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hangman's chair

Autant le dire d'entrée de jeux, cet album fait d'ores et déjà partie de mes coups de coeur 2015, voir de ces 5 dernières années.

Hangman's Chair a fait de la dépression, de la misère humaine et de la crasse les sources d'inspiration centrales de leur musique. Mais ils sont surtout parvenus à les utiliser avec justesse, sans surjouer et sans jamais tomber dans les travers mièvres et/ ou excessifs qui auraient rapidement donné à leur musique des relents terriblement chiqués, convenus et déjà entendus. Ce qui fait la force de ce combo parisien, c'est le sincérité du propos combinée à une musique caractérisée par la lenteur, la noirceur  et la non compromission.

Les plaques précédentes ( dont le joyeux Hope? Dope? Rope?) utilisait déjà les ingrédients qui ont donné au groupe ses lettres de noblesse aux oreilles des amateurs du genre. Ce nouveau brûlot, intitulé « This is not supposed to be postive » (les connaisseurs apprécieront certainement toute l'ironie contenue dans ce titre) démontre que Hangman's Chair continue à peaufiner son art et à tailler dans la matière brute pour en retirer de nouvelles nuances et de nouvelles subtilités. Au travers d'une écoute plus attentive  on découvre un travail sur l'équilibre dans les morceaux-même, mais aussi au travers de tout l'album.  La présence d'interludes et de passages instrumentaux, l'alternance entre les coups de guitares/massues et les passages tantôt aériens, tantôt plus rythmiques, sont autant de preuves de leur intelligence musicale.  
Et puis il y a la voix de  Cédric Toufouti…. car la qualité de cet album réside aussi dans l'étendue de son talent au chant, et du talent il en a. Il se prête à un véritable exercice de style tout au long des 50 minutes que dure le voyage.
Mais ce qui marque surtout dans « This is not supposed to be postive », ce sont les différentes écoutes qu'il est possible de faire de l'album. Il y a du refrain accrocheur, de la rugausité distillée, de la finesse dans la rythmique. Cette plaque est réellement un petit bijou qui après 15 écoutes successives parvient toujours à s'apprécier. Car au-delà de l'équilibre finement installée, c'est aussi l'intelligence des arrangements qui donne à cet album une patte aussi marquée. Si cette caractéristique tenait déjà sur l'album précédent, la cuvée 2015 que nous propose Hangman's Chair démontre, à ceux qui en doutaient encore, que leur musique est tout sauf une affaire de bourrins rugueux 

Il y a une âme dans la musique de cette équipe parisienne, et les arrangements qu'ils proposent en sont la preuve. Ils sont particulièrement bien mis en valeur par la production qui est, selon moi, parfaite. Elle met bien en avant la section rythmique qui permet quand même de donner à la musique du groupe un relief tout particulier. Les grattes sont grosses, sâles et elle porte la voix pour aboutir à une cohérence assez impressionnante.

Néanmoins, je ne serais pas étonné que les fans de la première heure soient un peu déçus de ce « This is not supposed to be postive ». Peut-être un peu moins dur, peut-être un peu moins « à vif » que ces prédécesseurs. peut-être dans une veine plus nostalgique (dans la voix), mais c'est terriblement bien réalisé. On est en présence d'un groupe qui ose, et qui le fait avec talent. Je vais même me permettre une comparaison que je laisserai à l'appréciation de chacun, mais cet album me fait penser à ce qu'un groupe comme Alice in Chains aurait pu pondre durant les années 90 s'il était resté intéressant après la mort de Layne Staley. En plus dure, en plus radicale et tranché, certainement, mais en tout aussi sombre et bandant qu'un Dirt.

Hangman's Chair vient de pondre, selon moi, ce que la France à fait de mieux depuis de nombreuses années. Décomplexé, juste, talentueux…. j'avais prévenu que je risquais d'être difficilement objectif, mais cette plaque mérite largement mieux qu'une description méthodique d'une succession de morceaux. 

Mange-la toi en te laissant l'opportunité de pouvoir hocher de la tête à ton aise. Mange là toi au casque, dans ta caisse, mais mange là toi!!! 

Kadaf (09/10)

www.facebook.com/hangmanschair/

Tracklist (50 minutes): Dripping low, Cut up Kids, Requiem, Your Stone, Save Yourself, Les enfants des monstres pleurent leur désespoir, Flashback, No one says goodbye like me, Dope Sick love, Rouge pour le sang bleu pour la grace.

 

 

Sans jamais chercherfail to feel safe à devenir "the next big thing", Enabler s'est quand même taillé une place de choix dans les playlist d'amateurs de violence crasseuse. Car c'est avant tout de cela qu'il s'agit quand on parle de ce trio. Avec son second album, l'essentiel All hail the void, le groupe s'est fait remarqué en 2012 en proposant une musique violente, tranchante, directe, dissonante et sans concession. Au carrefour du métal (pour les sonorité et les mélodies), du punk (pour l'intention), du hardcore (pour la violence et la voix et un petit côté groovy); Enabler pouvait théoriquement foutre tout le monde à l'amende. Au terme de l'écoute de cet album on avait une telle sensation de richesse, de cohérence et d'intensité, que le groupe ne pouvait pas laisser indifférent. L'éternel problème quand on provoque ce genre de bonheur violent chez ses auditeurs, c'est de reproduire l'orgasme auditif sur les galettes qui suivent…

En 2014, La fin absolue du monde initiait selon moi, une légère évolution du groupe. Le trio du Wisconsin naviguait toujours au croisement des mêmes influences mais avec une légère tendance à rendre le propos plus facilement accessible. Un bon album, certes, mais affaire à suivre…. En 2015, c'est l'année de tout les risques pour Enabler. Un changement de label (Century Media ayant flairé la bonne affaire), et un changement de line-up puisque la bassiste, Amanda Daniels, et compagne du frontman Andy Hurley quitte le groupe. Sans rentrer dans les détails sordides, et en évitant prudemment de porter le moindre jugement dans un sens ou l'autre, il est important de savoir qu'à l'heure de la sortie du nouvel album du groupe, ce dernier est en hiatus. Je vous laisse le soin de vous renseigner personnellement sur les raisons qui entourent cette décision. On retrouve dans cette nouvelle plaque les éléments qui font la force d'Enabler: l'efficacité des riffs, une section rythmique qui bucheronne à la canadienne, des gimmicks de voix qui font mouche et une utilisation spécifique des effets sur les grattes qui donnent à leurs albums une touche reconnaissable. Dès le premier morceau, Suffer to survive donne le ton: une intro qui ressemble à déclaration de guerre et une entrée immédiate dans la matière: c'est rapide et à nouveau limite groovy. Ca donne irrémédiablement envie de remuer du cul avec l'expression d'une teigne sur la tronche. Le morceau Fail to feel safe fait encore moins dans la dentelle. C'est rapide, c'est méchant. Et puis arrive déjà le premier signe de la touche "Century Media" (ou pas): après un break plus aéré, la fin du morceau se conclu sur une envolée ou voix gueulées et voix claires se mélangent.

En soi, rien de bien grave, c'est même assez finement amené en fait. By Demons Denied poursuit, toujours dans la plus pure tradition de distribution de mains dans la tronche. Les riffs sont bien foutus, Hurley est en forme et parsème méthodiquement des couches d'effet mélodiques pour rendre le tout encore plus intense. A nouveau, le morceau se termine par un mélange voix claires/ voix gueulées… la limite n'est toujours pas franchie selon moi. L'entame d'Euphoric revenge est lourde et abrasive. Cela permet clairement de ne pas être écœuré par la succession de riffs rapides et donne une bonne "respiration" (si respirer du kérosène s'apparente à une respiration). Le morceau tabasse de bout en bout. Isolation sickness, commence comme un morceau de metalcore un peu facile. La rythmique du riff centrale est moins typique de ce à quoi Enabler nous habitue. Un nouveau passage mélodique ponctué de voix claires s'intercalent. Moins réussi que ses prédécesseurs. De manière générale, ce n'est pas le morceau le plus inspiré. Sinister Drifter et Sail the sea of fire s'inscrivent dans cette nouvelle tendance qu'à Enabler à rendre ses riffs plus accessibles. Cette tendance initiée sur l'album précédent me gâche un peu mon plaisir. Entendons nous, c'est bien fait, c'est burnés, mais on sent trop qu'on tente d'accrocher l'oreille. Et comme pour me donner tort, haunted arrive avec une odeur qui sent bon All hail the Void. Couleur, vélocité, alternance de rapidité et de lourdeur, tout y est. Sauf qu'il est foutrement court…..Drownage continue la progression de l'album dans la même veine que le morceau précédent. Les gimmiks de grattes sont sympas, pas trop présents. Le morceau est bien équilibré, entre le groove, le méchant, le tout dans un esprit qui va droit au but. Demolition Praise est direct, pas très original, mais tellement direct et court qu'il passe comme un trou normand avant la dernière ligne droite de l'album.

Et au moment où on se dit que les chevaux sont lancés et que ça va tabasser à mort…. Enabler se mange méchamment le tapis. Le cas de Malady, c'est un peu l'histoire du gars à qui tu veux dire "ca sent l'oignon ton bazar". Dès le début, on sent que ça va partir vers de l'émotion pure jus et même si Hurley tente de donner le change sur une mélodie de grattes franchement facile, l'arrivée du refrain me fait penser à une mauvaise blague, résultat d'une soirée biture avec le chanteur de Bring me the horizon (pour vous dire…). Ce truc a été fait pour permettre au groupe de passer en radio, c'est certain. Dommage. La Furia, avant dernier morceau de l'album, ne fait pas dans la grandiloquence ni l'originalité. On n'a de nouveau un morceau servi un peu trop facilement et ça commence à faire chier. Pour clôturer ce cinquième album, Sabotage Within commence par une intro qui laisse pas mal de possibilités, et pourtant….. cela se poursuit et se termine sur un morceau lent pas trop original non plus. Au terme de l'écoute, on en sort avec une bonne moitié d'album qui vaut clairement la peine d'être écoutée et qui donne envie de remuer dans tous les sens. La seconde moitié des morceaux s'inscrit dans la continuité des premiers signes détectés sur l'album précédant. L'arrivée des voix claires passent dans un premier temps mais deviennent trop répétitives. Dans le cas de Malady, j'ai l'impression d'entendre un morceau de cette vilaine période où Architects foutait de la voix claire partout et donnait envie de leur faire mal avec des objets diverses.

Au final, on se retrouve avec un album en demi-teinte. Je suis peut-être un peu sévère, mais quand on est capable de pondre des boucheries frolant le perfect combo, le mauvais goût (et il y en a parfois dans cet album) n'est pas réellement pardonnable. Enabler reste un groupe avec une patte et une sonorité, mais il faudra selon moi, abandonner les voix claires et autres gérémiades et éviter ce genre d'aventures qui se révèlent réellement facheuse.  

Kadaf (6,5/10)

enablerband.com

Century Media Records / 2015
Tracklist (42 min.) : 1. Suffer to survive 2. Fail to feel safe 3. By demons denied 4. Euphoric Revenge 5. Isolation sickness 6. Sinister Drifter 7. Sail the sea of fire 8. Haunted 9. Drownage 10. Demolition praise 11. Malady 12.La Furia 13. Sabotage within

 

The Faceless – Autotheism

The Faceless ou le cas d’un groupe qui dès son premier album (Alkedama, 2006) créé l’évènement et l’enthousiasme. Un death metal brutal, technique avec de grosses influences progressives. Ce qui étonne le plus sur cette première galette, c’est la maturité des compositions. A la sortie de l’album le leader, Michael Keene « Machine », n’a que 20 ans et semble mettre tout le monde d’accord. Les photos d’époque nous révèlent des bouilles de gamins à peine sortis de l’adolescence mais qui une fois munis de leurs instruments dépotent sévèrement ! Deux ans plus tard, Planet Duality sort et confirme tout le bien que l’on pense du groupe. Plus progressif, encore plus fouillé, un synthé plus présent et les mecs multiplient les dates avec Meshuggah, Decapitated, Nile pour ne citer qu’eux. On a vu pire….

Et puis 2012 un troisième album nommé Autotheism débarque avec un line up complètement refondé. Mis à part le guitar hero de leader et le batteur, tout le line-up de l’album précédent à été remercié. Alors si je m’attarde autant sur l’histoire de The Faceless et sur son line up, c’est surtout pour savoir si ce changement de personnel est la cause ou la conséquence du contenu d’Autotheism… car si on est toujours bien dans le death bien technique avec de gros passages bien méchants, l’aspect progressif à pris une forme et une ampleur un peu inattendue: des voix claires dans beaucoup de morceaux, du clavier par paquet de 12, beaucoup plus de passages plus lents et on a même droit à des sonorités de saxophone sur « Autotheism Mouvement III : Deconsecrate »… 

Sans être un mauvais album, ce troisième effort n’en est pas moins déconcertant. Rien que le morceau d’entrée fait plus penser à Opeth qu’à Cannibal Corpses auxquels ils étaient comparés à leur début. Si un groupe comme BetweenThe Buried And Me a toujours cultivé cette marque de fabrique, les mecs ont surtout défini une identité propre à leur musique qu’ils ont cultivé sur l’ensemble de leurs albums. 

En résumé, quelle que soit la raison qui a amené Michael Keene et sa bande vers ses contrées expérimentales, elle risque de perturber les fans des deux premières galettes. Disons qu’on ne se plonge pas dans cet album pour les mêmes raisons qu’on se plongeait dans Alkedama ou Planet Duality. Comme les deux précédents, cet album semble être le résultat d’une inspiration qui pousse Michael Keene à dépeindre un univers conceptuel. Bon bah pour résumer pour celui-ci les guitares sèches, le saxo, et les voix claires semblaient nécessaires….

Je ne peux décemment pas foutre une note de correction à Autotheism car c’est quand même un putain d’album au niveau technique et à l’inspiration toujours bien présents dans le chef de « The Machine » et de ses camarades. Je ne me débinerai pas en invoquant « la question de goût » mais même s’il ne s’agit pas du meilleur album de The Faceless, à mon sens, je suis certain qu’il trouvera des oreilles plus qu’amatrices.
 
Kadaf (06,5/10)
 
 
 
Sumerian Records / 2012
 
Tracklist (40:56) : 01.  Autotheist Movement I: Create 02.  Autotheist Movement II: Emancipate 03. Autotheist Movement III: Deconsecrate 04. Accelerated Evolution 05. The Eidolon Reality 06. Ten Billion Years 07. Hail Science 08.  Hymn of Sanity 09. In Solitude