Les trois dernières galettes hardcore/metalcore que j’avais chroniqué m’avaient comme on dit fait saturer de ce genre de métal. Pas que ces hardcore-shouts typiques ne me déplaisent ; mais lorsque ceux-ci sont apposés sans discontinuer sur des riffs basiques, linéaires et répétitifs, la sauce me parait bien indigeste. La production peut être énorme, le batteur marteler comme un forgeron effréné, la basse être incisive et le hurleur s’égosillé ; encore faut-il que les compositions en soient réellement, et non pas qu’elles ne soient qu’un support au défoulement itératif nous faisant passer de la Track 1 à la 7 ou 9 sans s’en apercevoir ; si ce n’est en baissant le son car le mal de tête nous guette.
Autant dire que j’appréhendais la découverte auditive de ce « Question Authority » avec un à priori défavorable. Car le quatuor allemand fondé en 1998 et déjà auteur de « Negative Words » en 2001, et « Emolution » en 2005, se définit lui-même comme étant de cette mouvance hardcore/metalcore.
Ceci à juste titre. Mais CROSSX possède de nombreux atouts les démarquant du magma boueux dans lequel sont empêtrés les combos du genre. Ainsi, le chant de Nico est une alternance quasi perpétuelle de cris typiques et de répliques en chant clair, ou en chœurs. Les compos classiques ne breakent pas dans tous les sens, nous faisant perdre le fil perpétuellement, et permettent de valoriser son timbre sur des refrains précis et des lignes mélodiques entêtantes. De gros riffs guitaristiques variés et énergiques en symbiose parfaite avec les vocalises rendent l’ensemble volumineux mais paradoxalement léger et aérien.
Le tout est entrainant et dansant, poussant au headbanging ou au mosh-pits en Live, l’énergie du combo devant y être décuplée. La prod est correcte, même si une propension à péter les caissons de basse se fait sentir lorsque l’on pousse les watts et on ressent parfois certaines consonances quasi punk ou à la Sum41. La qualité des 13 titres est appréciable et certaines plages sont mêmes excellentes telles « question Authority » et sa vidéo sympa, un « father » poignant ou le ressentir est « puant », un G.N.W.P. genre d’hymne à la Ramones saucé Discharge ou un « Break Me » au Root énorme.
En conclusion, une galette bien ficelée, sympa et rafraichissante me réconciliant avec un hardcore/metalcore ayant une sale tendance à tendre vers le nombrilisme et la surenchère. Plus vite, plus fort, plus éraillé, ne signifie pas forcément plus appréciable. CROSSX, a pour sa part trouvé le juste milieu, le bon dosage dont se délecter.
Metalpsychokiller (07.5/10)
Metal Blade / 2008
Tracklist : 01. Intro 02. Ping 03. Closer 04. Question Authority 05. Sorry 06. Junk Masters 07. Father 08. Break Me 09. Truth 10. Qualify 11. Hypocrite 12. G.N.W.P 13. Rise