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Verwoed – The Mother

Il doit y avoir quelque chose dans l’eau ou dans l’air aux Pays-Bas. Sinon, comment expliquer la qualité de la scène Black Metal de nos voisins du Nord ? Iskandr, Fluisteraars, Grey Aura, Turia, Infernal Cult, les nombreux projets de Mories… La liste est longue et, parmi tout ce beau monde, il est difficile de ne pas évoquer Verwoed (anciennement Woudloper), qui fête cette année son 10e anniversaire avec un troisième album tout en maîtrise et en ambiance.

En effet, Erik Bleijenberg, la tête pensante du groupe, n’officie pas dans cette école du Black Metal axé sur le riff à la tronçonneuse et la batterie sauce mitrailleuse. Son truc à lui, c’est l’ambiance, les tempos ralentis, la superposition de sonorités électriques et d’une guitare sèche. Si je devais faire un parallèle avec d’autres groupes, je penserais à des formations comme Jordablod et les Français de Svart Crown (ces derniers étant aussi passés maîtres dans l’art, sur leurs derniers albums, pour instiller une ambiance lourde et délétère). Chaque composition prend le temps de se dévoiler, d’évoluer sans pour autant s’égarer. Mieux encore : ce cheminement ne s’interrompt pas à la fin du morceau. Au contraire, en travaillant ses transitions, Verwoed offre une cohérence bienvenue et capte l’attention sur le long terme. Un exemple : la transition entre l’instrumental « Seven Trumpets » et « The Child », la première partie permettant un moment de pause avant une montée en puissance progressive débouchant naturellement sur le morceau suivant. Rien n’est gratuit, tout est calculé sans pour autant verser dans le chirurgical.

Monolithique sans être pour autant écrasant, mêlant habilement noirceur et trouées lumineuses, The Mother est incontestablement l’œuvre la plus aboutie d’un groupe dont la discographie ne comptait déjà que des albums recommandables. Loin des rivages du Black pur et dur, Verwoed nous invite à la contemplation, les yeux rivés sur les flammes.

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9/10

(Autoproduction – 2024)
Tracklist (43:41) 1. A Prayer of Blood and Fire 2. The Mother 3. Seven Trumpets 4. The Child 5. The Madman’s Dance 6. A Choir of Null and Void 7. Death in a Rosary

Doodseskader- Year Two

En l’espace de 4 ans et d’un feu nourri de sorties dont le dénominateur commun est la qualité, Doodseskader – le duo le plus abrasif du Royaume – a su lentement mais sûrement se forger une solide réputation. Mélangeant habilement les genres, mariant le sludge, le post metal, une touche de rap et ici et là quelques beats agressifs (sur son énorme « FLF » sorti l’année passée), Tim (Amenra et bien d’autres projets) et Sigfried (Kapitan Korsakov pour ne citer que ce projet) ont gravi quatre à quatre les échelons et livrent avec Year Two un des albums les plus excitants de l’année.

Le succès de cette formule s’explique par un mot : la sincérité. Tout au long des 9 titres de cet album et sur scène, le groupe se livre, se met à nu dans un torrent d’émotions brutes qui traverse l’auditeur. J’ai eu la chance d’assister à leur release show à domicile à Gand et chaque titre de ce Year Two joué ce soir-là a fait mouche. Year Two fait vibrer, frissonner. Que ce soit dans un barrage de rancœur (« Bone Pipe » ou l’énorme single « I Ask With My Mouth, I’ll Take With My Fist ») ou tout en finesse et mélancolie (« Future Perfect (A Promise) » ou « People Have Poisoned My Mind… » et sa ligne de piano fantomatique avant un dernier déchainement), Doodseskader nous prend par la main et nous entraine dans son passé, ses traumas et nous maintient les yeux et les oreilles grand ouverts pour qu’on n’en rate pas une miette.

Year Two fait partie de ces albums qui se vivent, qui se subissent. Pour moi, il est difficile de ne retenir qu’un ou deux titres, tant l’ensemble est cohérent et monolithique. Un album sans compromis.

4+5/10

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(Autoproduction – 2024)
Tracklist (38:03) 1. Pastel Prison 2. The Sheer Horror of the Human Condition 3. Innocence (An Offering) 4. Bone Pipe 5. Peine 6. Future Perfect (A Promise) 7. Secrets Make Lonely 8. I Ask With My Mouth, I’ll Take With My Fist 9. People Have Poisoned My Mind to a Point Where I Can No Longer Function

Nails – Every Bridge Burning

Malgré mon âge, je n’ai toujours pas saisi le concept de modération. Pourquoi se modérer ? Pourquoi ne pas vivre à 200 %, quitte à souffrir le lendemain ? Pourquoi ne pas se plonger tête première dans l’aventure ? Dans un monde où tant de personnes marchent sur des œufs, pourquoi ne pas avancer avec la délicatesse d’un bulldozer ?

Je suis persuadé que notre brave Todd (ex-Terror et maintenant frontman de Nails) est animé par le même questionnement. Et que sa réponse est la même que la mienne : s’il faut faire quelque chose, autant le faire à fond, en poussant tous les potards dans le rouge, en ignorant tout à fait les limites, en les repoussant allègrement et, SURTOUT, en faisant « tout à sa mode et le reste à sa guise ». Sinon, comment expliquer ce nouvel « album » (17 minutes et des poussières après 8 ans sans activité notable, si ce n’est quelques titres ici et là et une hécatombe dans le line-up) qui a tout d’une grenade auditive ? Étroitement coincé entre deux groupes de Metal sympho dans le roster de Nuclear Blast, Nails accouche ici d’un successeur parfait à You’ll Never Be One Of Us qui, à l’époque, avait déjà une furieuse tendance à déchausser des chicots.

Hardcore ? Grind ? Peu importe l’étiquette, pourvu que le flacon puisse contenir suffisamment d’essence pour mettre le feu à tout ce qui se met dans votre chemin. Que ce soit pied au plancher (quasiment tout le temps, donc) ou dans les quelques rares passages plus lents de la galette (« Lacking The Ability To Process Empathy » et le lourd « No More Rivers To Cross » en clôture d’album), Every Bridge Burning est une leçon de violence, fidèle au son du groupe et lorgnant ici et là vers un Trap Them qu’on aurait gavé à la whey et au café (« Give Me The Painkiller » et « Made Up In Your Mind » qui n’auraient pas fait tache sur Darker Handcraft).

Every Bridge Burning ne décrochera pas le titre d’album de l’année. Trop court, pas vraiment raffiné, il se classera plutôt dans l’étagère des « défouloirs sonores », rangé derrière une vitre à briser en cas d’urgence et de besoin impérieux de cracher sa bile à la face d’un monde qui vous marche sur les kiwis.

9/10

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(Nuclear Blast Entertainment – 2024)

Tracklist (17:47) 1. Imposing Will 2. Punishment Map 3. Every Bridge Burning 4. Give Me the Painkiller 5. Lacking the Ability to Process Empathy 6. Trapped 7. Made Up in Your Mind 8. Dehumanized 9. I Can’t Turn It Off 10. No More Rivers to Cross