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S’il existe une formation française qu’on ne présente plus à présent et m’ayant marqué plus que de raison ces dix dernières années, il s’agit bien des montpelliérains de Hypno5e. Je ne suis pas le seul à avoir succombé aux vues de la chronique de Acid Mist Tomorrow par Clayman dans nos colonnes. Une chronique que je partage entièrement ! Il faut dire que cette créature sonore a pris énormément d’aplombs et de caractères au file des années. C’est une sorte d’hydre à plusieurs têtes brassant Metal expérimental barré ou progressif,  musiques d’Amériques latines et approches cinématographiques,  le tout ayant pris racines aux débuts des années 2000 dans l’esprit fécond de Emmanuel Jessua (Chant, Guitare). Je pense que Hypno5e a à présent une stature internationale indiscutable, fort de 13 années d’existence, de 3 tournées américaines (en support de Gojira et The Dillinger Escape Plan), de plus de 300 concerts ainsi que de trois albums remarquables, il marche sereinement sur les traces et la reconnaissance  d’une formation comme Gojira ! C’est en tout cas ce que je leurs souhaite !

Tout n’a pourtant pas été simple pour Emmanuel et ses compagnons Gredin (Basse), Jonathan Maurois (Guitare), Théo Begue (Batterie) puisque qu’Hypno5e a dû surmonter depuis sa création une somme monumental d’obstacles et d’épreuves. En plus de la complexité de sa musique très audacieuse qui peut paraître à certains hermétique (mais c’est à mon sens nullement le cas) ainsi que le fait que cette musique aux contrastes violents ne fait aucune concession, ils ont décidé de tout gérer (et je dis bien TOUT) par eux-mêmes. Une démarche chargée d’abnégation et qui force le respect par les temps qui courent… 

Hypno5e nous revient donc quatre ans après Acid Mist Tomorrow avec ce tant attendu nouvel opus Shores Of The Abstract Light disponible depuis le 19 Fevrier 2016  via Pelagic Records (Mono, The Ocean, The Old Wind, etc …). Il a été maintes fois repoussé en raison de tous un tas de galères comme la perte intégrale du premier enregistrement,  je vous rappelle que cette formation fonctionne en autogestion et cela ne va pas sans désagréments. Un album accouché dans la douleur donc et c’est peut être ce qui le rend encore plus séduisant voire ultime comme nous allons le voir.  On retrouve tous les éléments qui caractérisent sa musique comme cette production très ample, au spectre large et organique. Je trouve même celle-ci plus chaleureuse que par le passé ! J’ai adoré ! Toutes les facettes de la versatile et complexe musique de Hypno5e sont traitées avec subtilité et justesse. Les arrangements sont toujours aussi impressionnants et c’est un des nombreux points fort de Hypno5e depuis ces débuts. Nos gaillards sont toujours aussi à l’aise et parviennent à conforter l’auditeur dans ce vortex de violentes contorsions épileptiques aux riffs et polyrythmies saccadés contrastant avec les atmosphères climatiques, acoustiques et progressives plus chaleureuses et contemplatives. Les complexes et évolutives compositions contenues dans les deux premiers mouvements de l’album  « East Shore – Landscape in the Mist », « East Shore – In Our Deaf Lands », « West Shore – Where We Lost the Ones » et « West Shore – Memories » sont éloquentes dans ce domaine et auraient très bien pu figurer sur l’album précédent mais attention car tout est plus « efficace » et bien mieux mis en valeurs.

Sur un titre court et très émouvant « Central Shore – Tio » chanté en espagnole et majoritairement acoustique, Hypno5e fait preuve d’une force de persuasion rare et ultime. J’ai adoré la mélancolique avec des cris de désespoirs déchirant la plénitude de ce morceau.  C’est comme les titres « North Shore – The Abstract Line » et « North Shore – Sea Made of Crosses » des compositions là encore assez courtes et qui rappellent Gehenne II et III mais avec encore plus d’amplitude et toujours un accroche plus efficace que par le passé ! L’album se termine sur une très longue composition d’une quinzaine de minutes qui est dans la pure tradition de Hypno5e, une bien belle manière de clôturer l’album !

J’ai aussi remarqué un domaine où le groupe fait preuve d’une plus grande diversité là où il était un tantinet plus restreint par le passé, il s’agit des vocaux extrêmes. En effet ils sont moins linéaires qu’ils pouvaient l’être sur Acid Mist Tomorrow et à de nombreux passages sont plus graves en délaissant un peu l’aspect nasillard qui pouvait avoir tendance à lasser un peu sur la longueur au par avant. Pour ce qui est des vocaux clairs c’est une nouvelle fois du grand art et il y a de grandes chances pour que vous y succombiez ! Quant aux séquences narratives et autres samples de dialogues de films, ils sont tout bonnement géniaux et occupent une part telle au sein de l’album qu’ils sont employés pareils à du chant ou à un autre instrument ! C’est un élément primordial et un pur délice !

Bref Hypno5e se surpasse à tous les niveaux et excelle dans tous les domaines de sa musique. Malgré les obstacles qu’il a dû surmonter, on peut dire sereinement que Shores Of The  Abstract Light ne soufre d’aucun défaut ! C’est une œuvre imparable d’un Metal moderne, intense et évolutif qui vient rejoindre les productions de formations telles que Gojira a pu en fournir par le passé ou comme Eryn Non Dae. (chronique ici), Grorr (chronique ici) ou S.U.P. ont su nous gratifier ! Je vais même jusqu'à dire que Hypno5e me rappelle la démarche qu'un Ange avait dans les 70s, vous allez me dire que j'y vais fort mais moi je maintiens ! Hypno5e nous pond des chefs d’œuvres en cultivant l’art de l’évasion toujours avec omniscience et grande philosophie ! J’ai aimé le fond et la forme du travail accompli. Je vous encourage grandement à découvrir et supporter ce groupe si vous ne les connaissez pas déjà. 

FalculA (9/10)

 
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Pelagic Records / 2016 
Tracklist (61:43) :  I. East Shore – Lanscape in the mist II. East Shore – In Our deaf lands III. West Shore – Where we lost the ones IV. West Shore – memories V. Central Shore – Tio VI. North Shore – The Abstract Line VII. North Shore – Sea made of crosses VIII. South Shore – Blind Man's Eye.

Altarage – NIHL

L’été dernier je n’ai eu de cesse de rabattre les oreilles du chaland Metalhead en manque de sensations fortes passant devant mon estanco qu’il devait à tout prix accorder de l’attention à la musique de Abyssal (ma chronique ici). J’expliquais alors à quel point la musique de cette obscure et anonyme formation anglaise était magistrale en tous points. Je n’ai pas pu m’empêcher de penser à Abyssal en écoutant pour la première fois cet album de Altarage le bien nommé NIHL. Je n’ai d’ailleurs pas pensé qu’aux anglais puisque on pourrait aussi bien rapprocher Altarage de Portal, d’Ulcerate (chronique ici), d’Ævangelist (en chronique ici) ou d’Adversarial (en chronique là). Selon moi le fleuron de la scène indépendante  Black Death Metal. Il faut dire qu’on ne sait que très peu de choses à propos de Altarage, par exemple qu’ils sont espagnoles de la région de Bilbao et qu’il se pourrait bien que l’on retrouve en son sein des musiciens chevronnés de la scène Black Death Metal indépendante (j’ai entendu parler de formations espagnoles comme Teitanblood ou Proclamation mais ceci n’est que supputation et rien d’officiel n’a filtré). Toujours est-il que près d’un an après avoir sorti une démo 2 titres (2 morceaux qu’on retrouve d’ailleurs sur NIHL) de manière indépendante, Altarage nous revient par l’intermédiaire Doomentia Records un label Tchèque ainsi que du très actif label allemand Iron Bonehead Productions. Ce premier effort est disponible depuis le 26 Février.

Comme je vous le disais Altarge garde un voile bien opaque autour de lui et de sa première réalisation. On ne sait donc quasiment rien à propos du travail de production de l’album ainsi que du magnifique artwork très travaillé l’illustrant. Je dois donc composer avec mon ressenti et pour en avoir parlé avec un observateur assidu de la scène Black Death internationale en qui j’ai une confiance absolue (mais ceci est une autre histoire et je vous parlerai de cette personne plus longuement très bientôt), je peux vous dire que la masse de labeur pour arriver au résultat sonore de NIHL est tout simplement énorme. Ca en devient classe à un point que c’est réellement bluffant ! En effet Altarge a tout réalisé avec juste l’aide de sa caboche et de ses petites mimines lui ! Il n’est pas allé chialer à droite et à gauche avec la morve au nez en s’accrochant aux falzars des passants : « la charité s’il vous plait ! C’est pour un artiste ex enfant de cœur ! Je veux réaliser mon album en crowdfundant mes fans sinon je boude ! ». Non, Altarage lui a de la tenue, de la décence ! Il fait avec les moyens du bord et après on juge ! Le verdict en ce qui me concerne et j’achète 1000 fois car ils sont arrivé à donner à la mêlasse technique et tranchante de leurs composition  une texture sonore boueuse, organique et spectral à la fois. Putain ce que j’ai aimé le son et notamment les basses très travaillées ! 

Au programme nous avons droit à près de 40 minutes pour 8 assauts d’un Death Metal enrobé d’une aura Black Metal très technique, barré et bien sombre. Malgré des compositions ramassées qui tournent autour de 4 à 5 minutes, Altarage déploie tout un arsenal d’armes de destruction massive comme des riffs acérés, du blastbeat en veux-tu en voilà, des tournures où les guitares se font dissonantes, modernes ou atmosphériques ainsi que des vocaux aux cris décharnés ni réellement dans la tradition Death Metal ni dans celle du Black Metal mais rappelant méchamment les vociférations spectrales de The Curator le frontman de Portal. Dès les premières mesures de « Drevicet » Altarage nous en met plein la gueule mais de manière intelligente et par à-coups en ménageant bien son affaire. En plus de donner une aura Black Metal à ses compositions Death Metal bien bourrin comme sur « Altars » il n’hésite pas à injecter le poison bien sophistiqué d’un Ulcerate lui donnant des couleurs froides futuristes en un mot modernes. Pour ce faire il multiplie les dissonances et polyrythmies à la batterie quand il ne part pas sur des downtempo ce qui le fait un peu se rapprocher de Abyssal comme sur «  Baptism Nihl » et la fin de « Batherex ». Un autre chose assez surprenante est qu’il use d’effets larsens qui sont proche du Drone comme sur le début de « Graehence » par exemple. 

NIHL est un album d’art noir à l’instar de la couleur de son artwork. Une créature sonore sournoise et complexe mais très séduisante ! Le Metal extrême dans ce qui a de plus violent, hypnotique, complexe et profond. C’est exactement le genre de musique qui se situe dans mon terrain de jeux favori … mon pré carré quoi ! A ne louper sous aucun prétexte surtout si vous n’êtes pas effrayé par les formations comme Portal, Ulcerate, Ævangelist ou Adversarial !

FalculA (8/10)


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Doomentia Records – Iron Bonehead Productions / 2016 
Tarcklist (36:04) : 01. Drevicet 02. Womborous 03. Graehence 04. Baptism Nihl 05. Vortex Pyramid 06. Batherex 07. Altars 08. Cultus.

Pour ceux qui ont connu la rubrique « Black, Death, Doom et ses amis » qui paraissait à l’époque dans Hard Rock magazine, la musique de THE PETE FLESH DEATHTRIP est un peu à l’effigie de tout le Metal extrême typique des 90s qui y était exposé chaque mois. Il s’agit du projet du baroudeur suédois Peter "Pete Flesh" Karlsson (ex-Deceiver, ex-Embryo, ex-Thrown, ex-Flesh, ex-Harmony, ex-Torment, ex-Maze of Torment, ex-The Mortician Dead) qui a sorti son premier album Mortui Vivos Docent en 2013 chez Pulverised Records ( album entier en écoute ici). La formation nous dévoile via Youtube une vidéo de "The Sun Will Fail" extrait de son prochain album Svartnad à paraître chez Critical Mass Recordings (site ici et facbook là) le 16 mai prochain. Affaire à suivre car selon les dires de FalculA, Pete est un artiste doué et un formidable défenseur de cette cause Black Death Doom Metal 90s.

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