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Old Man Gloom – No

La vache ! Voilà un album qui était attendu et qui fait mal ! Old Man Gloom, ce super groupe (Aaron Turner (Isis),  Santos Montano  (Zozobra),  Nate Newton (Converge) Caleb Scofield  (Cave In, Zozobra)) n'avait plus fait parler de lui depuis le début des années 2000 (2004 pour être exact) et c'est avec un certain enthousiasme non caché que j'ai débuté l'écoute de ce No.

L'album commence par une petite intro (« Grand Inversion ») dispensable en mode ambiante. Comme 90 % des groupes de metal qui pondent une intro un peu gentillette ouvrent toujours le bal des morceaux par une grosse tuerie, on s'attend au pire. Mais, le pire ne vient pas. Le premier « vrai » titre (« Common Species ») se la joue mollo en entrée de jeu. Presque un mélange entre du Stoner à la sauce QOTSA et du Brit-rock. Une guitare à peine saturée, quelques bruits électro en fond. On se surprend à monter le volume du casque à fond, et puis de l'ampli. Faut pas. Mauvaise idée. Excessivement mauvaise idée. Au bout de 25 secondes de petites gratouilles, le groupe explose littéralement dans le casque et j'ai du faire un bond de cabri pour diminuer le volume vite fait, au risque de mourir les tympans en sang et moi baignant dedans. Triste mort quand même.

Old Man Gloom est bien de retour et n'est pas revenu pour amuser la galerie. Essayez d'imaginer le Doom le plus glauque que vous ayez pu entendre. Le Sludge le plus baveux, le plus gras, le plus grave que jamais vos oreilles n'ont du filtrer durant toute votre vie. Un croisement improbable avec le Black ou le Dark Ambiant. Le tout transpercé de part en part par les riffs Mathcore les plus éléphantesques qu'un ampli puisse sortir, et accompagné de cris plutôt terrifiants. Le genre de Metal qui peut encore faire écarquiller les yeux aux metalheads les plus barrés. C'est bon ! C'est vraiment bon !

Après presque huit minutes, le second titre (« Regain/Rejoin ») laisse parler une basse bien saturée. Le groupe augmente un peu la vitesse tout en restant dans le registre de la lourdeur pachydermique. On retrouve là le Old Man Gloom des origines, avec un titre court et rentre dedans.

Le quatrième titre (« To Carry The Flame ») est l'un des meilleurs de l'album. Assez différent de « Grand Inversion », il est rapide, bourrés de break, moins Doom et moins Ambiant. Alors qu'il s'interrompt au milieu du titre, tel un groupe prog', Old Man Gloom fait monter la sauce petit à petit, en ajoutant des chœur (carrément, oui), puis des cris, des guitares encore plus grosses, jusqu'à l'éjaculation musicale. J'en ai des frissons. Un titre parfait dans son genre, d'un bout à l'autre.

Ensuite, « The Forking Path » se donne un petit côté légèrement Mathcore, une structure plus complexe, plus riche. La rythmique est très lourde, ça tabasse sévère mais le tout est survolé par une guitare aérienne, alors que Aaron s'époumone comme un diable. Le morceau « Shadowed Hand », assez long, commence par cinq minutes de musique Ambiant avant d'exploser, encore, dans un titre polyrythmique de folie qui s’achèvera dans un bordel sonore sifflant.

Le morceau « Rats » n'est d'abord qu'un long bruit grave de cinq minutes, sorti tout droit de l'enfer. Ensuite, c'est parti pour cinq minutes crescendo. D'abord un pattern simple de batterie, quelques notes de guitares larsenées et puis, encore, une explosion musicale (et dans le slip, ça, c'est une autre histoire). Au milieu de ce bordel lourd et en mid-tempo, sans crier « gare ! », Old Man Gloom passe la seconde et après avoir tripé pendant une minute à toute vitesse, retrouve avec autant de finesse son rythme de marche d'éléphants au trot enlevé en direction du bord de la falaise. Deuxième explosion dans mon slip.

Comme c'était déjà le cas sur Seminar II et III, les précédents albums, No se termine avec « Crescent » sur un passage electro-acoustique avec un peu de guitare slide et … un bruit de fond (j'ai réfléchis longtemps, mais je n'ai pas trouvé de meilleure expression pour qualifier ce …bruit de fond Ambiant qui pèse sur tout le titre). 

Je dis se termine, mais je m'emporte un peu. Pour bien finir, No se paye encore un ultime morceau de quatorze minutes, rien que ça !  « Shuddering Earth » est absolument déroutant, un peu à l'image de l'album. Il mélange tous les styles, du Doom à l'Ambiant, en passant par le Sludge. C'est parfois rapide, parfois très lent (et très très lourd), souvent oppressant. Ça semble surgir de nulle part. Ça semble ne vouloir aller nulle part. Et pourtant, quel pied ! Quelle classe ! Quelle baffe ! C'est un peu comme si Black Sabbath s'était accouplé avec le fils batard de Messhugah et …oh, n'importe quel groupe bien barré que vous voudrez. Le titre se termine sur un véritable bordel sonore bruitiste à l’exagération, que salueront tous les amateurs de Dark Ambient. 

On ressort de No un peu retourné. Le voyage à duré une heure mais semble avoir été à la fois bien plus long et bien plus court. L'impression d'avoir croisé de grands malades est très forte, mais on en redemande. Un album absolument indispensable, j'insiste.

Poney [9,5/10]

Mypace : http://www.myspace.com/oldmangloom

Bandcamp : http://oldmangloom.bandcamp.com/ (album en écoute intégrale !)

Hydrahead Records – 2012

Tracklist (51:25) : 01. Grand Inversion  02. Common Species 03. Regain / Rejoin 04. To Carry the Flame 05. The Forking Path 06. Shadowed Hand 07. Rats 08. Crescent 09. Shuddering Earth

Livarkahil – Wrath Of God

Livarkahil fait partie de ces petits groupes français qui mériteraient de grandir. Ce sera peut-être l'occasion avec ce Wrath Of God, EP mis à disposition des fans gratuitement (voir le site Internet du groupe).

Le groupe vient de changer certains de ses membres et, ne connaissant qu'assez mal ce qu'il faisait avant, je me garderai bien de commenter l'évolution prise par le groupe ces derniers temps. Je ne suis absolument pas en mesure de le faire. Ce que je peux faire par contre, c'est parler de ce que j'ai entendu sur Wrath Of God.

Tout d'abord, une musique bien bourrine, puissante à souhait et avec ce petit soupçon d'imagination et, disons le, de talent qui change tout et qui permet à un groupe de sortir de son obscure cave pour éclater au grand jour (même si, vu qu'on cause Death moderne technique et bien brutal, on ne sera pas des milions à les voir éclater…). On retrouve une impression de marche en avant assez constante, ça ne s'arrête que rarement, pour entrer dans un mid tempo souvent assez aérien et mélodique, l'éponyme « Wrath Of God » est sans doute le meilleur exemple. 

Le côté mid-tempo couplé à la voix de H.K. donne un côté un peu Black au style des parisiens, une touche Belphegor ou encore Kataklysm, quand Maurizio se met au chant typé Black (je pense au classique « Taking The World by Storm »). Pour dire vrai, j'ai aussi retrouvé sous certains aspect du Dimmu Borgir de la bonne époque, le clavier en moins. Le côté Black est renforcé par l'artwork bien sombre et par les thèmes des titres, tous tournés vers Dieu et pas spécialement pour en dire du bien. Le tout est très efficace, cet EP traine chez moi depuis le début de l'été et je l'ai déjà écouté pas mal de fois sans m'en lasser.

Livarkahil s'adresse aux fans de Behemoth qui voudraient voir si l'herbe n'est pas plus verte hors de la Pologne. Avec Gorod, Nervercold et sans doute bien d'autres, la France Extrême, celle qui se couche tard un peu bourée à la bière et avec les tympas explosés; la belle, la rebelle qui refuse la musique de NRJ et de FUN RADIO ; la France forte de ses petits groupes pour qui le changement pourrait être maintenant, oui, cette France -j'y arrive- me semble de mieux en mieux équipée pour affronter l'hiver rigoureux polonais, danois, suedois, bref, slavo-scandinave. Bref, parole de Belge avide de frensh bashing, chers voisins de France tant aimés et haïs à la fois, mais néanmoins amis, n'ayez pas honte de votre scène. Qu'on se le dise

Poney [08/10]

Site officiel : http://www.livarkahil.com/

Autoproduction / Rock N Growl Promotion – 2012

Tracklist (28:50) : 01. The Eternal Sun 02. Through Hatred And Devotion 03. Deny Your God 04. Devotion 05. Wrath Of God

Architects – Daybreakers

Cinquante-cinq secondes, soit moins d'une minute, c'est exactement, en durée, le temps qu'Architects à pu faire illusion. Et encore, pour arriver à un tel exploit, il faut passer la première piste (« The bitter End ») en se disant que ce n'est qu'une intro (un vague musique de boite à musique). Pourtant, j'avais lu ici et là que "ça y est" le groupe anglais revenait à quelque chose de plus brut après un The Here And Now absolument nul. Seulement, ce n'est pas aussi facile que ça…

Tout commence donc par « The Bitter End », dans le style d'une boite à musique avec, pour d'obscures raisons, un riff bien couillu après 2 minutes, un cri déchirant la nuit et, hop, retour à la case boite à musique. Un premier titre totalement inutile. Ensuite, « Alpha Omega » semble vouloir relever le niveau. Du moins, pendant cinquante-cinq seconde. Les premiers riffs sont efficaces, Architects est effectivement revenu vers un Mathcore qui correspond plus aux origines du groupes. Le gueulard de service est toujours là et, au grand regret de tous les métalleux, le même en version mielleux aussi. Et donc, apprêtez-vous à recevoir de douces mélodies sucrées après cinquante-cinq secondes de truc efficace. On rigolera un peu en se disant que la partie mielleuse commence par les paroles « Desperation breathes and follows you home, Look around, you're not alone ». Plus cliché tu meurs.

Bon, et la suite ? Ben, les amis, la suite est du même acabit. Le troisième titre « These colours don't run » n'est ni un clin d'oeil à Iron Maiden, ni à Carcass («Blood Splattered Banner »), mais on retrouve une constante dans ce nouvel album de Architects : quelques riffs bien sympas, quelques bonnes idées mais au final un truc tellement mi-figue mi-raisin, qu'on ne retient que la figue (et personnellement, j'adore le raisin). Le titre éponyme « Daybreakers » est d'une nullité sans nom et ne mérite pas qu'on s'y attarde à moins d'avoir moins de 17 ans, de porter des t-shirt Anarchy, d'être anticonformiste, de se peindre les ongles en noirs et de penser que ses parents sont des connards.

Quelques passages semblent vouloir sortir du lot et laisser à penser qu'un jour peut-être, Architects sortira un vrai bon album. Mais, très vite, ils montrent tout l'inverse. J'en veux pour preuve « Even If You Win, You're Still A Rat ». Le morceau commence à bonne vitesse avant de s'arrêter net et après un couplet, pour faire un remake de Radiohead ayant écouté du Attack-Attack. Au secours, par pitié, les femmes, les poneys et les enfants d'abord. Le titre suivant « Outsider Heart » sort aussi de la même ligne de fabrication à la chaîne de titres bon marchés pour métalcoreux méchus. Une minute de poutrage somme toute correct et un refrains qui donne envie d'envoyer chier sa chaine hi-fi par la fenêtre. Je ne vous parle même pas d'un titre comme « Behind The Throne », qui n'est rien d'autre qu'une sorte de balade bien molle qui ferait super bien dans un film d'auteur moisi avec une femme qui s'ouvre les veines dans une baignoire après s'être fait larguée par son mec alors que son poney venait de décéder d'une colique et que ses parents s'étaient tués dans un accident de voiture en fauchant des enfants juifs à la sortie d'une école. Un jour, va vraiment falloir arrêter.

La fin de l'album est presque sauvée par les presque bons « Devil Island » et « Feather Of Lead » qui font presque du Mathcore presque énervé, le problème c'est qu'il font aussi du presque mou, et mi-mou mi-énervé, c'est comme la figue et le raisin, je ne retiens que le mi-mou.

Conclusion : oui, il semble que Architects s'est équipé d'une (petite) paire de couilles depuis son infâme dernier album sorti début 2011. Mais, il y a couilles et couilles. De même que la différence entre l'Homme et l'Abominable Homme des neiges est une abominable paire de couilles (merci Coluche), la différence entre un bon album de Metal et un abominable album de Metal se situe au niveau de «minable» (sans le «abo», suivez un peu). Ici, c'est à une paire de couille d'ado de 16 ans que nous avons affaire et, c'est bien gentil, mais au bout de 5 albums va falloir penser à faire autre chose que de la soupe tiédasse. Moi, comme certains, je l'aime chaude (merci Marylin). 

Poney  (04.5/10)

Myspace : http://www.myspace.com/architectsuk

2012 – Century Media

Tracklist (41:21) : 01. The Bitter End, 02. Alpha Omega, 03. These Colours Don't Run, 04. Daybreak ,05. Truth, Be Told, 06. Even If You Win, You're Still A Rat, 07. Outsider Heart, 08. Behind The Throne, 09. Devil's Island, 10. Feather Of Lead, 11. Unbeliever