Sipos et pour les narrations de Viktória Varga.


Comme je le dis plus haut, Sgùrr qui est un terme provenant du gaélique écossais signifiant littéralement « au sommet d'une montagne », est dans la droite lignée de ses prédécesseurs. Il faut cependant souligner qu’il contient bien moins de parties chantées que sur le dernier album en date Rengeteg. Ce qui donne à cet album un aspect encore plus stellaire, contemplatif, éthéré et froid. D’autant que l’on peut aussi déceler l’emprise Rock Progressif et Psychédélique beaucoup plus présente que par le passé et cela renforce indubitablement cette impression de mise en orbite engendrée par ce mode de composition. Un bel exemple sur l’imposante transe Metal et Progressive de 15 minutes et des brouettes « Oldódó formák a halál titokzatos birodalmában » aux sonorités souvent très psychédéliques à la Hawkwind et où viennent se mêler touches Metal Extrême ou touches Folklorique. Sur « Élő lény » par exemple on n’est vraiment pas loin de l’emphase folk et progressive qu’un Amorphis pouvait avoir sur son album Elegy avec le côté rock’n’roll en moins.  

A d’autres moments le propos de Thy Catafalque se montre toujours très folklorique et acoustique à l’instar du second titre de l’album, le Pagan « Zugo, Pt1 » mais toujours dans un esprit très ouvert. Ce morceau tout comme les autres nombreux passages typés Folk distillent une énergie plus organique à Sgùrr lui faisant atteindre un équilibre quasi parfait !  L’instrumental  « A hajnal kék kapuja »  m’a quant à lui fait penser aux expérimentations que l’on peut retrouver sur le dernier EP Norrønasongen. Kosmopolis Nord de Solefald mais c’est aussi vrai à d’autres moments de Sgùrr. Thy Catafalque garde aussi un pied fermement ancré dans les territoires Metal Extrême, j’en veux pour preuve le très Black Metal « Jura » ainsi que « Sgùrr eilde mòr » avec son phrasé aux guitares très frontal rappelant les compositions de Rengeteg et là encore, éparpillées quelques réminiscences Black Metal.

Une nouvelle fois Thy Catafalque m’a conquis de A à Z. L’écoute de Sgùrr est une véritable contemplation où s’entremêle les climats, les époques, les genres et les atmosphères. Son amplitude est extrême ! A donner le vertige et à couper le souffle ! La nature est généreuse tout comme la musique Tamás Kátai ! Je m’incline !

FalculA (10/10)


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Season Of Mist / 2015
Tracklist (51:37) : 1. Zúgó 2. Alföldi kozmosz 3. Oldódó formák a halál titokzatos birodalmában 4.    A hajnal kék kapuja 5. Élő lény 6. Jura 7. Sgùrr eilde mòr 8. Keringő 9. Zúgó.