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Rancid – Honor Is All We Know

141126RancidHonorIsAllPas la peine de chercher des qualificatifs du genre hardcore, street machin, truc mélodique ou l’enfer sait quoi. Rancid sont des punks, définitivement. Des punks anglais nés et grandi en Californie, dans la banlieue ouvrière de Berkeley. Honor Is All We Know, leur 8e opus longue durée au compteur, en constitue le témoignage sonore définitif. Depuis 1992, quand ils jettent à la face du monde une première démo gorgée jusqu’à la gueule de leur énergie brutale, ils n’ont pas cessé d’arpenter les scènes pour délivrer le message du punk, sans avoir besoin d’arborer une crête ou des épingles à nourrice dans le tarin.

Rancid, bien plus que Green Day ou The Offspring auxquels on les accole bien trop souvent pour cause de communes origines géographiques, défend une forme de pureté originelle. Une crédibilité accentuée par la présence en leur sein d’un rescapé des UK Subs, quand même, en la personne de Lars Frederiksen à la guitare. Honor Is All We Know se révèle donc pour ce qu’il est : une décharge en 14 titres de ce que le punk peut être de mieux : rentre-dedans, hargneux, rageur, rapide. A peine un titre qui dépasse les 3 minutes. Porté par la voix éraillée (ah, la consommation excessive d’alcool) de Tim Armstrong, le quatuor s’offre, royal, deux incartades vers le ska old school avec Everybody’s Suffering et Evil’s My Friend pour rappeler qu’ils savent bien mieux jouer que ce que les 3 accords répétitifs coutumiers laisseraient croire. C’est aussi un rappel qu’avant Rancid, il y avait Operation Ivy. Et puis, faut dire qu’en matière de textes, sans verser dans le côté intello politique cher au Clash, Rancid est quand même plus « conscient » que ne l’ont jamais été les Pistols." Raise Your Fist" en demeure une belle illustration. A tous les niveaux, Rancid porte encore et toujours la saine colère indispensable pour des punks dignes de ce nom ! Thanks dudes !

Nathanaël Uhl (1977/10)

www.facebook.com/rancid

http://rancidrancid.com

Hellcat Records – Epitaph / 2014

Tracklist : 1. Back Where I Belong 2. Raise Your Fist 3. Collision Course 4. Evil's My Friend 5. Honor Is All We Know 6. A Power Inside 7. In the Streets 8. Face Up 9. Already Dead 10. Diabolical 11. Malfunction 12. Now We're Through With You 13. Everybody's Sufferin' 14. Grave Digger

 

La Canaille – La Nausée

141103LaCanailleLaNauséeEt ouais, ami lecteur, il va falloir t’y faire : il y aura, des fois, du rap dans ces colonnes. Privilège accordé par sa majesté le Hamster, moi j’ai droit. Et, qui plus est, La Canaille mérite que tu daignes ouvrir tes esgourdes à ces sonorités empruntes, discrètement, de rares funk mais aussi de touches aristocratiques de claviers, riffs perlés de guitare… La Canaille, c’est un groupe de hip hop de Montreuil, ville chère au cœur de celui qui tient cette plume ; un groupe fondé par Marc Nammour, aux antipodes des exigences commerciales qui font que tu abhorres, en général, ce style bien trop formaté. Et que tu as raison.

Au demeurant, la Canaille n’est pas loin de partager ton avis, forcément définitif, sur la question. En trois albums – toujours en autoproduction : Une goutte de miel dans un litre de plomb (2009), Par temps de rage (2011) et cette Nausée, le quatuor a dessiné les contours d’un univers musical qui tient autant du rock le plus furieux (singulièrement sur scène) que de la scène hip hop underground. Signe de la crédibilité qu’ils ont acquise, Serge Teyssot-Gay (guitariste rescapé de Noir Désir), DJ Pone (en roue libre depuis les Svinkels), Sir Jean (en direct des complices Peuple de l’herbe) ou encore DJ Fab (de La Caution, autre groupe dynamiteur d’oreilles autant que de préjugés), s’invitent au fil des 12 titres qui composent cette nouvelle livraison. Entre rap épuré et slam (poésie phrasée), éclairs de guitares incandescents (Omar), textes ravageurs sur nos dérives (Pornoland, même pas trop moralisateur), ambiances sombre (Le Silence), La Nausée a tout de l’album qui plaira surtout à celles et ceux qui n’aiment pas le hip hop. Donc à toi. Encore plus si tu as l’occasion de les voir en concert. Mais tu dois, ami lecteur j’insiste, écouter avec attention, la prose de Marc, une poésie rageuse, qui secoue l’atonie ambiante, qui percute ton cerveau comme un poing ton bide. Ouais, La Canaille est un groupe politique, au sens beau et noble du terme. La Canaille est de ceux qui, à l’issue de la Commune de Paris, aurait fini au mur des Fédérés, une balle dans la tête. La Canaille est bien de ceux qui continuent de Briller dans le noir. Merci à eux.

Nathanaël Uhl (8.5/10)

Facebook officiel : www.facebook.com/lacanailleofficiel

Autoproduction / 2014
Tracklisting 01. Quelque chose se prépare (feat. DJ Pone) 02. Redéfinition (feat. DJ Fab) 03. Jamais nationale (feat. DJ Pone) 04. Monsieur madame 05. Encore un peu 06. Pornoland 07. Omar (feat. Serge Teyssot-Gay) 08. Le silence (feat. DJ Pone) 09. Décalé 10. Desséchée 11. La sueur des ombres 12. Briller dans le noir (feat. Sir Jean)

 

The Fall – Creative Distortion

141103TheFallCreativedistortionVoilà un bel objet pour se familiariser avec The Fall, « groupe » qui présente la particularité d’avoir plus de changements de line up à son actif que d’albums – ils en ont pourtant gravé 30 en studio en près de 40 ans de carrière. A dire le vrai, son charismatique mais tyrannique leader, Mark E. Smith, n’est pas du genre à s’emmerder avec les problèmes d’ego des autres, les siens lui suffisent et justifient ces changements aussi nombreux que brutaux. Il est du genre à baptiser l’album marquant un nième remaniement Reformation Post TLC (pour « traitres, menteurs et connards »). N’en reste pas moins que The Fall est le groupe du Nord de l’Angleterre, formé en pleine tornade punk après un concert réunissant Sex Pistols, The Clash et Damned au Free Trade Hall de Manchester, en décembre 1976. Si son succès commercial laisse toujours à désirer, malgré le soutien du mythique John Peel (oui, celui des sessions éponymes), The Fall a influencé moult groupes et pas simplement autour de son Manchester natal.
Pour en venir à l’actu, ce Creative distortion capture en deux CD et un DVD le concert donné par le groupe au King Georges Hall de Blackburn le 22 septembre 2002. Il y a là l’essence de The Fall : la gouaille nasillarde et autoritaire de Mark E. Smith, son énergie, les multiples facettes de la musique – qui n'est, chaque fois, ni tout à fait la même ni tout à fait une autre -, quelques pains conservés malgré une reprise des bandes en studio… Ces 21 titres permettent de mesurer combien la scène reste le lieu privilégié d’expression pour ce combo protéiforme. Pour confirmer son caractère important, cet album comporte quelques-uns des « tubes » (tout est dans les guillemets) de la bande à Mark E. Smith : Victoria, There's A Ghost In My House ou encore le martial Big New Prinz. Bref, si vous voulez faire connaissance avec ce que le Nord a produit de mieux pour la musique britonne, Creative Distortion est pour vous. Nous, on en est au stade des lives, bootlegs et autres matériels pirates. N’est pas fan qui veut.

Nathanaël Uhl (7.5/10)

Site officieux : www.thefall.org

Secret Records / 2014
Tracklist :
1. To Nkroachment : Yarbles 2. Two Librans 3. Cyber Insekt 4. And Therein 5. Mere Pseud Mag Ed 6. Behind The Counter 7.    Telephone Thing    8. Touch Sensitive 9. Hey! Luciani 10. Free Range 11. The Classical 12. There's A Ghost In My House 13. Chislers 14. Big New Prinz 15. Jerusalem 16. Mr Pharmacist 17. Bourgeois Blues 18. I Wake Up In City/My Ex Classmate's Kids 19. Victoria 20. White Lightnin' 21. Hit The North