« La mue est achevée pour Dagoba… »
Que le temps de l’apprentissage et de la découverte parait déjà loin pour un combo phocéen formé en 1997, et qui souleva le rideau de la scène métal en France dès son premier Ep. Un « Release the fury » en 2001 prometteur, engendrant en 2003 la sortie du premier album éponyme « Dagoba »à la surpuissance et aux petits cotés indus et néo sympathiques. Bien sur ces deux offrandes initiales avaient un léger gout de mix de Machine Head, de Fear Factory ou bien encore de Pantera, influences o combien appréciables mais nuisant à l’originalité et à l’unicité du groupe. Le potentiel était bien réel et suintait de toutes parts sur des compositions agressives et destructrices –tous ceux lisant cette chronique connaissent le Maniak-, mais il manquait les petits trucs pouvant faire gravir l’échelle à nos frenchies et les faire passer du stade d’espoir à celui de valeur internationale reconnue. Ces manques étaient entre autres, des compositions moins linéaires et mieux ficelées où l’énergie dévastatrice serait plus canalisée, un « Gros son » à l’amplitude donnant tout son rendu à la débauche de testostérones, un label pouvant promouvoir à sa juste valeur le talent du combo; et enfin un peu (plus) de maturité, ou tout simplement d’expérience. En quelques sortes, passer du stade d’honorable jeune chien fou pétri de talent, à celui de maître vénérable et imité.
Dagoba a réussi aisément cette évolution, et ce dès le « What hell is about » de 2006. Ne dissertons pas sur cet opus précédent, quasiment parfait, mais disons simplement que ce « Face the colossus » est issu de la même veine, forgé dans les mêmes hauts fourneaux. Une pure continuité, une confirmation éclatante, les méridionaux ne s’essoufflent pas et au contraire affichent une inspiration profonde.
Les influences, suscitées, se font toujours présentes, mais elles ont été totalement assimilées et digérées pour restituer un produit unique, une recette imparable et exécutoire. Cet hybride de Thrash/power/death/metal et indus a désormais un aspect plus mélodique, plus accessible. Toujours des riffs puissants, saccadés et syncopés, sur des lignes musicales accrocheuses et sulfureuses ; toujours le chant de Shawter au timbre rageur, déchiré, éraillé et forcé; et toujours ce putain de Franky Costanza derrière les futs… Allez, cela fait du bien de se lâcher parfois (n’en déplaise à la Dream team de chroniqueurs de metachroniques.fr qui me trouve déjanté…rires), mais ce batteur est un pur moment de plaisir à lui tout seul. Une véritable pieuvre tentaculaires sur boostée, ou plutôt testiculaires tellement ses rafales de cascades de blast beats sont burnées, et qui doit être de la lignée cachée des Lombardo.
Enfin, et toujours, le son monstrueux et phénoméno-détonnant de Monsieur Tue Madsen qu’ l’on ne présente plus tant son savoir faire est planétaire. Comme je l’ai déjà écris et scandé dans d’autres chroniques ; ce mec est un Génie. Avec une pierre brute, en l’occurrence une machine de démolition visant au carnage, une bête féroce puissante et corrosive, il arrive à ciseler un petit bijou, une fresque dantesque de décibels. Tue, canalise, catalyse, maitrise ce paroxysme de violence ; mais avec un rendu impeccable du coté massif de Dagoba. Le petit plus, si tant est qu’il y en ait encore besoin d’un…
Finalement, seul les facettes Néo et indus présentes à l’origine du band se sont atténuées. La froideur des machines tendant à paraître être remplacées par des lignes plus organiques, des volutes plus « claviers ».
Pas de titres par de titres dans ma review, tant toutes les plages sont foncièrement réussies. Pour vous en ressortir une ou deux et vous faire saliver, disons que « Face the colossus », « Somebody died tonight », « The world in between »ou le « Sudden death » de clôture sont exceptionnels et dans la droite ligne des précédents « Die tomorrow, The fall of men ou Cancer ». Sans développer donc, de véritables tueries ravageant tout sur leur passage…
Trêve d’éloges, pour cet opus à mon sens une des sorties majeures du metal moderne –Et imparablement la meilleure sortie française-, vouée à une reconnaissance internationale. A l’image de son artwok cover superbe, la bête est monstrueuse et l’on ne peut que s’écarter de son chemin ou accepter son joug. Dagoba s’impose et confirme par cet opus qu’il est le fer de lance, le guide de la New Wave Of French Metal… Un maelstrom démoniaque qui ravage tout dans son sillage, mais aussi une vraie genèse … Ecoutez donc les combos français du style Jarell, Lokurah…. Et vous comprendrez que destruction, est aussi synonyme de création et d’inspiration.
Metalpsychokiller (09/10)
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Season of Mist / 2008
Tracklist : 1. Abyssal 2. Face The Colossus 3. Back From Life 4. Somebody Died Tonight 5. The World In Between 6. Transylvania 7. Orphan Of You 8. The Nightfall And All Its Mistakes 9. Silence 10. The Crash 11. Sudden Death