Quand le groupe de Orange County (décidément un très bon lieu de production pour les groupes de metalcore) revient pour un deuxième album en major après le très controversé Lead Sails Paper Anchor, les fans retiennent plus ou moins leur souffle entre deux destructions de zombies dans le jeu online proposé par le groupe sur leur site web.
Car si Atreyu fait partie de ces groupes qui n’ont plus rien à prouver au niveau des ventes, ils font aussi partie de la catégorie moins enviable de ces groupes qui ont du faire leur preuve, encore et encore, sans jamais se reposer sur leurs lauriers, au niveau de la critique.
Un groupe adulé par certains, détesté par d’autres, vu comme des ambassadeurs de leur style sur certaines tournées ou comme des vendus à d’autres occasions. Il était temps de nous montrer ce que le groupe avait fait de ces deux dernières années et si la gentillesse pop de leur dernier opus serait encore au goût du jour sur un album annoncé comme « plus sombre et plus heavy que ce qui avait été fait auparavant ».
Il n’y a aucun moyen d’imaginer, si l’on s’en tient à la citation ci-dessus, un meilleur moyen d’ouvrir l’album qu’avec Stop ! Before It’s Too Late And We’ve Destroyed It All qui se place certainement comme un des meilleurs morceaux (tout simplement) que le groupe ait pu écrire, de son chorus sans faille à l’énergie violente qu’il dégage tout du long, ce titre n’est pas loin du coup de génie pour le groupe. S’en suit une forte baisse d’agressivité, mais pas de qualité, avec un Bleeding Is A Luxury qui se situe dans le très haut du pavé de ce qui constitue la hit list d’Atreyu aux côtés de Ain’t Love Grande ou Ex’s And Oh’s… Ce titre fonctionne sur une dynamique que le groupe maîtrise à la perfection et le duo Alex Varkatzas/Brandon Saller a rarement aussi bien fonctionné au chant. Un must, tout simplement.
C’est après que les choses se compliquent, car si sur le dernier album le groupe semblait piégé entre ce qu’ils avaient envie de faire et ce que les radios attendaient d’eux, livrant un album en demi-teinte, ici ils ont clairement décidé d’envoyer valser les conventions et de faire exactement ce qu’ils voulaient.
Problème : un premier single vu comme forcé débarque sur YouTube et effraie son monde. Storm To Pass est un single mou, sans prétention ni identité… Un coup dans la flotte qui se retrouve pourtant tout à fait à son aise dans un cadre plus adapté. Loin de moi l’idée que l’album s’adapte à ses critères assez bas, mais ce nouveau disque bénéficie d’une cohésion particulière qui fait passer plusieurs titres moyens (comme Congregation Of The Damned ou So Wrong) pour des étapes logiques dans le déroulement de l’écoute, et la rage non contenue et explosive de titres comme Gallows ou Insatiable ne s’en retrouve que plus percutante.
Le son lui aussi est devenu plus appréciable, même si il reste clair que c’est du Atreyu qui déchire vos oreilles dès la première seconde… Pourtant un modernisme irréprochable vient mettre des compos comme You Were The King, Now You’re Unconscious dans un nouvel univers qui ne nous déplaira certainement pas.
Au final, plus qu’une pochette magnifique (il fallait le caser), Congregation Of The Damned vient nous offrir un moment unique dans la carrière du groupe, un album qui semble difficile à appréhender et un peu bancal aux premiers abords mais qui révèle une construction et une composition très intelligente et efficace. Un moyen peut-être d’emmener les fans récemment acquis par l’album précédent vers des ruelles plus sombres que les anciens fans fréquentent déjà depuis longtemps.
Necrotaupeslinger (08/10)
Hollywood Records – Roadrunner records / 2009
Tracklist (48:39) : 01. Stop! before it's too late and we've destroyed it all 02. Bleeding is a luxury 03. Congregation of the damned 04. Coffin nails 05. Black days begin 06. Gallows 07. Storm to pass 08. You were the king, now you're unconscious 09. Insatiable 10. So wrong 11. Ravenous 12. Lonely 13. Wait for you