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Vader – Humanihility

Avec plus de 40 ans de carrière au compteur, la bande à Peter n’a plus grand-chose à prouver. La preuve ? Depuis 2020, les Polonais s’étaient murés dans un silence radio, se contentant de sortir depuis leur dernière plaque Solitude In Madness deux lives à l’intérêt discutable et un box reprenant des vieilleries. On en venait presque à croire que le groupe se contenterait de capitaliser sur son abondant catalogue pour enchaîner les rééditions et les apparitions sur scène sans le moindre effort, le cul confortablement posé sur ce trône de sous-headliner qui agrémente les fins d’après-midi ou les débuts de soirée en festival…

Et là, après cinq longues années, enfin du neuf !

Bon, on va directement faire retomber l’engouement : on reste sous la barre des 10 minutes (9:16, pour être exact) pour trois morceaux dont un morceau spécialement enregistré pour devenir l’hymne du Mystic Festival qui se tient chaque année à Gdansk. Peter et ses acolytes nous avaient habitués à de nombreux EP, mais il faut avouer qu’un si maigre butin après 5 ans, c’est léger. D’autant plus qu’il y a à boire et à manger.

Au rayon des bonnes surprises, on notera les deux premiers titres, « Genocide Designed » et « Rampage ». C’est du Vader PUR JUS. Rythmique qui mène les compos tambour battant, Peter et son timbre si caractéristique… Ouais, le groupe reprend là où il s’était arrêté. Originalité zéro, prise de risque nulle, mais les fondamentaux sont là, Vader fait du « plat du pied – sécurité ». On en demande pas plus. Par contre, on ne retiendra d’« Unbending (Mystic Festival Anthem 2025) » que sa rythmique très basique (on dirait du Rammstein époque premiers albums) et son manque de mordant. Le rythme donne certes une légère impression de martialité, mais la compo peine à décoller et ne convainc pas.

Un retour aux affaires bien maigre, en fin de compte, mais aussi et surtout la première sortie de Vader avec Mauser depuis 2008 (son dernier album avec Peter ? L’énorme Impressions In Blood en 2006, excusez du peu). Alors, premier tour d’échauffement avant un vrai retour aux affaires ? Seul l’avenir nous le dira.

6,66/10

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Nuclear Blast Records / 2025
Tracklist (9:16) 1. Genocide Designed 2. Rampage 3. Unbending (Mystic Festival Anthem 2025)

Puteraeon – Mountains Of Madness

I have had the pleasure to work with Puteraeon since 2017 and their releases have always been solid, but the quality of this new album completely took me by surprise. It is just so damn good it’s hard to fathom! It’s like they thought about every little detail on how to make the album brutal as hell, yet memorable and extremely epic.

I dare to say this one will go down in the history books as one of the best Swe-Death releases ever.

Dan Swanö

Voilà. La chronique pourrait déjà se finir ici. Parce que le père Swanö n’est pas le premier venu. Parce qu’il n’a pas seulement suivi la scène suédoise. Il en est un pilier incontournable. Et forcément, lorsqu’il chante les louanges d’un groupe pas forcément connu du grand public et signé sur un label danois plutôt confidentiel (Emanzipation Records), on tend l’oreille en un réflexe pavlovien tout à fait compréhensible. À plus forte raison quand il est responsable du mix et du mastering de la galette en question.

Il y a plus de dix ans, je m’étais déjà penché sur le cas de Puteraeon avec leur deuxième album, Cult Cthulhu. Et je n’avais pas été forcément tendre, la faute à son identité très (trop) suédoise. Mais aujourd’hui, la donne a bien changé.

Comme le dit si bien Dan, Mountains Of Madness parvient à combiner brutalité et souffle épique dans ses compos. Tous les curseurs sont placés au bon endroit. Riffs casse-nuque ? Check. Section rythmique presque galopante ? Check ! Ours en rut au micro ? Check, on vous dit ! Et l’ambiance, on en parle de cette ambiance ? Cet opus est une transposition musicale parfaite du fameux Les Montagnes hallucinées de H. P. Lovecraft : c’est froid, inhospitalier, menaçant, lugubre… Là où certains groupes suédois contemporains jouent allègrement la carte du Death bourrin dopé à la HM-2 que j’aime pourtant d’un amour réel et viril (qui a dit LIK pour ne citer qu’eux ?), Puteraeon insuffle une vraie ambiance malsaine, un supplément de noirceur.

On ne peut pas donner tort à Dan Swanö : avec ce cinquième effort, Puteraeon sort un album de Death à la sauce suédoise qui marque les esprits. Je n’irais pas jusqu’à le placer dans le même panthéon qu’un Left Hand Path (on touche pas aux légendes, bordel), mais il s’avère plus varié et plus complet que bon nombre d’autres groupes qui ont eu la chance de croiser un plus gros label au bon moment. Froidement recommandé pour les amateurs du genre.

8,5/10

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Emanzipation Records / 2025
Tracklist (39:47) 1. Miskatonic Expedition 2. The Land of Cold Eternal Winter 3. Remnants 4. Horror on the Antarctic Plateau 5. The Nameless City 6. Gods of Unhallowed Space 7. The Rise of the Shoggoths 8. Watchers at the Abyss 9. I Am the Darkness

The Haunted – Songs Of Last Resort

« C’est la bande droite sur l’autoroute du Death thrash mélo : 105 à l’heure, cruise control, vieux moteur qui fait du bruit. On arrivera à destination, mais y’a plus les cheveux au vent sur l’Autobahn allemande avec Peter Dolving aux commandes »

Voilà comment je commentais « Warhead », premier single et opener de Songs Of Last Resort, 10e effort de The Haunted. On peut difficilement dire que l’engouement était au rendez-vous. Et pour cause : depuis le retour de Marco il y a douze ans, le groupe ronronne plus qu’il ne gronde, vivotant sur sa réputation alors que toute personne un peu honnête reconnaîtra que le groupe n’a jamais su répéter la prouesse rEVOLVEr qui remonte à… 21 ANS, si vous aviez la vingtaine au moment de l’achat de cette pépite, n’oubliez pas de boire un bon verre d’eau entre chaque bière quand vous sortez le vendredi soir et à vous étirer chaque matin pour éviter les raideurs. Parce que la vieillesse s’installe sournoisement.

Et la vieillesse, on la sent particulièrement à l’écoute de cet opus. Comme beaucoup (trop) de groupes, The Haunted n’est plus que l’ombre de lui-même. Sur les quatre premiers albums (sortis en l’espace de 6 ans et avec deux changements de frontman, rappelons-le), les Suédois étaient au sommet de leur art. Ici, HUIT ANS se sont écoulés depuis la sortie d’un Strength In Numbers qui fleurait déjà la naphtaline et le manque de hargne (même si le rédac’ chef n’était pas de cet avis à sa sortie).

Et malgré tout, le fan qui sommeille au fond de moi a ce réflexe pavlovien. Le pied qui tape la mesure. La tête qui dodeline sur certains morceaux. La première partie de l’album fait encore vaguement illusion. Bon, on ne retrouve pas l’énergie des débuts, mais ça reste suffisamment sympa pour passer un moment agréable.

Voilà, c’est justement ça, le problème de The Haunted cuvée 2025 : trop bon pour être simplement ignoré, trop moyen pour être acheté. Songs Of Last Resort est un album Spotifyable : on paie 17 euros par mois pour pouvoir, de temps en temps, se passer quelques pistes plus récentes du groupe. Par contre, hors de question de débourser 10,5 euros sur Bandcamp pour en détenir une copie dématérialisée.

5,5/10

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Century Media Records / 2025
Tracklist (40:25) 1. Warhead 2. In Fire Reborn 3. Death to the Crown 4. To Bleed Out 5. Unbound 6. Hell Is Wasted on the Dead 7. Through the Fire 8. Collateral Carnage 9. Blood Clots 10. Salvation Recalled 11. Labyrinth of Lies 12. Letters of Last Resort