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Nevercold – Demenphobia

Combien y a-t-il de petits groupes dans le monde qui proposent une musique digne des plus grands ? Voir meilleure ? Et quand je vous parle de musique, je parle de l'ensemble du packaging offert. Un son à la hauteur, un artwork travaillé, des musiciens qui savent y faire et une volonté manifeste de bien faire les choses, pas simplement de meilleures compos.

Je ne sais pas combien ils sont mais ce que je sais aujourd'hui, c'est que Nevercold est l'un d'entre eux. Voilà un groupe sans label qui prend la peine d'envoyer un vrai CD et non quelques MP3 à la qualité médiocre dans une archive par e-mail. J'estime en tant que chroniqueur que c'est une preuve de respect. Il y a encore quelques années, et je parle d'un temps que les moins de 20 ans ont connu (du moins certains), on recevait des packs promos en bonne et due forme. Aujourd'hui, sous couvert de la lutte contre le piratage, que du MP3, voir pire, du streaming. Allez chroniquer un album en MP3 ! Les ingénieurs du son ne doivent plus en dormir de la nuit. Leur travail compte visiblement si peu pour les labels … Oui, messieurs, comme chroniqueurs, comme musiciens, comme passionnés de musique, nous sommes très tatillons sur le son. Surtout que chroniqueur, ce n'est pas de tout repos. Si c'est toujours un plaisir de faire partie du mouvement Heavy Metal, de faire bouger sa musique, de découvrir un tas de groupe, de rencontrer des gens, bref, de vivre d'une manière spécifique sa passion, c'est aussi un investissement en temps et en argent. On a pas toujours envie de se coltiner des heures d'écoutes de groupes qu'on déteste, on a pas toujours envie après une journée de boulot de se forcer à écouter des trucs quand on a une myriade de choses à faire, on se creuse parfois des heures le ciboulot pour trouver quoi dire d'un album mauvais, moyen ou même bon. On se casse la nénette pour trouver le vocabulaire adéquat, le terme qui va bien aller, on se met des groupes à dos pour avoir descendu un album, parfois le label et le reste des sorties vous passent sous le nez, et après avoir envoyé des chèques pour payer le serveur de votre webzine, la seule récompense que vous attendez, c'est avoir quelques exemplaires des albums que vous avez préférés A une époque, c'était (presque) systématique. Aujourd'hui, il faut faire la pute auprès des labels, courir après les interviews, noter tout le monde avec un truc positif et peut-être – peut-être ! -, si il en reste, vous aurez un CD original. Maigre récompense matérielle, heureusement que la satisfaction est ailleurs…

Bref, à ce stade, tu dois te demander, cher lecteur, quel est l’intérêt pour toi de lire ceci ? Premièrement, le coup de gueule devait sortir, bien que ça ne soit pas la première fois que je l'exprime. Deuxièmement, c'est ma façon de dire « merci » à Nervecold. Merci de prendre le temps de bien faire les choses. En tant que musicien moi aussi, j'ai parfaitement conscience du temps et de l'investissement (physique, moral, financier) que demande la sortie d'un tel album. Alors, oui, merci, d'avoir partagé ça avec nous et de ne pas nous prendre, nous chroniqueurs de webzine, pour de simple communicants gratuits.
Pourquoi je parle d'investissement ? L'album Demenphobia présenté ici, le premier du groupe après une démo qui avait marqué les esprits, est sans label pour pousser derrière et à été enregistré en France, puis mixé et masterisé aux USA sous la houlette de Zack Ohren et Alan Douches (All Shall Perish, Chimaira, Unearth…). Le son est puissant et très moderne, très « américain » j'ai envie de dire. Les compos étant formatées dans un mode « avec des couilles », il fallait bien ça pour transmettre l'énergie des Savoyards sur une galette physique. En plus du son, les compos sont elles aussi modernes, ou plutôt, contemporaines : un bon gros Metalcore qui tache. Mais, là ou beaucoup aujourd'hui se contentent d'avoiner dans tous les sens et jouer au kikimeter de la violence façon « vas-y que je te fais juste du bourrin », Nevercold à ainsi plus d'un tour dans son sac. A la fois puissant et brutal (« Demenphobia », « Mind Control »), il peut aussi se la jouer plus mélodique (« Surrender », « The Quickening »), et de toute façon, est toujours très technique. On sent que les références sont multiples, du Messhugah à Killswitch Engage.

Le chant très brutal, rugeux, sait cependant se montrer assez varié et accompagne les guitares à merveille, guitares qui, il faut le dire, jouent dans tous les registres : mélo, rythmiques saccadées, soli, … La batterie est surpuissante, surtout au niveau des pieds (l'essentiel de l'effort se situe d'ailleurs au niveau des pédales). La basse est un peu la grande absente. On sent bien qu'elle travaille sur certains passages, mais elle est bien trop discrète à mon gout (avec exception pour un très court passage sur « Shed A Light »).
 
Cet album à la patate, il est hargneux du début à la fin et pourtant laisse quelques moments de répi, toujours les bienvenu. La prod est très bonne et rend justice aux compos qui ne laissent pas indifférentes, les musicos sont très bons. Bref, pour chercher des défauts à Demenphobia, il va falloir chercher des les recoins et être tatillon car ils sont peu nombreux et relèvent plus d'un certain gout ou d'une certaine subjectivité personnelle. Ce qui est clair, c'est que les amateurs du genre l'apprécieront, et d'autres aussi, j'en suis la preuve, n'était pas à la base un grand fan du Metalcore. La raison est sans doute à chercher du côté du fait que, malgré ce que j'ai pu dire, Nervercold ne se limite pas à un simple Metalcore comme, je l'ai déjà dit, on l'entend trop souvent. Tant un peu Thrash, tantôt plus Death, Demenphobia est avant tout un putain de bon album.
 
[8/10] Poney
 
 
 

Autopromo / 2011

01. Demenphobia 02. Mind Control 03. No Windows Barred 04. The Quickening 05. Fight For Life 06. Surrender 07. The Day Of Heroes 08. She A Light 09. Silent Screaming

EFSTAh, Evile ! Le groupe qui m'a littéralement foutu sur le cul quand, en 2008, je les ai vu ouvrir pour Megadeth. Un pur Thrash Old School forgé dans l'esprit de la mythique Bay Area, une déferlante de blasts et de soli sur scène, tant et si bien que Megadeth m'a paru un peu fade après. Une fois le concert fini, je me suis empressé d'acheter leur premier album, de le faire dédicasser, et de rentrer chez moi. Un premier album hyper Thrash Revival que j'aime encore beaucoup aujourd'hui. Evile, c'est aussi le groupe dont les chroniques chez nos concurrents me font le plus marrer : copie tantôt de Slayer, tantôt de Metallica, tantôt d'Exodus, tantôt d'Annihilator. Ben ouais les mecs, Evile joue du Trash Revival, vous vous attendiez à quoi ? A une copie de Shakira ? Toujours est-il que les chroniques que je pouvais lire sur ce premier essais des Anglais, me paraissaient plus transpirer le manque d'imaginiation des rédacteurs, tant ils semblaient tous se copier, que de celle dont le groupe aurait pu montrer dans son album éponyme et qui était tant décrié dans les dites chroniques. Un groupe qui revendique haut et fort faire du Thrash comme dans les années 80, comme à l'époque de la Bay, ne pourra jamais sonner autrement. Le déplorer dans une chronique montre juste que l'on a rien compris, et surtout, citer éperdument Slayer montre aussi qu'en dehors des grands noms, on ne connait pas cette scène. Ca, c'est pour la concurence (remarquez au passage que l'album a été très bien reçu dans les pays Anglo-Saxons…). 

Bref, le premier album d'Evile était un double défoulement, de part son coté musical péchu d'abord, de part les chroniqueurs parlant dans le vide ensuite. Quand un peu plus tard est sorti leur second effort intitulé Infected Nation, force a été de constater que si le groupe s'était un peu éloigné d'un simple Thrash copié-collé sur une scène mythique (oui, je n'ai jamais prétendu que ce n'était pas du bête Thrash, mais toujours est-il que c'était foutrement bon, et qu'à une époque envahie par les machincores, ça fait un peu d'air), il venait de tomber dans le piege bien connu qui consiste pour un groupe à s'éloigner de ce qu'il fait pour tenter autre chose (et se planter). Si ce second album n'était pas mauvais, il n'avait rien de bon non plus et d'aucuns ne ce sont pas gêné pour annoncer la mort du groupe. Surtout que, pour rester sur un thème morbide, Mike Alexander, bassiste du groupe, mourrait quelques mois plus tard lors de la tournée de promotion. Il n'en fallait pas plus pour classer Evile dans la tête de beaucoup (et dans la mienne, je l'avoue) au rang de groupe du passé, bien que le groupe avait annoncé avoir recruté un nouveau bassiste.

Mais, oh surprise, que vois-je se pointer cet été, diantre, diablerie, un nouvel album. Vu que Earache n'envoit que des MP3 bippés pour sa promo, j'ai téléchargé une version pirate pour cette chronique (prenez ça dans votre face, bande de chacaux*). Car oui, les MP3 bippés, c'est chiant. Mais kesskessé qu'un MP3 bippé me demanderez-vous ? Un MP3 qui fait biiip (ou dans une version plus cahotique, une voix laconique t'annonces au milieu d'un morceau  "This music is owned by Tamère Music Corporation"), et donc, personne dans la rédac' ne voulait se faire chier à en faire une chro. Dommage pour Evile, et tant pis pour Earache, ça leur apprendra. Déjà qu'on bosse gratos, que les CD physiques ont littéralement disparu en deux ans, qu'il devient difficile d'obtenir une place pour un concert pour en faire la review, vous n'allez pas EN PLUS nous emmerder avec des machins bipés, oh ?
La chance d'Evile là-dedans, c'est que j'ai écouté Five Serpent's Teeth et que j'ai aimé. Beaucoup aimé, oh oui. J'ai même fait un pétage de plomb en règle chez Virgin Megastore quand je l'ai écouté (mes excuses aux clients du magasin ayant assistés à mes élucubrations headbangantes et mes "Wo putain nik sa mère", tout en faisant du air guitar au milieu du rayon de CD).

Bref, ce troisième opus déboite. Tout commence en force par un intro en fade-in (alors, pour mes z'amis chroniqueurs qui aiment les comparaisons, je note que PERSONNE n'a fait un lien avec Bolt Thrower, pourtant champion toute catégorie de morceaux commençant en fade-in, bande de nazes incultes !) qui laisse venir un riff des familles qui fait mal. En gros, tu le prends dans la face, et puis c'est tout. Très vite, on note le gros progrès en matière de son et de production. Russ Russel à fait un boulot de ouf, ni plus ni moins. C'est puissant, péchu, chaque instrument à sa place. Très vite aussi, on ne peut s'empêcher de noter également le progrès général du groupe : pour la batterie, c'est évident. Non pas que Ben Carter fut un manche, mais son jeu était un peu basique, ici, il a gardé la pèche tout en mettant quelques variations bienvenues. Ol Drake à la guitare lead à tout simplement passé un cap, de soliste convainquant, il est selon moi passé a très bon, carrément. C'est simple, tout au long de l'album, on se délecte avec plaisir de son travail au lead. Grosse (et bonne) surprise également du coté de son frère Matt, dont la voix a gagné en puissance et en qualité de chant. Signalons également l'excellent travail du petit nouveau à la basse, Joel Graham (désolé Mike, mais je trouve bien plus convainquant que toi). Si le titre éponyme ouvre ce troisième opus en grande pompe, «In Dreams Of Terror» n'est pas en reste non plus. Hyper rentre-dedans, très travaillé, il convainct fortement aussi, mais la claque n'arrive qu'après. En effet, «Cult» est le gros morceau, et un putain de gros morceau. Plus de doute à son écoute, Evile à réussi à continuer d'envoyer par grosses palettes du Thrash terriblement Old School tout en intégrant son style propre à sa musique. C'est simple, le groupe ne sonne plus comme n'importe quel (très) bon groupe de Thrahs 80's, il sonne comme du Evile, et Evile 3ieme génération, c'est du lourd. Le refrain est entêtant, le travail sur la voix prend ici tout son sens, le riff de base est ascéré comme il faut, le solo de Ol est parfait et amène un pont plus calme, histoire de reprendre son souffle avant la fin de la guerre. Avec une vraie structure, des musiciens au top, une prod de qualité, Evile montre ici tout les progrès effectués depuis son premier album éponyme, et quels progrès ! Le morceau suivant, «Eternal Empire», est exactement dans la même veine que «Cult». Refrain bien chantant, solo maitrisé, voix et backing vocaux bien réfléchis, riff tranchant, et surtout un début moshpit qui va bien et qui met de bonne humeur. Décidément, Evile nouvelle version est un très bon cru ! Avec «Xaraya» pour suivre, Five Serpent's Teeth continue là son tracklisting "boulet de canon". Si ce dernier morceau est extrêmement convainquant lui aussi, la suite ne l'est pas moins. «Origin of Oblivion» est un pur brulot Thrash, ainsi que «Centurion», bien que ce dernier paraisse un peu redondant. C'est avec «In Memoriam» que le tout se calme un peu. Avec une intro à la basse, ce morceau se veut l'hommage du groupe à Mike Alexander. Classique, tout en arpèges, il y a pour le coup une ressemblance avec Metallica assez marquée. Ce n'est pas un mauvais titre, mais il aurait peut-être été plus judicieux de le mettre en dernier, parce que «Descend Into Madness» qui le suit directement, est peut-être le morceau le plus rapide de l'album…(note : si vous avez lu d'autres chroniques, vous avez du lire que l'album se calme et que les morceaux rapides ne sont qu'au début. Je pense que ces chroniqueurs ont écouté un autre album, tout simplement, où alors ils se sont arreté après une seule écoute à «In Memoriam», c'est pas possible autrement). Titre 100% Thrash lui aussi, il y a un sacré petit passage où la basse se met en avant, suivit par un down-tempo bien lourd briseur de nuques, qui fait du bien par où il passe. Enfin, le groupe ferme son troisième album sur «Long Live New Flesh», tout en puissance, en mélangeant allègrement tempo envolé et partie plus un peu plus lente. Quand je vous disais que Five Serpent's Teeth se calmait vers la fin (rire).

Bref, avec ce troisième album-qu'il-est-bien, Evile fait taire ses détracteurs et réussi à passer le cap, toujours difficile, d'un musicien et ami, qui meurt en tournée. Très puissant, Five Serpent's Teeth propose un Thrash qui à gardé son lien inéluctable avec la scène Revival, mais qui à réussi à integrer la personnalité du groupe. Aujourd'hui, Evile possède sa propre signature musicale : riffs en béton armé, structures un peu chialées, chant puissant, soli qui déboitent. Well done dudes ! On dit souvent que le troisième album est celui de la maturité, Evile le confirme.

Poney (08.5/10)

Site Officiel : www.evile.co.uk

Myspace Officiel : http://www.myspace.com/evileuk

Facebook Official : http://www.facebook.com/evileuk

* J'ai quand même fini par dépenser 24€ pour l'acheter… et c'est d'ailleurs cette version qui m'a servi à en écrire une review, ben oui, toujours mieux pour chroniquer d'avoir une qualité de son maximale, n'est-ce pas…

Earache / 2011

Tracklist (53:36) : 
01. Five Serpent's Teeth 02. In Dreams Of Terror 03. Cult 04. Eternal Empire 05. Xaraya 06. Origin Of Oblivion 07. Centurion 08. In Memoriam 09. Descent Into Madness 10. Long Live New Flesh

 

Qu'est ce qui fait un groupe culte ? Pourquoi et par qui un groupe est-il érigé au rang de « culte » ? Honnêtement, je ne sais pas. On pourrait se poser la même question pour un album. Pourquoi cet album, celui-là et non un autre, est culte ? Pire, parfois un album est culte alors que le groupe ne l'est pas. Les groupes ou les albums cultes sont souvent de ceux dont peu de monde connait l'existence, mais dont tout ceux ayant pu poser l'oreille sur leurs albums s'accordent à dire qu'ils sont très bons, qu'ils marquent l'Histoire, un tournant musical voire, souvent, les trois à la fois.

Vicious Rumors fait incontestablement partie des groupes cultes. Prétendre le contraire serait sans doute juste faire l'étendue de sa non connaissance du métal des années 80. Formé en 1979, il y a donc déjà quelques années, le groupe se fait connaitre, à l'image de Metallica et tant d'autres, à l'aube de la décénnie 1980 en sortant divers morceaux sur les compilations aux USA comme c'était la norme à l'époque. C'est en 1985 que sort l'album culte (lui aussi) Soldier of The Night avec son hymne éponyme que tout bon métalleux à du entendre dans le bar métal de son choix (si ce n'est pas le cas, il importe de choisir un autre distributeur à bières, urgement). A la guitare, pour ce premier album, on trouvait ni plus ni moins que Vinnie Moore en personne, futur guitariste de UFO et encore totalement inconnu à l'époque de Soldier. La musique de Vicious Rumors était puissante, à l'image du Metal aux USA à cette époque, c'était le début du Thrash et au milieu des années 80, les Hair Band avaient été remplacés dans le coeur des métalleux par le Speed Metal, bien que sur ce premier effort des Etatsuniens, on peut sentir des influences des deux genres. Ensuite, en 1987 sort le très bon Digital Dictator puis en 1990 un album éponyme qui s'ouvrait sur l'autre grand hit du groupe, j'ai nommé «Don't Wait For Me». Alors signé sur Atlantic Record, le groupe semblait stagner en seconde division. En 1992 sort le très consacré Welcome To The Ball, sacré machine à se vendre, grâce à la notorité acquise, à un très bon album précédent et sans doute à la machine Atlantic Record. Alors qu'ils tutoyent presque Metallica lors de certaines récompenses, le syndrome métacarpien atteint Geoff Thorpe, guitariste, compositeur et tête pensante du groupe. Vicious Rumors tombe dans l'oubli en sortant quelques mauvais albums (raaah, cette décénnie 1990 à failli tué le Heavy Metal), la mort de leur chanteur, Carl Albert, n'y étant sans doute pas étranger. Pourtant, le groupe ne s'est jamais totalement arrêté et a sorti régulièrement, entre splits et changements de line-up incessants, quelques albums, assez ininteressants de manière générale, à l'exception peut-être de Warball.

Alors, qu'est ce qu'il s'est passé en 2011 pour que ce vieux groupe nous fasse un coup pareil ? Un album absolument énorme -oui, disons le dès maintenant, Razorback Killers est énorme-? Je n'en sais foutrement rien. Un nouveau chanteur (Brian Allen, sorti de nulle part), plus jeune; un nouveau guitariste (Kiyoshi Morgan, petit génie de la 6 cordes venu d'un groupe de reprises de Californie !), plus jeune également; idem pour le bassiste (Stephen Goodwin).

Peut-être tout ça à la fois, peut-être pas. Mais le groupe envoie du paté par coli express à chaque seconde de son dernier opus. Et l'envie est là, terriblement là. Pour les avoir vu début septembre en tournée, les deux "vieux" du groupe, Geoff Thorpe et le batteur Larry Howe, ont la pêche comme à 20 ans, débordent d'énergie et n'ont de cesse de crier leur joie d'être sur scène pour continuer à célébre le Metal ! Peut-être le sieur Geoff voulait célébrer en beauté son 10ième album ? Une chose est sur, jamais Vicious Rumors n'a été aussi violent, et ainsi, comme le bon vin, il s'est bonifié avec l'âge. Le premier morceau «Murderball» envoie du lourd, plombé par une batterie qui n'hésite pas à laisser trainer un tapis de double grosse caisse bien comme il faut, alors que les guitares placent des riffs hyper tranchants. Brian au chant est très impressionnant. Il monte haut et vocalise presque sans tomber dans le cliché désagréable du chanteur d'opérette à la sauce guitare lourde, il n'est pas sans rappeller Rob Halford sur certaines intonations. Le morceau accèlere et ralenti sans cesse, l'écriture est excellente, ça poutre et les quelques moments d'accalmies dans le morceau laisse paraître des harmonies parfaitement digérées et maitrisées (on retrouve ici un classique du groupe : le gros travail sur les harmonies). En bonus, un soli parfaitement exécuté, la grande classe. Le second morceau, «Black», est très lourd et plus lent, il y a un coté Black Sabbath (c'est peut-être le nom du morceau qui me fait pensé à ça). A mon avis, son emplacement dans la tracklist n'est pas très judicieux, car en plus de ne pas être très bon, il est plus lent et ralentit d'un coup l'envolée prise au début par le morceau d'ouverture. Ensuite le titre éponyme, «Razorback Killers», vient réveiller tout le monde sur un soli dévastateur en entrée. Il aurait été tellement mieux si il avait été placé en deux ! Avec les harmonies, on retrouve ici aussi (bien que ça soit déjà le cas auparavant, c'est frappant sur ce morceau) les backing vocaux scandés à la mode Hardcore très 80's, l'autre marque de fabrique du groupe depuis le début de son existence. Si «Muderball» était rapide, mais nuancé, et si «Black» était lourd et lent, «Razorback Killers» file à la vitesse d'un TGV, droit au but. Pas de moment de repos, c'est sans doute le morceau le plus speed de l'album, avec de très beaux solo pour le terminer. «Blood Stained Sunday» fait mine de ralentir au début, en étant encore plus lent que Black, sauf qu'après une minute de guitare aérienne, on comprend qu'on va encore en prendre plein le slibard. Et ça ne manque pas : sur fond de riffs Thrashisants, Brian scande son texte avant de monter très haut pour lancer le refrain. Le morceau est maîtrisé à la perfection et l'on sent un tas d'influence assez hétéroclites (par exemple, sur certaines intonations de Brian, on entend tantôt Ronnie James Dio, tantôt Rob Halford, tantôt Matt Barlow) alors que les refrains font immancablement penser à du Hardcore old-school) bien que le tout fonctionne à merveille. Comme ses prédécesseurs, le morceau se termine sur un duel de guitares absolument magnifique. A la manière du précédent, «Pearl of Wisdom» commence doucement avant de s'énerver un brin, à la différence près que le refrain se calme brusquement. Ce n'est pas vraiment ma tasse de thé et ça fait un peu "jérémiade de service". Il y avait sans doute mieux à faire avec ce morceau qui recele sans aucun doute pas mal de bonnes idées. «All I Want Is You» cache, derrière son titre culcul-la-praline, un titre en mid-tempo puissant et efficace, légèrement façon grand mère, un peu rétro, fait un peu tache sur l'album, mais pas dans la discographie du groupe. C'est bien là le problème des groupes à longue carrière, parfois, le grand écart est trop flagrant. Ensuite, allez savoir pourquoi cet ordre bizarre, arrive LA tuerie de l'album. Si vous pensiez avoir entendu le meilleur avec «Razorback Killer», «Axe To Grind» va juste vous clouer le cul par terre, un point c'est tout. A ce niveau là, c'est plus de l'efficacité, c'est la fête du slip à tout les étages et à son écoute, on sait pourquoi on aime le Metal : parce que, putain de bordel de merde, qu'est ce que c'est bon ! «Axe To Grind», rien que le titre laisse présager du meilleur : une batterie sortie droit de l'enfer, vitesse grand V, sans pour autant exagérer, deux guitares meurtrières, des soli dantesques, la voix de Brian qui se fait plus guturale, bien enervée et en 3m30, z'y va que je t'envoie le morceau qui te file la banane pour la journée. Pour reprendre ses esprits, «Let The Garden Burn» déroule un mid-tempo taillé pour le live où le public reprend en coeur les "hey hey hey". «Rite Of Devastation» remet la rapidité en service, décidément c'est « un coup mou, un coup dur » pour la tracklist, mais laisse un gout d'inachevé en bouche. Il y a tout ce qu'il faut pour un faire un excellent morceau, mais il manque ce "je ne sais quoi" qui en ferait un titre accrocheur, il aurait peut-être été plus judicieux de le positionner en lieu et place de «Black». Gros point positif, les guitares, de nouveau au top niveau. L'album se termine sur un «Deal With The Devil» hyper 80's lui aussi et qui ne laissera pas un grand souvenir, si ce n'est les superbes notes de grattes, oeuvre de Brad Gillis, vielle gloire de la 6 cordes dans les années 80's et ayant, entre autre, bossé pour Ozzy Osbourne et surtout pour Night Ranger.

En 2006, Vicious Rumors avait sorti un Warball un peu mi figue-mi raisin, mais qui comptait quelques perles («Sonic Rebelion» ou «Ocean Of Rage») et qui, surtout, laissait présager du meilleur. Chose faite, en 2011, le groupe revient au top niveau et je ne serai pas surpris si les gros titres de ce Razorback Killers devenaient des classiques de Vicious Rumors. J'ai déjà dit tout mon bonheur, dans certaines chroniques, d'écouter du Metal rétro, encore aujourd'hui pour Razörwyre. Le grand défi, c'est, pour ces groupes, d'arriver à toujours proposer quelque chose d'efficace, de bien foutu, de jouer avec les clichés sans faire de la soupe. Si Razörwyre, dans un style un peu différent, arrivait à faire de la (très) bonne musique rétro, Vicious Rumors place la barre encore plus haut, en modernisant sa musique, en y ajoutant de l'inventivité. Un album à posseder pour les fans des 80's (Metal s'entend), et à écouter pour tous les autres.

Poney (9/10)

 

 

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SPV / 2011

Tracklist : 01. Murderball, 02. Black, 03. Razorback Blade, 04. Blood Stained Sunday, 05. Pearl Of Wisdom, 06. All I Want Is You, 07. Axe To Grind, 08. Let The Garden Burn, 09. Rite Of Devastation, 10. Deal With The Devil