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Bison B.C. – Lovelessness

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Le nom de Bison BC ne dira pas grand chose à la plupart d'entre vous. Très actif sur la scène Stoner/Sludge, Bison B.C est un groupe Canadien, un de plus. Mais au vu de la qualité généralement très bonne des groupes venant de cette région, qui s'en plaindra ? Je ne vous ferai pas toute la biographie du groupe, Wikipédia est là pour ça. Voyons immédiatement ce qu'il se cache sous ce 3ème album, à la pochette, autant le dire d'entrée de jeu, immondissime.


Ceux d'entre vous qui ont écouté les albums précédents savent de quoi il retourne : les Canadiens courent derrière Mastodon et Crowbar. Le mix est intéressant : à la fois puissant et mélodique, il est aussi, grâce au timbre de voix de James Farwell assez proche de celui de Kirk Windstein, mélancolique.

D'une durée de près de 45 minutes, l'album ne contient que 6 titres, ce qui laisse présager avant même la première écoute, des morceaux assez longs. Comme c'est une pratique que j'aime particulièrement, je mets ça du côté des bons points. Malheureusement, je ne peux m'empêcher de noter par rapport au second album une petite baisse de qualité de composition. Une baisse bien difficile à pointer du doigt. Est-ce dans la structure, les riffs, la mélodie, le chant ? Je ne sais pas, mais je trouve ça un poil moins entraînant que le Dark Ages, le précédent effort du groupe.

Peut-être que certains titres aurait mérité d'être raccourcis histoire d'être moins répétitif. Le titre le plus long, « Blood Music », est par exemple assez redondant. Je me demande carrément si le groupe n'a pas pêché par trop de travail ? A force de trop vouloir en faire, on s'emmêle parfois les pinceaux. Mais, quand à côté de ça on voit des centaines de groupes de machincore faire tous la même chose, ce n'est pas si catastrophique…

La prod, elle, rend service à la musique. Je suis bien incapable de pénétrer tous les détails et les mystères du travail des ingés son, mais ici, on a affaire à un truc un peu crado, un peu sale et en même temps, très claire et laissant tous les instruments s'exprimer à leur juste mesure. Je regrettais il y a quelques temps dans une autre chroniques la sur-utilisation des batteries triggées ces derniers temps. Pour ce « Lovelessness », on a droit à une batterie avec un son de batterie et non un son de boite à rythme. C'est quand même nettement mieux, non ?

Si je suis assez mitigé à la fin de l'album pour les quelques points que j'ai soulevé, difficile d'entendre là un mauvais album. Un album peut-être un peu moyen, mais qui fait bien ce qu'il fait, c'est à dire un mélange de Stoner et de Sludge. Alors, ne boudons pas notre plaisir…

Poney (7,5/10)

Myspace

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Metal Blade – 2012

Tracklist (43:44) : 01. An Old Friend 02.Anxiety Puke / Lovelessness 03.Last and First Things 04.Blood Music 05. Clozapine Dream 06. Finally Asleep

ATBAs They Burn avait tout pour se faire descendre par Metalchroniques : frenchies singeant les américains, death-metalcore comme il pullule pour le moment, une originalité proche de zéro et j'en passe. D'ailleurs, Mr Patate ne les avait pas loupé pour le premier album et je n'aurais pas dit mieux que lui. Inutile de dire que mon a priori sur ce Will, Love, Life n'est pas vraiment en faveur des Parisiens, nouveaux poulains de l'écurie Victory, d'autant plus que le titre de l'album me fait furieusement penser au bouquin préféré des ménagères américaines Eat, Pray, Love (enfin, ça s'était avant 50 Shades of Grey). Et autant dire que ça m'a fait beaucoup rigoler.

Une bonne surprise

Mais, les premières mesures donnent plutôt dans la bonne surprise. Le titre « Medecine 2.0 » est un gros cran au dessus de ce qu'avait fait ATB jusque maintenant. Le son est énorme, la voix transfigurée. On retrouve le côté complexe des structures déjà présent sur Aeon's War mais en mieux. On retrouve aussi le côté « je tabasse », mais également en mieux. Le problème, c'est que tout semble s'écrouler dès le second titre. En effet, « Origin » n'est qu'une copie sans saveur de tout ce qui se fait en metalcore depuis des années. Absolument sans saveur. La peur de voir As They Burn retomber dans ses travers précédents est grande (enfin, « la peur », c'est une figure de style, moi je m'en fous pour dire vrai). La suite relève un peu le niveau mais sans être aussi percutant que le premier titre, et on peut en venir a se dire qu'ils n'ont écris qu'un bon morceau, ce qui est relativement faiblard pour un album. La suite donne tord à cet avis un peu trop rapide.

Dès le titre « Isis », on retrouve l'originalité qu'on avait perçu à l'ouverture de l'album. Soyons clair : ATB reste dans les balises du genre à la mode, mais réussi à ne pas se vautrer dans la pâle copie. Personne au sein de la rédaction ne voulait se coltiner l'album, mais ma première réaction lors de l'écoute initiale de l'album a été « mais, ce n'est pas si mauvais », et après plusieurs écoutes, je suis en mesure, tout élitiste musical que je suis, à trouver un vrai plaisir dans plusieurs titres de Will, Love, Life. Les deux « Frozen Vision » méritent eux aussi le détour. Beaucoup plus calmes et plus posés, ils montrent que les membres du groupe peuvent faire autre chose que mouliner comme de beaux diables en tentant d'accrocher un peu de la notoriété qui revient à tous ces groupes typiques d'outre-Atlantique. Le titre « When Everything Falls Apart », dispo sur Youtube depuis quelques semaines est pas mal non plus. De nouveau, on sent l'influence d'Emmure, de Victory, mais on a bien compris dès le départ que le but était de tenter de s'en approcher. Une fois cette donnée intégrée, le morceau n'est pas déplaisant. On retrouve ce « Emmure-like » de manière encore plus prononcée pour « F.R.E.A.K.S. », ce qui n'est guère étonnant quand on sait que le chanteur d'Emmure est venu prêter sa voix pour un featuring.

Récapitulons…

Récapitulons les points positifs. J'ai eu un gros coup de cœur pour la voix, entre growl et grouick, elle est aussi modulée en voix claire, mais, à l'inverse de tous les autres groupes, ne verse pas dans l'emo bon marché. Claire mais puissante. J'ai trouvé très intéressant le fait de varier le type de chant au sein d'une même phrase, voir d'un même mot. Pour être clair, ATB ne growl pas sur le couplet pour se retrouver en chant de minette sur le refrain. Non, il s'agit ici de mélanger les deux avec pas mal d'intelligence et de rendre le tout assez percutant. Ensuite, les morceaux me semblent bien mieux pensés qu'auparavant.

Par contre, je suis aujourd'hui persuadé que tous les ingés sons engagés par Victory n'ont qu'une seule référence en tête : l'album Catch 33 de qui vous savez (c'est extrêmement reconnaissable sur le dernier titre). J'ai déjà eu l'occasion de le dire pour d'autres groupes, mais ici, c'est flagrant. A croire qu'ils se prêtent tous la même console sans changer les réglages de Pro-Tools. Ensuite, tant que j'en suis à parler de Pro-Tools, avec ce genre de prod', on a aussi atteint les limites des batteries triggées. Parce que là, rien ne sonne comme une batterie : un programme aurait fait le même effet. Ni les cymbales, ni les grosses caisses et encore moins la caisse claire ne sonnent au naturel. Je ne comprends même pas qu'un batteur accepte ça (mais un musicien a-t-il vraiment son mot à dire là dessus dans ce genre de grosse production ?). Si je comprends parfaitement l’intérêt du trigg, je pense aussi qu'il y a une limite à tout.

Nous avons donc à faire à un album en demi teinte. Il y a boire et a manger. ATB a réussi à retenir mon attention et c'était pas gagné, aussi, je suis curieux de savoir ce que la suite leur réserve. Si le groupe essaye encore de singer les gros groupes américains, c'est peut-être un bon pari à court terme, mais l'assurance de se vautrer a plus long terme. Le groupe à visiblement les moyens d'être un peu original, autant se diriger dans cette voie là.

Poney (6,5/10)

 

Myspace

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Victory Records / 2013

Tracklist (34:40) : 1. Medicine 2.0 (4:13) 2. Origin (4:10) 3. Dream Collapse (3:27) 4. The Conscious Man (3:51) 5. Isis (3:54) 6. Frozen Vision (Part 1) (3:09) 7. Frozen Vision (Part 2) (2:19) 8. When Everything Falls Apart (3:49) 9. Z(h)ero (1:05) 10. F.R.E.A.K.S. (2:39) 11. Sons of Shiva (3:31)

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Voilà sans doute un album que beaucoup attendaient. On ne présente plus Between The Buried And Me, les Américains surdoués du Metal Prog contemporain. Ceux qui ont fait d'un groupe comme Dream Theater un groupe presque has-been (je ne vais pas me faire que des amis avec ça), ceux qui ont, indéniablement, marqué l'histoire du Metal. En Metal Prog avec de grosses couilles, il n'existe à mon avis pas d'équivalent aujourd'hui. Il existe bon nombres d'autres groupes talentueux (Opeth ou DT, bien sur), mais aucun n'a pour moi été aussi loin dans l'exploration des limites du style.

Toujours bloqué entre les 70's, le (post)Deathcore et le Heavy, BTBAM est un enchantement pour les amateurs de musique complexe et agressive. Il y a un peu plus d'un an, sortait l'EP The Parallax I, et la suite, je l'ai déjà dit, était fortement attendue. Et avec plus de 70 minutes en longueur, certains titres dépassant les 10 minutes, voir même 15 (« Silent Flight Parliament »), The Parallax II n'est pas un album qui se digère facilement. Et justement, ça fait partie du plaisir de l'auditeur, même si, du point du vue du rédacteur, c'est plus difficile. Comment, en effet, parler, avec des mots et sans s'étaller sur 5 pages, d'une musique aussi recherchée, aussi complexe (qu'Edgar Morin me vienne en aide !), aussi bien foutue, sans se contenter de dire « bah, les mecs, écoutez moi bien, c'est complexe et bien foutu… » ?

Je pourrais me faciliter le travail en disant que BTBAM fait du BTBAM (c'est d'ailleurs le seul reproche qu'on pourra formuler à l'encontre de The Parallax II, mais c'est là une critique un peu faiblarde et un peu facile, je le conçois parfaitement), mais ce n'est, en plus, pas totalement exact. Le groupe est toujours autant inspiré (sauf pour sa pochette), peut-être même plus encore qu'avant. Le chant de Tommy n'a jamais été aussi bon. Il oscille avec une facilité absolument déconcertante entre hurlement, growl et chant clair. Jamais il ne donne dans la soupe, jamais il ne tombe dans les clichés éculés des genres finissant en -core. Les grattes sont plus folles que jamais, la basse est hyper agile, se joue de toutes les difficultés, rajoute du groove et du claquement à tous les étages, la batterie est démentielle. Mais où ces mecs vont-ils s'arrêter ? Je ne sais pas.

Parallax II est plus fou que son prédécesseur, le groupe n'hésitant pas à taper des instrus chelous (du xylophone et du violon en pizzicato et à l'archet dans « Extremophile Elite » par exemple, ou un passage festivo-artistique de cirque dans « Bloom ») et les prises de risques sont assez nombreuses, sans être totalement ubuesques non plus (ça reste du Metal qui tâche). Tout est toujours plus compliqué : si on retrouve des ponts avec les albums précédants (Colors ou The Great Misdirect sont clairement les parents légitimes de cet enfant prodige), Parallax II donne l'impression que le groupe a voulu épater la galerie en signant chez Metal Blade (c'est vraiment con, d'ailleurs, pour Victory, qui perdait là un de ses meilleurs poulains).

Une franche réussite, voilà ce qu'est cet album. Difficile a digérer, à retenir, à comprendre, certes. Mais quel pied ! Chaque écoute semble totalement nouvelle, on découvre ici et là un effet supplémentaire, un coup de génie dans la construction, une nouvelle limite repoussée… À certains, il paraîtra hermétique, et c'est vrai, tant parfois il est difficile de rentrer dedans. Le revers de la médaille d'un album pareil, c'est que, si il ne tourne pas à la démonstration, il ressemble parfois à un inventaire des possibilités conceptuelles et techniques du Metal progressif. Malgré toutes ses qualités indéniables, Parallax II ne trouvera sans doute pas d'échos en dehors des amateurs du genre. Voilà peut-être le prochain défi de BTBAM : écrire un album aussi abouti, mais le mettre à la portée du metalhead moyen ?

Poney (8/10)

 

Site officiel

Metal Blade – 2012

Tracklist (73.33) : 01. Goodbye to Everything 02. Astral Body 03. Lay Your Ghosts to Rest 04. Autumn 05. Extremophile Elite 06. Parallax 07. The Black Box 08. Telos 09. Bloom 10. Melting City 11. Silent Flight Parliament 12. Goodbye to Everything Reprise