Nous avions laissé Death From Above 1979 – sensation étiquetée dance punk au mitan des années 2000 et nom en référence à Apocalypse now – forts d'un album de bonne facture et d'une poignée de EPs suffisamment inclassables pour accéder, par la magie d'un split en 2006, au statut de groupe culte. En cette rentrée musicale qui n'en finit heureusement pas, le duo revient phénix avec The Physical World, un deuxième album ressemblant méchamment à un coup de poing dans la gueule.
Ils ont dû piller la discothèque de leurs parents pour aller dénicher ce son, hybride de Kiss, Def Lepard et autres références du hard rock estampillé seventies – démonstration sur Right On, Frankenstein. Mais pas de nostalgie pour nos amis qui rêvent d'ouvrir pour Nine Inch Nails. Ces riffs reconnaissables entre tous sont concassés par des rythmiques plombées et une production que tout fan d'électro-punk crève d'avoir dans ses oreilles. Il doit y avoir de la drogue là-dedans. Comme si Black Sabbath était tombé dans un seau d'acides (The Physical World et ses claviers ahurissants). Government Trash revêt les atours bruts après lesquels ces poseurs de Justice courent depuis trois albums pour finir en fils bâtards de David Guetta et Europe.
Même la quasi balade White Is Red resplendit de ces accords sales, comme suintant la mauvaise sueur des lendemains de cuite. Tout comme Gemini poisse le mauvais sexe. Au fil de ces 11 titres, Death From Above 1979 donne sacrément chair à ses machines – folle version audio d'Existenz (le film de Cronenber) – et je me rappelle que la guitare, des fois, sert à quelque chose. Ne serait-ce qu'à faire de Trainwreck 1979 un pur brûlot de rock dopé aux amphétamines.
Last Gang – Warner / 2014
Tracklist: 1. Cheap Talk 2. Right On, Frankenstein! 3. Virgins 4. Always On 5. Crystal Ball 6. White Is Red 7. Trainwreck 1979 8. Nothin' Left 9. Government Trash 10. Gemini 11. The Physical World
Trente ans de production discographique, ce n'est pas anodin. Et New Model Army est tout sauf un groupe banal. Plutôt que de nous sortir Vengeance (30th anniversary deluxe remastered edition), le quintet anglais nous gratifie d’un (presque) double CD : un 6 titres inédits studio et 11 titres extraits de leur dernière tournée en date. Le tout forme Between Wine and Blood, un classique estampillé conformes aux normes de la bande à Justin Sullivan. Le chanteur porte une bonne part de l’identité du combo qu’il a formé en 1980, en pleine ère Thatcher, et baptisé du nom de l’armée d’Oliver Cromwell, âme de la première révolution anglaise… Disons-le net et clair, sans être à proprement parler un groupe politique, New Model Army affirme depuis longtemps des engagements clairs. Notamment en matière écologique. On en retrouve la trace, sur les inédits, dès Angry Planet.
Musicalement, ce 13e effort studio et 6e capture en concert, ne surprendra aucun des fans de New Model Army ; raison pour laquelle il les ravira. Il y a toujours ce fond punk, ces envolées lyriques alternant avec des ballades romantiques et ces emprunts de folk music. Outre la voix de Justin, la qualité de la rythmique, aussi métronome que tellurique, finalise le son NMA, percutant sur album mais bien plus encore sur scène. Le subtil March in september, soutenu par ses surprenants chœurs féminins, témoigne de cette énergie incroyable combinée avec une maîtrise parfaite de leurs instruments. Pas un hasard si NMA bénéficie du soutien indéfectible de sa propre armée de fans depuis des décennies.
CD1 – 1. According to You 2. Angry Planet 3. Guessing 4. Happy to be Here 5. Devil’s Bargain 6. Sunrise CD2 – 01. Stormclouds 02. March in September 03. Did You Make it Safe 04. I Need More Time 05. Pull The Sun 06. Lean Back and Fall 07. Seven Times 08. Between Dog and Wolf 09. Summer Moors 10. Knievel 11. Horsemen
Quatre ans après leur album éponyme, les plus britanniques de la « Grosse Pomme », Interpol, reviennent avec El Pintor, un album compact en forme de retour aux sources. Dès "All The Rage Back Home", le ton est donné : une ambiance sombre, portée par une section rythmique qui renvoie aux plus belles heures de la cold wave et du post punk, aérée par des guitares lumineuses comme un orage d’été. Après plusieurs mouvements de personnel, le gang est désormais réduit à un trio : Paul Banks à la basse, Daniel Kessler à la guitare (tous deux membres originels du groupe) et Sam Fogarino à la batterie. Comme s’il y avait vraiment besoin de plus dans un groupe de rock…
La formule reste donc au mid tempo qui n’en finit jamais de monter et dont on attend désespérément qu’il daigne enfin exploser, comme une délivrance. Mais non ! Interpol préfère encore et toujours tenir l’auditeur sur la corde raide. Le chant de Daniel Kessler, comme une supplique, porte cette volonté de rupture avortée, comme un heureux coïtus non interruptus. "Breaker 1" constitue une parfaite illustration de cette tension palpable, mur sur lequel la tête se heurte sans répit.
Renouant avec la nervosité angoissée de Turn On The Bright Lights, ce El Pintor, incandescent brûlot de dix titres, revient à l’essentiel. Interpol s’est retrouvé. Ancient Ways ne dit pas mieux.
Tracklisting (39 :50 min) : 1. All the Rage Back Home 2. My Desire 3. Anywhere 4. Same Town, New Story 5. My Blue Supreme 6. Everything Is Wrong 7. Breaker 1 8. Ancient Ways 9. Tidal Wave 10. Twice as Hard