Taux de remplissage : respectable
Son : plutôt bon, pour la plupart des groupes
Lights : mauvais
Ambiance : plutôt festive
Moments forts : Death to All, Satyricon, Heaven Shall Burn
Cette année, pas de Mass Deathtruction ni d’Eindhoven Metal Meeting pour moi mais un Distortion Festival fin du mois de novembre avec une affiche pour le moins éclectique. En effet, ce n’est pas tous les jours que My Dying Bride joue juste après Death to All ( !) et Papa Roach dans un festival à échelle plus modeste. Au programme : des infrastructures gigantesques et pas toujours remplies pour la peine, des prestations en grande majorité de qualité, et des consommations sur place relativement onéreuses. Qu’à cela ne tienne, retour sur une journée plutôt sympathique chez nos copains bataves !
Après une très longue attente aux guichets, les portes finissent enfin par s’ouvrir et les gens commencent seulement à entrer au compte-gouttes dans la salle quelques minutes avant le début du set des Taïwanais de Chthonic. Par conséquent, un public relativement réduit devant la scène vu que la majorité des gens faisaient encore la file dehors pendant la prestation du groupe. Prestation on ne peut plus satisfaisante comme ouverture de bal. Une musique certes pas des plus transcendantes, mais une mise en place carrée au poil près, rien n’est laissé au hasard (sauf les lights peut-être, j’y reviendrai plus tard) et des membres qui ne perdent pas la face devant le contraste saisissant entre le nombre de personnes présentes et la taille énorme de la salle.
Si le son s’était avéré pour ce premier concert assez bon, cela ne fut pas le cas pour les Suisses de Darkrise et les Allemands d’Obscura. Certes, les deux tentèrent de donner le meilleur aperçu possible de leur (brutal)death metal, mais malheureusement ni le son, ni la mise en place, ni les lumières n’y étaient. Il faut dire aussi que cette manie qu’ont les Néerlandais de pousser les lights et effets au maximum est à la longue franchement désagréable, voire pénible pour certains concerts. C’est donc d’assez loin que je regarderai ces deux prestations.
Place à présent aux Américains de Dying Fetus. Quiconque les ayant déjà vus une fois en concert sait à quoi s’attendre la prochaine fois, surtout depuis la sortie de « Reign Supreme », vu que la setlist est sensiblement la même à chaque fois. Cinquante minutes de set étaient programmées en ce jour. Certes, le groupe assure et envoie une sévère claque dans la face, comme toujours, mais vu la longueur de leurs titres, cinquante minutes se révèle être long. Je quitterai donc la salle un peu avant la fin du set afin de me placer pour l’un des groupes qui m’avaient fait faire le déplacement : Hypocrisy.
Un concert de Peter Tägtgren et de ses collègues, c’est généralement quitte ou double (et surtout fortement lié à leur consommation d’alcool, la plupart du temps). M’enfin vu que la tournée n’avait pas débuté depuis longtemps, les risques d’une mauvaise prestation, exécutée à l’arrache étaient plus faibles. Le set commence d’emblée avec « End of Disclosure » et of « Tales of thy Spineless » et s’enchaînera sans relâche avec quelques autres titres du dernier album ainsi que des classiques, attendus par le public et bien évidemment très bien rôdés (« Left to Rot », « Fire in the Sky », « Roswell 47 », « The Eraser »). « A Taste of Extreme Divinity » et « Virus » passeront malheureusement une fois de plus à la trappe, mais qu’à cela ne tienne, la setlist de cinquante minute est impeccable et l’interprétation scénique fort heureusement excellente. Si les lumières sont comme d’habitude avec eux, catastrophiques (bonne chance aux photographes pour avoir un cliché correct entre les éclairages rouges, les fumigènes et les ‘effets’ aveuglants), le son s’avère par contre être très bon. Les titres se succèdent donc les uns au autres et le show prend fin bien trop rapidement à mon humble avis.
Pas de temps à perdre, en route pour enfin voir Heaven Shall Burn, qui doit être à peu de chose près le seul groupe de metalcore digne d’un tant soit peu d’intérêt de nos jours. La réputation des Allemands sur scène n’est plus à faire et en effet, quelle claque ! Des morceaux puissants, relativement variés (la part belle étant laissée au dernier album « VETO », tout de même) sans oublier des titres de la belle époque d’« Antigone ». La motivation des membres est communicative et le public répond plus que favorablement aux demandes de Marcus Bischoff (même si l’on a déjà vu des pits plus dangereux que celui-là, certes). Les titres s’enchaînent à la vitesse de l’éclair et la fin du set arrive avec « Endzeit » (évidemment, le seul morceau qu’absolument tout le monde aime et attend). Sauf que manifestement, les Teutons l’ont tellement jouée qu’ils continuent à le faire plus par obligation morale que par envie, ce qui se ressent et se voit, vu le résultat clairement bâclé. Dommage car le reste du set était vraiment réjouissant pourtant !
Ah Satyricon. Leur dernier album éponyme, et leur nouvelle attitude « black metal pop stars » étant loin de convaincre tout le monde, c’est néanmoins avec enthousiasme que je me rends dans la salle car après tout, leur prestation de l’année dernière à l’Eindhoven Metal Meeting m’avait énormément plu. Et il en fut de même cette fois-ci. Un groupe très en forme même si Satyr ne s’est toujours pas racheté de charisme entre-temps et une setlist plutôt variée, et surtout pas trop axée sur cet immonde dernier album (mais soyons honnêtes : des titres d’albums récents et groovy comme « Now, Diabolical » ou « The Pentagram Burns » font quand même leur effet en live). Le public est conquis, et c’est avec le sourire aux lèvres que je m’apprête à assister au clou de la soirée !
Cette fameuse tournée d’hommage à Chuck Schuldiner a suscité une multitude de réactions et de débats quant au bienfondé de cette démarche. Cependant, pas de débat aujourd’hui, mais de la solidarité et de la musique à pleins tubes. Contrairement au Neurotic Death Fest de mai dernier, le line-up de cette tournée était presque le même que celui de « Human », avec Max Phelps au chant. Ses performances en tant que guitariste étaient déjà une valeur sûre, mais c’est au niveau du chant qu’il a surpris tout le monde, tant sa voix rappelait les débuts de Chuck Schuldiner. Dans l’ensemble, le son était plutôt bon, la mise en place y était et chaque titre était joué plus lentement que l’original. D’ailleurs, la setlist comportait quelques bonnes surprises comme notamment « Withing the Mind » ou « Human Force ». En parlant de bonnes surprises, Hannes Grossmann d’Obscura s’est chargé de la batterie sur « Crystal Moutain » et « The Flesh and the Power It Holds », accompagné sur cette dernière par Steffen Kümmerer (d’Obscura toujours) à la guitare et au chant. Une très belle prestation, qui aurait bien mérité de terminer la soirée !
Avec tout ça, une petite pause boisson se fait nécessaire et l’arrivée de Papa Roach sur scène tombe à pic. Foncièrement, je n’ai rien contre le groupe, mais comme de l’eau a coulé sous les ponts depuis « Getting away with Murder » et que je n’ai pas la moindre idée de ce qu’ils sont devenus depuis, je ne leur ai jeté que quelques coups d’œil furtifs au début du set. De prime abord, l’ambiance avait l’air d’y être et la motivation aussi !
Toutes les bonnes choses ont une fin et il en va de même pour ce festival qui se clôture avec les Anglais de My Dying Bride. Inutile de dire qu’un concert de doom qui se déroule en même temps qu’un concert de thrash (Havok si je ne m’abuse) et juste après Papa Roach… ça détonne un peu. Mis à part ce détail, la prestation du groupe fut largement en-dessous de ce que j’ai déjà eu l’occasion de voir à plusieurs reprises, à commencer par la setlist : assez courte (beh oui ! une heure, pour du doom, ne permet pas de jouer énormément de titres), mal organisée, commençant avec plusieurs titres d’ « A Map of all our Failures », leur –très mauvais- dernier effort et se terminant avec un titre totalement quelconque et vite oublié, en passant par quelques classiques qui tombaient un peu comme un cheveu dans la soupe. Difficile de se mettre dans l’ambiance dans de telles conditions. Les lights en revanche étaient excellents et mettaient enfin le groupe en valeur ! Côté attitude, toujours pareil : gesticulations exacerbées de la part d’Aaron, dont la fausseté du chant clair est devenu tellement récurrente qu’il s’agit désormais d’une marque de fabrique acceptée et/ou appréciée par tous. Pour la peine, il aurait mieux fallu placer Death to All en tête d’affiche, histoire de terminer le festival en beauté !
En guise de conclusion, l’expérience Distortion Festival fut plutôt positive. Les événements de ce genre sont toujours agréables à fréquenter aux Pays-Bas, mais l’affiche n’en restait pas moins un poil trop éclectique, et les infrastructures trop spacieuses. A ce niveau, et pour le même prix, le Eindhoven Metal Meeting reste le plus avantageux pour les fans d’extrême en manque de décibels.