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2025. Conflits, pauvreté, montée des extrêmes… Le monde va mal. Et alors que certains groupes puisent dans l’adversité pour en sortir des hymnes, des brûlots, des appels à la révolution (oui, cette intro me sert uniquement à citer Trespasser qui sortira un nouvel album en février 2026 et que je ne peux que vous recommander chaudement), d’autres formations prennent le contrepied en se vautrant dans le slam puéril. Et à ce petit jeu, il semblerait que l’on puisse couronner aujourd’hui les rois de la discipline : Infectious Jelqing.

Infectious Jelqing est au slam ce que le brainrot est aux internets : un patchwork insolite, célébrant la stupidité, ne reculant devant rien pour attirer l’attention comme un gamin de 8 ans en pleine montée de sucre. Et comme un gamin de 8 ans, ça peut rapidement courir sur les nerfs.

« Thank God it’s just an EP », lancé en boutade lors d’une des nombreuses spoken parts (feat. la voix de Tetragrammaton des Bataves de The Monolith Deathcult), pourrait presque servir de note. Jonglant avec des riffs d’hommes des cavernes, du hip hop, de l’électro et des monologues moquant ouvertement la qualité du produit, NUCLEAR SLAM DIVISION n’est pas un simple EP : c’est le produit d’une époque, un reflet musical de tout ce qui va mal sur cette Terre et de la légèreté adoptée face à cette période troublée. « Gen Z is making memes while missiles are flying ». Ou du slam, en l’occurrence.

Tellement con qu’il en devient bon.

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Camo Hoodlum Records / 2025
Tracklist (23:31) 1. Rate Your Music Diss Track 2. Fried Out the Game 3. Nuclear Slam Division (Interlude) 4. Dumb & Ignorant 5. Shadow Gang Weed Luv Casting Thuggery 6. Geeked Up Playing Xbox All Day

En 2023, The Acacia Strain (TAS pour les intimes) avait pris de court tout le petit monde du Deathcore en sortant deux albums le même jour. Step Into The Light fleurait la bagarre, Failure Will Follow étouffait par sa noirceur poisseuse. L’exercice de style était réussi, ouvrant même la porte de l’Encyclopaedia Metallum à un groupe jusqu’alors pas assez Metal aux yeux des modos puristes. La question était maintenant de savoir ce que nous réservait la bande à Vincent. Le groupe allait-il poursuivre sur sa lancée doomesque ou, au contraire, revenir aux fondamentaux faits de morceaux courts et percutants ?

Why not both ?

Eh oui, le groupe a choisi de ne pas choisir et livre ici une synthèse presque parfaite de ses deux derniers efforts.

De SITL, The Acacia Strain reprend l’enfilade d’uppercuts : morceaux courts taillés pour le live, cassures de rythme, accélérations tonitruantes, breaks brise-nuques et, surtout, un Vincent Bennett au sommet de son art. Il avait déjà annoncé la couleur sur le premier EP de Stolen Gun sorti plus tôt cette année, mais il nous livre là une prestation XXL.

De FWF, en revanche, il reprend le format du pavé en clôture d’album avec un « Eucharist II: Blood Loss » qui n’aurait pas dénoté sur la plaque précédente. L’ajout de chant féminin rappelle « Pillar Of Salt » et son final presque lumineux, tandis que le riff pesant renvoie davantage à « Bog Walker ».

Mais réduire ce treizième album à un simple mix des deux précédents, c’est aller un peu vite en besogne. On notera en effet aussi l’arrivée de Matt Guglielmo à la batterie (également actif chez END), qui apporte encore plus de variations au niveau rythmique (et pourtant, Kevin était déjà plus qu’efficace à ce poste) et, surtout, CE SON ABSOLUMENT TITANESQUE signé Randy LeBoeuf (qui bosse avec le groupe depuis bientôt 10 ans). Les guitares grésillent « juste comme il faut », ni trop, ni trop peu, et les passages clairs bénéficient, eux, de toute la clarté nécessaire pour saisir chaque détail.

Enfin, et surtout, Vincent n’a jamais semblé aussi vulnérable que sur cet album. Par le passé, TAS jouait sur les punchlines edgy, sur une misanthropie surjouée, fanfaronnante, presque adolescente. Ici, l’ado qui espérait choquer par sa grossièreté est remplacé par un adulte désabusé qui a pris conscience que le meilleur moyen de choquer est, simplement, de parler de la vie, de ses facettes négatives et de sa fin sans fard.

En 37:50 (un clin d’œil à son deuxième album ?), The Acacia Strain sort un album viscéral et sombre. Comme le dit si bien Vincent, TAS fait « de la musique fâchée pour des gens qui voudraient être heureux mais n’y parviennent pas ». Et dans ce monde qui tourne de moins en moins rond, il trouvera certainement son public.

9,5/10

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Rise Records / 2025
Tracklist (37:50) 1. Eucharist I: Burnt Offering 2. A Call Beyond 3. Swamp Mentality 4. The Machine That Bleeds 5. Mourning Star 6. I Don’t Think You Are Going to Make It 7. Acolyte of the One 8. Aeonian Wrath 9. Holy Moonlight 10. Sacred Relic 11. World Gone Cold 12. Eucharist II: Blood Loss

Vader – Humanihility

Avec plus de 40 ans de carrière au compteur, la bande à Peter n’a plus grand-chose à prouver. La preuve ? Depuis 2020, les Polonais s’étaient murés dans un silence radio, se contentant de sortir depuis leur dernière plaque Solitude In Madness deux lives à l’intérêt discutable et un box reprenant des vieilleries. On en venait presque à croire que le groupe se contenterait de capitaliser sur son abondant catalogue pour enchaîner les rééditions et les apparitions sur scène sans le moindre effort, le cul confortablement posé sur ce trône de sous-headliner qui agrémente les fins d’après-midi ou les débuts de soirée en festival…

Et là, après cinq longues années, enfin du neuf !

Bon, on va directement faire retomber l’engouement : on reste sous la barre des 10 minutes (9:16, pour être exact) pour trois morceaux dont un morceau spécialement enregistré pour devenir l’hymne du Mystic Festival qui se tient chaque année à Gdansk. Peter et ses acolytes nous avaient habitués à de nombreux EP, mais il faut avouer qu’un si maigre butin après 5 ans, c’est léger. D’autant plus qu’il y a à boire et à manger.

Au rayon des bonnes surprises, on notera les deux premiers titres, « Genocide Designed » et « Rampage ». C’est du Vader PUR JUS. Rythmique qui mène les compos tambour battant, Peter et son timbre si caractéristique… Ouais, le groupe reprend là où il s’était arrêté. Originalité zéro, prise de risque nulle, mais les fondamentaux sont là, Vader fait du « plat du pied – sécurité ». On en demande pas plus. Par contre, on ne retiendra d’« Unbending (Mystic Festival Anthem 2025) » que sa rythmique très basique (on dirait du Rammstein époque premiers albums) et son manque de mordant. Le rythme donne certes une légère impression de martialité, mais la compo peine à décoller et ne convainc pas.

Un retour aux affaires bien maigre, en fin de compte, mais aussi et surtout la première sortie de Vader avec Mauser depuis 2008 (son dernier album avec Peter ? L’énorme Impressions In Blood en 2006, excusez du peu). Alors, premier tour d’échauffement avant un vrai retour aux affaires ? Seul l’avenir nous le dira.

6,66/10

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Nuclear Blast Records / 2025
Tracklist (9:16) 1. Genocide Designed 2. Rampage 3. Unbending (Mystic Festival Anthem 2025)