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Magrudergrind – II

Il y a quelques jours nous nous intéressions au Grindcore de Gadget (chronique ici) qui penche du côté Death Metal du mouvement, là nous allons nous attarder sur une autre partie non négligeable de ce mouvement qui penche elle du côté Crust Punk, Hardcore et Powerviolence avec les américains de Magrudergrind. Je connais un peu cette formation que j’ai découvert dans le sillage d’autre étiquetées Powerviolence comme Nasum ou Yacøpsæ. J’ai d’ailleurs acquis vers la fin des 2000s  Sixty Two Trax of Thrash 2002–2005 leur troisième album qui était une véritable ode à l’anarchie en un condensé de Punk Hardcore / Crust violent allant jusqu’à un Grindcore carré et bien maitrisé. Je n’ai pas trop suivi les autres sorties du groupe et je suis donc dans l’incapacité de vous en dire plus à ce sujet. Toujours est-t-il que Magrudergrind bénéficie d’une très grosse réputation au sein de la scène Grindcore / Powerviolence et qu’il a ouvert pour des formations renommées telles que : Exhumed, Despise You, Misery Index, Unholy Grave, Phobia ou Rotten Sound.

C’est le 12 février et sur l’omnipotent label Relapse Records (site ici) en matière de Grindcore  que II le sixième effort studio de Magrudergrind est sorti. II a été enregistré par Kurt Ballou (Converge, High on Fire, Torche) au God City Studios (site ici) et masterisé par Brad Boatright (Obituary, Nails). La production est très bonne et insiste sur le fait que Magrudergrind appréhende sa musique de manière plus posée et moins dispersée que par le passé. Il en devient par la même très efficace là où avant il avait tendance à un peu trop se disperser et a changer de genre d’un morceau à l’autre. Le tout reste cependant très bourrin et frontal ! Magrudergrind aime toujours à varier les plaisirs mais il le fait plus sereinement : sa mixture de Hardcore, de Punk, de Crust et de Grindcore en devient que plus digeste et efficace !

Dès son entame II enchaine en déchainant les soufflantes Powerviolence et autre bourre pifs Grindcore tels que « Imperium In Imperio », « The Opportunist » ou « Relentless Hatred ». Je me suis instantanément délecté et lové dans tout ce fracas et cette violence. Parfois Magrudergrind fait preuve d’une accroche Hadcore Punk toujours irrésistible et midtempo comme sur « Divine Dictation »,  « Sacrificial Hire » ou les superbes « War For Resources » et son riffing imparable qui s’enchaîne formidablement bien à « Black Banner » qui est un véritable hymne à l’insurrection.  L’album sur toute sa longueur se montre très homogène et ultra efficace. Les vocaux sont tous hurlés et on a plus trop de délire Death Grind au chant comme c’était le cas avant. Cela renforce indéniablement la part Hardcore et Punk Crust de sa musique.

Bref j’ai adoré cet album et je pense que comme pour le Gadget nous avons à faire ici à un des albums marquants de 2016 en termes de Grindcore. Magrudergrind a pris de l’âge et donc de l’expérience mais là où la bas blesse c’est qu’il se montre tout aussi volubile et violent que par le passé, la différence c’est qu’il capte bien mieux l’attention de l’auditeur et qu’il est plus lisible. Je pense que c’est un des atouts majeurs de ce dernier album des américains. Donc si vous aimez le Grindcore, le Punk ou le Crust et le Hardcore ultra bourrin, II est pour vous ! C’est une certitude ! 

FalculA 9/10


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Bandcamp officiel où II est en écoute intégrale


Relapse Records / 2016 
Tracklist (23:68) : 01 – Imperium In Imperio 02 – Divine Dictation 03 – The Opportunist 04 – Relentless Hatred 05 – Sacrificial Hire 06 – War For Resources 07 – Black Banner 08 – Hara-Kiri 09 – Stale Affairs 10 – Regressive Agenda 11 – Incarceration State 12 – Unit 731 13 – Icaro 14 – Husayni,Handschar 15 – Pharmacide.

Gadget – The Great Destroyer

On a appris jeudi 24 Février 2016, le décès d’un très grand du football. Johan Cruyff un fin technicien du ballon rond et immense athlète s’en est allé à l’âge de 68 ans, des suites d'un cancer du poumon. Saleté de crabe ! Triple Ballon d'Or, ce Néerlandais ancien joueur et entraîneur de l'Ajax Amsterdam et du FC Barcelone est reconnu de tous pour être l'inventeur du football moderne. On disait à l’époque et on le dit toujours, qu’il fut créateur d’un « football total ». Ne vous inquiétez pas, vous êtes bien sur la chronique du dernier album de Gadget et non dans les colonnes de l’équipe ! Votre serviteur souhaitait juste glisser un clin d’œil hommage à cette personnalité tout en faisant le rapprochement avec Gadget, cette formation suédoise qui à son avis est génitrice depuis presque vingt années maintenant d’un « Grindcore total ». 

Pourtant Gadget n’a pas été des plus bavard en termes de sorties puisque en près de 19 années d’existence, il n’a produit que 3 albums ainsi que divers split albums ou contributions à des compilations et s’est mis à effectuer des concerts assez tardivement de façon irrégulière. Comment expliquer dès lors sa grande popularité pour ne pas dire son statut de groupe culte aux seins des scènes Grindcore et Death Metal ? C’est simple, je l’explique par sa grande maitrise dans l’art de la composition qui fait mouche ! Et ce n’est certainement pas la récente sortie le 11 Mars chez Relapse Records de The Great Destroyer qui va inverser le cour des choses dans leur entreprise de destruction massive. Comme pour The Funeral March (2006) en écoute ici, The Great Destroyer a bénéficié d’un grand soin pour son superbe artwork qui est l’œuvre de Randy Ortiz (Damn The Design site ici). Un grand soin qu’on retrouve également dans l’élaboration sonore puisque c’est une fois de plus le batteur William Blackmon qui a enregistré, mixé et masterisé le tout dans son home studio The Overlook lors de plusieurs sessions entre janvier 2014 et juin 2015. On peut dire que rien n’a été laissé au hasard avec un mur de sons massifs où la basse et la batterie servent de solides fondations à une épaisse barricade de guitares tranchantes et grasses. 

Dès les premières secondes de « Enemies of Reason » c’est comme si nous étions pris dans un blinder géant et qu’on était secoué dans tous les sens jusqu’à ce que nos vertèbres se désolidarisent les unes des autres. Malgré cette grande violence, les frappes restent chirurgicales et rien n’est superflu chez Gadget ! Avec des morceaux comme  « Choice of a Lost Generation », « Känslan (Post Patch Anxiety) », « Forsaken », « Lack Of Humanity » ou « Pillars of Filth » Gadget allie toujours avec autant de maestria la sauvagerie du Grindcore avec la dextérité et la virtuosité du Death Metal. Une violence ultra maitrisée pour un Grindcore total ! C’est la force de persuasion qu’il a toujours eu sur ces efforts studio précédents. Le pire c’est que comme pour The Funeral March il use de ces guitares jouées de manière atmosphérique un peu partout dans toutes les compositions de l’album comme sur « Pillars of Filth », « Svart Hål », « Lost On A Straight Path », « Dedicationet » et son midtempo imparable. Tout l’album regorge de ces instants appuyés de violentes bourrasques de brutalités mais Gadget sait varier les plaisirs et cela aussi lui donne un bagou de malade : quelque chose de jouissif qui vous rend instantanément addict. Il ralentit parfois le tempo de manière notable sur plusieurs morceaux comme « The Great Destroyer » ou « In The Name Of Suffering » un titre qui m’a énormément rappelé le « Scottish Hell » de Dead Horse (un titre repris notamment par Entombed sur Uprising) lui donnant des couleurs presque Sludge. C’est également le cas sur le surprenant dernier morceau de l’album « I Don't Need You-Dead And Gone ». Une composition ultime et qui s’étale sur près de 5 minutes autant dire une éternité pour Gadget qui synthétise ici avec brio tous les éléments que j’ai décrit plus haut ! Il y a même une petite participation de notre cher Mark Barney Greenway de Napalm Death sur le très court « Violent Hours (For A Veiled Awakening) ».

Un album parfait pour moi et qui a entièrement comblé mes grandes attentes ! J’attendais depuis très longtemps cet album de Gadget et je suis heureux de constater qu’il égale toujours avec une grande facilité des formations notables dans le genre comme Napalm Death, Brutal Truth ou Nasum pratiquant comme lui ce « Grindcore Total » dont je palais en début de chronique. En effet il est capable d’assouvir les aficionados de Death Metal comme ceux de Grindcore ! Un retour plus que gagnant ! A suivre notre live report et interview du Netherlands Deathfest 2016 à paraître très prochainement !

FalculA (10/10)


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Relapse Records / 2016
Tracklist (26:29) : 01 Enemies Of Reason 02 Känslan 03 Pillars Of Filth 04 Choice Of A Lost Generation 05 From Graduation To Devastation 06 Dedication 07 Violent Hours (For A Veiled Awakening) 08 The 02666 Heritage 09 The Great Destroyer 10 Down And Out 11 In The Name Of Suffering 12 Lost On A Straight Path 13 Forsaken 14 Collapse  15 Lack Of Humanity 16 Svart Hål 17 I Don't Need You-Dead And Gone.

Oranssi Pazuzu – Varahtelija

Vous est-t-il déjà arrivé de vous demander si on ne s’était pas un peu fourvoyé dès le départ avec l’icône chère à nous autres les metalheads, je parle de Satan ? Un adage populaire veut que Jésus soit un hippie et bien moi après avoir découvert ce dernier album de Oranssi Pazuzu, j’ai eu une illumination. Satan est un hippie sous acide et Oranssi Pazuzu revient nous chanter ses louanges ! Gloire à eux ! Je me lâche : «  PUTAIN QUE C’EST BON ORANSSI PAZUZU EST ENFIN DE RETOUR PARMIS NOUS ! ». Voilà ça c’est fait ! Désolé mais vous devez commencer à me connaître maintenant, quand j’aime quelque chose, généralement je ne me sens plus pisser et arrose tout autour de moi. Gaffe à l’éclaboussure ! 

Il faut dire que je me doutais un peu que Oranssi Pazuzu risquait de nous sortir le grand jeu, ce dernier album étant très attendu de ma part, tout comme le sont les prochains Cobalt (à suivre de près la chronique de Mr Brute Force) et Withered (dont je vais certainement me charger). J’ai découvert cette formation finlandaise il y a un bon moment maintenant dans le courant de l’année 2009 avec leur premier album Muukalainen Puhuu (en écoute ici). Si vous suivez un peu mes chroniques j’ai parlé à de très nombreuses reprises de Oranssi Pazuzu, encore récemment ici et de plus longue date là. Je suis devenu dès lors un addict absolu du psychédélisme débridé, transcendantal et barré qui se situe à la convergence des courants du Black Metal, du Rock Psychédélique, du Doom Metal, de l’Electro, de l’Ambient et du Jazz. Un truc monstrueux, fou et en plus pas chiant. Pour comprendre un peu mieux les visées artistiques de Oranssi Pazuzu il faut remonter à sa fondation en 2007 qui est l’œuvre de Jun-His alias Juho Vanhanen (chants et guitares) plus connu pour avoir été un des acteurs du groupe finnois de Rock Psychédélique et surréaliste Kuolleet Intiaanit en activité de 2000 à 2007. Jun-His explique que Oranssi Pazuzu est comme l’expression de Kuolleet Intiaanit mais avec une approche Black Metal. Je vous encourage d’ailleurs fortement à découvrir ses deux autres productions que sont Kosmonument en écoute ici (2011) et Valonielu en écoute ici (2013).

Comme s’était le cas avec l’excellent Valonielu, Varahtelija sort en simultané sur les labels 20 Buck Spin (site ici) pour la version cd et Svart Records (site ici) pour les versions cd digipack et vinyles. Il est d’ailleurs disponible depuis le 26 Février. Par contre pour ce qui est de la production, Jun-His et ses acolytes Korjak (batterie), Moit (guitares), EviL (claviers et percussions) et Ontto (basse), ont décidé de changer de crémerie en passant par le Mankku-studio et Tonehaven Recording Studio s’adjoignant les services de Julius Mauranen et de Tom Brooke durant l’Eté 2015. Le résultat est un peu différent de ce qui avait été fait sur les précédents efforts à savoir une production plus net et toute en profondeurs avec toujours autant de subtilité ainsi que cette couleur 70s chère au groupe. Un travail vraiment remarquable en tous points !

Sur un peu plus d’une heure Oranssi Pazuzu nous attrape et nous emmène vers des contrées où règne transe et psychédélisme. On retrouve tous les éléments chers au groupe et ce dès les premières minutes de l’énormissime « Saturaatio » où l’on retrouve toute la subtilité et la profondeur du travail de  production que je mentionnais au dessus. J’ai adoré la propension de nos finlandais à aborder un peu partout sur cet album des tonalités beaucoup plus Doom Metal et Space Rock acides que par le passé. Bien évidement il est difficile de restreindre Oranssi Pazuzu à une seule étiquette et comme je le disais en préambule on retrouve ce mélange de Black Metal sur « Havuluu » le morceau le plus ostentatoire en la matière, des passages Rock Psychédélique et presque Doom Metal sur le très long « Vasemman Käden Hierarkia », des tournures Electro Ambient sur le surprenant « Valveavaruus » et une approche Jazz sur « Lahja » dont je vous encourage à regarder le sublime vidéo clip en pied de chronique. Les vocaux sont tous très dark et extrêmes même si on a le droit ici et là à quelques incartades de chants chuchotés et de voix spectrales. Tout est toujours chanté en finnois, il s’agit un peu de la trademark de Oranssi Pazuzu qui insuffle encore plus de ce groove très étrange comme on pouvait en déceler chez un autre groupe finlandais le regretté Ajattara.

Autant vous dire qu’une fois de plus malgré la complexité de sa musique Oranssi Pazuzu rend son dernier effort ultime. Pour moi sans conteste possible une pièce majeure du Metal extrême contemporain. Le reste de l’équipe de Metalchronique.fr va encore  me souffler dans les bronches mais tant pis je sors le 10 car pour moi il s’agit d’un album parfait. De part son extrémisme musical et son aspect multi facettes  il rejoint sans complexe les dernières productions de Abyssal, Volahn, Leviathan ou Gnaw Theire Tongues / Cloak Of Altering que j’ai tant appréciées et auxquelles j’ai déjà appliqué le barème. A vous de voir !

FalculA (10/10)


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Svart Records – 20 Buck Spin / 2016
Tracklist (69:13) : 01. Saturaatio 02. Lahja 03. Värähtelijä 04. Hypnotisoitu Viharukous 05. Vasemman Käden Hierarkia 06. Havuluu 07. Valveavaruus.